Philosophies des sciences, Philosophies des techniques
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Description

« Gilbert Hottois s’attache ici à restituer une juste notion de la “technoscience”, à jeter un pont entre philosophies des sciences et philosophies des techniques, et à repenser l’anthropologie philosophique dans la perspective des responsabilités éthiques et cosmiques que nos technosciences nous confèrent. L’entreprise ne manque pas d’envergure ; elle est conduite avec solidité, modestie et sagesse. On ne peut qu’admirer le courage de celui qui regarde ainsi en face, et sans se payer de mots, les problèmes de son temps. »Anne Fagot-Largeault Gilbert Hottois est professeur à l’Université libre de Bruxelles. Il est membre de l’Académie royale des sciences, des lettres et des beaux-arts, ainsi que du Comité consultatif de bioéthique de Belgique, vice-président de l’Association des sociétés de philosophie de langue française (ASPLF) et membre du Comité d’orientation scientifique et stratégique du Collège de France (COSS). Il a notamment assuré la direction de l’ouvrage collectif la Nouvelle Encyclopédie de bioéthique et publié de nombreux ouvrages, dont une Histoire de la philosophie moderne et contemporaine, ainsi que Technoscience et sagesse ?, Entre symboles et technosciences, Essais de philosophie bioéthique et biopolitique, ainsi que Species technica.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 20 octobre 2004
Nombre de lectures 12
EAN13 9782738138842
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,1000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Cet ouvrage s’inscrit dans le cadre de la collection du Collège de France chez Odile Jacob
© O DILE J ACOB , OCTOBRE 2004
15, RUE S OUFFLOT , 75005 P ARIS
www.odilejacob.fr
ISBN : 978-2-7381-3884-2
Le code de la propriété intellectuelle n'autorisant, aux termes de l'article L. 122-5 et 3 a, d'une part, que les « copies ou reproductions strictement réservées à l'usage du copiste et non destinées à une utilisation collective » et, d'autre part, que les analyses et les courtes citations dans un but d'exemple et d'illustration, « toute représentation ou réproduction intégrale ou partielle faite sans le consentement de l'auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause est illicite » (art. L. 122-4). Cette représentation ou reproduction donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L. 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
Ce document numérique a été réalisé par Nord Compo .
Préface

Gilbert Hottois fut formé aux humanités gréco-latines avant de se tourner vers la philosophie et de soutenir une thèse de doctorat sur L’Inflation du langage dans la philosophie contemporaine (publiée en 1979). Lecteur attentif des philosophes continentaux comme des philosophes du monde anglophone, il a publié une précieuse Histoire de la philosophie moderne et contemporaine , qui fait le point des attitudes philosophiques de la Renaissance à la Postmodernité (Bruxelles, 1997 ; 3 e éd. 2001). Il est aussi le principal coordinateur de l’ouvrage de référence sur Les Mots de la bioéthique , devenu dans une réédition enrichie la Nouvelle Encyclopédie de bioéthique (Bruxelles, 2001). Son engagement dans une réflexion sur les conséquences anthropologiques de notre civilisation technoscientifique s’est traduit par une participation active et lucide aux travaux du Comité consultatif de bioéthique de Belgique (depuis 1995), et à ceux du Groupe européen d’éthique des sciences et des nouvelles technologies auprès de la Commission européenne. Il contribue aussi à faire vivre la pensée philosophique francophone à travers les collections qu’il dirige, chez De Boeck (Bruxelles) et Vrin (Paris).
L’ouvrage le plus troublant de Gilbert Hottois est un roman de science-fiction intitulé Species Technica (Paris, Vrin, 2002) ; son ouvrage le plus serein est sans doute l’opuscule Technoscience et sagesse ? (Nantes, Pleins Feux, 2002). Le contraste entre ces deux textes suggère la coexistence chez leur auteur d’une conscience aiguë des incertitudes que nos inventions biotechnologiques font peser sur l’avenir de l’humanité, et d’une volonté réfléchie d’assumer philosophiquement les exigences de notre temps où la dynamique d’un processus technoscientifique d’intégration planétaire coexiste avec une mosaïque de cultures et de traditions disparates. Le fil directeur de la pensée de Hottois est inscrit dans le titre du livre où il retrace son parcours philosophique : Entre symboles et technosciences (Seyssel, Champ Vallon, 1996). L’être humain est doué d’une double faculté de se transcender : par des représentations symboliques (poésie, mythes, textes religieux), au travers desquelles la condition humaine est verbalisée, et prend un sens, sans être modifiée ; et par des techniques opératoires (agricoles, médicales, chirurgicales), qui peuvent remodeler profondément la condition humaine sans produire de signification lisible. Notre époque entraînée par l’essor de la RDTS (recherche et développement technoscientifique) a vu se développer une opérativité humaine sans précédent, dans le domaine des biotechnologies, des nanotechnologies, de l’informatique, etc., et cette opérativité effective a souvent débordé ou déconcerté les représentations culturelles héritées du passé par lesquelles on essayait de la contenir ou de la réguler. Le problème de l’« accompagnement symbolique des technosciences » est au cœur de la civilisation technoscientifique qui se cherche aujourd’hui. La tâche du philosophe, telle que présentée dans les Essais de philosophie bioéthique et biopolitique (Paris, Vrin, 1999), est de contribuer à cet accompagnement en exerçant sa capacité de transcendance d’une façon constructive et « inventive d’évolution », et en apprenant à articuler le besoin de symbolisation et le rapport opératoire au monde.
Le présent ouvrage part d’un constat : tandis que sciences et techniques sont aujourd’hui indissociables, philosophies des sciences et philosophies des techniques s’ignorent mutuellement. Les philosophes des sciences font mine de croire que la science « pure », théorique et contemplative, vise à nous donner une « représentation du monde » ; ils scrutent ce que la science dit , c’est-à-dire les énoncés contenus dans ses publications, en discutant savamment des critères auxquels on reconnaît que ce qui est dit correspond à ce qui est (problème du réalisme ). En ce sens, les philosophies des sciences du XX e  siècle ont été des philosophies du langage des sciences ; elles ont failli à la tâche de penser la capacité des sciences à transformer le monde. Les philosophes des techniques, qui ont souvent une formation d’ingénieur, s’intéressent de leur côté à des objets produits par l’activité humaine (lasers, moteurs à réaction, téléphones mobiles), à un niveau de réalité où homo faber prend le pas sur homo loquax  : les ordinateurs, les vaccins, les semences de plantes génétiquement modifiées pour résister à la sécheresse, se jugent à leurs performances, indépendamment de tout commentaire verbal ou idéologique. Or ces êtres techniques sont aujourd’hui truffés de science, leur développement n’est pas séparable de la recherche fondamentale, et l’on eût pu attendre de la philosophie des techniques qu’elle mène à propos de la recherche technoscientifique le débat que la philosophie des sciences occultait : la puissance scientifique n’est plus seulement un facteur du développement économique et du prestige politique des nations, elle ouvre à notre espèce un univers de possibles et la liberté d’une « création continuée », y compris d’une autocréation (anthropotechnique) – et que voulons-nous faire de cette liberté ? Nous pouvons avoir des champs de riz génétiquement modifié, des animaux de compagnie génétiquement modifiés, des êtres humains transgéniques – nous engagerons-nous sur ces voies, et si oui, avec quelles précautions ? Malheureusement, à de rares exceptions près (comme celle de Gilbert Simondon), la philosophie des techniques happée par la dérive postmoderne s’est trop souvent résorbée dans une rhétorique idéologique, stigmatisant la « technoscience capitaliste », ou réduisant les créations technologiques à des artefacts sociaux. Gilbert Hottois s’attache ici à restituer une juste notion de la « technoscience », à jeter un pont entre philosophies des sciences et philosophies des techniques, et à repenser l’anthropologie philosophique dans la perspective des responsabilités éthiques et cosmiques que nos technosciences nous confèrent. L’entreprise ne manque pas d’envergure ; elle est conduite avec solidité, modestie et sagesse. On ne peut qu’admirer le courage de celui qui regarde ainsi en face, et sans se payer de mots, les problèmes de son temps.
Anne F AGOT- L ARGEAULT Professeur au Collège de France. Chaire de philosophie des sciences biologiques et médicales. Membre de l’Institut (Académie des sciences) 5 septembre 2004
Remerciements

