La perception du changement (Henri Bergson)
88 pages
Français

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La perception du changement (Henri Bergson) , livre ebook

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Description

Conférences données à l'Université d'Oxford les 26 et 27 mai 1911 sur le thème de "La perception du changement".

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 16 juin 2023
Nombre de lectures 6
Langue Français

Extrait

Henri Bergson
La perception du Changement
Mawarid Publishing
La perception du changement ConfĨrences donnĨes à l'UniversitĨ d'Oxford les 26 et 27 mai 1911 Premiħre confĨrence Mes premières paroles seront des paroles de remerciement à l'Université d'Oxford pour le grand honneur qu'elle m'a fait en m'invitant à venir parler chez elle. Je me suis toujours représenté Oxford comme un des rares sanc-tuaires où se conservent, pieusement entretenues, transmises par chaque génération à Mawarid Publishing2
La perception du changement
la suivante, la chaleur et la lumière de la pensée
antique. Mais je sais aussi que cet attachement à
l'antiquité n'empêche pas votre Université d'être très moderne et très vivante. Plus particulièrement, en ce qui concerne la philosophie, je suis frappé de voir avec quelle
profondeur et quelle originalité on étudie ici les philosophes anciens (récemment encore, un de vos maîtres les plus éminents ne renouvelait-il
pas sur des points essentiels l'interprétation de la
théorie platonicienne des Idées ?), et comment, d'autre part, Oxford est à l'avant-garde du mouvement philosophique avec les deux
conceptions extrêmes de la nature de la vérité :
rationalisme intégral et pragmatisme. Cette alliance du présent et du passé est féconde dans Mawarid Publishing3
La perception du changement
tous les domaines : nulle part elle ne l'est plus qu'en philosophie. Certes, nous avons quelque
chose de nouveau à faire, et le moment est peut-
être venu de s'en rendre pleinement compte ; mais, pour être du nouveau, ce ne sera pas nécessairement du révolutionnaire. Étudions plutôt les anciens, imprégnons-nous de leur esprit, et tâchons de faire, dans la mesure de nos
forces, ce qu'ils feraient eux-mêmes s'ils vivaient
parmi nous. Initiés à notre science (je ne dis pas
seulement à notre mathématique et à notre physique, qui ne changeraient peut-être pas radicalement leur manière de penser, mais
surtout à notre biologie et à notre psychologie),
ils arriveraient à des résultats très différents de ceux qu'ils ont obtenus. C'est ce qui me frappe Mawarid Publishing4
La perception du changement
tout particulièrement pour le problème que j'ai entrepris de traiter devant vous, celui du changement. Je l'ai choisi, parce que je le tiens pour capital,
et parce que j'estime que, si l'on était convaincu
de la réalité du changement et si l'on faisait effort
pour le ressaisir, tout se simplifierait. Des difficultés philosophiques, qu'on juge insurmontables, tomberaient. Non seulement la
philosophie y gagnerait, mais notre vie de tous les
jours – je veux dire l'impression que les choses
font sur nous et la réaction de notre intelligence,
de notre sensibilité et de notre volonté sur les
choses – en seraient peut-être transformées et comme transfigurées. C'est que, d'ordinaire, nous Mawarid Publishing5
La perception du changement
regardons bien le changement, mais nous ne l'apercevons pas. Nous parlons du changement,
mais nous n'y pensons pas. Nous disons que le changement existe, que tout change, que le changement est la loi même des choses : oui,
nous le disons et nous le répétons ; mais ce ne sont là que des mots, et nous raisonnons et philosophons comme si le changement n'existait
pas. Pour penser le changement et pour le voir,
il y a tout un voile de préjugés à écarter, les uns artificiels, créés par la spéculation philosophique, les autres naturels au sens commun. Je crois que
nous finirons par nous mettre d'accord là-dessus,
et que nous constituerons alors une philosophie à laquelle tous collaboreront, sur laquelle tous pourront s'entendre. C'est pourquoi je voudrais Mawarid Publishing6
La perception du changement
fixer deux ou trois points sur lesquels l'entente
me paraît déjà faite ; elle s'étendra peu à peu au
reste. Notre première conférence portera donc
moins sur le changement lui-même que sur les caractères généraux d'une philosophie qui s'attacherait à l'intuition du changement.
Voici d'abord un point sur lequel tout le monde s'accordera. Si les sens et la conscience
avaient une portée illimitée, si, dans la double
direction de la matière et de l'esprit, la faculté de percevoir était indéfinie, on n'aurait pas besoin de concevoir, non plus que de raisonner. Concevoir est un pis aller quand il n'est pas donné de percevoir, et le raisonnement est fait pour combler les vides de la perception ou pour Mawarid Publishing7
La perception du changement
en étendre la portée. Je ne nie pas l'utilité des idées abstraites et générales, – pas plus que je ne
conteste la valeur des billets de banque. Mais de
même que le billet n'est qu'une promesse d'or, ainsi une conception ne vaut que par les perceptions éventuelles qu'elle représente. Il ne s'agit pas seulement, bien entendu, de la perception d'une chose, ou d'une qualité, ou d'un
état. On peut concevoir un ordre, une harmonie,
et plus généralement unevérité, qui devient alors
uneréalité. Je dis qu'on est d'accord sur ce point. Tout le monde a pu constater, en effet, que les conceptions le plus ingénieusement assemblées et les raisonnements le plus savamment échafaudés s'écroulent comme des châteaux de cartes le jour où un fait – un seul fait réellement Mawarid Publishing8
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