Les séparatistes wallons et le gouvernement de Vichy (1940-1943)
129 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Les séparatistes wallons et le gouvernement de Vichy (1940-1943) , livre ebook

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
129 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description


L’« Omerta » ou la loi du silence a permis d’occulter pendant plus d’un demi-siècle un épisode peu glorieux du Mouvement wallon pendant la seconde guerre mondiale. Or, une figure emblématique de ce Mouvement, l’imprimeur-éditeur Georges Thone, futur président du Grand Liège et l’un des fondateurs du Rassemblement wallon (1968) fut le chef de file incontesté d’un certain nombre de personnalités réfugiées dans la zone libre et qui de juillet 1940 à janvier-février 1943, ont tenté de négocier le rattachement de la Wallonie à la France.



Dans quelles conditions Thone discutait-il avec l’entourage du Maréchal Pétain et des gouvernements successifs de Vichy ? Qui étaient ces wallons, journalistes, écrivains, hommes politiques qui l’entouraient et recevaient une aide financière du régime ? Qui étaient les « amis liégeois » de Thone pendant cette période ?



Historien, chercheur et docteur en Philosophie et Lettres, Hervé Hasquin enseigna à l’Université libre de Bruxelles à partir de 1970 ; il en fut le recteur (1982-1986) et le président du Conseil d’administration (1986-1995). Parallèlement, il mena une carrière politique (sénateur, député, ministre) entre 1987 et 2007. Il a présidé l’Institut d’étude des religions et de la laïcité de l’ULB pendant de très nombreuses années, ainsi que le Centre de l’égalité des chances et la lutte contre le racisme (2008-2011). Il a été élu Secrétaire perpétuel de l’Académie royale de Belgique à la fin de l’année 2007.

Sujets

Informations

Publié par
Nombre de lectures 2
EAN13 9782803106059
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0037€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Les séparatistes wallons et le gouvernement de Vichy (1940-1943)
Hervé Hasquin
Les séparatistes wallons et le gouvernement de Vichy (1940-1943)
Académie royale de Belgique
rue Ducale, 1 - 1000 Bruxelles, Belgique
www.academieroyale.be
Informations concernant la version numérique
ISBN : 978-2-8031-0605-9

© 2017, Académie royale de Belgique
Collection Rétro Poche
Volume 2
Diffusion
Académie royale de Belgique
www.academie-editions.be
Crédits
Conception et réalisation : Laurent Hansen, Académie royale de Belgique
Couverture : Loredana Buscemi, Académie royale de Belgique
Publié en collaboration avec/avec le soutien de

