Manifeste pour la santé 2022 : 20 ans d égarements : il est temps de changer
90 pages
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Manifeste pour la santé 2022 : 20 ans d'égarements : il est temps de changer , livre ebook

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Description

Pénurie de masques, de médicaments, de lits, de personnels soignants, de tout… Comment l’hôpital s’est-il retrouvé à ce point démuni ? Aurions-nous pu éviter le confinement collectif ? Et comment en sommes-nous arrivés là, alors qu’il y a vingt ans la France occupait la première place dans le classement de l’OMS des systèmes de santé ? André Grimaldi, médecin et cofondateur du Collectif inter-hôpitaux, raconte tout de l’intérieur : l’hôpital frappé de plein fouet, par le Covid-19 et par des décennies de réformes absurdes. Mais la pandémie a aussi mis en lumière nos forces : des équipes soignantes qui se mobilisent, solidaires, au plus près du public, et la gratuité des soins, dès lors que ceux-ci sont justes et nécessaires. Faisons de cette crise une chance ! C’est l’objectif de ce livre. Il présente un programme en 10 propositions fortes pour sauver notre bien le plus fondamental : notre santé. André Grimaldi est professeur émérite de diabétologie au CHU Pitié-Salpêtrière à Paris et cofondateur du Collectif inter-hôpitaux. Il est coauteur de Santé : urgence, de La Vérité sur vos médicaments, des Maladies chroniques. Vers la troisième médecine et du Manifeste pour une santé égalitaire et solidaire. 

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 13 octobre 2021
Nombre de lectures 10
EAN13 9782415000462
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0650€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

© O DILE J ACOB , OCTOBRE  2021 15, RUE S OUFFLOT , 75005 P ARIS
www.odilejacob.fr
ISBN : 978-2-4150-0046-2
Le code de la propriété intellectuelle n'autorisant, aux termes de l'article L. 122-5 et 3 a, d'une part, que les « copies ou reproductions strictement réservées à l'usage du copiste et non destinées à une utilisation collective » et, d'autre part, que les analyses et les courtes citations dans un but d'exemple et d'illustration, « toute représentation ou réproduction intégrale ou partielle faite sans le consentement de l'auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause est illicite » (art. L. 122-4). Cette représentation ou reproduction donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L. 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
Composition numérique réalisée par Facompo
À tous les soignants engagés dans le combat pour la défense de l’hôpital public.
P ANDÉMIE, PREMIÈRE VAGUE…
« Ce que révèle d’ores et déjà cette pandémie, c’est que la santé gratuite sans condition de revenus, de parcours ou de profession, notre État-providence ne sont pas des coûts ou des charges mais des biens précieux, des atouts indispensables quand le destin frappe. »
Discours d’Emmanuel M ACRON , 12 mars 2020.

… UN AN APRÈS, RETOUR AU JOUR D’AVANT
« On n’y croit plus. En rien ni en personne. Résultat : dans notre rapport au temps, avenir disparu et futur interdit. Dans nos rapports aux autres, repli sur soi et chien méchant. Et face au risque, la trouille ou l’accusation. Conséquences : principe de précaution, droit de retrait et dépôt de plainte. La crise de confiance générale soulève une question prioritaire de religiosité, au sens banal du terme : ce qui nous lie à nos semblables. »
Régis D EBRAY , D’un siècle l’autre , novembre 2020.
Introduction

