Souvenirs de guerre d un gueule cassée
310 pages
Français

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Souvenirs de guerre d'un gueule cassée , livre ebook

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Description

«?Près de moi, un autre camarade a été touché, je l'entends gémir, pendant une demi-heure, accoudé sur le parapet tout comme s'il dormait ; aucune blessure n'est apparente. Hélas, une demi-heure plus tard, il était mort. Un autre camarade, blessé aux reins, passe à quatre pattes derrière moi, enfonçant encore les moellons qui me meurtrissent. À quelque vingt mètres de là, les camarades qui se sont sauvés durant l'éboulement m'observent, se disant que sans doute je n'en ai pas pour bien longtemps. Non, mais vais-je mourir ainsi ? Agoniser pendant des heures et des heures, dans l'impossibilité de faire le moindre mouvement.?» Nouvelle contribution à notre connaissance du quotidien des soldats français lors de la Première Guerre mondiale que ces « Souvenirs de guerre » composés par Édouard Lefort, qui nous entraînent jusqu'en Albanie, jusqu'à ces combats en Orient que l'on évoque peu et qui devaient faire de l'auteur l'un de ces «?gueules cassées?» générées par ce conflit. Témoignage édifiant, qui embrasse le parcours d'un homme de son instruction à sa convalescence, porté par l'esprit de corps, la camaraderie et le patriotisme de son narrateur. Ce texte, riche en documents d'époque, se révèle être, de par sa pudeur et son écriture directe, touchant de courage et d'abnégation.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 19 février 2015
Nombre de lectures 0
EAN13 9782342034707
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0071€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Souvenirs de guerre d'un gueule cassée
Édouard Lefort
Société des écrivains

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.


Société des écrivains
175, boulevard Anatole France
Bâtiment A, 1er étage
93200 Saint-Denis
Tél. : +33 (0)1 84 74 10 24
Souvenirs de guerre d'un gueule cassée

Toutes les recherches ont été entreprises afin d’identifier les ayants droit. Les erreurs ou omissions éventuelles signalées à l’éditeur seront rectifiées lors des prochaines éditions.
 
 
 
 
Préface
 
 
 
En tant que petit fils d’Édouard Lefort, je souhaitais publier ce livre depuis plus de 10 ans. Mais le temps s’écoulant toujours trop vite, ce désir était toujours remis au lendemain. C’est à l’occasion du centenaire de cette grande guerre que j’ai fait les démarches permettant maintenant de partager cet ouvrage avec ceux qui souhaitent revivre l’histoire d’un membre des gueules cassées. Mon grand-père a en effet connu un destin hors du commun lors de cette guerre et a su raconter son histoire avec simplicité et authenticité. Ce livre a été écrit entre 1930 et 1931 à la demande insistante de la famille, soit 10 ans après les faits relatés. Je pense que cette durée de 10 ans était nécessaire car du fait de l’intensité des événements, une rédaction plus tôt aurait été impossible.
 
Le but est avant tout de conserver l’authenticité du livre. Pour ce faire, les seuls changements réalisés ont été des modifications de pagination pour permettre l’impression d’un livre écrit à la main avec beaucoup de photos imbriquées dans du texte. Nous avons également décidé de ne changer aucun nom que ce soit de lieu ou de personne. Les historiens qui le souhaitent pourront ainsi suivre le parcours de l’auteur et trouver des informations complémentaires en consultant les registres de l’armée ou les journaux de l’époque. Nous avons même laissé quelques lettres de remerciement écrites par des lecteurs qui ont été très touchés par cet ouvrage. Finalement, les seules vrais modifications sont les quelques commentaires mis en bas de page pour apporter un peu plus de clarté au lecteur. À la fin de la préface, vous trouverez une photo du texte original. Vous noterez au passage la calligraphie de l’écriture que nous ne rencontrons guère plus de nos jours…
 
Les raisons qui m’ont poussé à réaliser cette publication sont les suivantes :
- Rendre hommage à mes deux grands-pères que je n’ai pas connus. En effet, mon grand-père paternel, Édouard Lefort, est décédé dans un accident de voiture le 19 février 1963, soit 7 années avant ma naissance. Mon grand-père maternel, Jean Hess, est quant à lui décédé pendant la Deuxième Guerre mondiale le 3 août 1944. Étant cheminot, il conduisait ce jour-là un train de munitions. Pendant qu’il était arrêté dans la gare de Landorf en Moselle, l’aviation anglaise est arrivée. À la demande du chef de gare, il a fait le nécessaire pour sortir le train de la ville avant de se faire mitrailler (ce qui pour un train de munitions était garanti). Le train a ainsi été attaqué à l’extérieur de la ville ce qui lui a permis d’épargner de nombreuses vies tout en y laissant la sienne. L’autre conducteur du train n’a pas participé à la manœuvre car il s’est protégé en s’accroupissant dans un coin de la locomotive et a eu la vie sauve. La publication de ce livre est donc une façon de créer un lien avec mes grands-pères puisque les guerres mondiales ont eu un impact fondamental sur leurs vies à tous les deux.
- Participer au devoir de mémoire pour que ces heures sombres où la vie humaine ne valait pas grand-chose ne reviennent jamais. Dans notre monde où la majorité des hommes politiques s’occupent plus de leurs carrières que de la gestion du pays, où les patrons n’hésitent pas à délocaliser pour des gains pas toujours évidents, où de plus en plus de personnes font valoir leurs droits et même plus, en occultant systématiquement leurs devoirs, bref dans ce monde qui est devenu consom­mateur, j’espère que cette lecture permettra à chacun d’être convaincu que notre mission à tous n’est pas de profiter au maximum de tout ce que l’on pourra obtenir de notre société mais de faire en sorte que celle-ci soit la meilleure possible afin que chacun s’y sente bien et y trouve sa place. Les terribles moments de l’histoire comme la Première Guerre mondiale sont là pour nous le rappeler. Si au moins cela nous permet de tendre vers un monde meilleur alors tous ces soldats n’auront pas souffert et ne seront pas morts pour rien.
- Nous faire prendre conscience que notre région du monde, certes imparfaite, est malgré tout globalement plus agréable à vivre que ce qu’elle a pu être. Je souhaite à ce titre proposer une petite réflexion au lecteur : à la fin du livre, imaginez-vous quelques instants à la place de l’auteur en étant passé à travers toute cette souffrance. Seriez-vous alors aussi positif que l’auteur ? J’espère seulement que cette réflexion vous fera apprécier le bonheur de vivre en paix (tout au moins en France) depuis maintenant presque 70 ans.
 
Enfin je tiens à remercier mon père qui a activement participé à la publication de ce livre. En effet, bien qu’un peu absent au début de ce projet, il s’est par la suite largement rattrapé !
Benoît Lefort, petit-fils de l’auteur


Pages 26 et 27 de l’original correspondant aux pages 40 à 43.
 
 
 
Opinion d’un lecteur
« à Paris, le 24 janvier 1932
 
Mon cher Monsieur,
 
Mon ami Royer m’a prêté votre livre.
Simplicité, clarté et surtout sincérité, écrit dans un français non tarabiscoté. Je l’ai lu avec le plus grand intérêt de la première à la dernière ligne.
J’ai vécu pendant quelques heures votre vie de poilu d’Orient et je vous remercie de la documentation qui m’a permis de voir dans son véritable jour un épisode parmi tant d’autres de cette terrible époque.
 
Bien à vous et sincèrement. »
 
 
 
Opinion de l’abbé Legrand, curé de Saint-Cloud
 
« À son petit premier communiant
 
À vous, petit premier communiant de la pension Chambert, retrouvé grand blessé après la guerre, je suis heureux d’exprimer mes compliments et mon affection.
 
Abbé Legrand »
 
 
 
Opinion de M. Duffaud, professeur et ami
« 30 avril 1933
 
 
À Monsieur Édouard Lefort
 
 
Vous m’avez fait le plaisir de me communiquer le manuscrit de vos Souvenirs de guerre , c’est une marque d’estime et de sympathie de m’avoir confié ce document unique pour vous et si précieux à conserver dans votre famille.
 
Il y a dans ces pages vécues, des dates, des cartes, des illustrations qui en rendent la lecture facile et attachante.
Les descriptions sont d’une simplicité naturelle qui évite toute phrase à effet, elles révèlent néanmoins des finesses d’observation qui fixent un épisode ou gravent une émotion qui appelle parfois le rire et provoque le plus souvent la larme dont on ne se défend pas.
 
(J’ai aussi un fils de la classe 1916, c’est dire l’intérêt avec lequel j’ai lu et relu avec le même sentiment intense les passages les plus poignants.)
 
Aucune plainte, aucune amertume dans ces narrations relatant le baptême du feu, l’interminable journée de l’horrible blessure, et pourtant !
Les péripéties les plus terribles sont envisagées avec le courage tranquille qui n’a pas à choisir.
Au milieu de souffrances et d’angoisses indicibles, il subsiste une philosophie confiante quand même, mais active, qui lutte contre le désespoir, une volonté de vivre qui a été certainement une des forces qui vous ont permis de revoir les vôtres.
On ressent l’impression d’un magnifique équilibre d’âme qui parvient à triompher de l’adversité.
 
Aucune manifestation, bien humaine cependant, contre la cruelle injustice du sort, si loin de la France, de ceux qui sont les plus chers ! Mais quelle vibrante reconnaissance apparaît ensuite à chaque page pour les soins attentifs des majors, si puissamment secondés dans leurs interventions (combien nombreuses pour vous), par le dévouement maternel des infirmières et parmi elles de mademoiselle Schaetzlé, votre maman d’Orient que vous avez la joie de revoir ici.
Vos Souvenirs de guerre sont un beau et bon récit, je l’ai fort apprécié, je tiens à vous le dire en toute sincérité à l’occasion de cette fête de famille à laquelle vous nous avez si amicalement conviés aujourd’hui.
 
Nous sommes de cœur avec vous pour vous féliciter et fêter votre nomination au grade de chevalier de la Légion d’honneur.
Le ruban rouge revient heureusement dans de semblables circonstances à la destination pour laquelle il avait été créé : récompenser le mérite modeste, celui qui ne s’affiche pas.
 
Amicalement à vous. »
 
 
 
Départ de la classe 16
 
 
 
J’ai eu la bonne surprise, pour le 1 er  avril 1915, de recevoir ma feuille de route. Ordre de rejoindre le dépôt d’instruction de Decize (Nièvre) au 79 e régiment d’infanterie.
Bataillon d’un régiment de l’Est, faisant partie de la fameuse division de fer où règne cette belle discipline qui forme des soldats d’élite.
 
Douze avril, départ ! Je suis heureux, une nouvelle vie pour moi va commencer. J’aurais aimé m’engager dès le début de la guerre ; impossible. Il faut fabriquer à la « maison Lefort », mon père étant mobilisé, ce n’était pas le moment d’abandonner mon poste d’ouvrier chocolatier confiseur.
Aussi c’est avec impatience que j’attendais l’appel de ma classe. Patriote, mon rêve : servir mon pays, j’ambitionnais de devenir un soldat modèle et les occasions n’allaient pas me manquer pour arriver à ce résultat tant désiré…
 
Mes parents m’accompagnent à la Gare de Lyon. Dans le taxi, ce sont les dernières recommandations : « 

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