Préface
Le 22 décembre 1944, la 2 e Direction (Secteur de Liège) du Ministère de la Défense nationale lançait un avis destiné à quelques personnes habilitées :
« Secret
Nous cherchons des renseignements sur
Monsieur THONE
Imprimeur
Liège
Notamment sur son activité dans les organismes séparatistes ou républicains wallons »
Le 28 novembre 1945, l’auditorat militaire classa sans suite l’information qui avait été ouverte. La virginité du Mouvement wallon était préservée. Il pourrait, sans retenue, cultiver cette image à la différence d’un Mouvement flamand couvert à juste titre de tous les opprobres tant nombre de ses leaders s’étaient vautrés dans les turpitudes de la collaboration.
Jeune chercheur du Fonds national de la Recherche scientifique, et bientôt frais émoulu enseignant à l’Université libre de Bruxelles, j’ai eu l’occasion plus d’une fois d’assister par sympathie et par curiosité d’historien à l’une ou l’autre manifestation culturelle, et pas tellement scientifique, organisée à l’initiative de Wallonie libre, sur la guerre, la Résistance et la collaboration. Mes oreilles tintent encore des mâles propos entendus. C’est d’ailleurs une évidence, le Mouvement wallon s’est glorieusement comporté dans l’ensemble. Toutefois, à la longue, les roses ne sont pas parvenues à camoufler quelques épines. Et le personnage de Georges Thone est de celles-là.
Peu importe qu’on les appelle « séparatistes » ou « rattachistes ». C’était leur droit à ces Wallons de préférer un sort commun avec la France plutôt que de poursuivre l’aventure « belge », comme ça l’est encore pour ceux et celles qui privilégient le « choix français ». Question d’opinion et de conviction. Ce n’est pas là qu’est le problème, mais bien le moment choisi, l’Occupation, et le partenaire, Vichy, un régime fascisant aux ordres de l’Allemagne nazie. Oui, à sa façon et même s’il détestait les Nazis, Thone — et la poignée de Wallons, les uns convaincus, les autres naïfs, qu’il entraîna dans son sillage — fut un collaborateur dans le sens plein du terme. L’ambiance et l’idéologie de Vichy n’étaient pas pour déplaire à un homme qui, de surcroît, n’était pas spécialement philosémite… Ses préjugés perdurèrent d’ailleurs après-guerre. Rosita Winkler, la première épouse de Jean Gol, peut en témoigner. Cet adepte d’un judaïsme laïque dérangeait Thone : ce dernier ne s’était-il pas chargé, en vain, de déconseiller au professeur et député François Perin de faire figurer le jeune avocat juif sur une liste du Rassemblement wallon… 1
Certes, comme il me fut dit après la parution du livre, certains de ses correspondants à Vichy furent décorés par de Gaulle à la Libération. Et alors ? Petit détour par l’histoire de France.
C’était au lendemain de 1968. La parole se libérait en France alors que la radiotélévision de l’ère gaullienne était régulièrement censurée. Tout d’un coup, un éclair flamboyant et orageux secoua cette France qui vivait toujours dans le mythe d’une France résistante, glorieuse, magnifiée par « La bataille du rail », beau film de René Clément qui illustre les sabotages organisés par les cheminots français. De Gaulle ne l’avait-il pas proclamé ? La France a gagné la guerre et cette France-là a été résistante. Jusqu’à la fin des années soixante, il était encore de bon ton, chez les historiens, de mettre en avant le double jeu qu’avaient joué Pétain et son régime de Vichy. Et puis soudain, l’image d’Epinal fut écornée et le miroir se brisa. Tourné en 1969, sorti en 1971, « Le Chagrin et la Pitié », ce film documentaire de Marcel Ophüls et d’André Harris, bousculait les bonnes consciences. À partir d’images d’archives et d’entretiens troublants, il révélait l’envers du décor, le visage caché et souvent ambigu de Clermont-Ferrand, de l’Auvergne, de la France profonde en zone libre.
Ce n’était qu’un début. Produit en 1972, diffusé l’année suivante, « Français, si vous saviez », l’extraordinaire fresque d’A. Harris et de A. de Sedouy, promenait le spectateur des années trente à 1970, en toute liberté ; de Gaulle venait de mourir.
En fait, il fallut attendre 1980 pour que « Le Chagrin et la Pitié » soit diffusé à la télévision française. Ainsi que le confiait, en 1973, Arthur Conte, président de l’ORTF, qui s’expliquait sur son refus de diffuser le documentaire : « Le film détruit les mythes dont les Français ont encore besoin ».
Le coup de grâce était venu d’Amérique. En 1972, l’historien américain Robert Paxton avait publié La France de Vichy , paru l’année suivante en français. Cet ouvrage déchirait définitivement le voile pudique qui recouvrait ces années sombres. Oui, le régime de Vichy, bon élève, avait souvent pris les devants dans des tas de dossiers nauséabonds, comme la chasse aux juifs ou aux francs-maçons.
Oui, la « Révolution nationale », et sa devise « Travail, Famille, Patrie », s’était appuyée et avait trouvé un allié objectif dans la présence de l’Ordre nouveau. En résumé, l’ é tat français, la France officielle, avait collaboré dans le déshonneur le plus total. Oui, la France a eu aussi ses héros, mais également de très nombreux salauds, et une majorité d’attentistes veules. Regardez, et regardez encore, le feuilleton télévisé « Un village français »… Admirable.
Au nom de la réconciliation et pour affermir son pouvoir, de Gaulle se fit le premier propagandiste d’un mythe qui n’était pas pour déplaire à un Parti communiste qui s’arrogeait avec jactance l’héritage de la Résistance : rien de tel pour faire oublier la période noire qui avait suivi le pacte germano-soviétique. Cette amnésie d’ é tat a d’ailleurs permis à un personnage décoré au printemps 1943 de la Francisque, l’emblème par excellence du régime de Pétain, d’accéder à la présidence de la République française en 1981…
L’expression Omerta a déplu. Tant pis ! Car toute proportion gardée, le Mouvement wallon a adopté une attitude analogue à l’égard de quelques-uns de ses déviants. Que n’aurait-il pas fait pour conserver intacte sa couronne de lauriers alors que le Mouvement flamand se noyait dans le discrédit ?
Bref, si un heureux hasard ne m’avait pas mis en possession d’une valise crasseuse, couverte de taches de gravats, bourrée d’archives compromettantes, le doute eut pu subsister. Au soir d’une conférence de présentation de livre en 2004, deux très vieux messieurs se présentèrent à moi. Soixante ans plus tôt, ils avaient participé en vain à l’enquête relative aux agissements de Thone, mais ils n’avaient rien pu exhumer ni donc prouver… L’imprimeur avait gardé par-devers lui, soustraites aux regards indiscrets, les traces les plus tangibles d’un passé condamnable alors que d’autres documents étaient partis en fumée depuis bien longtemps 2 .


1 J. T ordoir , Jean Gol. Vingt ans de combat libéral , Bruxelles, 2005, p. 19.

2 Témoignage d’une personne bien au fait des aventures du Fonds d’Histoire du Mouvement wallon.

REMERCIEMENTS
Je tiens à exprimer tout particulièrement mes remerciements à Madame Chantal Kesteloot (CEGES) et à Madame Corinne Godefroid (Fonds d’Histoire du Mouvement wallon) dont l’amabilité et la compétence m’ont permis de gagner un temps précieux dans mes investigations. Un grand merci également à mes collaboratrices Joëlle Chantry et Marie-Julie Dhondt qui ont consacré une part importante de leur temps à la mise en page dactylographiée du manuscrit.
LISTE DES ABRÉVIATIONS
Principaux sigles utilisés :
CEGES :Centre d’Études et de Documentation. Guerre et Sociétés contemporaines
E.M.W. : Encyclopédie du Mouvement wallon
F.H.M.W. :Fonds d’Histoire du Mouvement wallon
Fonds T.F.W. :Fonds Thone Franc

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents