C’est l’opium du peuple : Philosophie du fait religieux
92 pages
Français

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Description

Le présent ouvrage propose une analyse athée du fait religieux, dans un angle philosophique. L’exposé se donne comme exosquelette l’intégralité de la tirade de l'opium du peuple de Karl Marx. Les trois paragraphes de ce commentaire célèbre de 1843 ont donc été soigneusement découpés ici en vingt titres de chapitres qui annoncent autant de segments d'un développement philosophique homogène sur la religion et la religiosité.


Cet exposé s’adresse au premier chef aux athées, surtout ceux et celles qui ont le cœur gonflé d’une ardeur irréligieuse, au point d’en avoir mal. Les gens qui croient à une religion peuvent lire cet ouvrage aussi, bien sûr, mais ils n’y sont pas ouvertement invités et ils risquent de s’y sentir parfois un petit peu bousculés. Par moments, ça pète un peu sec... Or l’auteur n’est pas ici pour ferrailler avec les dépositaires du culte ou leurs ouailles. Ça ne l’intéresse pas de faire ça. Paul Laurendeau est ici avant tout pour dire ce qu’il pense, pas pour faire du prêchi-prêcha à rebours. L’ouvrage s’adresse aussi aux gens qui doutent de leur statut de religionnaire et qui ressentent un besoin pressant de mettre un peu d’ordre dans leurs pensées, sur cette vaste question.


Non seulement la religion est l'opium du peuple, mais elle reste, l’un dans l’autre, un objet d'un grand intérêt intellectuel. Qu'on l'approuve ou qu’on la réprouve (l’auteur de cet ouvrage est du nombre de ceux qui la réprouvent), il reste que la religion est un phénomène incontournable de l’histoire humaine. Aime, aime pas, elle est encore avec nous. Il faut donc encore en parler.

Sujets

Informations

Publié par
Nombre de lectures 1
EAN13 9782924550663
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0030€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

C'est l'opium du peuple : Philosophie du fait religieux

Paul Laurendeau
Essai

© ÉLP éditeur, 2022 www.elpediteur.com ecrirelirepenser@gmail.com ISBN : 978-2-924550-66-3
Conception graphique : Allan E. Berger Image de la couverture : Le canard blanc , extrait d'une illustration d'Yvan Bilibine, 1901-1902
Le fondement de la critique irréligieuseest celui-ci. L’être humain fait la religion, ce n’est pas lareligion qui fait l’être humain. La religion est en réalité laconscience et le sentiment propre de l’être humain qui, ou bien nes’est pas encore trouvé, ou bien s’est déjà reperdu. Maisl’humain n’est pas un être abstrait,extérieur au monde réel. L’être humain, c’est le monde del’humain, l’État,la société. Cet État,cette société produisent la religion, une conscience erronée dumonde, parce qu’ils constituent eux-mêmes un monde faux. Lareligion est la théorie générale de ce monde, soncompendium encyclopédique, sa logique sous une forme populaire, sonpoint d’honneur spiritualiste, son enthousiasme, sa sanctionmorale, son complément solennel, sa raison générale de consolationet de justification. C’est la réalisation fantastique de l’essencehumaine, parce que l’essence humaine n’a pas de réalitévéritable. La lutte contre la religion est donc par ricochet lalutte contre ce monde, dont la religion est l’arôme spirituel.
La misère religieuse est, d’une part,l’expression de la misère réelle, et, d’autre part, laprotestation contre la misère réelle. La religion est le soupir dela créature accablée par le malheur, l’âme d’un monde sanscœur, de même qu’elle est l’esprit d’une époque sans esprit.C’est l’opium du peuple.
Le véritable bonheur du peuple exigeque la religion soit supprimée en tant que bonheur illusoire dupeuple. Exiger qu’il soit renoncé aux illusions concernant notrepropre situation, c’est exiger qu’il soit renoncé à unesituation qui a besoin d’illusions. La critique de la religion estdonc, en germe, la critique de cette vallée de larmes, dont lareligion est l’auréole.