Ces leçons ont été données au Collège de France en janvier et février 2003 sous le titre « Techniques-Sciences-Technosciences. Comment articuler les philosophies des sciences aux philosophies des techniques ? ». Je les reproduis ici sans aucune modification de contenu, mais enrichies d’un nombre considérable de notes et de références.
Je remercie vivement Madame le Professeur Anne Fagot-Largeault qui fut à l’origine de l’invitation du Collège.
Je remercie également le professeur Paul Gochet pour sa lecture attentive de la première leçon consacrée à la philosophie du langage des sciences.
Juillet 2003
Préambule

À l’occasion de ces leçons, j’ai l’intention d’examiner des questions que je garde dans un coin de mon esprit depuis quelques années. Il s’agit des rapports entre philosophie des sciences et philosophie des techniques.
La philosophie des sciences s’intéresse-t-elle à la technique et à la philosophie de la technique ? Et si non, quelles sont les raisons de cette indifférence et que recouvre, dès lors, la notion de science contemporaine pour la philosophie des sciences ?
Mon hypothèse est que le courant dominant de la philosophie des sciences a relevé de la philosophie du langage. Cette assimilation postule une conception de la science comme étant une activité essentiellement langagière et théorétique, aveugle à la technique.
Inversement, la philosophie des techniques s’intéresse-t-elle aux sciences et à la philosophie des sciences ?
Mon hypothèse est que l’essentiel de la philosophie de la technique s’est développé dans l’indifférence ou l’ignorance des philosophies des sciences. En outre, l’absence de communication entre les philosophies des sciences et les philosophies des techniques n’a été que rarement thématisée et analysée par les philosophes.
J’ai pris ces questions et hypothèses comme fil de conduite de ces leçons, tout en gardant à l’esprit une notion que j’utilise depuis longtemps : la notion de technoscience , qui me paraît appropriée pour désigner la science contemporaine. Elle postule que la science et la technique ne s’ignorent pas, qu’elles s’articulent, au contraire, très étroitement. J’ai donc essayé aussi de donner corps à une autre question : qu’en est-il de cette notion de technoscience dans la philosophie des sciences et des techniques ? Comment a-t-elle été reçue, comment a-t-elle évolué ?
Les leçons suivent un plan dont voici les articulations majeures :

Leçon 1 : La philosophie des sciences comme philosophie du langage
Après une mise en évidence des enjeux philosophiques de la philosophy of science , je montre que la science s’y trouve problém

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