La Bonté humaine

Jacques Lecomte

Description

Saviez-vous qu’un bébé de 1 an, qui vient juste d’apprendre à marcher, se porte spontanément au secours de quelqu’un qu’il voit en difficulté ? Saviez-vous que, lors d’une catastrophe naturelle, il n’y a pratiquement pas de pillages et de violences, mais beaucoup d’altruisme et de solidarité ? Saviez-vous que notre cerveau contient des zones de satisfaction qui s’activent lorsque nous sommes généreux et des zones de dégoût qui s’activent lorsque nous sommes confrontés à une injustice ? Et si, contrairement à ce qu’on a longtemps affirmé, la violence et l’égoïsme – qui existent incontestablement – ne correspondaient pas à notre nature profonde ? Une synthèse lumineuse de plusieurs centaines d’études qui bouleversent notre vision de l’être humain dans des domaines aussi variés que la psychologie de l’enfant, la psychologie sociale, la neurobiologie, l’économie expérimentale ou l’anthropologie. Jacques Lecomte est docteur en psychologie. Il enseigne à l’université Paris-Ouest-Nanterre-La Défense (anciennement Paris-X-Nanterre) et à la faculté des sciences sociales de l’Institut catholique de Paris. Il est le président de l’Association française et francophone de psychologie positive. Il a notamment écrit Guérir de son enfance et Donner un sens à sa vie. 

Sujets

• Philosophy
• Philosophie et théologie

Informations

• Publié par: Odile Jacob
• Date de parution: 29 mars 2012
• Nombre de lectures: 3
• EAN13: 9782738180254
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 2 Mo

Extrait

© O DILE J ACOB, MARS 2012 15, RUE S OUFFLOT, 75005 P ARIS
www.odilejacob.fr
ISBN 978-2-7381-8025-4
Ce document numérique a été réalisé par Nord Compo .
« La bonté de l’homme est une flamme qu’on peut cacher mais qu’on ne peut jamais éteindre. »
Nelson M ANDELA 1 .

« La destination à la bonté est plus forte, plus profonde que le penchant au mal. »
Paul R ICŒUR 2 .

« Elle est, cette bonté folle, ce qu’il y a d’humain en l’homme, elle est ce qui définit l’homme, elle est le point le plus haut qu’ait atteint l’esprit humain. La vie n’est pas le mal, nous dit-elle. »
Vassili G ROSSMAN 3 .
1 . Mandela N. (2002 ), Un long chemin vers la libe rté, Paris, Le Livre de Poche, p. 75

2 . Changeux J.-P. & Ricœur P. (1998 ), Ce qui nous fait penser. La nature et la rè gle, Paris, Odile Jacob, p. 323 et 324

