Le Baobab des chacals
418 pages
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Le Baobab des chacals , livre ebook

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Description

Elisabeth et Sophie sont deux femmes hors du commun, de véritables fées, à la beauté incomparable, à la douceur et à l'intelligence remarquables. C'est donc fort logiquement que le lien qui les unit s'avère lui aussi hors du commun. Une passion sans limite lie ces deux amies d'enfance, qui aurait pu se transformer en une amour parfaite si le destin n'était pas venu tout contrarier ! Alors Elisabeth disparait et la vie de Sophie se trouve bouleversée.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 10 février 2012
Nombre de lectures 1
EAN13 9782748376081
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0120€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Le Baobab des chacals
Milena Vereb
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Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.


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Tél. : +33 (0)1 53 69 65 55
Le Baobab des chacals
 
 
 
à Pascale
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Phase I
 
 
 
I
 
 
 
J’étais plutôt inquiète de cette première rentrée au collège. On me l’avait si souvent présentée comme une étape difficile de ma vie. J’étais une bonne élève. Je ne m’en rappelle plus vraiment, mais j’ai gardé mes carnets de notes. J’étais constamment parmi les premiers. Pourtant, je me souviens de mon angoisse devant cette rentrée si particulière. J’étais une grande à présent. Cela me faisait très peur. Je n’en avais pas envie. J’avais surtout peur de me retrouver dans un monde inconnu et hostile, je m’y voyais seule, exilée.
 
Maman eut beau me rassurer, m’embrasser encore et encore, me répéter que je me comportais comme un bébé, rien n’y fit. Cette perspective me fit mal au ventre une bonne quinzaine de jours avant la rentrée. J’essayais de comprendre ma profonde angoisse. Je n’avais pas peur des professeurs, ils m’indifféraient, j’étais une bonne élève. Je n’avais pas peur des nouvelles difficultés, mes parents étaient indulgents, un échec n’eût été qu’une possibilité parmi d’autres. Pourtant, j’avais peur, très peur. Je me souviens de ma véritable terreur, mais j’ai oublié ses raisons, sa raison surtout.
 
Car d’après ma mère, il y avait une raison à mon angoisse, une seule. Tout le long du primaire, j’avais eu une amie, ma seule véritable amie. Elle était ma compagne, ma sœur. Nous jouions ensemble, nous faisions nos devoirs ensemble, nous allions en classe ensemble, nos parents étant très unis, nous passions le plus clair de notre temps libre ensemble. Nous nous disputions sans cesse, mais ce n’étaient que des chamailleries de sœurs qui s’adorent, cela n’allait jamais plus loin que de courtes bouderies. J’oubliais les bouderies pour ne conserver que la tendresse et la gentillesse de mon amie. Nous nous étions juré de ne jamais nous séparer. Malheureusement, la vie en décida tout autrement. Le père de mon amie dut partir pour l’Afrique australe et, bien sûr, il emmena sa femme et sa fille. Cela nous tomba du ciel sans avertissement. La séparation ne me parut pas trop dure, elle se passa en plein été que nos parents avaient décidé de passer sur la Côte d’Azur. Je dus très certainement envier mon amie, mais nous nous montrâmes insouciantes, nous jurant de nous rester fidèles jusqu’à la fin de nos vies. Serment d’enfants. La vie était devant nous, tout était possible.
 
Je ne sais plus comment je ressentis le départ de mon amie. Mes souvenirs passent soudain à cette rentrée traumatisante. D’après ma mère, il ne fait aucun doute que mon angoisse fut reliée à cette séparation. Elle doit mieux le savoir que moi-même, je n’ai jamais eu aucune raison de douter de sa perspicacité, envers moi tout au moins.
 
Il semble que je m’adaptai bien au collège. Mes carnets de notes me renvoient l’image d’une élève douée, apprenant facilement, sage mais rêveuse. J’étais une très bonne élève, je le suis resté jusqu’à la fin, jusqu’à ma licence en droit, mais je n’ai jamais aimé l’école. Je n’ai songé qu’à la fuir, qu’à m’en évader. J’ai gardé surtout le souvenir de mes rêveries, j’écoutais rarement les professeurs, sauf deux ou trois qui surent m’intéresser à leurs cours.

