Les Médecines de procréation
247 pages
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Les Médecines de procréation , livre ebook

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Description

Que penser des embryons congelés qui défient les lois du temps et menacent de survivre à leurs géniteurs ? Que penser d'enfants conçus à partir de dons de spermatozoïdes, de dons d'ovocytes, de prêt ou de location d'utérus ? En s'appuyant sur leur expérience quotidienne, Claude Humeau et Françoise Arnal nous aident à comprendre les nouvelles techniques de procréation et retracent le parcours des couples qui ont choisi de recourir à cette pratique. Claude Humeau est professeur à la faculté de médecine de Montpellier et responsable avec Françoise Arnal, biologiste, du laboratoire de fécondation in vitro de Montpellier. 

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 mars 1994
Nombre de lectures 0
EAN13 9782738142498
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0750€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

© O DILE J ACOB , MARS 1994
15, RUE SOUFFLOT , 75005 P ARIS
www.odilejacob.fr
ISBN  : 978-2-7381-4249-8
Le code de la propriété intellectuelle n'autorisant, aux termes de l'article L. 122-5 et 3 a, d'une part, que les « copies ou reproductions strictement réservées à l'usage du copiste et non destinées à une utilisation collective » et, d'autre part, que les analyses et les courtes citations dans un but d'exemple et d'illustration, « toute représentation ou réproduction intégrale ou partielle faite sans le consentement de l'auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause est illicite » (art. L. 122-4). Cette représentation ou reproduction donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L. 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
Ce document numérique a été réalisé par Nord Compo .
à Marie
à la mémoire de Jean-Louis Viala
Notre expérience en procréation médicalement assistée nous vient d’une heureuse collaboration avec les gynécologues, échographistes, andrologues et psychologues, publics et privés, de Montpellier, Nîmes, Béziers, Avignon et Perpignan ; nous leur exprimons toute notre gratitude.
Nous voulons dire aussi notre reconnaissance pour sa fidèle assistance au personnel du laboratoire de fécondation in vitro du CHR de Montpellier, Françoise Pérez, Clarisse Kieffer, Muriel Carré, Isabelle De Vidi, Marie-Christine Lecq et Françoise Paolini.
Nous remercions tout spécialement pour leurs critiques, remarques et suggestions les Pr Jean-Claude Czyba et François-Bernard Michel, les Dr Jean-Marc Chinchole, Mireille Claustres, Françoise Deschamps, Guy Garcia, Dominique Lauton, Jacques Montagut, Robert Saury et Dominique Toreilles, ainsi que Philippe Andugar et Bertrand Humeau, qui on pris en charge la réalisation de l’iconographie.
Prologue