Karl Marx, Contribution à lacritique de La philosophie du droit de Hegel , 1843.
INTRODUCTION Dispositifssociaux contemporains et dispositifs religieux archaïques
La tirade de l’opium du peuple (qui est reproduite supra, comme citation d’exergue) contientcertainement l’aphorisme le plus célèbre de Karl Marx. Il s’agitdu tour C’est l’opium du peuple ou Elle est l’opiumdu peuple (les traductions varient) devenu, dans sa forme d’adagepopulaire, La religion, c’est l’opium du peuple .
Quand il a écrit cette tirade, Marxavait vingt-cinq ans. C’était en 1843 et c’était dans undocument qu’il ne destinait pas à la publication. Il écrivaitalors en pensant à son père qui voulait faire de lui un juriste.Marx ne s’intéressait déjà plus tellement au droit, disciplineservile. Il préférait la philosophie, discipline critique. Et c’estun peu la transition intellectuelle qu’il vivait à ce moment-làqu’il exprima, à travers la fameuse tirade de l’opium du peuple.Elle donnait le ton de la déconstruction dialectique que le jeuneMarx allait faire de la pensée du vieux Hegel. La critique de lareligion étant supposément terminée, il fallait désormais non passe mettre à faire du droit mais plutôt procéder à une critiqueradicale du droit. Vous trouverez d’ailleurs, en annexe du présentouvrage, le commentaire explicite de Karl Marx sur toute cettequestion… pas le vrai Karl Marx, bien sûr, mais le Karl Marx quiavait été incarné, en 2005, par votre humble serviteur, sous lahoulette de Sinclair Dumontais, dans le cadre du projet de pastichelittéraire et philosophique Dialogu s.
Ce qu’on sait moins de cette fameuse tirade de l’opium du peuple , c’est qu’elle forme unpetit groupe de trois paragraphes très serrés qui ouvraient cetessai de 1843, à propos de la philosophie du droit de Hegel. Or,l’intégralité de cette série de petits paragraphes synthétiquesest fort intéressante pour comprendre adéquatement le phénomènede la religion et l’expression de la vision athée, sur cettedernière. Quand j’ai découvert ce passage célèbre, j’avaismoi-même l’âge que Marx avait quand il l’a écrit, vingt-cinqans. Tout de suite, à l’époque, j’ai eu le net sentimentd’avoir sous les yeux le synopsis d’un livre qui n’avait pasencore été écrit. Je voyais apparaître chacun des segments destrois paragraphes de la tirade de l’opium du peuple comme autant detitres des chapitres d’un ouvrage sur la question religieuse, quej’avais eu bien envie d’écrire à l’époque (1983).
Aujourd’hui (2022), je viens deréaliser ce rêve de jeunesse et je vous en soumets le résultat. Ils’agit d’une analyse athée du fait religieux, dans un anglephilosophique. Et l’exposé se donne littéralement commeexosquelette l’intégralité de la tirade de l’opium du peuple deKarl Marx . Les trois paragraphes de cette dernière ont donc étésoigneusement découpés en vingt titres de chapitres qui annoncentautant de segments d’un développement philosophique homogène surla religion et la religiosité.
Je sais exactement où je suis et jesais que mon choix pose quelques problèmes théoriques. Le fait estque le texte de départ de mon exposé fait partie des écrits dejeunesse de Marx. On y rencontre donc un petit lot de notionsfraîches, prosaïques, terrestres et simplettes comme, la misère ,le bonheur , le peuple , la critique , l’ essencehumaine . Toutes ces notions de philosophie ordinaire ont étésouvent trivialisées, esquintées, ou abandonnées dans le marxismede la maturité. Elles procèdent de fait de la ci-devant philosophiede l’aliénation et elles sont incontestablement des idées plushégéliennes et feuerbachiennes que marxiennes. Bon.Et alors ? Pour tout dire, le propos n’est pas ici decontenter l’esprit de système des marxologues qui tiennentencore le coup, s’il en reste. Ce qui compte plutôt, pour moi,c’est d’extirper tout le suc démonstratif et argumentatifcontenu dans cette si riche tirade de l’opium du peuple.Croyez-moi, elle n’a pas encore livré tous ses secrets, comme jevais tenter de le démontrer dans le présent essai, clé de lectureen main.
