Vive l’histoire de France !
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Description

« Pourquoi et comment relire aujourd’hui notre histoire ? Pour quelle quête de sens ? Avec quel projet de rassemblement et quelles propositions qui relanceraient le vivre-ensemble, hier pour demain ? Qui sait si ce pays passionné d’histoire aura le courage de répondre à ces questions et même de se les poser plus longtemps ? De surcroît, nous voici plongés dans un monde menacé par la déstabilisation du vieil arc de civilisation qui joignait la Méditerranée à la Mésopotamie, par les menaces terroristes des djihadistes en Afrique, au Moyen-Orient ou en Asie. Ces violences guerrières n’épargnent pas la France qui en appelle à l’union nationale quasiment “comme en 14”. Si bien que les questions se font plus incisives. L’union, en urgence ? La résistance à l’oppression ? Le secours à la liberté des peuples, plus que jamais ? Oui, assurément. Mais pour rester fidèle à quels héritages ? Avec quelles ambitions communes ? Et s’il fallait s’armer pour surmonter la crise identitaire ? S’assembler pour rendre intelligible notre sentiment de vivre une rupture historique ? » J.-P. R. D’une plume alerte, Jean-Pierre Rioux décrit la crise qui affecte notre représentation de l’avenir et érode le pacte républicain, défend une conception de l’histoire comme intelligence du bien commun, réhabilite une mémoire collective qui nous aide à savoir qui nous sommes et ce que nous voulons faire ensemble. Jean-Pierre Rioux est historien, spécialiste de l’histoire politique et culturelle de la France contemporaine. Il a été successivement professeur de lycée, universitaire (Paris-X-Nanterre), directeur de recherches au CNRS (Institut d’histoire du temps présent) et inspecteur général de l’Éducation nationale. Homme de revues (Vingtième Siècle, L’Histoire), il a présidé le comité d’orientation scientifique de la Maison de l’histoire de France. 

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 18 mars 2015
Nombre de lectures 0
EAN13 9782738167095
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0900€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Jean-Pierre Rioux
VIVE L’HISTOIRE DE FRANCE !

© O DILE J ACOB, MARS 2015
15 , RUE S OUFFLOT, 75005 P ARIS

www.odilejacob.fr

ISBN : 978-2-7381-6709-5

Le Code de la propriété intellectuelle n’autorisant, aux termes de l’article L.122-5, 2° et 3°a), d’une part, que les « copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective¸ et, d’autre part, que les analyses et les courtes citations dans un but d’exemple et d’illustration, «þtoute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause est illi­citeþ¸ (art. L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L. 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.


INTRODUCTION
Une histoire qui sert la vie
« Certes, nous avons besoin d’histoire, mais pour vivre et pour agir, non pas pour nous détourner commodément de la vie et de l’action, encore moins pour embellir une vie égoïste et des actions lâches et mauvaises. Nous ne voulons servir l’histoire que dans la mesure où elle sert la vie. » Ainsi parlait Nietzsche en 1874, dans la deuxième de ses Considérations inactuelles où il s’interrogeait sur l’utilité et les inconvénients de l’histoire dans un monde nouveau, opaque et menaçant.
Nous en sommes là nous aussi, un siècle et demi plus tard. Mondialisés, frappés par une crise sans fin, individualisés et interconnectés à tout va, en déclin de puissance, perdant le sens du temps et menacés par de nouveaux barbares. Du coup, nous voici perclus de rhumatismes identitaires, le lien social et moral relâché, détournés de l’espoir collectif. Et même, peut-être, dénationalisés un jour, comme si le lien et le rêve de la nation, de la démocratie et de la République pouvaient être dissous ?
Et l’histoire de France dans tout cela ? Que deviendra-t-elle ? Que lui arrive-t-il ? Que peut-elle nous apporter encore ? Qu’en disons-nous ? Qui doit la rendre plus vraie et plus probante ? Qui saura mettre la main à la pâte ? Après La France perd la mémoire , ce nouveau livre sans doute trop disparate et allusif, mais issu de l’expérience singulière de son auteur, explore en cinq étapes l’urgence du présent, la démolition d’une Maison, la voix de la mémoire longue, le souci d’une histoire sincère et, finalement, voudrait donner l’envie de poursuivre une « composition française » où nous saurons trouver les mots de l’intelligence des situations passées, présentes et à venir.
Quelques œuvres m’ont accompagné et auraient tout dit mieux que moi. Les Considérations de Nietzsche déjà citées. L’Enracinement de Simone Weil. Histoire sincère de la nation française de Charles Seignobos . Composition française de Mona Ozouf. Et Péguy, qui admettait que « nous sommes suspendus et [que] l’on n’en voit pas la fin » mais qui fait encore rêver de quelque « Meuse rieuse » au bord de laquelle l’on pourra toujours œuvrer à l’histoire vivante de ce pays. Mais une histoire pour tous, qui assemble, qui rende à tous et à chacun l’intelligence du devenir. Péguy, encore : « Nous voulons qu’une grande histoire soit nourrie directement du peuple. Et une grande histoire profane et à plus forte raison une grande histoire sacrée. La confiance ne règne pas. La confiance aux publics, aux officiels, en définitive aux intellectuels. Nous voulons que toute grande histoire procède directement du peuple. Alors, à ce compte seulement nous sommes rassurés, nous la tenons pour bonne. Pour valable. Pour authentique. Non apprêtée, non feinte, non livresque 1 . »



P.-S. Ce livre a été achevé le 1 er janvier 2015. Ses analyses, ses interrogations et ses propositions peuvent, humblement mais fermement, être mises en regard avec les tragiques événements de 7, 8, 9 et 11 janvier 2015 et leurs conséquences.


CHAPITRE 1
L’impératif présent

Tout va bien
L’histoire de France ? Elle va bien, merci. On recherche, on enseigne, on s’affaire, on s’empoigne, on produit, on vend, on joue, on participe ! On court les salons, les rendez-vous, les universités populaires ou « des âges », les cafés d’histoire, les sites Internet, les consoles de jeux, les fêtes en costume et les vide-greniers ! En cadeau pour le jour de l’an 2014 – qui sera l’année de référence pour dater les argumentaires de ce livre – par exemple, nos grands magazines ont planté très joyeusement leurs marronniers. « 1914, l’année où tout a basculé » a titré, passe-partout, Le Nouvel Observateur . Le Point a rappelé, juste avant un paparazzi de Closer, que « Favorites, maîtresses et concubines ont fait l’histoire ». L’Express a percé « Les derniers secrets » de l’aventure nationale des Rois maudits à de Gaulle. Marianne a recensé nos « Sauveurs » aux destins exceptionnels qui, eux, « ont défendu le territoire, redressé l’État et préservé la nation », tandis que Valeurs actuelles a tonné, droit dans ses bottes, contre « Notre histoire massacrée » et pour « Les héros français piétinés par la gauche » 1 . Un an plus tard, le balancier hésite entre, selon Le Point , « Les heures qui ont fait la France » grâce à des choix courageux (par exemple, le « coup de poker » de Bouvines, le « caprice d’un dieu » à Versailles, le coup d’éventail d’Alger ou l’art socialiste d’avaler son chapeau en 1983) et, dans Marianne , une énumération gourmande, région par région et ville par ville, de « Ces produits qui font la France » et la feront toujours, de crottins de Chavignol en bêtises de Cambrai, de calissons d’Aix en Byrr de Thuir 2 . Il n’y eut certes rien que de convenu dans ces tirs groupés. Mais les plumes des historiens et des journalistes étaient bien informées, le ton agréable et le lecteur flatté dans le sens du poil, c’est-à-dire de ses inquiétudes et ses curiosités présentes.
En librairie aussi tout a bourgeonné et fleuri en 2014, à l’heure de la commémoration du centenaire de la Grande Guerre et du 70 e anniversaire de la Libération. Mais les synthèses moins circonstancielles n’ont pas manqué. Les dix-sept volumes de l’ Histoire de France publiée de 2010 à 2013 chez Belin sous la direction de Joël Cornette n’ont pas réduit l’exploration de la vieille saga gauloise à « un discours unique et unitaire » ; ils l’ébouriffent au contraire, ils la lisent « plurielle, diverse, inventive », ils la flanquent d’un atlas des « mille Frances » et de trois volumes d’historiographie où l’enjeu national est cantonné, un parmi d’autres, dans « le grand atelier » des historiens à label universitaire. Plus modeste mais plus mordante, l’ Histoire personnelle de la France , en sept petits volumes et dirigée par Claude Gauvard aux PUF, se fait entendre sans langue de bois par des historiens tout à fait pugnaces. Au Seuil, une Histoire de la France contemporaine dirigée par Johann Chapoutot a pris le relais de celle que Michel Winock avait orchestrée dans les années 1970 et elle favorise elle aussi une relecture distanciée de notre « roman national ».
Sur une autre rive, moins universitaire, l’ Histoire passionnée de la France de Jean Sévillia, chez Perrin, a misé sur le plaisir d’apprendre pour dire d’abord, elle, « la conviction de la permanence d’un destin français » qui ne sera assuré qu’à condition de veiller « à ne pas ébranler une cohésion nationale par nature fragile ». Une nouvelle randonnée chez Michel Lafon du comédien-routard Lorànt Deutsch, Hexagone après Métronome , est en tête de gondole puisque, il va de soi, « l’histoire s’inscrit au fil des routes » et qu’en cheminant avec elle on « comprend son ancrage ». L’Histoire de France pour les nuls de Jean-Joseph Julard, un « hussard noir » de chez First, caracole toujours en librairie pour faire de chacun d’entre nous « un porte-étendard à Azincourt ou à Poitiers ». Franck Ferrand multiplie les révélations sur « une autre histoire de France » rebaptisée L’Histoire interdite . Dans une Histoire de France interdite (encore une) publiée chez Lattès, Dimitri Casali a dénoncé les naufrageurs de « l’histoire, cet ADN de la culture française » et s’est indigné : « Pourquoi ne sommes-nous plus fiers de notre histoire ? » Et une équipe dirigée par Patrice Gueniffey a fait chorus dans Les Derniers Jours de rois , chez Perrin, en renouvelant la vieille question qui troublerait à jamais notre conscience nationale : pourquoi diable en avoir guillotiné un ? Dans la foulée, Les Grands Duels qui ont fait la France ou Les Grands Débats qui ont fait la France tiennent toute leur place en librairie 3 . Et n’oublions pas Stéphane Bern et sa capacité si médiatique à dévoiler Les Pourquoi de l’histoire et à donner dans l’instructif puisque, c’est d’évidence toujours souriante sur toutes les antennes, l’histoire n’a plus de secrets pour ce raconteur d’histoires 4 !
À l’autre bout de la chaîne éditoriale pour le grand public, il importe de signaler la belle tenue des anciens ( L’Histoire ou Historia ) et nouveaux ( GÉO Histoire , Le Figaro histoire, Le Monde. Histoire et civilisation ) magazines spécialisés, des Cahiers de Science et Vie ou des hors-séries du Monde : les grands groupes de la presse généraliste donnent dans la qualité en matière d’histoire, ce qui n’est pas le cas dans bien d’autres pays 5 . Enfin, fait majeur à bien soupeser, la faveur du grand public de tous âges est constante et massive pour le roman historique nourri au lait de toutes les époques et elle l’est bien davantage encore pour la bande dessinée à thème historique, un genre en pleine explosion qui enregistre des succès à répétition, avec des auteurs et des éditeurs en heureuse rivalité 6 . Si bien que nul ne peut aujourd’hui réfléchir à l’histoire de France sans prendre en considération ces deux vecteurs qui fixent des images du passé tout en nourrissant les imaginaires. Conclusion : tous les éditeurs nous disent que même si

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