LES QUATRE CAVALIERS DE L   APOCALYPSE
368 pages
Français

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Description

VICENTE BLASCO-IBÁÑEZ LES QUATRE CAVALIERS DE L ' A P O C A L Y P S E 520$1 75$'8,7 '( / (63$*12/ 3$5 *25*(6 +e5(//( 1 Titre LES QUATRE CAVALIERS DE L ' A P O C A L Y P S E Auteur VICENTE BLASCO-IBÁÑEZ Graphic designer Ahmed Elkholy Editeur DAR ALKALAM ALARABI±KENITRA ±MAROC N190 MAGHREB ARABI alqalamdar@gmail.com www.facebook.com/daralqalam.alarabi.1 www.youtube.com/c/ήθϭΘϟίϮόϟΑήϠϴϨϠϤϘϠΎ Ωϳϊϟέ D.L 2022MO1355 ISBN 978-9920-595-36-0 2 «Dans mes premiers romans, j'ai subi de façon considérable l'influence de Zola et de l'école naturaliste, alors en plein triomphe. Mais seulement dans mes premiers romans. Ensuite, ma personnalité s'est peu à peu formée, telle quelle; et moi-même, dans ces vingt ans écoulés, je constate et compare la différence d'hier a aujourd'hui. Il ne faudrait pas croire que je me repente de cette influence, ou que je la renie. Tous, même les plus grands, ont connu, dans leur jeunesse, des maîtres, de l'exemple desquels ils se sont inspirés. C'a été le cas de Balzac, celui de Victor Hugo et de tant d'autres. Forcément, il fallait que je commençasse par imiter quelqu'un, comme tout le monde, et il me plaît que mon modèle ait été Zola, plutôt que tout autre modèle anodin. Zola, pour avoir voulu être chef d'école, a exagéré, cherchant souvent, de parti pris, à irriter le public par des caresses à rebrousse-poil.

Informations

Publié par
Date de parution 01 janvier 2022
Nombre de lectures 0
EAN13 9789920595360
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0500€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

VICENTE BLASCO-IBÁÑEZ LESQUATRE CAVALIERSDE L ' A P O C A L Y P S E ROMAN TRADUIT DE L'ESPAGNOL PARGORGES. HÉRELLE
1
Titre LESQUATRE CAVALIERS DE L ' A P O C A L Y P S E  Auteur VICENTE BLASCO-IBÁÑEZ  Graphic designer  Ahmed Elkholy  Editeur DAR ALKALAM ALARABIKENITRA MAROC  N190 MAGHREB ARABI  alqalamdar@gmail.com www.facebook.com/daralqalam.alarabi.1 www.youtube.com/c/ήشاوتلίلبήنمقديعالارD.L  2022MO1355  ISBN 978-9920-595-36-0 2
«Dans mes premiers romans, j'ai subi de façon considérable l'influence de Zola et de l'école naturaliste, alors en plein triomphe. Mais seulement dans mes premiers romans. Ensuite, ma personnalité s'est peu à peu formée, telle quelle; et moi-même, dans ces vingt ans écoulés, je constate et compare la différence d'hier a aujourd'hui. Il ne faudrait pas croire que je me repente de cette influence, ou que je la renie. Tous, même les plus grands, ont connu, dans leur jeunesse, des maîtres, de l'exemple desquels ils se sont inspirés. C'a été le cas de Balzac, celui de Victor Hugo et de tant d'autres. Forcément, il fallait que je commençasse par imiter quelqu'un, comme tout le monde, et il me plaît que mon modèle ait été Zola, plutôt que tout autre modèle anodin. Zola, pour avoir voulu être chef d'école, a exagéré, cherchant souvent, de parti pris, à irriter le public par des caresses à rebrousse-poil. De plus, tous les chefs d'école se trompent et leurs erreurs subsistent comme d'importants témoins a charge. Mais, abstraction faite de ces tarcs, quel prodigieux peintre, non pas de tableaux, mais de fresques immenses! Quel constructeur, non pas de temples, mais de pyramides! Qui sut,
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comme lui, faire mouvoir et vivre les multitudes, dans les pages d'un livre?... Chez nous, au pays de la paresse intellectuelle, le pire qui puisse arriver à un artiste, c'est de se voir enrégimenter, affubler d'un numéro matricule, même glorieux, à l'origine de sa carrière. Quand j'ai publié mes premiers romans, on les trouva semblables à ceux de Zola et on me classifia, en conséquence, une fois pour toutes. C'est là procédé commode, qui dispense, pour l'avenir, de la nécessité de rechercher, de s'enquérir. Pour beaucoup de gens, quoi que j'écrive, quelques radicales transformations que puisse connaître ma carrière littéraire, je suis et je resterai «le Zola espagnol». Ceux qui le disent et le répètent par paresseux automatisme intellectuel, font preuve qu'ils ignorent et Zola et moi-même, ou, du moins, que s'ils connaissent les œuvres de l'un et de l'autre, ils ne les connaissent que superficiellement, sans les avoir jamais approfondies. J'admire Zola, j'envie beaucoup de ses pages, je voudrais posséder en toute propriété les merveilleuses oasis qui s'ouvrent dans le monotone et interminable décor d'une grande partie de sa production. Je m'enorgueillirais, par exemple, de me sentir père des foules de Germinal, de me
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savoir peintre des jardins du Paradou. Mais cette admiration n'empêche pas qu'aujourd'hui, en pleine maturité dans rentière possession de ma personnalité artistique, je ne constate qu'il n'est que très peu de points de contact entre ma formule et celle de mon ancienne idole. Zola a exagéré en appuyant toute son œuvre sur une théorie «scientifique», celle de l'hérédité physiologique, théorie dont l'écroulement partiel a détruit les affirmations les plus graves de sa vie intellectuelle, toute l'armature intérieure de ses romans. Actuellement, j'ai beau chercher, je ne me trouve que fort peu de rapports avec celui que Ton a voulu considérer comme mon répondant littéraire. Nous n'avons pas la moindre similitude, ni dans notre méthode de travail, ni dans notre écriture. Zola a été littérairement un réfléchi, je suis un impulsif. Il arrivait lentement au résultat final, en suivant un système de perforation. Je procède violemment et bruyamment, par voie d'explosion. Il composait un volume par an, dans son labeur de termite, patient, lent, égal. Je porte en moi mon roman fort longtemps, parfois deux ou trois années, et, le moment de la parturition venu, c'est comme une fièvre puerpérale qui m'assaille. Je rédige mon livre sans m'en
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rendre compte, dans le temps qu'il faudrait à un secrétaire pour en recopier au net le brouillon. Bref, quand j'ai commencé d'écrire, je voyais la vie à travers les livres d'autrui, commetous les jeunes. Aujourd'hui, je la vois de mes propresyeux et j'ai,même, l'occasion de voir mieuxque beaucoup d'autres, puisque vivant une existencepleine et agitée, et que changeant fréquemmentde milieu...».V. BLASCO-IBÁÑEZ SES ROMANS ET LE ROMAN DE SA VIE CAMILLE PITOLLET 6