Nous avons commis ce livre sur la fécondation in vitro dans un mouvement d’humeur. Car nous sommes nombreux parmi les biologistes de la reproduction à ne pas nous reconnaître dans l’image trop répandue d’apprentis sorciers ou de savants fous, ahuris par leur savoir et ne contrôlant pas leur pouvoir. Nous ne reconnaissons pas davantage notre pratique quotidienne dans le fatras des déclarations exaltées de gynécologues devenus savants, des états d’âme de chercheurs repentis, ou des contestations systématiques de figurants se croyant personnellement en charge de la société. La réalité est, comme bien souvent, plus prosaïque. Il y a sans doute fort peu de génies parmi nous et s’il y en avait, ils passeraient probablement inaperçus, dans un domaine où l’application technique prime sur l’innovation intellectuelle ; notre savoir, hérité en majeure partie de nos maîtres, reste très parcellaire et notre pouvoir est des plus limités. Si notre activité, le plus souvent contraignante et obscure, est aussi gratifiante et quelquefois exaltante, très rares néanmoins sont parmi nous les irresponsables, et si quelques-uns semblent avoir perdu toute mesure, ce n’est certes pas en se livrant à d’extravagantes expériences, mais plutôt en spéculant sur d’hypothétiques catastrophes engendrées par des avancées techniques auxquelles ils sont dans l’incapacité de participer.
Les techniques de procréation médicalement assistée ( PMA ) portent en elles-mêmes un mécanisme de rétro-contrôle négatif particulièrement efficace, conduisant à leur discrédit alors même qu’elles n’ont pas encore atteint leur pleine maturité, et cela par deux voies apparemment opposées.
Il y a d’abord les envolées lyriques à la gloire de la Médecine et de la Science réunies, dont les progrès sont tels qu’on en vient à prédire l’improbable, en l’occurrence la victoire totale sur la stérilité, avant la fin du siècle (qui approche). Mais des observateurs avisés croient avoir remarqué que le progrès médical conforte le pouvoir médical, et déjà des expressions malheureuses comme « la maîtrise de la reproduction » en ont inquiété plus d’un. Cette inquiétude a fait place à une véritable réaction de rejet avec la perspective des « manipulations » de l’embryon et de leur cortège d’avatars : le choix du sexe, le diagnostic génétique sur l’embryon, la transgénose et les corrections génétiques, le clonage, les chimères, la parthénogenèse, la fécondation interspécifique. Ajoutons en vrac les mères porteuses, la grossesse in vitro avec son placenta artificiel et, pour faire bonne mesure, la grossesse masculine. Déjà le dérapage aurait commencé avec tous ces embryons congelés, figés hors du temps, qui seraient censés nous encombrer, ou bien avec ces spermatozoïdes congelés qui menacent de survivre à leurs propriétaires. Et qui retrouvera les siens avec tous ces dons de spermatozoïdes, d’ovocytes, d’embryons et ces prêts ou locations d’utérus ? Voilà bien une avancée technique qui porte en elle le germe de l’eugénisme et de ses perversions, et qui menace de déstabiliser la famille, la société, l’espèce.
A l’inverse, selon des rumeurs plus insidieuses mais insistantes, il paraîtrait que la fécondation in vitro n’est pas aussi efficace qu’on le dit, et qu’on pourrait obtenir les mêmes résultats en s’abstenant de traiter. Ces résultats seraient falsifiés et d’ailleurs, en admettant qu’ils ne le soient pas, les mêmes résultats seraient obtenus en traitant tout simplement des couples fertiles ou en se livrant inconsidérément à des pratiques inflationnistes telles que le transfert multiple d’embryons. Quoi qu’il en soit, les effets pervers seraient innombrables et soigneusement tus : grossesses multiples, avortements, grossesses extra-utérines, morts in utero, enfants morts-nés, encéphalopathes, porteurs d’anomalies, chétifs et retardés, etc. Sans compter les prétendus dégâts psychologiques causés chez les couples, objets involontaires d’expériences irréfléchies, et chez ces enfants improbables conçus « dans le verre » ou revenus du froid. De surcroît la fécondation in vitro serait très coûteuse et ne pourrait donc profiter qu’à des couples privilégiés, injustice que l’on pourrait réparer facilement par une prise en charge systématique, mais qui mettrait en péril le fragile équilibre de la Sécurité sociale ; et tout cela pour une « médecine du désir ». Bref, a-t-on jamais vu une thérapeutique aussi inefficace, inadaptée, onéreuse, et dangereuse ?
Ces deux visions des procréations médicalement assistées sont bien entendu parfaitement incompatibles, ou bien alors on aurait trouvé le moyen de faire de l’eugénisme avec un placebo (ou plutôt un nocebo). Néanmoins, à défaut d’y voir plus clair et pour parer à toute éventualité, il est apparu opportun à beaucoup de museler au plus vite ces praticiens déboussolés qui menacent de nous entraîner vers le pire des mondes ou qui en tout cas finiraient, dans leur fureur procréatique, par nous empêcher de nous reproduire tranquillement chez nous, comme on le faisait jusqu’alors, au besoin dans le péché, à l’abri du bon vieux tabou de l’œuvre de chair.
Force est de reconnaître que la profession est grandement responsable de ces désordres. Elle n’a pas été capable jusqu’à maintenant de donner une image exacte de ce qui se fait. Elle a sécrété des vedettes dont la notoriété s’est construite sur des effets d’annonce contradictoires, criant tantôt au miracle de la maîtrise de la reproduction, tantôt à l’emballement à vide de la machine procréatique. Les multiples conflits d’influence, habituels en médecine, entre biologistes de la reproduction et gynécologues, entre universitaires et privés, entre Parisiens et provinciaux, sont la cause de cette anarchie. Quelques-uns, à la personnalité fragile, trop fragile pour se contenter de servir, ont eu besoin de la prothèse de la notoriété et se sont bruyamment attribué une grande part du succès. D’autres, plus ou moins frustrés, n’ont trouvé pour exister et contrebalancer les précédents que la voie de la contestation, s’arrogeant ainsi le monopole de la lucidité, au risque de devenir des martyrs ou plus vulgairement de passer pour des pompiers pyromanes. Des « pionniers » en panne de grandes premières n’ont pas apprécié que des praticiens de sous-préfecture viennent jouer dans la cour des grands (pas si mal et souvent mieux) et en sont venus, tout naturellement, à invoquer la puissance publique, afin qu’elle confie ces pratiques à une élite, reconnaissable à sa compétence et à son désintéressement, illustration assez bonne de l’habituelle méfiance que nourrissent les parvenus à l’encontre des arrivistes.
Les médias contribuent involontairement à la désinformation en amplifiant d’alarmantes rumeurs, au rythme des crises paroxystiques émaillant les relations conflictuelles qu’entretiennent entre eux quelques « pionniers ». Ces derniers se maintiennent certes sur le devant de la scène, tout en faisant l’économie de la démonstration de leur efficacité professionnelle, mais le prix à payer est élevé. Le discrédit est jeté sur l’ensemble des praticiens, le doute se répand dans le public, l’inquiétude gagne les couples inféconds, les pouvoirs publics adoptent à tout hasard une attitude prudente et frileuse, et cela peut fournir aux politiques une occasion rêvée de parler éthique et d’apporter ainsi la preuve de leur intérêt pour les vrais problèmes de société. Le dédain que nous avons affiché jusqu’à maintenant à l’égard de ces exhibitions devient désormais coupable ; il nous semble à nous, biologistes ordinaires, que tout cela n’est pas sérieux, et qu’après avoir tant pratiqué la fécondation in vitro nous avons bien acquis le droit, et sans doute le devoir, de dire ce qu’il en est réellement.
De notre pratique quotidienne nous retirons quelques certitudes : la fécondation in vitro ( FIV ) convenablement réalisée donne des résultats tout à fait acceptables, très voisins de ceux de la reproduction naturelle ; les couples traités « méritent » de l’être en très grande majorité ; les grossesses post- FIV sont identiques à celles qui surviennent (rarement) spontanément ou (quelquefois) à la suite de traitements dans une population comparable ; les

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