Dans l’ensemble, j’avais peu d’amis. Même si je savais être appréciée, surtout des filles, puis de plus en plus par les garçons. Je savais que j’étais belle, ma mère savait me rendre simplement élégante. Elle était très fière de moi, sa fille unique, j’étais un peu sa poupée, elle vivait ainsi à travers moi, elle savait si bien se mettre à ma place. Depuis ma plus tendre enfance, elle m’avait répété qu’elle m’aimait au naturel, que j’étais belle par moi-même, que je n’avais besoin d’aucun de ces artifices comme le maquillage, qu’une femme ne devait avoir d’autre critère qu’elle-même, qu’elle devait être une entité absolue, indépendante de la mode autant que faire se peut, femme par elle-même et non pas par quelque diktat de la mode stupide et masculine. Bien sûr, je ne comprenais pas toujours très bien tout ce qu’elle me disait, mais je ressentais avec force qu’elle ne pouvait qu’avoir raison. Je pense d’ailleurs que ce fut un peu à cause d’elle que je me souciais si peu d’avoir des amies exclusives. J’avais été blessée par la perte de ma sœur , maman l’avait très bien compris. Elle n’avait rien fait pour atténuer ma tristesse, au contraire, elle s’était faite ma complice, elle avait intégré ma tristesse à sa propre vie. Oui, elle est bien ta copine. Ah ! bien sûr, en comparaison d’Élisabeth, évidemment… Je l’adorais alors de si bien exprimer ce que je ressentais au plus profond de mon âme. Ma mère était ma confidente, je pouvais tout lui dire. Elle comprenait tout, elle ne disait jamais rien à personne, chérissant par-dessus tout ces petits secrets que sa fille lui confiait. J’ai le souvenir d’une mère douce et caressante, infailliblement aimante, bonne à la folie. Quelle fut donc ma surprise quand, devenue adulte, je compris que son entourage la considérait comme très indépendante, rebelle, nihiliste, le plus souvent très dure. Je fus blessée quand j’entendis traiter ma mère de mec, elle que je voyais si douce, si tendre, si bonne, si féminine surtout, plus féminine que n’importe quelle autre femme que je connaissais, l’essence même de la féminité, mais j’ai dû accepter cette vérité qu’elle était plutôt crainte pour sa langue acérée, impitoyable. Il y avait surtout quelque chose d’indéfinissable en elle, quelque chose d’inquiétant aussi, que je mis des années à cerner.
— C’est une sorcière, disait mon père.
— Pourquoi l’as-tu épousée alors ? demanda un jour mon frère.
— Parce que j’adore les sorcières. Ta grand-mère, ma mère, en était une aussi. Tu sembles étonné. Tu aurais préféré que je dise que j’ai épousé une fée. Si tu veux, alors c’est une fée. Mais, tu sais, une fée c’est une sorcière qui se maquille et arbore un grand sourire pour ne pas effrayer les hommes. Je suis un homme et j’aime les sorcières, pas les putes qui sont maquillées comme une voiture volée. Quand tu auras compris cela, mon fils, tu auras compris le monde.
— Moi, fis-je, je ne suis pas une sorcière. Je ne suis pas laide, maman non plus.
— Ma petite fée toute douce, les sorcières ne sont pas laides, jamais. Les hommes et les femmes ordinaires les voient laides, vos livres sont pleins de mensonges. N’écoutez pas tous ces imbéciles de l’école. Ils ne savent rien, ne comprennent rien, ils ont peur de la vie. Votre mère est une sorcière, si on était au temps des hommes sans peur et sans reproche, on l’aurait brûlée sur un bûcher. Si, elle est une sorcière, c’est pour cela qu’elle est si belle et si bonne.
— Pourquoi brûlait-on les sorcières ?
— Parce que, intervint ma mère qui avait tout entendu, elles ne voulaient pas être les esclaves des hommes, des curés. Le bûcher était le symbole de notre lutte, de notre dignité. Votre père a eu deux ancêtres brûlées comme sorcières, au dix-huitième siècle, ce n’est pas si loin. Il a voulu savoir pourquoi et me voilà. Moi aussi je suis une descendante de sorcières.
 
Mon frère et moi étions très impressionnés. J’ai longtemps hésité, mais finalement je fus submergée par le merveilleux de cette histoire familiale qui devint partie prenante de ma vie. Mon frère finit par s’en blaser, se montrant indifférent, histoires de femmes, auxquelles son père ne participait, du bout des lèvres, que pour plaire à sa femme. Mon frère aimait tendrement sa mère, même s’il ne la comprenait pas toujours. Pour lui, elle était une maîtresse femme, il se montrait plutôt fier d’elle, même s’il évitait de
parler d’elle devant les autres. Mon père était plus doux qu’elle, d’une certaine façon. Elle l’avait connu en faisant du stop. Il était chauffeur de poids lourd. Il la séduisit par son intelligence, sa liberté insolente, par sa gentillesse et sa bonne humeur, mais surtout par sa capacité d’écouter et de comprendre les autres. Au bout de trois heures, il la traita de sorcière, il lui raconta l’histoire de ses aïeules brûlées sur la place publique. Elle lui parla de sa conception de la vie, de son amour pour la féminité vraie et non corrompue par les forces masculines. Il l’écouta longuement, puis il conclut sur un : « Je ne vous comprends pas complètement, mais je sens que vous avez raison quelque part. Je n’ai jamais rien entendu de semblable, nulle part, vous êtes folle, c’est si reposant. » Maman disait que c’était la plus belle déclaration d’amour dont elle pût rêver. Elle l’aida à monter l’entreprise familiale de transports où elle joua un grand rôle avant de se retirer brusquement. Elle était en quelque sorte la patronne. Mon père, un peu anarchiste sur les bords lui aussi, adorant sa liberté, insouciant de tout sauf de sa famille, n’était pas inexistant, loin de là. Il était l’homme de la famille, nous le ressentions tous ainsi. Je me souviens du jour où il s’en prit physiquement à trois individus venus se quereller avec ma mère. Il laissa faire pendant un long moment, semblant absent, indifférent. Puis, soudain, il se leva, hurlant : « Ça suffit, merde ! » Les coups de poings et les coups de pieds partirent à la volée. Les trois hommes battirent en retraite, ils m’avaient pourtant semblé costauds.
— Roger, fit ma mère tranquillement, il faudrait savoir si on emploie tes méthodes ou les miennes. Nous venons de perdre trois employés.
— Qu’il

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