3 . Grossman V. (1980 ), Vie et des tin, Lausanne, L’Âge d’homme, p. 38
S OMMAIRE
Couverture
Titre
Copyright
Introduction
PREMIÈRE PARTIE - Quand la bonté surmonte le mal radical
CHAPITRE 1 - Face aux grandes catastrophes, la solidarité plutôt que l’égoïsme
L’ouragan Katrina, un cas emblématique
Trois mythes largement répandus
Même effrayés, les gens réagissent calmement et rationnellement
Très peu de pillages, mais beaucoup de comportements altruistes
Quelles leçons tirer ?
CHAPITRE 2 - Ceux qui ont sauvé des Juifs
« Nous ignorons ce qu’est un Juif. Nous ne connaissons que des hommes… »
L’éthique des vertus : « N’importe quelle personne respectable aurait fait la même chose à ma place… »
L’éthique de sollicitude : « J’ai fait ce que mon cœur me disait de faire… »
L’éthique de justice universelle : « tous les hommes sont nés libres et égaux en droits… »
Associer le cœur et la raison
La satisfaction d’agir en accord avec sa conscience
« Le Seigneur voulait que nous sauvions ces gens… »
« Je ne me considère pas comme un héros. Je n’ai fait que mon devoir… »
La plupart des personnes sollicitées ont accepté
La leçon à tirer : redécouvrir la bonté en nous-mêmes
CHAPITRE 3 - L’altruisme et le pardon nés de la souffrance
L’altruisme né de la souffrance
Des enfants de la guerre qui s’engagent au service d’autrui
Le pardon
Se souvenir de l’offense : le pardon sans oubli de Nelson Mandela
Tenir compte des circonstances entourant l’acte : une épouse pardonne son mari qui a voulu la tuer
Tenir compte de l’attitude de l’offenseur : un homme torturé passe de la haine au pardon
Ne pas éprouver de désir de vengeance : ses filles sont tuées, mais il refuse la haine
Manifester de l’empathie envers l’offenseur : une résistante accueille chez elle son tortionnaire
S’engager publiquement : une petite fille atrocement brûlée pardonne au pilote du bombardier
CHAPITRE 4 - La répugnance des soldats et des exécuteurs à tuer, sauf lorsque…
La paix est la condition normale des sociétés
La répugnance fondamentale à tuer lors des guerres
Quand, soudain, se révèle notre commune humanité
Prendre du plaisir à tuer autrui
La culpabilité d’avoir tué
La fraternité dans les tranchées
Quelques conditions nécessaires pour tuer
Le parcours de réhumanisation d’un exécuteur
CHAPITRE 5 - Même les pires gangsters peuvent redevenir comme vous et moi
La plupart des délinquants finissent par mener une vie normale
« C’est ma femme qui m’a mis sur le droit chemin… »
« C’est le travail qui a changé ma vie… »
« La haine me détruisait progressivement et je devais l’extraire de mon cœur… »
Les attitudes qui facilitent la désistance
La croyance en un soi profond fondamentalement bon
Le sentiment de maîtriser sa destinée
Le désir d’être utile
La puissance de la foi
… et le miracle de l’amour
CHAPITRE 6 - Chroniques de la bonté ordinaire
Ressentir de l’empathie pour les personnes en difficulté
« Le monde a besoin de citoyens responsables… »
La règle de réciprocité
Il n’y a que le premier pas qui coûte
Mettre en valeur le meilleur de l’être humain
La gentillesse est communicative
Les femmes et les hommes ne sont pas altruistes de la même manière
L’altruisme fait du bien à son auteur
Se sentir élevé par la bonté d’autrui
Pourquoi ne pas connaître la joie ?
INTERMÈDE - L’altruisme est-il de l’égoïsme caché ?
Dites que vous êtes égoïste, vous serez bien vu…
Une logique erronée et immunisée contre toute critique
SECONDE PARTIE - Les fondements de la bonté
CHAPITRE 7 - Nous ne descendons pas d’un grand singe tueur
Naissance, vie et mort de la théorie du grand singe tueur
Quand une interprétation chasse l’autre
L’homme préhistorique : ni brute ni agneau
La légèreté de Konrad Lorenz
Le chimpanzé : notre modèle ?
Les singes sont essentiellement pacifiques
Les singes altruistes, parfois jusqu’à en mourir
« C’est pas juste ! »
La leçon conjointe des chimpanzés et des bonobos
CHAPITRE 8 - Le « peuple féroce » imaginaire et les peuples pacifiques réels
La « preuve » anthropologique de la cruauté humaine
Des anthropologues surpris par la gentillesse des Yanomami
Faites l’amour, pas la guerre…
Passer de la violence extrême à la non-violence
Les peuples cannibales n’ont probablement jamais existé
Des cultures de paix sur toute la terre
Les caractéristiques des peuples pacifiques
La norme de partage chez les chasseurs-cueilleurs
Un exemple : les Semai de Malaisie
Les Iroquois, pionniers de la paix démocratique
Un idéal de non-violence généralisable
CHAPITRE 9 - L’empathie présente dès la naissance
Une étape scientifique majeure : la découverte de l’attachement
La sensibilité à autrui, présente dès les premières heures de l’existence
Les bébés altruistes
Trois grandes théories remises en cause
Quand les bébés s’efforcent de consoler
Découverte de soi et intérêt pour autrui vont de pair
Les bébés reconnus comme leaders sont les plus gentils
Comment développer l’altruisme de l’enfant
Comment la conscience morale se construit chez le tout-petit
Quatre attitudes parentales susceptibles de favoriser l’altruisme
Faut-il récompenser l’enfant qui vient de rendre service ?
CHAPITRE 10 - Notre cerveau est prédisposé à l’amour, la coopération et l’empathie
L’ocytocine, hormone de la tendresse
Les bienfaits de l’interaction
Notre cerveau est récompensé de notre bonté
Le cerveau empathique
Quand deux cerveaux entrent en résonance
La morale vient-elle de la raison ou des émotions ?
Quand la neurobiologie explore les dilemmes moraux
Raison et émotions agissent conjointement
CHAPITRE 11 - Nous sommes plus généreux que ce qu’on essaie de nous faire croire
Des affirmations sans preuves
La fausse tragédie des biens communaux
Le désir de justice plus fort que l’appât du gain
Altruisme et réciprocité
Quand la confiance en l’autre est récompensée
D’importantes différences culturelles
Résistons à la mainmise idéologique des économistes
Réhabiliter les valeurs humaines fondamentales
CONCLUSION - Un changement de paradigme porteur d’implications sociales et politiques
Jean Jaurès
Martin Luther King
Nelson Mandela
Annexes
1 - Pourquoi certains croient-ils si fort à la méchanceté humaine ?
Le premier verre déformant : les médias
Deuxième verre déformant : notre fonctionnement psychologique
Troisième verre déformant : la culture
Quatrième verre déformant : une longue imprégnation idéologique
Demain, l’optiréalisme ?
2 - La bonté humaine sur Internet
Notes et références bibliographiques
Remerciements
Du même auteur chez Odile Jacob
Introduction

« Avant, la seule chose qui me plaisait au lycée, c’était la bagarre. Maintenant, ce que j’aime le plus, c’est de rendre service aux autres… » La jeune fille passionnée qui vient de parler vit dans une banlieue qualifiée de « sensible ». La violence, elle connaît cela depuis bien longtemps. Ce qui a provoqué cette métamorphose en elle ? La médiation entre élèves, également appelée « médiation scolaire » par les pairs. Dans son collège, des enseignants formés à cette méthode ont proposé aux jeunes qui le souhaitaient de suivre une formation leur apprenant les fondements de la gestion non violente des conflits. Celles et ceux qui y participent découvrent des règles d’écoute et de communication ; des principes simples mais remarquablement efficaces pour permettre à chacun d’exprimer et de satisfaire ses besoins sans passer par la voie illusoire de la violence.
Brigitte Liatard et Babeth Diaz, qui ont mis au point cette méthode il y a une vingtaine d’années, sont intarissables lorsqu’il s’agit de raconter des histoires de médiation entre élèves. Elles sont toujours aussi admiratives de l’enthousiasme et de l’énergie que des élèves sont disposés à consacrer à des médiations. Et surtout du bonheur d’être utiles qu’ils en retirent. Aujourd’hui, des dizaines d’établissements scolaires bénéficient de telles initiatives 1 .
La phrase de cette jeune fille résume parfaitement les connaissances rassemblées dans ce livre. D’une part, bien évidemment, la violence et l’égoïsme existent, mais ils ne correspondent pas aux aspirations profondes de l’être humain et les satisfactions qu’ils peuvent éventuellement procurer ne sont que de fragiles faux-semblants, de trompeuses apparences. La neurobiologie nous apprend par exemple que notre cerveau contient des zones de la récompense et de la satisfaction qui sont activées lorsque nous sommes généreux, lorsque nous faisons preuve d’empathie ou encore lorsque nous coopérons avec d’autres personnes. Inversement, nous avons des zones cérébrales du dégoût qui sont activées lorsque nous sommes confrontés à une injustice. Ces travaux de recherche ne font que confirmer ce que nous ressentons intuitivement. La cruauté nous révolte et nous serions choqués d’apprendre que cela ne produit pas les mêmes réactions chez d’autres. Cela vient de ce qu’il y a au plus profond de nous quelque chose qui réagit positivement à la bonté humaine et qui s’indigne de la violence.
 
Lorsque j