Cet ouvrage s’adresse au premier chefaux athées , surtout ceux et celles qui ont les tripailles etle cœur gonflés d’une ardeur irréligieuse, au point d’en avoirmal. Les gens qui croient à une religion peuvent lire cet opusaussi, bien sûr, mais ils n’y sont pas ouvertement invités et ilsrisquent de s’y sentir parfois un petit peu bousculés. Parmoments, ça pète un peu sec… J’aurais en fait envie de dire iciaux religionnaires de tous poils, circulez, y a rien àvoir . Je ne suis pas ici pour ferrailler avec les dépositairesdu culte ou leurs ouailles. Ça ne m’intéresse tout simplement pasde faire ça. Je suis ici avant tout pour dire ce que je pense, paspour faire du prêchi-prêcha à rebours. L’ouvrage s’adresseaussi aux gens qui doutent de leur statut de religionnaire etqui ressentent un besoin pressant de mettre un peu d’ordre dansleurs pensées, sur cette question.
En méthode, j’insiste ici beaucoupsur la notion de dispositif . Notre dispositif socio-historique contemporain est appréhendé par nos dispositifs de connaissances, eux-mêmes encore largement grippés et englués de dispositifs religieux archaïques. Il faut s’efforcer dedésenchevêtrer, au mieux, cet entrelacs mobile et dynamique de dispositifs . Et comme les faits sont complexes, il a fallurester modeste et savoir se restreindre. Il s’agit ici d’un essaiphilosophique. On ne parle donc pas directement d’économie,d’ethnologie, d’histoire ou de sociologie. On touche cesdisciplines, bien sûr, on les mentionne, on les mobilise, on faitréférence à leur apport pour une compréhension généraleadéquate des réalités sociales. Mais ce qui vous est soumis ici,c’est une philosophie du fait religieux, sans plus… unephilosophie athée.
Non seulement la religion est l’opiumdu peuple, mais elle reste, l’un dans l’autre, un objet d’ungrand intérêt intellectuel. Qu’on l’approuve ou qu’on laréprouve… et croyez-moi, vous allez vite vous rendre compte que jesuis du nombre de ceux qui la réprouvent… il reste que la religionest un phénomène incontournable de l’histoire humaine. Dans sonaspect densément ethnoculturel , plutôt qu’abstraitement fidéiste , elle aura encore beaucoup à nous apporter. Ils’agit, tout simplement, de transformer nos synagogues, noséglises, nos mosquées et nos temples en musées. Cela arrivera unjour, dans une ambiance pacifiée, quand les enjeux seront ailleurs.La religion sera alors un objet hérité, qui nous fera réfléchir…rêver aussi peut-être… un peu comme le font encore aujourd’huiles vieilles mythologies archaïques d’autrefois.
En 1843, Karl Marx croyait la critiquede la religion terminée. En 2022, c’est loin d’être le cas.Notre présente action collective de lecture et d’écriture leconfirme. Non seulement l’histoire se développe toujours par sonmauvais côté, mais aussi, d’évidence, elle le fait à sonrythme, qui est le rythme des grandes phases. Un train de sénateur…ou de sectateur… Bonne lecture.
ANNEXE C’estl’opium du peuple


Monsieur Marx,
Cet entretien doit hélas tirer à safin. Vous connaissez comme moi les éditeurs, puisque vous avez vousaussi travaillé pour eux. Leur rôle consiste entre autres àdéterminer la longueur des textes qu’ils publieront. Si nousdevions poursuivre cet échange, il y a fort à parier qu’ilssortent leurs ciseaux et nous n’aurons que peu de contrôle sur cequ’ils choisiront de couper. Je serais profondément attristés’ils devaient nous priver d’une seule de vos paroles…
Avant de mettre un terme à cet échange,j’aimerais toutefois vous mentionner une chose qui ne sera pas sansvous surprendre. Aujourd’hui, en ce début de siècle d’où jevous écris, le nom de Karl Marx est très régulièrement rattachéà l’affirmation suivante, assurément vôtre. « La religion c’est l’opium du peuple ».Je serais amusé que vous commentiez ces quelques mots qui ontsouvent été cités en Occident au cours de la deuxième moitié duvingtième siècle…
Mes respects,

Sinclair Dumontais, 2005

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Cher Sinclair,
Souvent cités

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