I DE BUENOS-AIRES A PARIS Le 7 juillet 1914, Jules Desnoyers, le jeune «peintre d'âmes», comme on l'appelait dans les salons cosmopolites du quartier de l'Étoile,beaucoup plus célèbre toutefois pour la grâce avec laquelle il dansait letangoque pour la sûreté de son dessin et pour la richesse de sa palette,s'embarqua à Buenos-Aires sur leKœnig Frederic-August, paquebot de Hambourg, afin de rentrer à Paris. Lorsque le paquebot s'éloigna de la terre, le monde était parfaitement tranquille. Au Mexique, il est vrai, les blancs et les métis s'exterminaient entre eux, pour empêcher les gens de s'imaginer que l'homme est un animal dont la paix détruit les instincts combatifs. Mais sur tout le reste de la planète les peuples montraient une sagesse exemplaire. Dans le transatlantique même, les passagers, de nationalités très diverses, formaient un petit monde qui avait l'air d'être un fragment de la civilisation future offert comme échantillon à l'époque présente, une ébauche de cette société idéale où il n'y aurait plus ni frontières, ni antagonismes de races.
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Un matin, la musique du bord, qui, chaque dimanche, faisait entendre lechoralde Luther, éveilla les dormeurs des cabines de première classe par la plus inattendue des aubades. Jules Desnoyers se frotta les yeux, croyant vivre encore dans les hallucinations du rêve. Les cuivres allemands mugissaient laMarseillaisedans les couloirs et sur les ponts. Le garçon de cabine, souriant de la surprise du jeune homme, lui expliqua cette étrange chose. C'était le 14 juillet, et les paquebots allemands avaient coutume de célébrer comme des fêtes allemandes les grandes fêtes de toutes les nations qui fournissaient du fret et des passagers. La république la plus insignifiante voyait le navire pavoisé en son honneur. Les capitaines mettaient un soin scrupuleux à accomplir les rites de cette religion du pavillon et de la commémoration historique. Au surplus, c'était une distraction qui aidait les passagers à tromper l'ennui de la traversée et qui servait à la propagande germanique. Tandis que les musiciens promenaient aux divers étages du navire uneMarseillaisegalopante, suante et mal peignée, les groupes les plus matineux commentaient l'événement. Quelle délicate attention, disaient les dames sud-américaines. Ces Allemands ne sont pas aussi vulgaires qu'ils le paraissent. Et il y a des gens qui croient que l'Allemagne et la France vont se battre! Ce jour-là, les Français peu nombreux qui se trouvaient sur le paquebot grandirent démesurément 8
dans la considération des autres voyageurs. Ils n'étaient que trois: un vieux joaillier qui revenait de visiter ses succursales d'Amérique, et deux demoiselles qui faisaient la commission pour des magasins de la rue de la Paix, vestales aux yeux gais et au nez retroussé, qui se tenaient à distance et qui ne se permettaient jamais la moindre familiarité avec les autres passagers, beaucoup moins bien élevés qu'elles. Le soir, il y eut un dîner de gala. Au fond de la salle à manger, le drapeau français et celui de l'empire formaient une magnifique et absurde décoration. Tous les Allemands avaient endossé le frac, et les femmes exhibaient la blancheur de leurs épaules. Les livrées des domestiques étaient celles des grandes fêtes. Au dessert, un couteau carillonna sur un verre, et il se fit un profond silence: le commandant allait parler. Ce brave marin, qui joignait à ses fonctions nautiques l'obligation de prononcer des harangues aux banquets et d'ouvrir les bals avec la dame la plus respectable du bord, se mit à débiter un chapelet de paroles qui ressemblaient à des grincements de portes. Jules, qui savait un peu d'allemand, saisit au vol quelques bribes de ce discours. L'orateur répétait à chaque instant les mots «paix» et «amis». Un Allemand courtier de commerce, assis à table près du peintre, s'offrit à celui-ci comme interprète, avec l'obséquiosité habituelle des gens qui vivent de réclame, et il donna à son voisin des explications plus précises.
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Le commandant demande à Dieu de maintenir la paix entre l'Allemagne et la France, et il espère que les relations des deux peuples deviendront de plus en plus amicales. Un autre orateur se leva, toujours à la table que présidait le marin. C'était le plus considérable des passagers allemands, un riche industriel de Dusseldorff, nommé Erckmann, qui faisait de grosses affaires avec la République Argentine. Jamais on ne l'appelait par son nom. Il avait le titre de «Conseiller de Commerce», et, pour ses compatriotes, il étaitHerr Commerzienrath,comme son épouse étaitFrau Rath.Mais ses intimes l'appelaient aussi «le Capitaine»: car il commandait une compagnie delandsturm.Erckmann se montrait beaucoup plus fier encore du second titre que du premier, et, dès le début de la traversée, il avait eu soin d'en informer tout le monde. Tandis qu'il parlait, le peintre examinait cette petite tête et cette robuste poitrine qui donnaient au Conseiller de Commerce quelque ressemblance avec un dogue de combat; il imaginait le haut col d'uniforme comprimant cette nuque rouge et faisant saillir un double bourrelet de graisse; il souriait de ces moustaches cirées dont les pointes se dressaient d'un air menaçant. Le Conseiller avait une voix sèche et tranchante qui semblait asséner les paroles: c'était sans doute de ce ton que l'empereur débitait ses harangues. Par instinctive imitation des traîneurs de sabre, ce bourgeois belliqueux ramenait son bras 10
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