Quand le corps prend la relève : Stress, traumatismes et maladies somatiques
167 pages
Français

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Description

L’esprit peut-il être la cause d’une maladie du corps ? Le corps peut-il rendre l’esprit malade ? Corps et esprit peuvent-ils être malades séparément ? Où en est-on aujourd’hui en médecine psychosomatique ?Fort de sa longue expérience clinique, Jean Benjamin Stora propose un nouveau modèle mettant en relief l’importance des événements traumatiques dans le déclenchement des maladies somatiques, le rôle des émotions dans la transmission de la charge affective au niveau du corps, la participation du corps dans les troubles psychiques, le rôle de l’équilibre psychologique et affectif, de l’histoire personnelle et de l’environnement dans la maladie, l’influence de la vie spirituelle dans le vécu des événements traumatiques. Docteur en sciences économiques, psychanalyste et psychosomaticien, Jean Benjamin Stora est psychothérapeute à l’Institut de psychomatique de Paris.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 mai 1999
Nombre de lectures 0
EAN13 9782738172563
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,1050€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

© ODILE JACOB, AVRIL  1999 15, RUE SOUFFLOT , 75005  PARIS
www.odilejacob.fr
ISBN : 978-2-7381-7256-3
Le code de la propriété intellectuelle n'autorisant, aux termes de l'article L. 122-5 et 3 a, d'une part, que les « copies ou reproductions strictement réservées à l'usage du copiste et non destinées à une utilisation collective » et, d'autre part, que les analyses et les courtes citations dans un but d'exemple et d'illustration, « toute représentation ou réproduction intégrale ou partielle faite sans le consentement de l'auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause est illicite » (art. L. 122-4). Cette représentation ou reproduction donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L. 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
Ce document numérique a été réalisé par Nord Compo .
À Judith et Michael
S OMMAIRE
Couverture
Titre
Copyright
Dédicace
REMERCIEMENTS
INTRODUCTION
Des questions à propos de la maladie et de la mort
Objectifs et démarche méthodologique
Chapitre premier - ÉMOTIONS ET TRAUMATISMES
Retour au souvenir d’enfance
Les marqueurs somatiques du Pr Damasio
L’organisation cénesthésique de René Spitz
L’environnement politique, économique et socioculturel du XXe siècle
Chapitre II - LE POINT DE VUE ÉCONOMIQUE ET LES PROCESSUS DE MENTALISATION
Rôle de l’énergie psychique dans les processus de somatisations
Mentalisations et processus de somatisations
Chapitre III - AMANDA, SANDRINE, EMMA, ARNAUD ET LES AUTRES
Affections somatiques et régressions
Arnaud, Olivier et Thibault, « gérer au péril de sa vie »
Annexe
Chapitre IV - ADRIENNE, BERNADETTE ET SANJAY
Désorganisation progressive et apparition d’équilibres instables irréversibles
Oncogenèse et temps de latence, ou comment le corps produit un cancer, et combien de temps il lui faut
Poursuite des commentaires : passage du psychique au somatique
Chapitre V - PSYCHOTHÉRAPIE DE PATIENTS SOMATIQUES
Retour aux origines
Anamnèse et diagnostic
Reprise des commentaires
Les méthodes thérapeutiques traditionnelles
Propositions cliniques et théoriques concernant le déroulement psychothérapique de patients somatiques
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE
ANNEXE 1
ANNEXE 2
ANNEXE 3
Présentation du modèle
REMERCIEMENTS

Je tiens à remercier le Dr Alain Braconnier qui tout au long de ces dernières années a soutenu mes efforts de recherche ; les professeurs Jean-François Allilaire, Pierre Bourgeois, Gérard Turpin, Éric Bruckert, André Grimaldi, qui m’ont accueilli et permis de poursuivre des investigations psychosomatiques dans les différents services du CHU de la Pitié-Salpêtrière ; qu’ils soient tous remerciés pour l’ouverture d’esprit et de collaboration scientifique. Les Drs Philippe Giral et Sylvain Mimoun, les professeurs David Ruelle, Gilles Mauffrey 1 , Tobie Nathan, Alain Blanchet, qui, à des titres divers, ont fait progresser mes recherches dans le domaine de la psychosomatique.
Mes étudiants et étudiantes du DESS de psychologie clinique et de psychopathologie de l’université de Paris VIII, les patients et patientes qui m’ont permis d’illustrer cet ouvrage et dont j’ai sauvegardé l’anonymat, les surveillantes générales et infirmières des différents services dans lesquels j’ai travaillé ; sans toutes ces personnes et tous ces amis, je n’aurai jamais pu rédiger ce livre.
Je voudrais in fine remercier ma femme, le Pr Judith Stora-Sandor de l’université de Paris VIII, qui tout au long de ces cinq dernières années a supporté mes longues périodes de travail, a soutenu mes forces dans les moments de découragement et avec qui je me suis entretenu de tous les aspects cliniques et théoriques de mon travail de recherche ; et mon fils Michael, psychologue psychanalyste, qui a relu de nombreuses parties de cet ouvrage et qui m’a posé chaque fois les questions pertinentes.
Fait à Paris, février 1999.

1 . Mathématicien, responsable du département de Systèmes d’information et d’aide à la décision du Groupe HEC, avec qui j’ai élaboré un modèle mathématique de fluctuations de l’énergie psychique.
INTRODUCTION

Le corps peut, par les seules lois de sa nature, beaucoup de choses qui causent à son âme de l’étonnement.. il est également au seul pouvoir de l’âme de parler et de se taire et bien d’autres choses que l’on croit par suite dépendre des décrets de l’âme... si de son côté le corps est inerte, l’âme est en même temps privée d’aptitude à penser.
S PINOZA 1

Des questions à propos de la maladie et de la mort
J’ai été très jeune confronté au problème de la maladie grave et de la mort ; depuis cette époque, je n’ai cessé de m’interroger sur le corps malade, sur l’esprit, sur leurs relations, et sur ce que j’appelai l’âme. Cette expérience précoce, à l’âge de onze ans, m’a profondément marqué, et m’a conduit par des chemins détournés à la pratique de la psychanalyse et de la psychosomatique ; je suis devenu psychologue clinicien et non docteur en médecine. Aujourd’hui, je suis un psychologue en blouse blanche et je travaille aux côtés de mes collègues médecins pour explorer la dimension psychique des malades somatiques, et proposer toute la variété de traitements psychothérapiques de façon conjointe et complémentaire aux traitements médicaux.

UN SOUVENIR D’ENFANCE
J’ai vu mon grand-père souffrir atrocement du cancer alors que je n’étais qu’un jeune enfant. Il semblait qu’un événement était à l’origine de cette maladie, du moins c’est ainsi que j’ai compris la cause de ce mal : un de mes cousins avait été victime d’un accident horrible. Il avait été écrasé par un camion militaire en traversant une des rues du quartier où nous vivions. La violence de l’émotion suscitée par cet événement traumatique est restée gravée en moi ; le deuil dans les pays méditerranéens est impressionnant. Je me rappelle mon grand-père se frappant la poitrine et les cris des pleureuses traditionnelles. Était-ce cet événement qui avait provoqué cette maladie ? Est-ce qu’une émotion pouvait causer une maladie, puis la mort ? Je voyais, en effet, la santé de mon grand-père décliner peu à peu ; il résistait au mal en lisant, comme le recommande la tradition pour un homme pieux, son livre de psaumes de David. Bien plus tard, je compris que la tradition religieuse influençait profondément la vie psychique des êtres, et je lus avec attention tous les commentaires concernant la maladie et la guérison. La question posée par les commentateurs juifs de la Bible, est la suivante : « Lorsqu’un homme est malade, doit-il se tourner directement vers Dieu ou doit-il s’adresser au médecin ? » Les réponses sont longues et complexes dans la tradition judéo-chrétienne à laquelle je me réfère comme un des deux piliers des valeurs culturelles de l’Occident européen. Je sais que la partie théologique chrétienne est souvent citée en référence ; pour ma part, connaissant un peu mieux la tradition juive, c’est elle que je citerai. Mon grand-père lisait nuit et jour, je le regardais tristement et je sentais confusément que cela pouvait l’aider. Je n’ai jamais cessé de penser depuis que la dimension spirituelle était un facteur important de rétablissement de l’équilibre psychosomatique individuel pour les personnes ayant reçu une éducation spirituelle. Par ailleurs, à la question posée plus haut, il existe deux types de réponses : « Soit ceux qui mettent leur confiance en Dieu n’ont aucun besoin de médecins (Rambam, commentaires de Vayikra 26,11), soit les soins médicaux constituent un besoin élémentaire de l’homme au même titre que l’alimentation ou la respiration, et il faudrait être fou pour conseiller à un homme en train de mourir de faim d’attendre un miracle plutôt que de s’alimenter (Rambam, commentaire sur la Mishna , PESSA’HIM , ch. 4). D’autres commentaires disent que le recours à Dieu n’est réservé qu’aux Justes, or qui, de nos jours, est un Juste ? Je pense que mon grand-père, très conscient des limites de la médecine de son époque, et de sa qualité de croyant traditionnel, recourait aux pratiques en usage. Je le revois encore penché sur son livre de prières.
Sa santé continuant à se dégrader, je vis apparaître un jour, à ma grande surprise, des guérisseurs traditionnels ; on disait qu’ils étaient les héritiers de pratiques anciennes et mystérieuses pouvant guérir. Je dois dire que je me sentais embarrassé de cette venue, mais si cela pouvait aider mon grand-père, pourquoi pas ? Plus tard, en lisant les travaux de ce grand médecin du Moyen Âge qu’était Maimonide, je compris les raisons de mon attitude. Je savais intuitivement que les pratiques magiques (ports d’amulettes, prières secrètes, coutumes étrangères, etc.) étaient contraires à l’esprit du judaïsme, mais je savais aussi confusément qu’il était difficile de les supprimer car elles correspondaient à un besoin psychique culturel 2 . Les dernières tentatives pour le guérir échouèrent, et mon grand-père mourut. Je l’accompagnai jusqu’à sa dernière demeure en portant rituellement sur une très longue distance son cercueil, en compagnie de ma famille, et c’est au bord de sa tombe que je compris que le corps disparaissait définitivement pour retourner à la poussière d’où il venait. S’il était certain que l’on mourait, puisque telle était la loi, que devenaient notre âme et notre esprit ?
Je crois que c’est depuis cette époque que je m’interroge sur les relations causales à établir en mettant en doute un déterminisme causaliste à la manière de Leibniz ; cette doctrine métaphysique qui déclare que tout fait a un antécédent, « une cause » sans laquelle il ne pourrait exister. Cette approche introduit une vision fataliste du monde que je connaissais un peu trop, et qui me mettait mal à l’aise ; elle rejoignait le « mektoub » bien connu. Cette suppression de la liberté par un causalisme de nature métaphysique me poussa précocement à découvrir l’étude des probabilités et de l’incertitude dans l’observation des comportements humains.
Je pense que c’est à cette époque l

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