Santé : Distinguer croyances et connaissance
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Santé : Distinguer croyances et connaissance , livre ebook

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Description

Aujourd’hui, on peut facilement se sentir submergé par l’abondance d’informations médicales fournies par les médias et, notamment, par Internet. Comment distinguer entre croyances et connaissance en matière de santé ? Comment faire la part entre ce qui n’est encore qu’une théorie, une hypothèse, une idée, une croyance et ce qui repose sur des données objectives et relève d’une connaissance dont on peut évaluer la qualité ?Bref, comment démêler le vrai du faux ? Comment ne plus avoir peur de tout et de rien ? Par exemple, comment savoir si un médicament est vraiment efficace contre une maladie et quels risques il peut présenter pour la santé ? Comment savoir s’il est utile de se faire vacciner contre la grippe ? ou de se faire dépister contre le cancer du sein ou de la prostate ?En matière de santé, qu’il s’agisse de soins, de prévention ou de dépistage, l’épidémiologie est justement là pour nous permettre de faire la différence et de prendre des décisions plus avisées, pour nous ou nos proches. Et c’est une discipline que, moyennant quelques règles simples, chacun de nous peut appliquer dans sa vie de tous les jours !Alfredo Morabia est médecin, professeur d’épidémiologie à l’Université Columbia de New York et à la New York State University. Il est rédacteur en chef de la revue médicale Preventive Medicine et a notamment publié Épidémiologie causale et L’Épidémiologie clinique.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 07 avril 2011
Nombre de lectures 0
EAN13 9782738194503
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,1000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

© ODILE JACOB, AVRIL 2011
15, RUE SOUFFLOT, 75005 PARIS
www.odilejacob.fr
EAN 978-2-7381-9450-3
Le code de la propriété intellectuelle n'autorisant, aux termes de l'article L. 122-5 et 3 a, d'une part, que les « copies ou reproductions strictement réservées à l'usage du copiste et non destinées à une utilisation collective » et, d'autre part, que les analyses et les courtes citations dans un but d'exemple et d'illustration, « toute représentation ou réproduction intégrale ou partielle faite sans le consentement de l'auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause est illicite » (art. L. 122-4). Cette représentation ou reproduction donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L. 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
Ce document numérique a été réalisé par Nord Compo
À Léon et Bob.
Prologue
Einstein et l’épidémiologie

Ce livre explique aux non-épidémiologistes trois choses : à quoi sert l’épidémiologie ; comment distinguer les croyances de la connaissance en matière de prévention, de soins et de dépistage ; et comment mettre à profit, dans la vie de tous les jours, la masse d’information de santé diffusée par les médias.
Car, connaissez-vous l’épidémiologie  ? Si vous êtes un lecteur du début du XXI e  siècle , le plus probable est que vous répondiez : « Non ! » Voici donc de quoi il s’agit : l’épidémiologie est une science qui utilise les études comparatives de population pour identifier des moyens de prévenir ou de guérir des maladies .
Dans sa plus simple expression, l’étude comparative de population consiste à déterminer si la maladie survient plus fréquemment dans celui de deux groupes d’individus comparables qui est exposé à la cause étudiée. Exemple classique : le cancer du poumon survient plus fréquemment chez les fumeurs de tabac que chez les non-fumeurs.
Pensez à tout ce que vous connaissez de l’effet qu’ont sur la santé le tabac , l’alimentation , l’activité physique , les expositions professionnelles, les tests de dépistage , les médicaments , les soins médicaux, les conditions de vie sociale et économiques, et bien d’autres déterminants potentiels de la santé humaine. Il y a de bonnes chances que cette connaissance a été établie à partir d’études comparatives de population .
À ce titre, l’épidémiologie est devenue une science importante de la vie quotidienne. Le paradoxe est que peu de gens le savent.
Pourtant, les fruits de la recherche épidémiologique sont visibles. Sur quoi se fondent les avertissements des paquets de cigarettes concernant les méfaits du tabac sur le poumon, le cœur , ou le fœtus, ou bien les risques de l’alcool chez la femme enceinte ? L’épidémiologie. Comment le médecin qui vous invite à faire un test de dépistage du cancer du côlon sait-il que cela peut contribuer à prolonger votre vie ? L’épidémiologie. Qui fournit la méthode pour évaluer si une intervention chirurgicale est efficace pour soigner des douleurs du bas du dos ? L’épidémiologie.
Bien sûr, une foule de connaissances de santé ne dépendent pas de l’épidémiologie , tels l’anatomie et la physiologie du corps humain, les mécanismes cellulaires d’action des médicaments et des microbes, la structure moléculaire des causes toxiques et infectieuses des maladies . Une liste complète des domaines dans lesquels la connaissance de santé progresse sans recourir aux études comparatives de population serait longue.
Mais, en ce qui concerne la prévention , l’efficacité des traitements et du dépistage précoce des maladies, l’épidémiologie est indispensable et incontournable. Sans elle, nous avons affaire à des opinions et à des croyances , importantes certes, si elles ne sont pas des illusions trompeuses, mais pas à de la connaissance.
Croyances ou connaissance, c’est une distinction qui compte : les croyances en matière de santé sont des produits de notre imagination, qui ne peuvent pas être évalués objectivement ; la connaissance provient d’études comparatives de population, dont les résultats peuvent être critiqués, évalués, confirmés ou infirmés.
La méconnaissance de l’épidémiologie par le public tranche avec l’importance que cette science a acquise en médecine , en santé publique, en économie et en droit. L’épidémiologie est méconnue y compris en Grande-Bretagne , aux États-Unis ou en France , des pays qui ont de solides équipes d’épidémiologistes et une tradition scientifique dans le domaine.
Le public connaît l’épidémiologie moins encore qu’il ne connaît les développements théoriques de la physique au XX e  siècle . Même si vous ne pouvez expliquer ce qu’est la théorie de la relativité, vous savez qu’elle existe et vous savez qui était Einstein . En revanche, rares sont ceux qui savent à quoi sert l’épidémiologie, et l’épidémiologie n’a pas d’Einstein pour la rendre populaire, c’est-à-dire d’épidémiologiste qui soit mondialement connu pour sa contribution à la connaissance de la santé .
La physique, c’est passionnant, mais la compréhension des lois de la relativité et des principes de la physique quantique n’intervient pas dans les décisions concernant la vie de tous les jours. L’épidémiologie, en revanche, qui aide à départager croyances et connaissance quand il s’agit de notre santé ou de celle de nos proches, peut être d’une utilité quotidienne.
Comment se nourrir ? Combien de temps par semaine consacrer à l’activité physique  ? Ce médicament est-il efficace ? Est-il préférable que les bébés dorment sur le ventre ou sur le dos ? Et ainsi de suite pour l’importance de la crème solaire, les méfaits de l’alcool , du tabac et des drogues, le choix d’une contraception et la protection des rapports sexuels : être instruit en épidémiologie peut aider à trier les réponses disponibles sur de telles questions et avoir un impact sur le bien-être personnel. Cette science ne devrait pas avoir besoin d’un Einstein pour être connue du public.
Prenons, à titre d’exemple récent, une question de santé d’intérêt général, où la tension entre croyances et connaissance a été vive : la grippe H1N1.

