Le Monde défait la révolution - XXe siècle
650 pages
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Le Monde défait la révolution - XXe siècle , livre ebook

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Description

Pourquoi la nécessité de la révolution dans l'histoire ? Pourquoi cette nécessité prit-elle la forme du communisme au XXe siècle ? Pourquoi ce communisme-là échoua-t-il à révolutionner le monde ? Pourquoi le stalinisme put-il apparaître, primer, s'ancrer et, finalement, dévoyer l'altruisme et la noblesse de l'idée communiste ? Comprendre n'est pas excuser. Le XXe siècle est le fruit de la matrice qui lia et qui exacerba réciproquement "révolution" et "système international". Dès 1917, la révolution russe fut frappée d'isolement et de harcèlement permanents ; dès l'aube, le monde put donc la façonner contre sa promesse et la défigurer ; "celui qui ne connaît pas l'histoire est condamné à la revivre." Karl Marx Parce que l'on ne saurait se contenter de se référer à une histoire partialement décrite et écrite par des vainqueurs bien plus soucieux d'allégeance que de connaissance, Parce que pour diviser et régner, ces mêmes vainqueurs se doivent de continuer à segmenter la connaissance et à disqualifier voire à interdire toute pluridisciplinarité, Parce que l'approche préconisée ici correspond à l'une des deux facettes de la thèse de doctorat en science politique produite et soutenue sur le thème « Révolution et Système International (1917-1941) ».

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 17 juin 2016
Nombre de lectures 0
EAN13 9782342052541
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0067€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Le Monde défait la révolution - XXe siècle
Arslane Klioua
Connaissances & Savoirs

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.


Connaissances & Savoirs
175, boulevard Anatole France
Bâtiment A, 1er étage
93200 Saint-Denis
Tél. : +33 (0)1 84 74 10 24
Le Monde défait la révolution - XXe siècle

 
 
 
« Nous ne vivons pas seulement dans un Etat mais dans un système d’Etats ; et il est inconcevable que la République soviétique puisse continuer d’exister longtemps côte à côte avec des Etats impérialistes. Il faudra bien que l’une ou les autres l’emportent. Avant cela, il y aura inévitablement une série de terribles conflits entre la République soviétique et les Etats bourgeois. » 1 .
V.I. Lénine
 
 
 
« En raison de l’hostilité du monde extérieur, le premier Etat socialiste « ser[a] profondément et durablement altéré par ses nom­breuses années de siège, de terreur inévitable et de régime militaire. » 2
Alexandre Bogdanov (1907)
 
 
 
« La révolution d’Octobre 1917 est le point de départ d’un mouvement historique dont les suites s’étendent jusqu’à nous et qui n’a pas encore épuisé toutes ses conséquences. » 3
René Rémond
Épilogue
Pourquoi Staline estimait-il se devoir d’aller jusqu’à Mexico tuer Trotsky en 1940 ?
Dans la mesure où les purges et le contexte systémique de 1936-1938 2332 avaient déjà largement démontré que la guerre et que la révolution constituaient deux menaces inséparablement imbriquées pour Staline, en 1940, à l’effroyable approche d’une guerre antisoviétique qui risquait chaque jour davantage de revêtir la forme d’une coalition précipitée dans sa constitution par l’inextinguible permanence du facteur révolutionnaire mondial, considérant le fait d’une Turquie lui apparaissant partisane de Trotsky et de surcroît alliée à une Grande-Bretagne contre-révolutionnaire qui était favorable à la « cause » de nationalistes ukrainiens 2333 , guerre et révolution lui étaient alors plus que jamais insécables et problématiques en ces temps de dilemme systémique « guerre mondiale ou révolution mondiale ». Car du point de vue du dictateur soviétique, la substance de ce dilemme risquait d’impliquer la fatale conjugaison d’une coalition militaire antisoviétique (favorisée dans son agrégation par une alternative systémique « révolution mondiale » objectivement sustentée par le processus révolutionnaire mondial et subjectivement par Trotsky) avec une révolution antistalinienne (catalysée par une alternative systémique « guerre mondiale » qui signifiait de toute évidence guerre de coalition antisoviétique pour l’URSS) ; guerre de coalition antisoviétique qui risquait d’être précipitée par la permanence du facteur révolutionnaire mondial que la simple persistance historique et systémique de l’Etat soviétique entretenait parallèlement à la réalité et à la symbolique inhérentes à Trotsky 2334  ; propension révolutionnaire mondiale inaccessible au contrôle pourtant énergiquement recherché par le Comintern et par l’URSS de Staline ; propension révolutionnaire mondiale qui était historiquement et effectivement relative à l’opération et à la concaténation des séismes systémiques d’Octobre 1917 et d’Octobre 1929 et à leurs incontournables répliques subséquentes 2335 . En somme, évaluant les risques qu’il encourait, Staline calculait que la combinaison de la réalité de « Trotsky vivant » avec celle d’un processus révolutionnaire mondial incomplètement maîtrisable était source de consensus contre-révolutionnaire systémique et de coalition militaire antisoviétique. Et dans le même temps, il calculait que la combinaison de la guerre et/ou de la coalition antisoviétiques avec la réalité de « Trotsky vivant » était source de révolution antistalinienne. Coalition antisoviétique et révolution antistalinienne avaient alors une donnée commune qu’il fallait s’empresser de supprimer en la personne de Trotsky. En effet, « l’approche de la guerre conduit Staline à accélérer la liquidation de Trotsky » 2336 . A défaut, « tant qu’il serait en vie, il resterait lui-même « une force d’agitation, de développement, de création » » 2337 . L’affaire est alors confiée à Soudoplatov 2338 qui, beaucoup plus tard, rapportera que « Trotsky et ses partisans représentaient un grave danger pour l’Union soviétique car ils rivalisaient avec nous pour devenir l’avant-garde de la révolution communiste » 2339 . Nonobstant, religieusement focalisé sur le risque de révolution antistalinienne 2340 , l’espion soviétique en oublia (ou omit) d’ajouter que Trotsky, par le biais de sa constante exhortation révolutionnaire mondiale, tendait à accentuer la focalisation antisoviétique des puissances « capitalistes » contre-révolutionnaires. Ce faisant (estimaient Staline et ses sbires obligés), Trotsky tendait à inciter au scellement du consensus contre-révolutionnaire systémique (en l’occurrence anglo-nazi) et à pousser alors à la corrélative et fatale constitution d’une coalition militaire qui déferlerait contre l’Union soviétique. Si « Staline sait que la guerre qui vient va susciter une vague révolutionnaire », « le nom de Trotsky résume pour lui la menace comme, un an plus tôt, l’ambassadeur français Coulondre l’avait déclaré à Hitler, le 25 août 1939 : « J’ai […] la crainte qu’à l’issue de la guerre il n’y ait qu’un vainqueur : monsieur Trotsky » » 2341 . C’est ainsi qu’« en dernière analyse, du commissariat à la Guerre, Znamenka 23, à Moscou, à l’avenida Viena à Coyoàcan [au Mexique], ses adversaires n’ont formulé à son égard et sous toutes les formes qu’une seule revendication : qu’il se taise » 2342  ; impossibilité absolue qui, aux yeux de Soudoplatov et de son maître, en faisait « un ennemi actif et déterminé qu’il fallait abattre » 2343 . Trotsky lui-même en fut très tôt conscient puisque le 20 février 1935, il écrivait dans son Journal d’Exil que l’« acte terroriste » contre sa personne, « Staline y recourra à coup sûr dans deux cas : si la guerre menace ou si sa propre position empire à l’extrême » ; et Broué d’observer, du point de vue de Staline, que « le début de la guerre européenne, la menace directe sur l’URSS depuis que l’Allemagne se libérait les mains à l’ouest étaient bien là pour le presser de passer à l’« acte terroriste » auquel il s’était apparemment déjà résolu » 2344 . En effet, « Staline ne pouvait en aucune façon traiter Trotsky comme un simple auteur d’ouvrages philosophiques en exil » 2345 . Et contrairement à Hobsbawm qui soutient que quand il fut assassiné « son poids politique était totalement négligeable » 2346 , Trotsky était, en 1940, encore appréhendé par Staline comme « l’ennemi du peuple numéro un » 2347  ; étant entendu que « pour expliquer le déchaînement d’une répression de cette envergure (qui ne se cantonna pas au seul Trotsky mais qui s’étendit à ses proches et aux « trotskystes » soupçonnés et avérés du monde entier), [Staline] devait tout de même supposer l’éventualité d’une articulation concrète entre la pensée de l’exilé et le développement politique et social réel » 2348 .Ainsi, pour le dictateur soviétique, « il faut en finir avec Trotsky dans l’année, avant le début de la guerre qui est inévitable » 2349 . Et de fait, « l’imminence de la guerre le persuade qu’il faut se hâter d’abattre Trotsky » 2350 . Ce fut chose faite le 20 août 1940, lorsque Ramon Mercader, agent stalinien infiltré dans la demeure de Trotsky au Mexique, lui fendit le crâne avec un coup de piolet dont il ne devait pas se relever : « la vie de Trotsky et le développement de sa pensée politique ont été tranchés nets par les coups de piolet de l’assassin » 2351 . Au final, le décès intervint le lendemain, « à un moment décisif de l’histoire mondiale » 2352 puisque « le meurtre de Trotsky, quoique étouffé par le fracas de la guerre, [devait rétrospectivement] a[voir] la même signification politique que parachèvera trois ans plus tard la dissolution du Comintern » 2353  ; Trotsky ayant été à l’URSS stalinienne ce que le Comintern avait été à ses débuts : l’organe transnational qui s’était efforcé d’encenser le processus révolutionnaire international et de l’acheminer vers l’accomplissement de la révolution sociale mondiale en s’adressant directement aux peuples de la planète par-dessus la tête de leurs gouvernants. Néanmoins, si Staline put être momentanément rassuré à la nouvelle de l’élimination de son irréconciliable ennemi, « cette liquidation ne dissip[a] manifestement pas sa hantise du trotskysme ». Car pour exemple, trois mois plus tard, « le 7 novembre [1940], au début de la réception qui sui[vit] les festivités [annuelles] de la révolution, Staline rappel[ait] à ses invités silencieux ses désaccords avec Trotsky, pendant la guerre civile et à Tsaritsyne, ce Trotsky dont le fantôme le poursui[vait] » 2354 . Broué est alors tout fait fondé à interroger : « Est-il excessif et partisan d’imaginer qu’en prenant à ce sujet des mesures aussi draconiennes, Staline et ses successeurs démontraient seulement à quel point ils redoutaient l’impact des idées du mort ? Est-il abusif de penser qu’ils n’auraient pas eu peur de ces idées s’ils n’avaient pensé qu’elles étaient susceptibles de devenir des forces matérielles ? » 2355 En ce sens et témoignant des inquiétudes et de l’obnubilation staliniennes, Pavel Soudaplatov, l’agent qui organisa et qui supervisa le meurtre de Trotsky, rapporte que le dictateur soviétique avait l’un de ses agents dans un journal trotskyste de New York et que « souvent, il lisait des documents et des articles trotskystes avant même leur publication à New York » 2356 . Au-delà, « sa peur devant Trotsky et les trotskystes […] [fut] telle qu’il a

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