La Maternité
131 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

La Maternité , livre ebook

-

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
131 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Mettre au monde un enfant est un événement qui a toutes les chances, aujourd’hui, de bien se dérouler. Ce qui semble un droit fondamental n’est pourtant qu’un acquis récent. Dans ce livre, Émile Papiernik raconte quelques découvertes fondamentales et quarante ans d’avancées précieuses pour les femmes, auxquelles il a grandement contribué : la sécurité de l’accouchement, la lutte contre la prématurité, l’attention aux jumeaux, le congé de maternité, et l’indispensable association avec la recherche. La médecine moderne est née de multiples actions. Derrière chaque étape, il y a des histoires qui méritent d’être connues, car c’est par le travail et la volonté de professionnels passionnés de toujours faire mieux que les progrès deviennent réalité. Ils permettent de comprendre ce qu’il faut faire pour continuer d’avoir une médecine accessible à tous, améliorer la qualité des soins, la sécurité, la prévention. Une histoire de progrès et de promesses au service de la vie.Émile Papiernik est professeur émérite à l’université Paris-V. Professeur de gynécologie obstétrique à Paris-XI-Orsay et à Paris-V, il a été chef de service de la maternité de Clamart de 1971 à 1990, puis de celle de Port-Royal, à Paris, de 1990 à 2003, et directeur d’une unité de recherche à l’Inserm. Il est réputé auprès des professionnels du monde entier pour son action pour la prévention de la prématurité. Il a notamment publié un Guide des jumeaux.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 22 mai 2008
Nombre de lectures 1
EAN13 9782738193414
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0750€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

© ODILE JACOB, MAI 2008
15, RUE SOUFFLOT, 75005 PARIS
www.odilejacob.fr
EAN : 978-2-7381-9341-4
Le code de la propriété intellectuelle n'autorisant, aux termes de l'article L. 122-5 et 3 a, d'une part, que les « copies ou reproductions strictement réservées à l'usage du copiste et non destinées à une utilisation collective » et, d'autre part, que les analyses et les courtes citations dans un but d'exemple et d'illustration, « toute représentation ou réproduction intégrale ou partielle faite sans le consentement de l'auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause est illicite » (art. L. 122-4). Cette représentation ou reproduction donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L. 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
Ce document numérique a été réalisé par Nord Compo
Préface

En assistant à la naissance de ma fille en 1962, j’ai été pris d’une émotion violente. J’ai été émerveillé et j’ai gardé quelque chose de cet émerveillement pour tous les enfants que j’ai mis au monde. Mais c’est autre chose qui, ce jour-là, m’a fait choisir le métier de gynécologue accoucheur. C’est la certitude que ma toute jeune et précieuse épouse était soignée selon une médecine très en retard. Le seul instrument à la disposition de l’accoucheur, dans une salle presque vide, était le petit cône en bois datant du temps du médecin Laennec au XIX e  siècle, et adapté pour écouter les bruits du cœur de l’enfant dans le ventre de sa mère. J’avais fini mes études de médecine, je venais d’être reçu major au concours de l’internat des hôpitaux de Paris, j’avais la conviction que toutes les branches de la médecine bénéficiaient de toutes les nouvelles techniques de l’époque, comme celles que j’avais vues en ayant été interne dans un centre anticancéreux à Villejuif. En prenant la mesure du décalage immense entre la valeur très élevée que j’attribuais à la médecine autour de la naissance, et la réalité du retard, j’ai pensé que cette spécialité de la médecine devait changer, et cela allait se produire très vite et très fort. Je ne me suis pas trompé et j’ai eu la très grande chance de participer aux immenses progrès qui ont révolutionné cette discipline dans les années qui ont suivi.
Chaque femme qui vient accoucher aujourd’hui dans une de nos maternités peut estimer à juste raison que cet événement a toutes les chances de se dérouler normalement, sans accident ni incident. Je voudrais raconter que ce qui paraît un droit fondamental n’est qu’un acquis récent, et qu’il n’existe encore que dans les pays développés. Il m’a paru instructif de raconter l’histoire des avancées de cette discipline, afin de mieux faire comprendre toutes les étapes que nous avons réussi à passer, y compris les plus récentes. Il y a derrière chaque étape marquée par un nouveau progrès, des histoires de personnes ou de circonstances qui méritent d’être racontées et connues. Elles sont l’aboutissement des recherches, du travail, d’hypothèses, et de la volonté de nombreux professionnels passionnés de toujours faire plus et mieux.
Ce n’est pas par hasard que l’espérance de vie des femmes est en France la meilleure du monde après celle des Japonaises, c’est que notre société s’est donné la volonté et les moyens d’y parvenir. Il n’est pas le fait du hasard que les femmes en France ont maintenu leur fertilité à deux enfants par femme, autant qu’en Irlande, bien plus que dans les autres pays développés d’Europe et d’ailleurs. C’est que notre société a su leur faciliter cette volonté en offrant des aménagements, comme des crèches par exemple, ou des facilités d’arrêt de travail.
L’histoire de la médecine de la naissance m’est chère. Une grande partie de cette évolution s’est déroulée dans l’institution appelée maternité de Port-Royal, sous l’autorité de Stéphane Tarnier, et de ses deux élèves Adolphe Pinard et Pierre Budin qui dans la seconde moitié du XIX e  siècle ont engagé cette longue marche pour la sécurité de la mère et de l’enfant pendant la grossesse et l’accouchement.
J’ai la sensation aujourd’hui d’avoir suivi leur chemin. Mais il a fallu que je comprenne que les progrès ne peuvent dépendre de l’action d’une seule personne. J’ai compris progressivement qu’il faut apprendre à convaincre pour que les progrès possibles deviennent réalité, convaincre les femmes enceintes d’accepter les idées neuves, convaincre les administrateurs de financer les nouveautés, convaincre ses collègues que des idées nouvelles sont bonnes.
Je suis extrêmement fier d’avoir été l’un des élèves de cette institution qu’est la maternité de Port-Royal comme interne des hôpitaux, d’avoir été jeune assistant chef de clinique dans cette maternité et cette faculté de médecine de 1966 à 1972. Puis, après avoir été chef de service pendant 19 ans de la maternité nouvelle de l’hôpital Antoine-Béclère à Clamart, de l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris, je suis devenu l’un de leurs successeurs, de 1990 à 2002 comme chef de service de cette fameuse maternité de Port-Royal. Je perçois comme un honneur d’avoir été l’un des maîtres artisans de ce lieu de haute médecine pour la sécurité des mères et des enfants, et d’avoir apporté ma pierre au progrès et à la réputation dans le monde de ce lieu qui malgré son aspect historique a réussi à rester en tête du progrès.
J’ai fait mon apprentissage des gestes élémentaires du métier dans le service de Jacques Varangot, alors chef de service de la maternité Tarnier avant de revenir à la nouvelle maternité de Port-Royal. La salle de naissance de la maternité Tarnier appelée à l’époque salle de travail était une salle immense, avec de grandes fenêtres sur quatre mètres de hauteur sur la rue d’Assas. Construite comme un amphithéâtre, elle contenait six lits d’accouchement séparés par une petite cloison de bois. Ce qui est le plus différent d’une salle de naissance d’aujourd’hui est l’atmosphère sonore. On était avant l’analgésie moderne, sans anesthésie le plus souvent, mais avec cependant la présence d’anesthésistes de l’hôpital Cochin qui pouvaient intervenir en cas de nécessité. Le fond sonore était composé de l’émission à haut et plain-chant des cris et plaintes, des douleurs non calmées de l’accouchement. Cette disposition en amphithéâtre n’avait pas comme but le spectacle, mais permettait à une seule sage-femme de surveiller en même temps plusieurs femmes pendant l’accouchement. C’est dans ces conditions que j’ai cherché à respecter la dignité de chaque femme pendant son accouchement. Il faut bien dire que ce n’était pas facile, mais ce que j’ai gardé comme souvenir, et comme ligne de conduite, c’est que le respect de la dignité de chaque femme était possible, qu’il suffisait de l’avoir décidé.
La médecine change autant par les actions sur la société que sur les personnes. Ce qui est donné à chaque personne soignée dépend de la société dans laquelle elle vit autant que de l’état de la science. C’est pourquoi ce livre ne porte pas seulement sur l’évolution des aspects scientifiques et techniques du métier de gynécologue accoucheur que j’ai exercé de très nombreuses années comme praticien et comme enseignant, mais montre les actions sur la collectivité auxquelles j’ai participé. Sur le chemin d’apprentissage de mon métier, j’ai compris que le progrès en médecine et plus particulièrement dans cette médecine de la mère et des enfants, survient par les marges, par ce qui est fait en dehors du métier médical, à côté du geste de soigner, par l’apport de connaissances nouvelles, par la science et par une recherche continue de nouveautés et aussi par les progrès que les médecins peuvent obtenir de leur société pour l’amélioration en organisation des soins. Les médecins doivent participer à la modernisation et à la qualité de leur société, comme cela s’est produit dans tous les pays en Europe. Mais aux États-Unis, en Russie ou en Chine et en Inde, la médecine n’a pas réussi à faire valoir des notions d’égalité d’accès aux soins pour tous.
La médecine moderne est née de multiples petites ou grandes actions, dont quelques-unes avec ma participation depuis quarante ans. Je voulais mettre à la disposition de tous l’histoire du chemin parcouru et de ces avancées si précieuses aujourd’hui.
La médecine que nous aurons demain doit garder des valeurs que nous avons appliquées : la qualité et l’égalité d’accès aux soins pour tous et toutes, le développement de la prévention, garant de la qualité de la médecine future, l’intérêt pour les questions éthiques, jusqu’au respect du relationnel avec nos patients, en montrant par exemple à nos étudiants que nous continuons à dire « Bonjour, madame, comment allez-vous ? » en entrant dans une chambre, avec l’envie, toujours présente, d’entendre la réponse.
Première partie
Naissance : une longue marche vers le progrès
Chapitre 1
L’arrivée de l’hygiène dans les maternités

Quand la fièvre puerpérale faisait des ravages dans les maternités, un précurseur génial et incompris a su comment empêcher les femmes de mourir en couches.
Un siècle plus tard, même si nous avons compris dans les pays développés, sachez que dans le monde, des femmes meurent encore d’infection en donnant la vie.

Il était une fois en France, à une époque pas si lointaine, des histoires terribles de morts de mères et d’enfants. C’est dans cette lumière et ces ombres que j’ai fait mon apprentissage.
À la fin du XIX e  siècle, notamment en France, deux évolutions majeures vont révolutionner cette situation. C’est tout d’abord la révolution pasteurienne qui explique la transmission des maladies par la transmission des micro-organismes, puis l’utilisation de ces découvertes par des médecins, aidés par le pouvoir politique, qui avaient très bien compris que l’amélioration de la santé des individus passerait par une amélioration globale de l’hygiène publique. Les grandes maladies endémiques vont disparaître, avec l’adduction d’eau potable dans les grandes villes, et la construction des égouts.
Le taux de mortalité des mères et de leur

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents