Sale temps pour les émotifs

Jean-François Beauchemin

Description

Qu’ont en commun Barack Obama, Céline Dion, Albert Einstein et Antoine de Saint-Exupéry? Ils ont tous inspiré à Jean-François Beauchemin une courte histoire parmi la centaine qui compose ce recueil à la fois fantaisiste et introspectif. Neuf dessins de l’auteur parsèment le livre.
«Beaucoup de gens personnifiés dans ce livre sont le pur produit de l’imagination. Un certain nombre en revanche sont réels ou l’ont été, et se sont inscrits par leurs faits et gestes dans le grand livre de la Postérité. Le cas échéant, je me suis accordé la liberté de leur imaginer des pensées, des intentions et même des actions, de contrarier un tant soit peu leur progression vers la notoriété, de leur inventer en somme un destin. On comprendra bien sûr que ce réaménagement des êtres et des événements n’a aucunement pour objectif d’amoindrir des réputations et des existences souvent fabuleuses. Son unique raison d’être est d’alimenter l’esprit ludique où nous entraîne toujours un peu le vaste mensonge formidable de la littérature. »
Dans ce livre que traverse une si volontaire intériorité, toute tentation de pesanteur est détournée soit par l’humour, soit par une poésie libérée de l’étroit pragmatisme des faits, des actions et des caractères, ancrée dans une représentation fonctionnelle du rêve. À bien y songer, et à part pour un court intervalle, c’est tout à fait ce que je me suis efforcé de faire depuis mes débuts dans ce beau métier d’écrivain.

Sujets

• architectural history
• Architecture

Informations

• Publié par: Québec Amérique
• Date de parution: 09 août 2019
• Nombre de lectures: 0
• EAN13: 9782764438619
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 4 Mo

Extrait

Du même auteur
Archives de la joie , roman, Québec Amérique, coll. Littérature d’Amérique, 2018.
J’attends Joséphine , roman, Leméac, 2017.
Le projet Éternité , roman, Leméac, 2016.
Objets trouvés dans la mémoire , calepins, Leméac, 2015.
Une enfance mal fermée , calepins, Leméac, 2015.
Quelques pas dans l’éternité , calepins, Québec Amérique, 2013.
Fardeaux de mésanges , poésie, L’Hexagone, 2013.
Le Hasard et la volonté , roman, Québec Amérique, coll. Littérature d’Amérique, 2012.
Le temps qui m’est donné , roman, Québec Amérique, coll. Littérature d’Amérique, 2010.
Cette année s’envole ma jeunesse , récit, Québec Amérique, coll. Littérature d’Amérique, 2009.
• Finaliste Prix du gouverneur général 2009
• Finaliste Prix Ringuet 2010
Ceci est mon corps , roman, Québec Amérique, coll. Littérature d’Amérique, 2008.
• Finaliste Prix du gouverneur général 2008
• Mention d’excellence de la Société des écrivains francophones d’Amérique
Quand les pierres se mirent à rêver , poésie, Le Noroît, 2007.
Voici nos pas sur la terre , poésie, Le Noroît, 2006.
La Fabrication de l’aube , récit, Québec Amérique, coll. Littérature d’Amérique, 2006. Nouvelle édition, coll. Nomades, 2016.
• Prix des libraires du Québec 2007
Turkana Boy , roman, Québec Amérique, coll. Littérature d’Amérique, 2004.
Le Jour des corneilles , roman, Les Allusifs, 2004. Nouvelle édition, Québec Amérique, coll. QA compact, 2013.
• Prix France-Québec / Jean Hamelin 2005
• Prix du livre francophone de l’année 2005, Issy-les-Moulineaux, France
• Finaliste Prix des Cinq continents 2005
Le Petit Pont de la Louve , roman, Québec Amérique, coll. Littérature d’Amérique, 2002.
Mon père est une chaise , roman jeunesse, Québec Amérique, coll. Titan, 2001.
Les Choses terrestres , roman, Québec Amérique, coll. Littérature d’Amérique, 2001. Nouvelle édition, coll. Nomades, 2017.
Garage Molinari , roman, Québec Amérique, coll. Littérature d’Amérique, 1999. Nouvelle édition, coll. Nomades, 2017.
• Finaliste Prix France-Québec 1999
Comme enfant je suis cuit , roman, Québec Amérique, coll. Littérature d’Amérique, 1998. Nouvelle édition, coll. Nomades, 2017.



Projet dirigé par Danielle Laurin, éditrice

Conception graphique et mise en pages : Nathalie Caron
Révision linguistique : Sylvie Martin
En couverture : Marianne Chevalier
Illustrations intérieures : Jean-François Beauchemin
Conversion en ePub : Claudia Colli

Québec Amérique
7240, rue Saint-Hubert
Montréal (Québec) Canada H2R 2N1
Téléphone : 514 499-3000, télécopieur : 514 499-3010

Nous reconnaissons l’aide financière du gouvernement du Canada.
Nous remercions le Conseil des arts du Canada de son soutien. We acknowledge the support of the Canada Council for the Arts.
Nous tenons également à remercier la SODEC pour son appui financier. Gouvernement du Québec – Programme de crédit d’impôt pour l’édition de livres – Gestion SODEC.



Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives nationales du Québec et Bibliothèque et Archives Canada

Titre : Sale temps pour les émotifs / Jean-François Beauchemin.
Noms : Beauchemin, Jean-François, auteur.
Collections : Titan jeunesse.
Description : Mention de collection : Titan
Identifiants : Canadiana 20190019247 | ISBN 9782764438596
Classification : LCC PS8553.E17176 S25 2019 | CDD jC843/.54—dc23
ISBN 978-2-7644-3860-2 (PDF)
ISBN 978-2-7644-3861-9 (ePub)

Dépôt légal, Bibliothèque et Archives nationales du Québec, 2019
Dépôt légal, Bibliothèque et Archives du Canada, 2019

Tous droits de traduction, de reproduction et d’adaptation réservés

© Éditions Québec Amérique inc., 2019.
quebec-amerique.com



AVERTISSEMENT
Beaucoup de gens personnifiés dans ce livre sont le pur produit de l’imagination. Un certain nombre en revanche sont réels ou l’ont été, et se sont inscrits par leurs faits et gestes dans le grand livre de la Postérité. Le cas échéant, je me suis accordé la liberté de leur imaginer des pensées, des intentions et même des actions, de contrarier un tant soit peu leur progression vers la notoriété, de leur inventer en somme un destin. On comprendra bien sûr que ce ré aménagement des êtres et des événements n’a aucunement pour objectif d’amoindrir des réputations et des existences souvent fabuleuses. Son unique raison d’être est d’alimenter l’esprit ludique où nous entraîne toujours un peu le vaste mensonge formidable de la littérature.
J.-F. B.



L’approche de l’absolu se signale par le rire.
Michel Tournier Le vent Paraclet


PASSAGES


BEAUTÉ PERDUE
Cette année-là, Florence Madeleine « Madge » Syers termina deuxième. L’Union internationale de patinage (UIP) ne vit pas d’un très bon œil cette victoire. Aussi ses dirigeants déconseillèrent-ils vivement aux femmes de participer à l’avenir aux compétitions de patinage artistique, sous prétexte que les longues robes empêchaient les juges de bien voir les pieds des patineuses. Madge s’inscrivit néanmoins de nouveau l’année suivante. Elle enfila juste avant de sauter sur la glace une jupe à mi-mollet et décrocha encore une fois la deuxième place, ce qui là aussi en contraria plus d’un. Elle s’entraîna ensuite en vue des Jeux olympiques de 1908, au cours desquels, à l’âge de vingt-sept ans, elle remporta finalement l’or, au grand déplaisir de plusieurs. Sa santé plus tard lui causa beaucoup d’ennuis, dont le dernier auquel elle ne survécut pas. Le 9 septembre 1917 à Weybridge, dans le comté de Surrey (Angleterre), mourut ainsi la première championne du monde de patinage artistique. Soixante-douze ans plus tard eut lieu, au Québec, une tuerie antiféministe qui entraîna dans la mort quatorze jeunes femmes. C’était un soir de décembre vers les cinq heures, on voyait par la fenêtre au moment du drame le ciel s’ouvrir, et les étoiles par milliers tomber à la renverse sur la neige. Sur ces entrefaites, le fantôme diaphane de Madge Syers apparut dans la classe d’ingénierie mécanique à présent désertée par le tueur fou et où venaient de tomber les premières victimes. Madge se pencha sur elles, caressa ces visages, interrogea douloureusement ces regards étonnés, encore si mystérieusement tournés vers la vie. Un silence extraordinaire régnait tout autour, qui n’était pas exactement le silence de la mort, mais celui des pas qui s’étaient arrêtés devant elle. Au bout d’un moment Madge se releva doucement et, l’âme meurtrie, refit en sens inverse le chemin menant vers le monde sans forme, sans substance et sans dimensions d’où elle était venue. Là-bas, dans ce monde indéterminable, elle vit arriver quelque temps après les quatorze étudiantes. « Où étiez-vous ? » leur demanda-t-elle. « Nous sommes allées très loin, répondit la plus jeune, jusque dans le fond de la vie, contempler une dernière fois la beauté tragique du monde. »


ORIGINE D’UNE CHANSON
Le matin du 16 décembre de l’année 714 après Jésus-Christ, le bon souverain Pépin le Jeune, à l’agonie depuis quatre jours, congédie ses médecins et fait appeler à son chevet son épouse Plectrude. « La moutarde, le silphium et la sauge n’agissent plus, lui souffle-t-il d’une voix horriblement affaiblie par la maladie, et j’aurai sans doute quitté ce monde avant l’heure du soir. Je sais que les Thuringiens et les Alamans préparent leur rébellion, que les Saxons et les Frisons marchent sur Metz, que la révolte gronde en Aquitaine. Les royaumes francs n’attendent que ma mort pour mettre à exécution leurs menaces d’émeutes et pour embraser le pays. Mais tout cela ne me concerne déjà plus. Je ne veux me souvenir que du don pour la musique que, dans sa bonté parfaite, notre Seigneur Dieu m’a accordé, et des mélodies que j’ai conçues en tapant avec la mailloche sur les cordes de mon tympanon. Ah, la vie politique était bien pâle à côté de cette existence passée à parcourir la Neustrie, la Bavière, la Bourgogne et tant d’autres royaumes, à chanter mes poèmes pour les foules rassemblées sur les places publiques ! » Puis, à bout de forces, il se tait et entre en lui-même. Plectrude verse quelques larmes, réarrange la couverture à losanges, pose pudiquement sa main sur celle du mourant,