Travail social et santé
196 pages
Français

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Travail social et santé , livre ebook

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Description

Depuis toujours, les travailleuses sociales collaborent de très près avec les professionnels du monde de la santé, les médecins et les infirmières au premier chef. Or la formation de ceux-ci a peu à offrir sur la nature et l’importance de cette affiliation. Cet ouvrage cherche à mieux faire comprendre les raisons de l’écart qui existe entre formation et pratique et met au jour les liens bien réels, même si souvent occultés, entre le travail social et les disciplines de la santé. Les travailleuses sociales trouveront ici des informations essentielles pour bien s’intégrer aux domaines de la médecine, des sciences infirmières, de la réadaptation ou au monde des aides-soignants. Avec une visée pédagogique assumée, les auteurs décrivent et analysent l’apport de ces travailleuses en santé publique, auprès des personnes vulnérables ou dans divers contextes de pratique médicale. Ils montrent sans équivoque qu’il faut soutenir la collaboration interprofessionnelle dans le vaste réseau de la santé et des services sociaux et proposent des pistes sur la formation en travail social.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 12 janvier 2021
Nombre de lectures 2
EAN13 9782760643321
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,1400€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Yves Couturier Louise Belzile
TRAVAIL SOCIAL ET SANTÉ
Les Presses de l’Université de Montréal





Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives nationales du Québec et Bibliothèque et Archives Canada Titre: Travail social et santé / Yves Couturier, Louise Belzile. Noms: Couturier, Yves, 1966- auteur. Belzile, Louise, 1961- auteur. Collections: Paramètres. Description: Mention de collection: Paramètres Comprend des références bibliographiques. Identifiants: Canadiana (livre imprimé) 20200094793 Canadiana (livre numérique) 20200094807 ISBN 9782760643307 ISBN 9782760643314 (PDF) ISBN 9782760643321 (EPUB) Vedettes-matière: RVM: Service social médical. RVM: Service social—Travail en équipe. RVM: Soins médicaux—Travail en équipe. RVM: Interdisciplinarité. Classification: LCC HV687.C68 2020 CDD 362.1/0425—dc23 Mise en pages: Folio infographie Dépôt légal: 1 er trimestre 2021 Bibliothèque et Archives nationales du Québec © Les Presses de l’Université de Montréal, 2021 www.pum.umontreal.ca Cet ouvrage a été publié grâce à une subvention de la Fédération des sciences humaines de concert avec le Prix d’auteurs pour l’édition savante, dont les fonds proviennent du Conseil de recherches en sciences humaines du Canada. Les Presses de l’Université de Montréal remercient de son soutien financier la Société de développement des entreprises culturelles du Québec (SODEC).





