L Inconscient politique chez Friedrich Nietzsche
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L'Inconscient politique chez Friedrich Nietzsche , livre ebook

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Description

L'inconscient pour Nietzsche ne serait ni une hypothèse ni le champ de la pathologie humaine, c'est plutôt la matrice, la force et la puissance innocente de l'être. Il s'agirait pour nous de repenser l'inconscient à travers une perspective généalogique qui dévoile les stratégies de forces actives inconscientes qui habitent toute nature humaine où l'homme comme l'être se dévoilent comme une force d'exister et une puissance de dominer. Le déploiement des stratégies de forces actives dévoile un instinct politique primitif de conquête et de domination dont l'amour n'est ni une exception ni une contradiction. La thérapie pour l'homme serait de reconquérir cette force inconsciente d'exister par-delà les justifications morales, religieuses et rationnelles et qui n'est que l'amour de la force de la vie.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 18 mars 2016
Nombre de lectures 0
EAN13 9782342049121
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0056€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

L'Inconscient politique chez Friedrich Nietzsche
Monia Sanekli
Connaissances & Savoirs

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Connaissances & Savoirs
175, boulevard Anatole France
Bâtiment A, 1er étage
93200 Saint-Denis
Tél. : +33 (0)1 84 74 10 24
L'Inconscient politique chez Friedrich Nietzsche
 
 
 
« L’inconscient assure dans l’homme la garde de son être le plus intime, l’inconscient est le nom de la vie » 1 .
 
 
 
« L’inconscient déguisement des besoins physiologiques sous le manteau de l’objectif, de l’idéal, de l’idée pure, va si loin que l’on pourrait s’en effrayer »
 
 
 
 
Liste des abréviations utilisées
 
 
 
VP : Volonté de puissance
NT : La Naissance de la tragédie
EP : Écrits posthumes
FP : Fragments posthumes
CI : Considérations inactuelles
HTH : Humain trop humain
A : Aurore
GS : Le Gai savoir
APZ : Ainsi parlait Zarathoustra
PBM : Par-delà bien et mal
GM : La généalogie de la morale
CW : Le cas Wagner
CI : Crépuscule des idoles
AC : L’Antéchrist
EH : Ecce Homo
NW : Nietzsche contre Wagner
DD : Dithyrambes de Dionysos
Nous renvoyons en références aux éditions suivantes :
1. Friedrich Nietzsche, œuvres, T. I, II, éditions Robert Laffont, S.A., Paris, 1993.
2. La Volonté de puissance, t. I, II, Gallimard, seule édition de France, traduction, G. Bianquis, Paris 1947.
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Première partie. L’irrationalisme Nietzschéen ou l’homme naturellement inconscient
 
 
 
 
 
 
« J’ai une peur panique que l’on n’aille un beau jour me canoniser : on comprendra pourquoi je prends les devants en publiant ce livre : il doit empêcher que l’on n’en prenne trop à son aise avec moi… Je ne veux pas être un saint, plutôt encore un pitre… » 2
 
 
 
Chapitre I. Le tragique amputé 3 ou la trahison de l’instinct de puissance
 
 
 
1. Le tragique comme unique réalité inhérente au vivant humanisé
Dès les premiers écrits de Nietzsche, « Naissance de la tragédie 1872 » 4 , l’homme apparaît comme un chaos d’instincts, inconscient de ce qu’il est et qui il est, étant défini par et pour l’instinct. Sa quête de la conscience semble être une quête de substitution plutôt qu’une quête réelle, son état inconscient se manifeste dans sa douleur et sa souffrance d’une part, sa joie et son bonheur d’autre part. L’homme ne choisit pas sa douleur comme il ne souffre pas délibérément, mais il essaie d’exprimer et de faire émerger ses plus profonds états d’âme. Cette expression et cette émergence sont de nature purement esthétique. Ainsi l’homme dans ses origines est un vivant d’instincts chaotiques et d’expression esthétique. Cette expression et cette émergence esthétique originelles sont aussi neutres et inconscientes que l’est la nature elle-même et de ce fait, le vivant est aussi inconscient que l’est la nature elle-même. Dévoiler cet inconscient apparaît donc essentiellement comme une initiative de réflexion qui puise dans et à travers la création artistique.
Le fait donc est que cet être involontaire, inconscient et naturel, apparaît dans toute sa splendeur à travers ses représentations artistiques. L’homme dans ses productions artistiques, exprime le plus profond et le plus dissimulé en lui comme instincts vitaux.
Ainsi en interrogeant l’art, et plus précisément la tragédie grecque, dans une lecture philologique et généalogique, Nietzsche parvient à situer le fondamentalement profond et inconscient chez l’homme, à savoir : le tragique 5 , la souffrance et la douleur en tant que composantes physiologiques, nécessaires et inévitables à la vie.
A partir de cette observation aigue de nature philologique, Nietzsche entreprend son investigation philosophique moyennant une dissection des instincts déguisés, inconscients et involontaires, et se met donc à soupçonner le discours philosophique en relevant son impuissance par rapport à cette donnée fondamentale qu’est le tragique ; en cela il entrevoit une forme de pensée, intermédiaire entre le travail d’historien d’une civilisation et l’interprétation généalogique des valeurs de cette civilisation. Le plus profondément inconscient chez l’être humain apparaît donc comme cette fondamentale résistance physiologique à la douleur et à la mort. C’est cette résistance elle-même qui est tragique.
Définir l’homme par sa nature tragique équivaut à le dévoiler et à le soustraire à ses piédestaux de l’être pensant, de l’être dialectique ou raisonnable, il n’apparaitrait alors ni comme une substance ni comme un sujet, il n’est même pas structuré, il est avant tout un vivant physiologique, et plutôt un chaos d’être, et en cela même il est un être physiologiquement tragique. Dans ce sens, Eugen Fink réduira la notion de la réalité chez Nietzsche au seul tragique.
« Dans le phénomène du tragique, il aperçoit la véritable nature de la réalité. L’art ne vaut pas ici seulement, selon la formule de Nietzsche, « comme la véritable activité métaphysique de l’homme », mais en lui se produit avant tout l’éclaircissement métaphysique de l’étant dans son ensemble. C’est uniquement avec les yeux de l’art que le penseur parvient à plonger son regard dans le monde. Cependant c’est essentiellement l’art tragique, la tragédie antique, qui a ce regard pénétrant. Le tragique, c’est la première formule fondamentale de Nietzsche pour son expérience de l’être » 6 .
C’est par rapport à ce tragique physiologique que tout se produit, se construit et se crée. Comme le souligne Michel Haar, une nature tragique créatrice aussi bien de la joie que de la souffrance 7 .
« Figurons-nous d’abord pour mieux les comprendre ces deux instincts comme les mondes artistiques séparés du rêve et de l’ivresse, phénomènes physiologiques entre lesquels on remarque un contraste correspondant à celui qui distingue l’un de l’autre, l’apollinien et le dionysien » 8 .
L’homme est inconsciemment géré et guidé par le conflit tragique des deux instincts symbolisés par les deux divinités : Dionysos et Apollon 9 , autrement le conflit de la forme et du chaos, le conflit de la force et de la souplesse, de la plénitude et de la vacuité, de la force et de la faiblesse, du commandement et de l’obéissance.
« La joie métaphysique procurée par le tragique est une traduction de l’inconsciente et instinctive sagesse dionysienne dans le langage image » 10 .
De ce fait l’inconscient acquiert à première vue la signification de l’insouciance, d’une totale absence de conscience de soi, naturelle et spontanée ; comme c’est le cas chez le danseur ou le chanteur, une apparence d’absence et d’oubli de la contradiction fondamentale de l’être, cette contradiction qui pour Nietzsche est indissociable du vivant en tant que contradiction des instincts primitifs conflictuels, mais non dissociée ni séparée ou distincte. La vie est tragique, car elle est conflit perpétuel et toute résolution est provisoire et ne correspond qu’à une simple apparence ; elle se révèle, se dévoile et se déploie en se déguisant inconsciemment, en vue d’un dépassement illusoire pour augmenter la résistance psychique contre le poids tragique de l’existence. Force est de constater cependant que le conflit résiste et perdure autant que dure la vie.
Ainsi donc, le conflit et le clivage considérés comme pathologiques en psychanalyse 11 constituent, en fait, des sources vitales et une « sécurité tragique » pour une perpétuelle vitalité. Donc source de puissance et de continuité, car tout conflit est créateur de résolutions, d’apparences et d’illusions nécessaires à la vie.
Les dépassements du conflit perpétuel et son clivage se font par le rêve (Apollon, ou la raison), par l’ivresse (Dionysos, ou l’instinct) et il est signifié par leur unité primaire et originelle 12 .
Ainsi, tout sentiment émanant de ce conflit se traduit au niveau de la conscience sous forme de valeur morale, sous forme d’idée, sous forme de vérité, qui ne sont en fin de compte que des représentations de la volonté psychique, donc des illusions et des mensonges créés par le poids douloureux du tragique conflictuel humain, en vue de la quête perpétuelle de résistance donc de puissance 13 .
Le mécanisme qui mène l’individu de l’instinct de puissance tragique à l’idée consciente, est un mécanisme inconscient, involontaire et nécessairement créateur de mensonges, (le mensonge non dans son sens moral mais comme déni et évitement psychique, le mensonge comme forme de perversion du laid en beau et du faux en vrai, et la multiplicité en unité), des mensonges inconscients qui se proposent comme vérités conscientes. Le mensonge est l’élément et le noyau de l’inconscient, toute idée, toute valeur, toute vérité est un sentiment psychique déguisé : autrement dit un mensonge nécessaire et utile au soi et à son rapport à l’autre, car n’étant qu’une création mentale qui sert à résoudre un problème d’apparence et de forme dû à un chaos originel, une résolution typique et individuelle du conflit tragique. Un équilibre aussi spécifique qu’une empreinte digitale, d’un instinct de volonté d’un conflit tragique, un équilibre de la forme et du chaos, de la plénitude et de la vacuité, une résolution nécessairement individuelle qui se veut universelle, subjective, qui se veut objective, physiologique, qui se veut rationnelle et psychique, qui se veut représentative. C’est dans cette sphère que se meut l’inconscient tragique : le renversement et le mensonge comme création artistique. Le mensonge et l’erreur apparaissent comme le propre de l’homme, les outils de la volonté de puissance, car l’homme, en tant que vivant ne veut guère savoir ; il voudrait plutôt ignorer et dég

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