On se souvient qu’en l’an 2000, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) avait classé la France à la première place pour son système de santé. Ce classement, réalisé à partir de la moyenne de multiples indicateurs, avait certes été discuté, il fut néanmoins l’objet d’une fierté nationale. Mais depuis, dans les différents classements internationaux, la France n’a cessé de reculer. Nous voilà à la onzième place. Et pourtant, comme dirait le président de la République, nous dépensons un « pognon de dingue » pour la santé. Avec 11 % du produit intérieur brut (PIB) consacrés à la santé, nous sommes troisième ex aequo avec l’Allemagne, derrière la Suisse (12 %) et les États-Unis (17 %). Comment expliquer cet écart entre les dépenses et les résultats ?
Il convient d’abord de se méfier des chiffres et des statistiques. En effet, si le pourcentage du PIB consacré à la santé exprime le choix implicite du pays, les comparaisons internationales doivent aussi prendre en compte le niveau du PIB par habitant, c’est-à-dire le montant des dépenses de santé exprimées en dollars ou en euros par habitant. La France n’occupe plus alors la troisième, mais la onzième place car, en réalité, nous dépensons 20 % en moins par habitant que l’Allemagne.
Il importe ensuite d’examiner la répartition des différents postes de dépense pour la santé. Or si pour les salaires des infirmières nous étions, avant le Ségur de la santé, à la vingt-huitième place des trente-deux pays de l’OCDE, nous sommes très au-dessus de la moyenne des pays de l’OCDE pour les coûts de gestion avec 18 milliards d’euros pour les frais de gestion cumulés des assurances complémentaires, de la Sécurité sociale et de nos multiples agences de santé. Il y a dans nos hôpitaux plus de personnels administratifs que de médecins. Et si les revenus des médecins généralistes ne pratiquant pas de dépassements d’honoraires sont d’un tiers inférieurs à ceux des généralistes allemands, nous avons en revanche une médecine très prescriptive avec une abondance et une redondance de prescriptions inutiles et d’actes injustifiés.
Il est enfin nécessaire d’examiner l’évolution des besoins de santé avec le développement d’une véritable épidémie des maladies chroniques touchant dans notre pays vingt et un millions de personnes. Or les progrès de la médecine permettent de soigner ces patients de mieux en mieux, mais pour des coûts de plus en plus élevés, et sans pouvoir cependant les guérir. Onze millions d’assurés atteints de maladies chroniques graves mobilisent ainsi 60 % des dépenses de la Sécurité sociale. Cette épidémie qui touche les plus pauvres s’explique à la fois par le vieillissement de la population et par l’exposition à un environnement délétère pour la santé qu’il s’agisse de la pollution, de l’alimentation, de la sédentarité ou des comportements addictifs. Cette épidémie place au cœur du système de santé la prévention et l’organisation des soins nécessitant le travail en équipe pluriprofessionnelle et la coordination des professionnels de la ville et de l’hôpital. Elle nécessite à la fois une médecine centrée sur la personne et un système de santé intégré. Or, pour des raisons historiques, nous avons construit notre système de santé autour du traitement des maladies aiguës et des gestes techniques, les cas simples pour la ville et les formes graves ou complexes pour l’hôpital, chacun dans son coin et pour son compte, avec une double tutelle, la Sécurité sociale pour la ville et l’État pour l’hôpital. Cette distorsion entre les besoins et les réponses et cette organisation en silos ont été aggravées par la mise en œuvre depuis vingt ans d’une vision commerciale de la santé avec son hôpital-entreprise, ses business plans, sa tarification à l’activité, ses dépassements d’honoraires, ses start-up, ses délocalisations industrielles, ses chaînes de valeur mondialisées, transformant les médecins en « offreurs de soins » et les patients en « consommateurs ».
L’application généralisée de la règle « pas de stock, du flux », aux médicaments, aux dispositifs médicaux, aux lits et aux personnels eux-mêmes, explique que nous nous soyons trouvés démunis lorsque a surgi la pandémie de Covid-19. Cette pandémie est en effet une « syndémie » associant une épidémie infectieuse, une épidémie de maladies chroniques d’obésité et de diabète et une épidémie de pauvreté.
Elle a mis le doigt sur les plaies de notre système de santé. Il est temps de les soigner et de passer des belles paroles prononcées par le président de la République, lors de la première vague, aux actes. Après avoir martelé de façon répétée « nous sommes en guerre », Emmanuel Macron déclarait : « Ce que révèle cette pandémie, c’est qu’il est des biens et des services qui doivent être placés en dehors des lois du marché. Déléguer […] notre capacité à soigner, notre cadre de vie […] à d’autres est une folie. Nous devons en reprendre le contrôle. […] Les prochaines semaines et les prochains mois nécessiteront des décisions de rupture en ce sens. Je les assumerai. » Et il promettait de se « réinventer ». Il lui faudra pour cela faire mentir Georges Clemenceau qui rappelait qu’« on ne ment jamais autant qu’avant les campagnes électorales et pendant les guerres ». La crise sanitaire a montré qu’une autre politique de santé est nécessaire et possible. Le moment de la rupture est venu.
EN PRÉAMBULE
La santé, un bien commun

Les crises mettant à l’ordre du jour la mort amènent la société à se questionner sur ses valeurs et chacun à s’interroger sur ses priorités dans la vie. L’épidémie, comme la crise climatique, interroge notre conception du rapport de l’individu à la société et de la société à l’environnement. Le virus remet en cause l’individualisme égoïste, car l’épidémie rend chacun dépendant des autres et aucun pays ne pourra s’en sortir seul. De même, le réchauffement climatique adresse un message à l’humanité tout entière : si elle ne veut pas se préoccuper de son environnement, celui-ci ne manquera pas de s’occuper d’elle. À l’heure où les transhumanistes rêvent d’un homme surnaturel « maître et possesseur de la nature », version biotechnologique du surhomme, le virus nous rappelle que l’espèce humaine n’est qu’un élément d’un écosystème La pandémie alerte l’humanité sur le choix existentiel qui se pose à elle : l’autolimitation équitablement partagée ou le toujours plus du capitalisme dérégulé. La tempérance ou l’ hubris . La réduction des inégalités ou la poursuite sans fin de leur croissance. En effet, la pandémie a aggravé les inégalités entre hommes et femmes. Entre premiers de cordée et premiers de corvée.
L’interrogation sur le rapport de l’individu à la société se formule pour la santé par la question suivante : au-delà du rôle de l’État pour assurer la sécurité sanitaire, la santé est-elle un bien personnel ou un bien commun ? Dépend-elle pour l’essentiel de choix personnels doublés d’une action charitable vis-à-vis des plus défavorisés ou relève-t-elle d’une double solidarité, des bien portants avec les malades et des plus riches avec les moins fortunés ? Notre valeur est-elle l’égalité face à la maladie et à la mort, supposant une réduction importante des inégalités sociales de santé, ou pensons-nous que chacun est responsable de sa santé et devrait en conséquence payer le prix de ses choix et de ses comportements ? Estimons-nous qu’un « reste à charge » financier personnel aggrave les inégalités ou au contraire contribue à responsabiliser les usagers ?
L’Organisation mondiale de la santé (OMS) définit la santé non seulement comme l’absence de maladie, mais comme un état de bien-être physique, psychologique et social. Cette définition souligne à juste titre que la santé ne se réduit pas à la médecine, mais elle peut être comprise, a contrario , comme un appel à la médicalisation de la vie suivant le mot prêté à Voltaire : « J’ai décidé d’être heureux parce que c’est bon pour la santé. » Quoi qu’il en soit, les besoins de santé, ainsi assimilés au bonheur, sont pratiquement infinis, alors que les moyens pour les assouvir sont par nature limités. Les sociétés modernes développées n’échappent donc pas à la question de la « régulation » des coûts de santé, c’es

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