Introduction
Notre fréquentation, professionnelle, du domaine de la santé nous a profondément changés. Elle nous a aussi permis de penser le changement du travail social. Ce livre est le produit de cette transformation.
Le rapport du travail social au vaste domaine de la santé est depuis longtemps ambigu, voire tendu, surtout pour les francophones marqués par certains écrits sociologiques français sur le travail social, dont un grand nombre a une portée normative ou politique. Selon ce point de vue, la fable du pot de terre et du pot de fer résumerait la nature de ce rapport: lorsque l’un et l’autre se frottent, c’est immanquablement le pot de terre qui se brise – entendre évidemment ici le travail social. Dans le récit identitaire diffusé par bon nombre de professeurs et de porte-parole officiels et officieux de la discipline, souvent influencés par les écrits français que nous venons d’évoquer, les discours normatifs de la plainte («ça va mal», «l’identité est menacée», etc.) et de la souffrance inhérente à la domination de la médecine sur le travail social expriment ce rapport tendu comme une évidence, au point qu’il caractériserait de manière fondamentale la place qu’occupe le travail social dans le champ de l’intervention sociosanitaire. Disons-le clairement: le travail social serait de ce point de vue dominé par le domaine médical, un dominateur total.
Si, sur le plan des rapports académiques interdisciplinaires, il n’y a aucun doute quant au fait que des tensions existent entre les deux domaines, puisque de telles tensions structurent naturellement tout champ social, ces mêmes domaines se rapprochent sur le plan empirique interprofessionnel, à la faveur de la collaboration quotidienne qui a lieu dans l’espace clinique entre les travailleuses sociales 1 et leurs collègues du domaine de la santé. Cela atténue grandement la portée du récit de la plainte et de la domination. Cette condition collaborative est particulièrement institutionnalisée au Québec, un des rares États dans le monde à avoir une gouvernance intégrée du social et de la santé, et ce, depuis la création du ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS) au tournant des années 1970.
L’analyse du rapport entre les deux domaines nécessite donc quelques nuances. Parmi les principaux arguments qui vont dans ce sens se trouve celui de la prospérité – unique dans son histoire – du travail social, à qui l’on demande avec insistance de remplir de nouvelles fonctions essentielles à la mise en œuvre des nouveaux modèles conceptuels d’organisation des services en santé et services sociaux. Ainsi, les travailleuses sociales sont nombreuses à jouer un rôle crucial dans la coordination des services. Au-delà de cet exemple, le nombre de travailleuses sociales explose depuis vingt ans, les départements de formation initiale croulent sous les demandes d’admission, et le travail social est de plus en plus reconnu comme un métier d’avenir par les analystes de tendances à long terme.
En outre, il importe de commencer ce livre par un rappel important, quoique relativement classique, voire maintenant banal: depuis sa création en 1964, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) promeut une définition très élargie de la santé, qui ne sépare pas celle-ci du social. Cette définition
réaffirme avec force que la santé, qui est un état de complet bien-être physique, mental et social et ne consiste pas seulement en l’absence de maladie ou d’infirmité, est un droit fondamental de l’être humain, et que l’accession au niveau de santé le plus élevé possible est un objectif social extrêmement important qui intéresse le monde entier et suppose la participation de nombreux secteurs socioéconomiques autres que celui de la santé (OMS, 1978).
À partir de cette définition élargie de la santé, un très grand nombre d’innovations conceptuelles majeures en santé et services sociaux au cours des cinquante dernières années ont été développées. Ces innovations valorisent souvent une collaboration étroite entre le travail social et les diverses disciplines du domaine de la santé: préventions primaire, secondaire et tertiaire, virage ambulatoire, approche holistique, approches domicilo-centrées, approches «milieu de vie» ou « homelike », approches de réduction des dommages, reconnaissance du rôle des proches aidants, approches non pharmacologiques dans tous les domaines, y compris ceux ayant une composante cognitive (maladie d’Alzheimer et autres troubles neurocognitifs majeurs), etc. En fait, la liste des domaines de collaboration est si longue qu’elle exigerait de nombreuses pages pour espérer au minimum revendiquer un début d’exhaustivité.
À l’encontre de la doxa affirmant que nous vivons une époque du tout médical et, par le fait même, décriant explicitement ou tacitement la médicalisation du social comme une évidence indiscutable, il est facile et nécessaire de montrer qu’il existe aussi un mouvement inverse, soit celui d’une relative socialisation de la médecine. Aujourd’hui, aucune institution sérieuse du domaine de la santé ne nierait l’importance des déterminants sociaux de la santé dans l’efficacité clinique des interventions en santé (ex.: pauvreté, niveau d’éducation). Par exemple, pour les insuffisants cardiaques, l’un des groupes les plus importants de malades chroniques, près du tiers d’entre eux sont réhospitalisés dans les trente jours suivant leur traitement en raison d’une piètre prise en considération des divers déterminants de la santé inhérents à la situation clinique (ex.: isolement social ou faible niveau de littératie). Ces déterminants de la santé sont au cœur du métier réel de toute travailleuse sociale, comme membre à part entière d’équipes soignantes interprofessionnelles.
De même, tout psychiatre, sous réserve qu’il suive les indications thérapeutiques reconnues en la matière, associera à la prescription médicamenteuse une thérapie psychologique (souvent cognitivo-comportementale), une intervention sur les habitudes de vie (alcool et drogues, activités physiques, etc.) ou une intervention sur des conditions environnementales proches (famille, travail, accès à un service de garde, logement, etc.).
Alors, qui dit vrai? Médicalisation du social ou socialisation du médical? Même cette question est, selon nous, au moins sur certains plans logiques, discutable. À l’époque de l’interdisciplinarité, de la collaboration interprofessionnelle et des grands métissages, cette pensée dichotomique paraît trop simple pour penser les rapports réels, plutôt que fictionnels, entre le social et le médical.
Existent donc deux arguments principaux pour remettre en question la doxa de la plainte du travail social à l’égard du domaine médical.
Le premier concerne l’écart entre la rhétorique des doxosophes 2 de la plainte et l’expérience clinique réelle des travailleuses sociales. Dans l’espace clinique, les collaborations qu’elles établissent au quotidien avec leurs partenaires de toutes les disciplines sont profondément structurantes pour leur intervention. S’il va sans dire que ces rapports peuvent comporter des tensions, comme tout rapport social, celles-ci sont le plus souvent transcendées par des principes éthiques et cliniques de niveau supérieur communs à l’ensemble des intervenants, comme la prise en compte des besoins singuliers et souvent complexes de l’usager et de l’efficacité clinique de l’intervention pour répondre à ces besoins.
De là émerge le second argument, sans doute le plus fondamental. Du point de vue clinique (ultimement le plus important), soit celui de l’usager, qu’il s’agisse d’une personne atteinte d’une perte d’autonomie fonctionnelle, d’une maladie chronique, d’un trouble de santé mentale, d’une déficience physique ou intellectuelle, d’une addiction, d’un trouble d’adaptation, etc., le débat corporatiste de protection des territoires disciplinaires est radicalement et irréductiblement insignifiant, sans compter qu’il peut donner lieu à des pratiques inappropriées, inefficaces ou dangereuses.
L’usager vit les diverses dimensions biopsychosociales de sa condition de santé comme indiscutablement interdépendantes, collectivement constitutives de sa situation clinique, elle-même indissociable de sa situation de vie. De ce point de vue, aucune rivalité territoriale ou identitaire ne l’intéresse, et ce, à très bon droit. Même pour l’usager dont le besoin est plus strictement psychosocial à première vue, comme la personne souffrant de dés

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