La Ci-Devant République française observée...
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Description

La République née dans la tourmente et l'absolu révolutionnaires se désagrège aujourd'hui dans l'indifférence générale. Ce n'est pas une surprise et ce n'est pas une exception. C'est le destin de toute institution vivante qui naît, prospère et disparaît. Mais chacune a sa propre histoire et chacune crée les conditions qui la perdent. Pendant cette tourmente et durant les deux siècles qui ont suivi, les décisions de Paris ont été appliquées par des élus représentants du peuple et choisis par la République. Ils ont servi avec dévouement l'État et ont été bons républicains. La société paysanne ne leur en demandait pas plus, du moment qu'ils ne se mêlaient pas de ses affaires qui étaient depuis des lustres réglées par le recteur et le notaire... C'est la troublante histoire de la République française – notamment appliquée à la terre bretonne – dont il est ici question. D'archives en témoignages directs, de faits en commentaires sans langue de bois, l'auteur dresse un bilan peu flatteur des mutations politiques de la France. De la Révolution – bonne affaire pour les riches bourgeois – au grand désordre contemporain, sa chronique interpelle et démontre bel et bien que « la magie républicaine est dépassée ».

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 06 mai 2016
Nombre de lectures 0
EAN13 9782342052930
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0056€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

La Ci-Devant République française observée...
Claude Devallan
Publibook

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.


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Bâtiment A, 1er étage
93200 Saint-Denis
Tél. : +33 (0)1 84 74 10 24
La Ci-Devant République française observée...
 
 
Retrouvez l’auteur sur son site Internet : http://claude-devallan.publibook.com
 
 
 
 
Introduction
 
 
 
La République née dans la tourmente et l’absolu révolutionnaires se désagrège aujourd’hui dans l’indifférence générale. Ce n’est pas une surprise et ce n’est pas une exception. C’est le destin de toute institution vivante qui naît, prospère et disparaît. Mais chacune a sa propre histoire et chacune crée les conditions qui la perdent.
Pendant cette tourmente et durant les deux siècles qui ont suivi, les décisions de Paris ont été appliquées par des élus représentants du peuple et choisis par la République. Ils ont servi avec dévouement l’État et ont été bons républicains. La société paysanne ne leur en demandait pas plus, du moment qu’ils ne se mêlaient pas de ses affaires qui étaient depuis des lustres réglées par le recteur et le notaire.
C’est cette histoire de la République française appliquée à mon coin de terre bretonne dont il est question. Les faits rapportés proviennent des archives, de témoins directs, ou concernent des faits que j’ai vécus. Je les raconte au fur et à mesure de leur découverte et j’y ajoute mes sentiments quand ils me font hurler, ou quand, simplement, ils m’interpellent.
Je ne démontre pas, je constate. Mes observations ne sont pas dictées par les experts qui vendent leur compétence, ou par les fortunes qui, par le canal des institutions, formatent les cerveaux. Elles sont les miennes. Elles sont le résultat de mon expérience qui préfère la franchise et la simplicité au mensonge et à la suffisance.
 
 
 
1. Le temps des Lumières
 
 
 
Les bourgeois
Les futurs privilégiés de la République sont issus du siècle des Lumières qui foisonne d’idées novatrices. C’est l’époque de Montgolfier qui s’envole dans les airs. C’est le voyageur Young qui découvre, dans un atelier situé sur une île de la Loire, des machines à vapeur pas plus grandes chacune qu’une théière anglaise, qui actionnent des outils à percer des canons. C’est le paratonnerre de Franklin. C’est l’ Encyclopédie de Diderot. C’est la culture française adoptée par ses ennemis vainqueurs de ses armées.
Ils ne sont pas des prolétaires ou des crève-la-faim, ni des laboureurs. Ils sont nés sous l’Ancien Régime dans des familles bourgeoises. Ils ont l’argent et fréquentent la noblesse, protectrice des arts et des lettres et qui les réunit dans ses salons pour échanger autour des idées en vogue. Ils s’intègrent avec aisance dans la culture triomphante qui envahit l’Europe. Mais ils n’ont pas l’élégance de l’aristocrate qui manie les choses de l’esprit avec l’insouciance qu’apporte la fortune, ni le prestige du châtelain qui se montre et reçoit dans son beau château entouré de domaines et de champs.
Ils souhaiteraient sortir de leur condition qui les exclut des familles des aristocrates et de celles de la noblesse française dont l’authenticité repose sur la possession de demeures anciennes et de terres d’héritage.
La terre qui fait la noblesse du gentilhomme breton et consolide celle du Français de l’ordre reste dans la même famille d’une génération à l’autre et n’est pas encore une marchandise vendue librement sur le marché. L’acquisition d’une belle demeure au milieu des champs et des bois reste pour les bourgeois un rêve inaccessible dans les faits.
Les bourgeois se placent dans la nébuleuse du tiers état qui est un fourre-tout où l’on trouve aussi les paysans et le laboureur de Basse-Bretagne propriétaire de la terre qu’il travaille dans la tenue à domaine congéable. C’est un héritage, dit-on, des premiers Bretons qui colonisèrent l’Armorique abandonnée par l’Empire romain finissant.
Et la terre, pour le laboureur de Basse-Bretagne, comme pour le noble, est sacrée. Elle se transmet de père en fils. Elle est son histoire qui cache dans le bocage des contes merveilleux. Chaque parcelle est reconnue par son nom. Elle est respectée et travaillée selon des méthodes rodées par l’expérience des siècles. Elle le rend libre et il affiche sa fierté en rejetant toute soumission à une hiérarchie. Il vit dans la société paysanne, une culture qui donne un sens à la vie et qui unit la collectivité villageoise.
Les bourgeois sont étrangers à ces sociétés pauvres d’argent. Ils vivent la culture française qui domine le siècle et qui méprise les « patois ». Avec les penseurs des Lumières, ils veulent changer tout ça et placer ces laboureurs dans la modernité en les soulageant d’un « héritage » d’un autre âge.
Ils aspirent à devenir propriétaires terriens. S’approprier les champs du laboureur enfermé dans sa paroisse, pour les ouvrir au monde citadin, est une idée qui suit son chemin. Ils pourraient déclarer, par exemple, d’un autre temps le domaine congéable. Leur espoir est peut-être là. Le tiers état va servir. Il sera leur cheval de Troie.
Pour le moment, ils se contentent d’un nom de lieu qui s’ajoute au patronyme ordinaire des origines. Et du titre de sieur. La Révolution va changer les choses.
« La Vertu Triomphante » à l’Orient de Saint-Brieuc
En attendant, ils fréquentent les loges maçonniques. Au XVIII e  siècle, la franc-maçonnerie a le vent en poupe. L’aristocratie royale, les princes, les ducs, non seulement la fréquentent mais ils la dirigent. La loge réunit le meilleur des trois ordres, du clergé, de la noblesse et du tiers état. Elle est le lieu où se partage l’euphorie d’une égalité éphémère, le temps d’une tenue, et où s’échangent librement les idées le temps d’une agape.
La franc-maçonnerie et le royaume de France fondent leur existence sur la croyance en Dieu. Son principe est sacré. L’ordre maçonnique et le roi sont les gardiens de la tradition héritée du Nouveau Testament. Les deux pensent aussi que le progrès est nécessaire. Pour les francs-maçons, il améliore la connaissance de l’homme dans sa recherche. Pour le roi, il est nécessaire pour faire avancer l’État dans la modernité et assurer la continuité du royaume.
À Saint-Brieuc, la première loge « La Vertu Triomphante » ouvre son temple en 1765 en faveur du chevalier Palasne de Champeaux et à l’initiative du duc d’Aiguillon, proche du roi, gouverneur de Bretagne, grand dignitaire de la maçonnerie à Paris, protecteur de celle de Bretagne et vainqueur de la bataille de Saint-Cast contre les Anglais. Elle rassemble régulièrement les gens qui comptent dans la société briochine. Nobles, curés, militaires fraternisent avec avocats, sénéchaux, riches propriétaires, négociants et autres bourgeois dont le maire de Saint-Brieuc, Poulain de Corbion.
Les frères refont le monde pourvu qu’il soit à leur avantage. Ceux titulaires d’une charge administrative, par exemple de sénéchal ou de procureur fiscal, tiennent à leur sinécure et craignent les réformes qui changeraient leurs habitudes. Quand Versailles propose de les dépoussiérer et de les mettre au goût du jour, ils hurlent avec les loups qui encombrent le siècle des Lumières qui brillent de contradictions et de nouveautés.
Les chambres de lecture à Saint-Brieuc : deux modes de pensée opposés
Les frères sont curieux de toute chose et ne manquent pas d’idées, mais ils ne peuvent pas les étaler sur la place publique, car ce qui se dit en loge ne doit pas en sortir.
Pour échapper à cet enfermement, des frères abbés et les frères Saulnier, de « La Vertu Triomphante », installent à Saint-Brieuc une chambre de lecture dite des « chanoines ». Elle accueille les chercheurs ouverts aux innovations, et plus simplement les curieux de l’actualité, des techniques et des sciences. La sélection est sévère. Les candidats sont admis après un vote à l’unanimité. C’est le moyen, selon ses fondateurs, « le plus sûr d’en fermer la porte à la cabale et à l’intrigue ». Elle dispose d’une bibliothèque de plus de mille volumes. Elle reçoit les pamphlets et les journaux d’information et d’opinion. Les échevins affichent leurs avis.
Son succès inquiète Poulain de Corbion et ses amis. Ils prennent de plus en plus de distance avec les frères chanoines. Leurs différences grandissent et les opposent souvent. Les partisans du maire, qui prétendent représenter le peuple et parler en son nom, installent une chambre concurrente ouverte au plus grand nombre moyennant une cotisation « modeste ». Les abbés reprochent au frère maire d’héberger gratuitement sa chambre de lecture dans les locaux de la mairie. Ce qui explique, disent-ils, la « modestie » de la cotisation qui se fait aux dépens des citoyens pauvres qui paient les droits d’octroi prélevés pour l’entretien des bâtiments de l’hôtel de ville.
La nouvelle chambre est aussi un succès. Elle réunit une centaine d’adhérents, alors que celle des chanoines limite le nombre à vingt « particuliers qui ne sont pas portés par le zèle patriotique » aux dires de Poulain de Corbion qui se vante de représenter les « citoyens épris d’amour du bien public et de l’État ».
Les chambres propagent deux courants de pensées opposés. La chambre des chanoines continue la tradition qui repose sur la coutume. Elle est le résultat d’habitudes d’agir confrontées en permanence aux réalités et aux circonstances. Elle est d’abord l’accord entre deux personnes et suppose le consentement de chacune sur ses droits et ses devoirs réciproques, ajustés au fil du temps et qui participent de sa fonction égalitaire. Les droits et devoirs s’appliquent aussi

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