La voix de la Suisse à l’étranger
343 pages
Français

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Description

Faire de la propagande sur les ondes radio détonne avec l’image d’une Suisse neutre. Et pourtant, ce puissant moyen de communication va être mis au service du gouvernement et de son projet de politique culturelle : la défense nationale spirituelle. À la veille de la Seconde Guerre mondiale, confrontée aux propagandes étrangères de plus en plus incisives, la Société suisse de radiodiffusion (SSR) crée le Service suisse d’ondes courtes, qui deviendra Radio suisse internationale, puis Swissinfo, pour resserrer les liens avec les expatriés et permettre le rayonnement culturel de la Suisse à l’étranger. Cherchant à faire reconnaître à l’étranger la légitimité des positions de la Confédération, la SSR fait avant tout des relations publiques ; un avant-goût de ce que les Américains appelleront dans les années 1960 la « public diplomacy ». S’associant aux efforts des autorités politiques, ainsi que des milieux économiques et touristiques soucieux de transmettre une représentation valorisante de la Suisse à l’étranger, la SSR participe avec succès à la construction d’une image positive du pays.
Ce livre projette sur le devant de la scène un acteur méconnu, le Service suisse d’ondes courtes, en mêlant approche institutionnelle et analyse de la programmation. Il redonne aussi une place au service public audiovisuel parmi les organes impliqués dans la diplomatie culturelle suisse. Enfin, cette étude constitue un apport à l’histoire de l’internationalisme radiophonique en s’intéressant aux relations privilégiées que la SSR entretient avec d’autres radiodiffuseurs, des organismes internationaux et certains réseaux.

Sujets

Informations

Publié par
Nombre de lectures 0
EAN13 9782889301386
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0165€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
4e de couverture
R APHAËLLE R UPPEN C OUTAZ








L A VOIX DE LA S UISSE À L’ÉTRANGER
R ADIO ET RELATIONS CULTURELLES INTERNATIONALES (1932-1949)










É DITIONS A LPHIL -P RESSES UNIVERSITAIRES SUISSES
© Éditions Alphil-Presses universitaires suisses, 2016 Case postale 5 2002 Neuchâtel 2 Suisse



www.alphil.ch

Alphil Diffusion
commande@alphil.ch


ISBN EPUB : 978-2-88930-138-6

Ce livre a été publié avec le soutien du Fonds national suisse de la recherche scientifique dans le cadre du projet pilote OAPEN-CH.

Illustration de couverture : Archives du Service suisse d’ondes courtes, A 33-002.8, première page du cahier des programmes du plan d’été 1947.
Colorisé par Nusbaumer graphistes, Delémont.
R EMERCIEMENTS
C et ouvrage est issu d’une thèse de doctorat qui a été menée à bien grâce à l’appui de nombreuses personnes. En premier lieu, je tiens à adresser ma profonde gratitude à mon directeur de thèse, François Vallotton, pour sa confiance, son soutien inestimable et pour m’avoir tant appris. Je remercie également bien chaleureusement les membres du jury de cette thèse ‒ Alain Clavien, Pascal Ory et Sacha Zala ‒ pour leur lecture attentive et leurs remarques constructives.
Ma reconnaissance va aussi à la direction du projet sur l’Histoire de la Société suisse de radiodiffusion et télévision SSR de 1983 à 2011 ‒ Theo Mäusli, Andreas Steigmeier et de nouveau François Vallotton ‒ grâce à laquelle les portes des archives de la direction générale de la SSR et du Service suisse d’ondes courtes (SOC) m’ont été grandes ouvertes. Je n’oublie bien sûr pas Jürg Nydegger, à qui je dois le classement du fonds du SOC et dont l’amabilité et la disponibilité ont été remarquables, ainsi qu’Irene Benz et Pascale Schuoler, alors responsables respectivement des archives de la direction générale de la SSR et de celles du SOC.
Je suis également redevable à Claire-Lise Debluë, Matthieu Gillabert, Thomas Kadelbach, Pauline Milani, Luc van Dongen et Christiane Sibille pour m’avoir fait part, au fil de leurs propres recherches, de leurs trouvailles concernant le Service suisse d’ondes courtes et la radio helvétique de manière plus générale. Anna Amacher Hoppler, Ariane Demonget, Muriel Favre et Bernard Wuillème ont aussi eu la gentillesse de me tenir au courant de l’avancée de leurs travaux.
Je salue les étudiantes et les étudiants de l’Université de Lausanne qui ont participé au séminaire « La Suisse au cœur de la guerre des ondes : les chroniques internationales du Service des ondes courtes (1939-1945) » durant l’année académique 2011-2012. Leur enthousiasme a été communicatif, et leurs travaux sources de réflexion.
Merci également à Évelyne Brun et Claire-Lise Debluë pour leur appui, leurs encouragements et leurs relectures.
Je termine en adressant un immense merci à mes amis, particulièrement à Sandra Gex-Fabry pour ses relectures minutieuses et tant d’autres choses, à ma famille et ma belle-famille pour avoir toujours répondu présentes, ainsi qu’aux deux hommes qui partagent ma vie et qui m’ont épaulée avec tendresse et beaucoup de courage tout au long de cette aventure, Mathieu et Maximilien.
****
Cette recherche a pu être finalisée grâce au généreux soutien de la Société Académique Vaudoise et de la Fondation J.-J. van Walsem pro Universitate.
Les traductions ont été réalisées avec le très précieux concours d’Elisabeth Grimmer et de Jean-Paul Clerc.
I NTRODUCTION
Q u’on parle de radios internationales et ce sont les noms de Voice of America ou de Radio Free Europe qui viennent immédiatement à l’esprit. Les nombreux ouvrages qui leur ont été consacrés au cours des quinze dernières années 1 ont contribué à focaliser l’intérêt sur ces médias, car si leur influence pendant la guerre froide a sans doute été surévaluée, il n’en demeure pas moins que les moyens déployés par les États-Unis à partir de 1950 en matière de radiodiffusion internationale étaient sans précédent. Et l’Union soviétique n’ était pas en reste, même si l’historiographie sur Radio Moscou, y compris en langue russe, est pour sa part plutôt laconique.
Les radios internationales ont longtemps constitué un moyen de communication à la portée et à l’impact inégalés, en tout cas jusqu’à l’arrivée d’internet. Dès les années 1930, par le biais des ondes courtes, elles ont permis d’atteindre très rapidement un large auditoire disséminé partout dans le monde, et cela quasiment sans distinction sociologique. Contrairement aux livres ou aux films, par exemple, qui doivent franchir physiquement les frontières pour atteindre un public étranger, il est difficile de faire barrage aux programmes immatériels diffusés par les radios internationales. Les autorités politiques ont vite perçu le potentiel que représentait ce média. Fouad Benhalla, alors directeur général de Radio France internationale (RFI), pouvait souligner, dans un ouvrage paru en 1983, à quel point «  tous les États sont conscients et persuadés que l’action extérieure audiovisuelle est nécessaire à leur influence diplomatique, économique, commerciale et culturelle. Il s’agit de la dimension psychologique de la politique étrangère.  » 2
L’attention particulière, portée durant ces dernières années aux mastodontes américains des ondes, masque la diversité des radios internationales et le rôle qu’elles ont joué en amont. À la veille du déclenchement de la Seconde Guerre mondiale, vingt-cinq pays, européens pour la plupart, proposaient déjà un programme de radiodiffusion internationale en langues étrangères 3 . Une nation fut pionnière parmi eux et fit longtemps office de modèle ou de point de comparaison en matière de radio internationale : la Grande-Bretagne, avec le service extérieur de la British Broadcasting Corporation (BBC). Une autre radio internationale est parvenue aussi à tirer son épingle du jeu pendant le second conflit mondial et a été attentivement écoutée à l’étranger : il s’agit du Service suisse d’ondes courtes (SOC) qui est le point de départ du présent ouvrage. Cette station a été un des instruments-phares du rayonnement culturel promu par la Société suisse de radiodiffusion (SSR), une société privée, créée en 1931 et qui disposa, jusqu’en 1983, du monopole de diffusion sur l’ensemble des programmes radiophoniques suisses. Souvent mentionné en quelques lignes dans la plupart des ouvrages portant sur la radiodiffusion internationale, le SOC est également très méconnu en Suisse, aussi bien par les professionnels de la radio eux-mêmes que par le public helvétique en général. Ainsi, quand la Radio Suisse Romande organise, du 6 au 10 septembre 2010, dans le cadre de son programme historique « Histoire vivante », une série d’émissions sur les radios internationales intitulée « Histoire de la radio. Des ondes courtes à la guerre froide », pas un mot n’est dit de la radio internationale helvétique qui fait pourtant partie de la Société suisse de radiodiffusion au même titre que la Radio Suisse Romande. Plusieurs raisons expliquent l’ignorance entourant le Service suisse d’ondes courtes. Tout d’abord, le fait que le SOC n’existe plus en tant que tel dans l’espace médiatique contemporain depuis 2004. La radio internationale helvétique a en effet été remplacée par un site internet : www.swissinfo.ch . En outre, les ondes courtes ne sont audibles qu’à partir d’une distance de 500 km au moins de l’émetteur : la plupart des Confédérés ne pouvaient donc pas recevoir les émissions du Service suisse d’ondes courtes par ce biais. Enfin, cette méconnaissance est aussi le résultat d’une volonté de la part des responsables de la SSR de faire preuve d’une certaine discrétion autour des activités de cette radio, «  instrument de la propagande 4 culturelle de notre pays  » 5 , pour des raisons de politique extérieure ‒ le respect du statut d’État neutre ‒ et intérieure, afin d’éviter la controverse liée au fait que la SSR utilisait le produit des taxes radiophoniques pour financer un service dont les Confédérés ne profitaient pas directement.
Faire de la propagande sur les ondes détonne avec l’image d’une Suisse neutre et d’une nation à vocation non impérialiste ‒ ce qui ne veut pas dire sans implication dans le processus colonial. Et pourtant, ce puissant moyen de communication va être mis au service de ce petit pays et de son projet de politique culturelle : la défense nationale spirituelle. C’est à la veille de la Seconde Guerre mondiale que l’organe exécutif de la Confédération helvétique, le Conseil fédéral, confronté aux propagandes étrangères de plus en plus incisives, ressent la nécessité d’affirmer l’identité culturelle du pays et, dans le Message qu’il adresse au Parlement le 9 décembre 1938, pose les principes qui doivent permettre le rayonnement culturel de la Suisse à l’étranger :
«  Sans devenir importuns ni vaniteux, nous devons montrer que nous ne sommes pas seulement un pays d’industrie, de commerce et de tourisme ; que la Suisse est aussi et surtout un pays de haute et ancienne civilisation, que celle-ci est autochtone et qu’à toutes les époques, nous avons fourni notre apport à la culture européenne et mondiale. Le moment est venu de révéler à l’étranger la richesse et la diversité de notre vie spirituelle, d’un patrimoine qu’a accumulé chez nous le travail créateur de plusieurs siècles. Notre propagande culturelle doit donner à l’étranger une connaissance plus profonde du développement historique et organique de la Confédération, de l’originalité de sa structure spirituelle et politique ; elle doit aussi convaincre les autres pays de la nécessité de notre existence en tant qu ’État et de notre mission dans la communauté des peuples .  » 6
Dans la foulée, le Conseil fédéral prévoit la création de Pro Helvetia, une structure qu’il subventionne, chargée de défendre et de promouvoir la culture suisse sur les plans national et international. Jusqu’alors, l’initiative avait été laissée dans ce domaine aux représentants des intérêts économ

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