Un huguenot de Marsillargues réfugié en Suisse
308 pages
Français

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Description

« Genève, 12 mars 1686
Ma très chère mie, Etan arivé en bonne santé au port desiré,... je n’ay pas volu manqué de vous tirer de la pène où j’ai creut que vous estiez. Vous ne sauriez croyre le chagrain que j’ay ut, lon de la route, mais ma consience ettan chargée de ce malhereux manquement et voyant que mon ame bruler dedans moy, je ne pouvois vivre ny mourir ; donc, pour rafraichir mon ame, je suis venu chercher la pature de vie ; et Dieu, voyant mon bon santiment, m’a fait la grace de venir au port désiré... »
C’est ainsi que commence la première de la trentaine de lettres cachées sous le toit d’une maison de Marsillargues (Gard), découvertes par hasard trois siècles plus tard, à l’occasion de travaux de restauration. Jean Farenge, jeune teinturier protestant réfugié à Genève, s’adresse à sa femme, Madelaine, restée à Marsillargues. Bouleversé par son abjuration en octobre 1685, au moment de la grande dragonnade qui précéda la Révocation de l’édit de Nantes, il explique le choix difficile de quitter son amour, sa famille, son pays. Il ne regrette pas sa décision et décrit le bonheur de Genève, la liberté de conscience, l’accueil fraternel des habitants. On le suit de lettre en lettre pendant trois ans, à Lausanne, puis à Berne, enfin à Yverdon.
Ces lettres dévoilent des fragments de la vie du petit monde de Marsillargues – famille, amis, Église – que la Révocation a fait éclater et que le Refuge recompose plus ou moins. Elles font surtout entendre au vif les émotions, la foi, la voix d’un réfugié huguenot ordinaire.

Sujets

Informations

Publié par
Nombre de lectures 3
EAN13 9782889304387
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0195€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

© Éditions Alphil-Presses universitaires suisses, 2022
Rue du Tertre 10
2000 Neuchâtel
Suisse
 
 
www.alphil.ch
 
Alphil Diffusion
commande@alphil.ch
 
 
ISBN : 978-2-88930-436-3
ISBN PDF : 978-2-88930-437-0
ISBN EPUB : 978-2-88930-438-7
 
Les Éditions Alphil bénéficient d’un soutien structurel de l’Office fédéral de la culture pour les années 2021-2024.
 
Illustration de couverture : Scène de fuite des Huguenots, gravure de Jan Luyken, dans Elias B ENOIT , Historie der gereformeerde Kerken van Vrankryk , Amsterdam, 1696, vol. 2, f. 519.
SHPF
 
Responsable d’édition : Sandra Lena






Avant-propos
D ans les Cévennes et le Bas-Languedoc, en terres huguenotes, la réfection de vieilles bâtisses permet encore, parfois, de retrouver des traces de vies cachées, bouleversées par la tornade de 1685, quand fut interdite en France la « religion prétendue réformée ». Ainsi, à la fin des années 1990, dans la petite ville de Marsillargues, des travaux sur une maison située au 7, rue Lamartine ont fait découvrir sous le toit un lot de lettres pliées à l’ancienne, avec leurs cachets de cire rouge rompus : elles avaient été déposées sur une poutre de la charpente, masquée plus tard par un plafond. Ces lettres – une trentaine de plis, échelonnés du 12 mars 1686 au 28 juillet 1689 – étaient adressées à un certain Simon Fontanès, « ménager, à Marsillargues, proche Lunel », et pour la plupart signées de Jean Farenge, son gendre, à Genève, Lausanne, Berne, Yverdon. Il s’agit donc de la correspondance d’un protestant réfugié en Suisse après la révocation de l’édit de Nantes : une correspondance compromettante pour la famille restée dans le royaume de France, devenu « tout catholique » en 1685. C’est pourquoi les lettres du réfugié, réunies en liasse, avaient été dissimulées, après la mort de Simon Fontanès (vers 1690), sous la toiture de la maison en question (maison qui avait été celle de Jean Farenge, passée à Simon Fontanès comme le plus proche parent du fugitif). Elles y sont restées au secret pendant trois siècles.
Remises à l’Église réformée de Marsillargues en 2007, les lettres ont été transcrites et en partie annotées par les soins de Jean-Pierre Trouchaud, géographe de l’outre-mer, ancré dans sa terre de Marsillargues, sa ville et son Église 1 . Celui-ci n’a pas hésité à se plonger dans les registres protestants d’état-civil aux Archives départementales de l’Hérault, pour identifier les Marsillarguois cités par Jean Farenge sous une forme approximative. Avec rigueur et enthousiasme, il a aussi cherché à repérer les citations bibliques dans l’écriture de Farenge, aussi bien qu’à comprendre concrètement les techniques de teinturerie, le circuit du courrier et des lettres de change. À partir de 2012, Jean-Pierre Trouchaud m’a associée à ses recherches, d’abord « à distance », en vue d’une édition scientifique de cette correspondance. C’est ainsi que j’ai fait connaissance à la fois de Jean Farenge et de Jean-Pierre Trouchaud, conteur exceptionnel, passionné par la vie, fût-elle passée, et le prochain, fût-il lointain. À chacune de nos rencontres, d’été en été, nous avons partagé la vie du réfugié de Marsillargues et de multiples vies en cascade.
La mort brutale de Jean-Pierre Trouchaud en février 2016 a cassé l’élan de la recherche et freiné le travail d’édition prévu à quatre mains. Mais j’ai repris à mon compte le devoir de mémoire que portait Jean-Pierre Trouchaud à l’égard de Farenge et des siens, en mémoire de Jean-Pierre Trouchaud lui-même. Avec la masse des notes que celui-ci avait accumulées, et que m’a confiées sa fille, Sylvie Villedieu, j’ai repris, en solitaire, les dossiers de recherche inachevés, et me suis laissé aller à vagabonder plus loin, découvrant au passage une suite de l’histoire de Farenge, réfugié à Dublin.
C’est à Jean-Pierre Trouchaud, l’initiateur, que va en premier lieu ma reconnaissance, et à Sylvie Villedieu. Ma gratitude s’adresse ensuite à Lucienne Hubler, historienne du Pays de Vaud, non seulement pour sa relecture attentive du manuscrit, mais aussi pour ses recherches et trouvailles dans les archives du Refuge suisse, en collaboration avec Catherine Guanzini, archiviste de la Ville d’Yverdon-les-Bains. Je tiens enfin à remercier Béatrice Nicollier pour son soutien au long cours, comme présidente de l’Association suisse pour l’histoire du Refuge huguenot.
M.C.-B.


1 Depuis 2019, la correspondance Farenge-Fontanès est conservée et pour partie exposée au Musée du Désert, à Mialet (Gard).


Inventaire des plis conservés par Simon Fontanès (1686-1689)
1.
Genève, 12 mars 1686, J. F. à sa femme
2.
Lausanne, [début avril] 1686, J. F. à sa femme
3.
Berne, 12 mai 1686, J. F. à sa femme
4.
Berne, 6 juin 1686, Jean Farenge à sa femme
5.
Berne, 6 juin 1686, Jean Farenge à sa mère
6.
Berne, 21 juillet 1686, J. F. à sa femme
7.
Berne, 12 septembre 1686, J. F. à sa femme
8.
[Berne] [septembre ou octobre] 1686, J. F. à sa mère
9.
Berne, 21 novembre 1686, J. Farenge à sa femme
10.
Berne, 18 décembre 1686, J. Farenge à sa femme ; ci-inclus une lettre de J. [Jacques] Nicol à Mademoiselle de Thoiras
11.
Genève, 21 janvier 1687, Jean Farenge à sa femme
12.
Yverdon, 10 mai 1687, J. F. à sa femme
13.
Yverdon, 1 er /10 juin 1687, J. Farenge à sa femme
14.
Lausanne, 12/22 juin 1687, J. F. à sa femme
15.
Yverdon, 26 juillet 1687, J. Farenge à sa femme
16.
Yverdon, 24 septembre/4 octobre 1687, Jean Farenge [avec Madelaine] à son beau-père
17.
Yverdon, 8/18 janvier 1688, Jean Farenge à son beau-père
18.
[Yverdon ?] 10 mai 1688, Farenge [à son beau-père]
19.
Yverdon, [?] mai 1688, J. Farenge à son beau-père
20.
[1688] [Farenge], [à son beau-père]
21.
Yverdon, 28 juin/7 juillet 1688, J. Farenge à son beau-père ; ci-inclus un billet d’une des trois sœurs Perrin à transmettre à leur mère
22.
26 août 1688, Farenge [à son beau-père]
23.
Yverdon, 6/16 septembre 1688, Jean Farenge à son beau-père et à sa belle-mère
24.
Yverdon, 22 novembre/2 décembre 1688, Jean Farenge à son beau-père
25.
[Yverdon] janvier [1689], d’Isabeau Fontanès à son père
26.
Yverdon, 6/16 février 1689, J. Farenge à son beau-père et à sa belle-mère
27.
Yverdon, 23 juin/3 juillet 1689, J. Farenge à son beau-père et à sa belle-mère
28.
Yverdon, 18/28 juillet 1689, J. Farenge à son beau-père
Plis conservés par Simon Fontanès dans la liasse de la correspondance de Jean Farenge :
I. Lausanne, 10 avril 1688, Foucarant Brémont à sa mère, Susanne Carbonelle, via M. Coutereau, marchand à Marsillargues
II. Genève, 5 septembre 1688, d’une fille à son père, via Simon Fontanès
III. Billet non signé non daté [1688], sur le paiement du guide David


Sigles et abréviations
ADH : Archives départementales de l’Hérault
BPF : Bibliothèque du protestantisme français (Paris)
BRH : Base du Refuge huguenot (en ligne : http://www.refuge-huguenot.fr )
BSHPF  : Bulletin de la Société de l’histoire du protestantisme français
Livres de l’Ancien Testament cités dans les lettres de Farenge
Gn
Genèse
Ex
Exode
Nb
Nombres
Rt
Ruth
1 R
1 Rois
Jb
Job
Ps
Psaumes
Qo
Ecclésiaste
Is
Ésaïe
Jr
Jérémie
Ez
Ézéchiel
Dn
Daniel
Livres du Nouveau Testament cités dans les lettres de Farenge
Mt
Matthieu
Mc
Marc
Lc
Luc
Jn
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