Profession historien
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Description

Pour Pierre Bonnechere, l’histoire est le compte rendu raisonné d’une enquête scientifique dans un passé humain à jamais refermé sur lui-même, sous le regard amusé de trois fées retorses, nommées Vérité, Chance et Objectivité. Sensible aux questions de méthode, l’auteur prend ses exemples en des périodes et en des lieux divers, de l’Antiquité au XXIe siècle, de la Grèce et de Rome au Québec. Il réfléchit autant aux problèmes concrets rencontrés par les historiens qu’à leur statut dans l’histoire. Le paradoxe n’est qu’apparent : l’histoire est elle-même un objet d’histoire.
Enseignant l’histoire grecque à l’Université de Montréal depuis 1993, Pierre Bonnechere y dirige le Centre d’études classiques, consacré à l’histoire, à l’archéologie et à la littérature du monde gréco-romain. Il est titulaire d’un doctorat en Philosophie et lettres (Histoire ancienne) de l’Université de Louvain (Belgique). Ses principaux intérêts vont à la religion et aux mentalités de la Grèce antique. Il est plus particulièrement spécialiste des modalités de communication entre hommes et dieux, que ce soit par l’intermédiaire du sacrifice animal et de son corollaire mythique, le sacrifice humain, ou par la divination, à savoir les moyens de prendre connaissance des volontés divines.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 30 mai 2011
Nombre de lectures 4
EAN13 9782760625778
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0200€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

PIERRE BONNECHERE


Professionhistorien




Les Presses de l’Université de Montréal
La collection


Quel est le rôle, dans la Cité, des chercheurs, des intellectuels,des professeurs, des universitaires en général ? Qui sont-ils etque font-ils exactement ? Quel a été leur parcours intellectuel ?La Collection « Profession » répond à ces questions.

Directeur de collection : Benoît Melançon

Autres titres disponibles au 1 er novembre 2010 :


www.pum.umontreal.ca
Copyright

Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archivesnationales du Québec et Bibliothèque et Archives Canada

Bonnechere, Pierre
Profession, historien
(Profession)
Comprend des réf. bibliogr.

ISBN  978-2-7606-2079-7
ISBN  978-2-7606-2577-8 (ePub)

1. Historiens. 2. Histoire - Aspect social.
I. Titre. II. Collection : Profession (Montréal, Québec).

D13. B662008 902.3 C2008-940476-9

Dépôt légal : 1 er trimestre 2008
Bibliothèque et Archives nationales du Québec
© Les Presses de l’Université de Montréal, 2008 ; 2010 pourla version ePub.

Les Presses de l’Université de Montréal reconnaissent l’aide financière du gouvernement du Canada par l’entremise du Programmed’aide au développement de l’industrie de l’édition (PADIÉ) pourleurs activités d’édition.
Les Presses de l’Université de Montréal remercient de leur soutienfinancier le Conseil des Arts du Canada et la Société de développement des entreprises culturelles du Québec (SODEC).
À la mémoire
de ma mère, Marie-Claire Ost († 1980),
et de mon oncle, Gérard Ost († 2004),
enfants de la grande crise,
jeunes gens de la Seconde Guerre mondiale,
adultes des Golden Sixties .
J’espère que ce livre leur aurait plu.




« L’histoire ne se laisse pas mettre en adages prophétiques,
ni pour le passé, ni pour l’avenir ; et pas davantage
en formules mathématiques. Elle n’appartient ni à
Nostradamus, ni à Karl Marx, ni aux algébristes. »
R. Sédillot, L’histoire n’a pas de sens.


« Il est plus facile de médire de l’histoire que de s’en passer.
Aimée ou décriée, elle nous touche de si près que nous ne
pouvons lui échapper. Elle est une fonction de l’esprit, une
catégorie de la connaissance, une partie de nous-mêmes,
elle vit de notre vie […]. Si l’histoire est inséparable de
l’historien, l’homme est inséparable de l’histoire. »
L.-E. Halkin, Initiation à la critique historique.
1

L’histoire : définition et finalité




L’ histoire est « connaissance et récit des événements du passé, des faits relatifs à l’évolution de l’humanité (d’un groupe social, d’uneactivité humaine), qui sont dignes ou jugés dignesde mémoire ; les événements, les faits ainsi relatés ».Cette définition du Petit Robert (2007) semble parfaite. À ce compte-là cependant, le premier venu dotéd’une bonne mémoire pourrait se proclamer historien. Ouvrons le dictionnaire Robert des noms propres et nous y lirons que Louis XIII est mort en 1643. Pasbesoin d’avoir passé des années sur les bancs de l’université pour cela. Mais, si le premier venu est capablede retenir les dates par cœur, il sera bien en peine,par contre, de ressusciter le passé. C’est là qu’onpiège les apprentis et les dilettantes, qui s’arrogent ledroit de faire de l’histoire en croyant que c’est facile.Épinglant les faits, ils mettent sur le même plan tousles types de documents et tous les détails qu’ils y trouvent, avec une minutie qui parfois tire au comique :ainsi nombre de contributions locales sur l’histoiredes villages, pour attachantes qu’elles soient, sombrent dans une litanie généalogique des fondateurset signalent avec un scrupule quasi religieux le nomde ceux qui ont contribué, le 12 août 1922, à réparer la clôture de la chapelle Saint-Antoine-de-Padoue àSainte-Ermenontrude-des-Petits-Prés.
Les faits, et les dates chères aux historiens, sontbien entendu une condition nécessaire. Mais, en dernière analyse, ils ne sont que les éléments de base aveclesquels l’historien doit faire la lumière sur le passé,comme la connaissance des organes est la base fondamentale de la médecine, mais non son but ultime.L’histoire, en tant que savoir, n’est que le fruit d’untravail de reconstitution mené selon une méthoderigoureuse, pétrie à la fois de science et d’intuition.Une méthode qui permet d’abord de trouver lestémoignages pertinents à sa recherche, puis de lesinterpréter avec justesse, en les forçant à révéler toutce qu’ils ont à révéler, mais pas une once de plus. Uneméthode qui mène ensuite à replacer tous les faits lesuns par rapport aux autres, en définissant leurs causeset leurs conséquences potentielles. Chaque nouvelleétude dresse ainsi le tableau d’un pan du passé quis’imbrique dans le réseau de faits déjà connus et leprécise, ou qui parfois le contredit en amenant lesspécialistes à revoir ce qu’ils croyaient acquis. Grâceà toutes ces découvertes, petites et grandes, les historiens recomposent patiemment un passé qu’ils nepeuvent faire revivre que dans ses grandes lignes, etnon dans son incommensurable complexité.
L’histoire, c’est le compte rendu raisonné d’uneenquête scientifique dans le passé humain à jamaisrefermé sur lui-même, sous le regard amusé d’une féeretorse, nommée Vérité.


In historia veritas ?

La vérité existe-t-elle ? Non : il s’agit d’une abstraction philosophique inaccessible telle une brillanteétoile. S’il existe une vérité, ce serait le point de vue de Dieu, conscient du pourquoi et du comment detoute chose. Peu importe cependant qu’un chimisteou un anthropologue ait la foi, car la vérité divinelui demeure inaccessible. L’historien, avec lesmoyens limités dont il dispose – son intelligencerationnelle –, n’a donc d’autre avenue qu’une véritépartielle, relativisée par autant de filtres irrémédiablement déformants : son éducation, ses convictionset ses peurs, en bref sa propre personnalité prisonnière des idées de son époque. Même les dictionnaires, ces temples sacrés de la vérité, ne sont pasinnocents. L’excellent Robert des noms propres consacre ainsi toute une colonne à Ravel, pour moins dela moitié à Brahms, longtemps étiqueté « injouable »en France et dont les mérites artistiques ne semblentévoqués qu’à regret.
Poussée à l’extrême, la relativisation de la véritémène à la négation de toute connaissance objective.Les théoriciens se disputent encore pour savoir si leslois mathématiques traduisent une réalité cachéequ’ils découvrent ou si elles sont pures constructionslogiques de l’intellect. Cette perception au début insécurisante concourt cependant à rendre toute scienceattractive, puisque chaque spécialiste à la recherchede la vérité toute nue ne peut jamais la présenter aumonde que sous une robe différente. Fée espiègle, lavérité nue, que tout le monde connaît mais que personne n’a jamais vue, possède une gigantesque garde-robe. L’historien prend le parti de croire qu’on peutreconstruire le passé avec un minimum de sécurité,même si la vérité historique est résolument plurielle,plusieurs explications pouvant adéquatement rendrecompte d’un même événement. Il a pour devoir,éthique en quelque sorte, de tenter d’approcher lavérité au mieux de ses possibilités : le temps, implaca ble juge, l’évaluera à l’honnêteté qu’il aura déployéepour y tendre.


L’histoire et l’imperfection des sciences

Les historiens ont cru que la Grèce avait été envahiepar des Indo-Européens qui y auraient apporté leurlangue, le grec, aux alentours de 1200 avant J.-C.,jusqu’à ce que le déchiffrement de tablettes gravéesprouve que le grec y était parlé 400 ans auparavant.Aussitôt la théorie se réélabore et, sans l’ombre d’uneautre preuve, voilà les envahisseurs indo-européensremontés à 1600. Décidément l’histoire, sciencehumaine, s’avère incapable d’accéder aux vérités universelles issues de la raison parfaite, celles des sciences exactes. C’est drôle pourtant… Selon le manuel dephysique fourni par mon collège secondaire et doncun peu vieillot, le secret de la matière aurait alors étéconnu : les atomes, longtemps considérés comme lesbriques de base de l’univers, s’avéraient désormaiscomposés de protons et de neutrons, qui eux étaientles véritables éléments irréductibles de la matière.Cette certitude m’enchantait. Depuis, les protonsse sont révélés eux-mêmes des assemblages complexes de quarks, en lesquels certains ont vu, commede juste, la base de la matière. Histoire et physique,science humaine et science exacte. Cherchez l’erreurméthodologique commune.
Toutes les sciences s’inscrivent dans cette fantastique chevauchée du savoir, à laquelle l’hommes’adonna dès qu’il en eut les moyens intellectuels :comprendre le monde, se comprendre lui-même– les deux faces inséparables d’une même médaille.Au reste, l’histoire est solidaire de bien d’autres disciplines à première vue peu apparentées, mais quitoutes procèdent du même élan. Fouillant toujours plus loin dans le passé, elle parvient au moment critique où, privée des traces écrites, elle doit composeravec les seuls objets matériels. Le relais est pris parl’anthropologie physique qui remonte jusqu’aux premières formes humaines. Le rameau des hominidésest lui-même arrimé au long processus d’évolutiondes espèces depuis l’apparition de la vie, dont s’occupe la paléontologie. Et dans quelles conditions lavie apparut-elle ? Le flambeau est alors repris par lesgéologues, qui expliquent la genèse des paysages dela Terre. Quant à la planète elle-même, infime partiede l’univers, elle tombe sous la loupe des astrophysiciens, qui tentent de remonter au big bang. Et au-delà ? Rien : l’explication rationnelle s’évanouit dansle noir de l’inconnu. Les sciences exactes y rejoignentla métaphysique – cette branche de la philosophie quis’intéresse au problème de l’être – et les diverses religions actuelles ou révolues, qui toutes proposent uneexplication de type mythologique au problème desorigines. Mais, en fin de compte, quelle différencey a-t-il entre le big bang et un mythe expliquant lagenèse de l’univers depuis un œuf primordial ?


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