Les Fous de Dieu
208 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Les Fous de Dieu , livre ebook

-

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
208 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description


La jeune Palestinienne murmurait en boucle cette même sourate qu’elle rabâchait sans relâche depuis la prière du matin avant de se livrer au sacrifice suprême au nom d’Allah, au nom de la cause. Une rame bondée s’arrêta à l’instant précis où la jeune-femme déboucha sur le quai, tremblant de tous ses membres, elle eut un bref instant d’hésitation avant de se noyer dans la foule. Un grand type en costume croisé qui venait dans sa direction ouvrit de grands yeux étonnés en voyant une jeune beurette, les traits déformés par l’indescriptible peur qui lui tordait le ventre, s’arrêter devant lui, les yeux exorbités. La main crispée sur la petite commande en bakélite, elle releva son pouce en criant.



— Allahou Akhbar !



Le malheureux mourut sans comprendre ce qui venait de se passer, comme les quatre-vingt-trois autres victimes du premier des huit attentats-suicides qui allaient frapper Paris en ce début de journée de la fin novembre.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 13 avril 2021
Nombre de lectures 0
EAN13 9782381535821
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0075€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Les Fous deDieu
La SAS 2C4L — NOMBRE7,ainsi que tous les prestataires de production participant à laréalisation de cet ouvrage ne sauraient être tenus pourresponsables de quelque manière que ce soit, du contenu engénéral, de la portée du contenu du texte, ni dela teneur de certains propos en particulier, contenus dans cetouvrage ni dans quelque ouvrage qu’ils produisent à lademande et pour le compte d’un auteur ou d’un éditeurtiers, qui en endosse la pleine et entière responsabilité.
LucDumas
Les Fous deDieu
Roman
1
En cette fin de nuit denovembre, quelque part le long des côtes varoises, un Chriscraft approchait à faible allure, attendantvisiblement un signe. Sa longue coque noire fendait silencieusementles eaux calmes à cet instant toujours singulier où lamarée arrête sa course avant de redescendre. Yacoub BinHassad connaissait bien la région et ses hauts fonds, ce quil’obligeait à surveiller régulièrementl’écran du sondeur pour éviter les rochersmenaçant sous la surface de l’eau à ce momentprécis de l’étal. Ramenant lentement la manettedes gaz pour ralentir le cabin-cruiser en faisant machinearrière à faible régime, il déverrouillale guindeau pour mouiller l’ancre. Il n’avait qu’unehâte, quitter les eaux françaises au plus vite. Leurlongue remontée des côtes d’Espagne avait étéun véritable calvaire. Avitailler dans les petits ports depêche isolés pour éviter autant que possible laGuardia Civil, avait mis à chaque fois le libanais dans unétat de stress permanent  ; depuis leur passage enFrance, il vivait dans la peur constante d’êtrearraisonné par la gendarmerie française. À toutmoment, l’une de leurs vedettes pouvait surgir de n’importeoù, et il était foncièrement convaincu del’issue d’un contrôle. Bien sûr, son bonimentétait déjà prêt et il avait suffisammentde bagout pour le vendre, mais il était égalementconscient qu’à cette époque de l’annéeet à cette heure avancée de la nuit, un yacht battantpavillon chypriote paraîtrait plus que suspect à leursyeux  ; au mois de juillet, passe encore, mais pas en cedébut d’hiver. Par ailleurs, ses passagers étaienttrès loin du stéréotype du riche levantin venuse débaucher dans les boîtes de nuit et les casinos dela Côte d’Azur.
Avant de rejoindreNicosie, il avait vainement tenté de le faire comprendre àson chef, mais à Tripoli, le colonel Karim Al Madahadi avaitété intraitable, cette opération ne pouvaitrisquer un contrôle aux frontières, la seule voiepossible était la mer.
Après un breftour d’horizon dans le noir, Yacoub jeta un rapide coup d’œilvers la multitude des lamparos scintillants sur les eaux  ;par prudence, il avait dû faire un long détour pour nepas leur signaler sa présence. Rassuré, il descenditjusqu’au carré et invectiva copieusement tous sesoccupants pour les faire sortir au plus vite, pressé de lesvoir quitter son bord. Jamal Moussavi, le « convoyeur »des moudjahidines ( Combattantsde Dieu.) , prit alors la direction de la manœuvre pendantque l’annexe pendant sous ses berceaux à l’arrièreétait mise à l’eau. Les huit kamikazess’entassèrent rapidement dans le gros canot pneumatique,serrant contre eux leurs maigres bagages, à l’évidencepeu rassurés. Très vite rejoint par leur chef, lematelot démarra aussitôt. De plus en plus nerveux, BinHassad suivit des yeux le sillage blanc qui s’élargissaitderrière l’embarcation filant vers les signaux lumineuxqui, tels des feux-follets, venaient d’apparaître droitdevant eux au raz de l’eau. Quelques minutes plus tard, lepuissant moteur du canote rugit dans la nuit et le levantin relevason ancre en poussant un soupir de soulagement  ; peuaprès, le Chriscraft s’éloigna vers lahaute mer à plein régime, droit sur les eauxinternationales sans se soucier, cette fois d’une possiblerencontre avec la gendarmerie maritime  ; il savaitqu’ils ne pourraient pas le rattraper.
Le premier àsauter sur la grève, Jamal fronça les sourcils enreconnaissant Bilal Ansari, vieux complice de tous les combats. Ayantpartagé ensemble de nombreuses opérations clandestines,il savait qu’il y avait une explication simple à cetteentorse au programme initial. Estimant que c’était ni lemoment ni l’endroit pour le questionner, d’un geste de lamain il entraîna sa troupe dans l’escalade du petitraidillon rejoignant la route. Dix mètres plus haut, un J9-Peugeot aux couleurs d’une célèbreagence de location attendait sur l’accotement, moteur tournant,feux de détresse allumés. Peu après, ils prirentla direction de Fréjus dans un silence pesant, l’espritfocalisé sur leur mission.
En dépassant LeLuc, Jamal, les yeux rivés sur la route, demanda soudain àson voisin pourquoi le programme n’avait pas pu êtrerespecté.
— Toutsimplement parce que Whalid a fait une crise d’appendicite,répondit ce dernier avec une grimace, mais soit sans crainte,tout le dispositif est en place, il n’y aura aucun problème…tu verras.
— Et pourles explosifs…  ? lança Jamal.
— Tout estprêt, te dis-je, rétorqua l’autre, agacé,pour ça, si les Libyens sont moins efficaces qu’autrefois,là-dessus, on peut toujours compter sur eux… tu n’aspas de soucis à te faire.
La moue équivoquede Jamal continua d’énerver Bilal – le simplesouvenir de leurs « exploits » en septembre86 et du carnage de la rue de Rennes aurait dû le rassurer surle succès de cette nouvelle opération – maisil n’eut pas le temps d’aller plus loin dans saréflexion.
— Tu prendsla direction d’Avignon  ? gronda alors Moussavi,visiblement sur ses gardes.
— Il y a destravaux en pagaille sur la route Napoléon… de Serres àGrenoble, il n’y a que ça  ! répondit-ilsèchement. Vu le nombre de gendarmes qui vont jalonner letrajet, je préfère largement prendre l’autoroutejusqu’à dépasser Montélimar, ensuite onpassera sur la RN-7 . Le terroriste acquiesça de la têteavec un petit sourire. Son vieil ami avait toujours eu la science depréparer ses missions jusque dans les moindres détailset, encore une fois, ce dernier le démontrait.
Deux heures et demieplus tard, Ansari obliqua sans prévenir vers le grand parkingde l’aire de Montélimar. Au grognement de son voisin, ilexpliqua qu’à cette heure, les sanitaires des airesd’autoroute étaient toujours en pleine effervescence  ;entre les femmes d’entretien s’activant un peu partout,les routiers qui se douchaient et les automobilistes à leurspause-café, dans la cohue du petit-matin, leurs passagers, parescouades de deux, passeraient complètement inaperçusen allant se soulager et prendre un thé.
— De toutefaçon, on quitte l’autoroute à la prochainesortie, nous serons plus tranquilles sur la nationale, reprit-ilaprès un long silence, et ce sera beaucoup plus facile si ondoit s’arrêter. Sur l’autoroute, tôt ou tard,on risque de tomber sur des gendarmes trop curieux  !lâcha-t-il après un court silence. Surtout s’ilsentendent trop parler l’arabe… Ici, la plupart du temps,les maghrébins, même entre eux, parlent le français…et puis nous n’avons pas le même type et encore moinsl’accent, alors mieux vaut rester discret  !
Roulant déjàsur la nationale en direction de Valence, par la vitre ouverte,malgré ce début d’hiver méridional, lesrelents des derniers parfums de Provence rappelaient à tousles occupants leur lointain Liban. Djamila Hassani, la plus jeune deshuit moudjahidines pleurait en silence. Aussitôt, KarimAl Hassad, assis à côté d’elle, se mit àl’insulter vertement. Lui qui avait passé sonadolescence dans les premières échauffourées de1975 jusqu’à avoir combattu Tsahal (Arméeisraélienne.) durant les batailles d’ Ayta Ash-Shab etde Bint Jbeil en 2006, il considérait son sacrifice àla cause comme un devoir. Il en avait fait un véritablesacerdoce. « … si je n’ai pas pu battreles sionistes, j’emmènerais avec moi le plus dechrétiens possibles… », avait-il ditquelques jours plus tôt à bord du bateau.
La seule évocationde l’arrestation de son père, en 83, par lesparachutistes français quand ils avaient trouvé unequinzaine de kalachnikov dans son échoppe du souk d’ Ashrafié , le rendait fou de rage. Il avaitfallu moins d’une heure d’interrogatoire pour que levieil homme lâche tout ce qu’il savait aux agents duDPSD. ( Direction de la Protection et de la Sécuritéde la Défense, service de renseignements interne duministère de la Défense indépendant de laD.G.S.E) Le soir même, les « croisés »étaient revenus en force cette fois, et plus d’unequarantaine hommes, soupçonnés de « travailler »pour les syriens, avaient été arrêtés. Lasemaine suivante, son père était assassiné danssa cellule parmi vingt autres prisonniers. La honte qui en étaitretombée sur sa famille encore aujourd’hui, restaitpleine et entière, il devait venger sa mort  ! « Un œil pour un œil, une dent pour unedent , une vie pour une vie ».
***
Le chuintementcaractéristique d’un Caracal ( Eurocopter EC725-Caracal  – Hélicoptèrede transport de troupes.) raisonnant avec force dans la nuit fitsursauter le colonel Mougins, penché sur sa table. S’étirantun court instant, il referma le gros dossier ouvert devant lui en sefrottant les yeux. L’officier venait de passer près desix heures à lire et relire les comptes rendus des hommes deterrain, de la police afghane et des interminables rapportsd’audition des interrogatoires de prisonniers talibans pourvérifier les conclusions des analystes de l’état-major…Pourtant, dans la dernière note de Paris, un passage surlignéde jaune le laissait pensif et un rien amer, « …N’exfiltrer les prisonniers que si les cibles sont atteintes etsans autre prise de risque, rien ne doit pouvoir détourner lamission… ». Écœuré par lafroideur de cette quasi-condamnation à mort, il soupiralonguement. Terrassé par la fatigue, il alluma une cigarette– il avait besoin d’un café –,vivement préoccupé par ce qu’il venait de lire etne pouvant pas contacter Paris à cause du décalagehoraire, il devait agir sur le champ. Il avait bien une solution,mais pour ça il devait impérativement rencontrer sonvieux camarade de prytanée ( PrytanéeNational Militaire , école privée de la Défense,basée à La Flèche (Sarthe).), le colonelDesmalles,

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents