Philosophie pour  les penseurs de la vie ordinaire
136 pages
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Philosophie pour les penseurs de la vie ordinaire , livre ebook

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Description

Cet ouvrage cultive, le plus simplement possible, la propension philosophique qui est celle des penseurs et des penseuses de la vie ordinaire. La philosophie est partout. Nous la pratiquons tous et la mobilisons aussi souvent que nous réfléchissons sur un problème, petit ou grand. Nous recherchons tous le déterminant, le fondamental, le généralisable, la vérité. Mais, les choses de la division du travail intellectuel étant ce qu’elles sont, en notre petit monde social, on se retrouve ni plus ni moins que des sortes de Monsieur Jourdain de la pensée générale. On fait de la philosophie sans le savoir.


Il s’agit, dans cet ouvrage, de parler de tout cela, ouvertement. On aspire ainsi à promouvoir une rationalité méthodique, ordinaire, usuelle, pas trop compliquée, pas trop spécialisée, honnête, directe, sans trucage... et qui est déjà bien présente en nous. Observer philosophiquement le monde, c’est mobiliser un type particulier d’abstraction intermédiaire. Il ne faut pas rester trop concret mais il ne faut pas devenir trop général non plus. Il faut se tenir tout juste à bonne distance du réel qu’on entend appréhender. Juste assez haut pour produire des généralisations cohérentes et juste assez bas pour retourner au concret et solidement engager l’action que la pensée appelle et encadre. Abstraction intermédiaire. C’est là quelque chose qui se dose et qui se dégage, au fil des observations, des réflexions et des conversations qui nous définissent.


Faire de la philosophie en le sachant, c’est un peu l’air d’aller intellectuel de notre nouveau siècle. La pensée fondamentale est un grand exercice collectif, parfaitement ordinaire.

Sujets

Informations

Publié par
Nombre de lectures 8
EAN13 9782924550618
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0037€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Philosophie pour les penseurs de la vie ordinaire
Paul Laurendeau
Essai

© ÉLP éditeur, 2021 www.elpediteur.com ecrirelirepenser@gmail.com ISBN : 978-2-924550-61-8
Conception graphique : Allan E. Berger Image de la couverture d'après Francisco de Goya : El perro, circa 1820-1823
« La raison humaine qui, pourse former et s’exercer, demande des expériences et desréflexions multipliées et réitérées,ne peut être l’effet que de la Vie Sociale. En vivantavec les hommes, nous sommes à portée de cultiver notreesprit et notre cœur, d’apprendre à distinguer levrai du faux, l’utile du nuisible, l’ordre du désordre.L’homme isolé n’acquiert que très peud’idées; il est à tout moment exposé sansdéfense à mille dangers auxquels il ne peut sesoustraire. L’homme en société s’électrise;son activité se déploie, son esprit se remplit d’unefoule d’idées, son cœur apprend à sentir;la conversation l’enrichit des pensées et lui découvreles sentiments des autres; s’agit-il de repousser un danger oud’exécuter une entreprise ? il se trouve bientôtfortifié de l’industrie, de l’expérience,des secours de ses associés. Plus une sociétéest nombreuse, plus elle a d’activité, de lumières,d’industrie, de vices et de vertus, et plus l’homme ytrouve d’appuis. »

Paul-Henri Thiry, baron d’Holbach, Système social ou Principes naturels de la Morale et de laPolitique , 1773 (Fayard, 1994, p. 214).
INTRODUCTION GÉNÉRALE
Si toutes choses devenaient fumée, les narines les discerneraient. Héraclite

On a trop voulu que la philosophie soitune affaire de spécialistes. Cela l’a rendue suspecte dedeux façons. Suspecte premièrement, parce que lepenseur et la penseuse ordinaires se sont dit que la philosophie cen’était pas pour eux et ils ont graduellement abandonnél’idée qu’ils étaient, eux aussi, lesgénérateurs de grandes notions cruciales. Suspectedeuxièmement, parce que cette philosophie soi-disant pourspécialistes s’est avérée être cequ’elle est véritablement, au fond, une force subversiveet critique de grande portée qu’on préfèreenfermer soigneusement dans les académies plutôt que dela laisser enflammer et éclairer les masses de sa vision et desa lumière.
En réalité, la philosophieest partout. Nous la pratiquons tous et la mobilisons aussi souventque nous réfléchissons sur un problème, petit ougrand. Nous recherchons tous le déterminant, le fondamental,le généralisable, la vérité. Mais, leschoses de la division du travail intellectuel étant cequ’elles sont, en notre petit monde social, on se retrouve niplus ni moins que des sortes de Monsieur Jourdain de la penséegénérale : on fait de la philosophie sans lesavoir.
Mon objectif est ici de parler de toutcela, ouvertement. J’aspire ainsi à promouvoir unerationalité méthodique, ordinaire, usuelle, pas tropcompliquée, pas trop spécialisée, honnête,directe, sans trucage... et qui est déjà bien présenteen nous. Observer philosophiquement le monde, c’est mobiliserun type particulier d’abstraction intermédiaire. Il nefaut pas rester trop concret mais il ne faut pas devenir trop généralnon plus. Il faut se tenir tout juste à bonne distance du réelqu’on entend appréhender. Juste assez haut pour produiredes généralisations cohérentes et juste assezbas pour retourner au concret et solidement engager l’actionque la pensée appelle et encadre. Abstraction intermédiaire.C’est là quelque chose qui se dose et qui se dégage,au fil des observations, des réflexions et des conversationsqui nous définissent.
Le présent ouvrage cultive, leplus simplement possible, la forte propension philosophique qui estcelles des penseurs et des penseuses de la vie ordinaire. C’estaussi un ouvrage qui assume très explicitement des prises departi. La philosophie n’est jamais neutre. Je ne suis pas unpenseur désincarné, falot et blême. Je suis avecles philosophes modernes plus qu’avec les philosophes antiquesou médiévaux. Je suis avec les philosophesprogressistes plus qu’avec les philosophes réactionnaires.Je suis avec les philosophes matérialistes plus qu’avecles philosophes idéalistes. Je suis avec la Raison plusqu’avec la Mystique, avec la Maïeutique plus qu’avecla Didactique. Je ne suis que le modeste organisateur de courants depensée qui sont le lot commun de segments importants d'hommeset de femmes de la société contemporaine.
I - ONTOLOGIE
Alors, si la philosophie commencequelque part, elle commence avec l’analyse que nous faisons del’être, de ce qui est, de ce qui existe. L’ ontologie est la portion de la propension philosophique qui s’occupe de ce qui est .
Comme la philosophie porte sur lefondamental, l’essentiel, l’universel, le généralisable,il va s’avérer que l’ontologie s’occupe dece qui est fondamentalement , de quelque chose comme leprincipe de l’existence. Les prises de parti ontologiques sonttrès aiguës, en philosophie, tant chez les soi-disantmaîtres penseurs que chez vous et moi. Il se trouve despenseurs, savants ou vernaculaires, pour considérer enconscience que le monde n’existe pas objectivement, qu’ilest une idée dans notre esprit, une illusion, une sorte deparade onirique de notre conscience. Cette prise de parti, dont lemérite est moins ontologique que gnoséologique, ne serapas défendue ici.
Ici, nous adoptons la positionontologique voulant que ce qui est existe en dehors de notreconscience et indépendamment d’elle. Le penseurordinaire a donc le bon réflexe ontologique quand il regardedes deux côtés de la rue avant de traverser. En France,près des voies ferrées, dans certaines communes, il y aune affichette qui dit Un train peut en cacher un autre . Celapostule que le train existe objectivement et que le danger qu’ilreprésente est double. Il peut nous frapper lui-même oualors sa masse peut dissimuler à notre connaissance un secondtrain qui pourrait, lui aussi, nous frapper. Toute la prudence de cepetit aphorisme de sagesse ferroviaire repose sur la conception del’ontologie qui est véhiculée ici. Le mondeexiste malgré nous, hors de notre conscience, et le penseurtravaille à le découvrir adéquatement, lemanipuler, le dominer, l’appréhender… ou enesquiver des portions, si nécessaire.
Les trois chapitres de cette sectionrésument une ontologie matérialiste. Le principe estque l’organisation physico-culturelle et historique du mondematériel détermine la conscience collective qu’onen fait émerger et, conséquemment, le détail del’action qu’on effectue sur lui, en retour. Le problèmephilosophique récurrent sera alors celui de la relation entrel’abstrait et le concret, dans la stabilisation conceptuelle del’ontologie comme doctrine des faits objectifs. Le concret estsûr, mais les questions pratiques y priment sur les problèmesphilosophiques. L’abstrait a une qualité degénéralisation ainsi que toutes les apparencesséduisantes de la vérité, mais il peut pécherpar excès de vide formaliste, de généralitécreuse. Nous regardons attentivement ces problèmes, en rapportavec le cosmos (nature, histoire, environnement) et avec anthropos (l’ être humain, en explorant les atouts et avatars du critèreanthropologique dans la recherche de sa compréhensionadéquate).
De l’univers cosmique global à l’univers humainconcret
Posons donc le cadre généralde notre ontologie, notre doctrine de l’être . Enmatière de non-création de l’univers, je suisMATÉRIALISTE. Une riche et complexe masse matérielle enmouvement permanent engendre la vie organique inférieure, puisla vie organique supérieure, puis la vie pensante. L’universmatériel est donc incréé. Il ne commence nullepart et ne finit nulle part, juste comme la ligne du temps vers lepassé et le futur. L’infinité de l’universexige qu’il soit incréé, qu’il fluctue etse déploie, qu’il transitionne en permanence (ainsi,comme l’envisage sereinement le goéland-philosophe demon poème d’épilogue : l’univers estune virgule ). La création est un mythe del’irrationalité religieuse anthropomorphisante. Il fautfaire l’effort de rationalité de se libérer decette chimère myope. Les seuls univers parallèles queje connaisse sont ceux de la pensée abstraite. Je les esquinteici d’office non pas à cause de leur parallélismeavec l’univers effectif, mais à cause du fait navrantqu’ils ne le touchent soi-disant jamais et prétendent enêtre autonomes. Le seul univers parallèle qui se vailleest en fait perpendiculaire ! Mental et imaginaire, il coupe lenôtre, ne s’en sépare donc pas complètement,en émane et en fait donc, finalement, fondamentalement partie.
L’être humain apparaîtdans l’univers et disparaîtra. Mais il est dotéd’une aptitude particulière face à la réalitématérielle. Il peut la détourner, la distordre, ladistendre pour l’assimiler et la mettre à son serviceconcret et pratique. Cela commence quand nos lointains ancêtress’appro

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