La grippe H1N1 de 2009
2009 a été l’année de la menace épidémique de la grippe porcine H1N1 . Les autorités de santé publique ont alors à l’esprit le spectre de la grippe (dite) espagnole de 1918, qui a fait des millions de victimes, en particulier de jeunes adultes. Dans la perspective d’un nouveau virus aussi dangereux que son ancêtre de 1918, les autorités de santé publique avaient la responsabilité d’éviter l’apocalypse annoncée.
Contrairement à 1918, nous pouvons aujourd’hui nous défendre contre la grippe grâce aux vaccins . Ces vaccins ne sont pas aussi efficaces que ceux qui sont obligatoires chez les enfants parce que les traits immunitaires du virus de la grippe sont moins stables que ceux de la diphtérie , du tétanos ou de la coqueluche . Les vaccinologues ont développé des stratégies pour tenir compte de cette instabilité, mais un vaccin conférant une immunité adéquate ne peut parfois être préparé qu’à la dernière minute. C’est une course contre la montre dont le but est de protéger les vaccinés d’une grippe sévère. On freine ainsi la progression de l’épidémie , on évite des décès et on prévient l’encombrement des services médicaux pendant les semaines d’épidémie .
À l’été 2009, les autorités de santé publique de la plupart des pays du monde sont convaincues qu’en vaccinant la population entière on se donne les meilleures chances d’éviter une catastrophe possible. Elles mobilisent par conséquent l’industrie et les services pour vacciner toute la population . En France , l’objectif est d’obtenir 94 millions de vaccins , correspondant aux deux injections nécessaires pour protéger 75 % des 64 millions d’habitants.
Dans les faits, le public n’a pas suivi. Une minorité de la population générale et du personnel de santé a été vaccinée. En France , moins de 6 millions ont été vaccinés sur les 47 millions espérés. Laissons de côté pour l’instant la motivation du public et concentrons-nous sur les données qui sont accessibles aux autorités de santé publique et au public au printemps 2009, au moment d’opter pour le lancement d’une campagne de vaccination de masse.

Connaissance
Les données indiquent alors que le vaccin contre la grippe saisonnière est sûr. Des études comparant des personnes vaccinées à d’autres personnes non vaccinées montrent que les vaccinés développent des anticorps contre le virus de la grippe et que les effets secondaires attribuables au vaccin sont mineurs : des douleurs au point d’injection, une petite fièvre ou des douleurs musculaires.
Mais était-il approprié de vacciner tout le monde ? Le vaccin est sûr et confère une immunité adéquate, mais les études comparatives de populations particulières ne prouvent pas que, lors d’épidémies de grippe saisonnière , la vaccination systématique d’adultes en bonne santé ou du personnel de santé des institutions de personnes âgées réduise les hospitalisations et les décès 1 . Ces résultats correspondent bien à la perception qu’a la population générale dans la plupart des pays du monde de l’inefficacité de la vaccination sélective .
Était-il erroné de planifier une vaccination universelle en 2009 ? Replaçons-nous dans le contexte. Le virus est potentiellement dévastateur, en particulier chez les enfants. Un vaccin aussi sûr et aussi efficace que celui contre la grippe saisonnière peut être produit. Le risque potentiel associé à l’épidémie apparaît beaucoup plus important que celui associé au vaccin. Selon les données scientifiques existant en 2009 sur la vaccination saisonnière, une campagne sélective visant les travailleurs de la santé , les instituteurs ou un autre sous-groupe de la population avait peu de chances de freiner efficacement une épidémie meurtrière. Mais une campagne de masse dont le but était d’instaurer une espèce de bouclier immunitaire était une option plausible.
L’épidémie de H1N1 n’a pas eu de conséquences dramatiques. Des voix s’élèvent aujourd’hui pour contester la pertinence de la campagne massive et de l

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