Mémoires d un passé présent
222 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Mémoires d'un passé présent , livre ebook

-

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
222 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

« Au commissariat, Khalef et les autres élèves furent descendus du véhicule et entraînés au sous-sol de l'immeuble. Ils marchèrent en silence dans un long corridor obscur et humide qui sentait le moisi, et arrivèrent à son bout, où une porte en fer s'ouvrit de l'intérieur. Un par un, ils entrèrent dans une petite chambre qui ne devait pas mesurer plus de cinq mètres sur sept et dont le plafond était si bas qu'ils pouvaient le toucher. Il y avait déjà une demi-douzaine de détenus, allongés sur des pièces de carton, laissant ainsi juste assez d'espace pour Khalef et une douzaine de ses camarades pour rester debout. » Thimlal, un petit douar niché dans les montagnes de Salta... À travers les destins de Khalef, Zahra, Saber, Hamed et bien d'autres, Kassem Bahaji dépeint les espoirs, rêves et désillusions d'une certaine jeunesse dans le Maroc des années soixante-dix. Chronique amère – mais traversée d'espoir – où l'on rêve de lendemains meilleurs et d'un ailleurs enchanté, ce roman quasi documentaire frappe par sa justesse et la richesse de sa galerie de portraits.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 24 février 2016
Nombre de lectures 0
EAN13 9782342053128
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0082€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Mémoires d'un passé présent
Kassem Bahaji
Publibook

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.


Publibook
175, boulevard Anatole France
Bâtiment A, 1er étage
93200 Saint-Denis
Tél. : +33 (0)1 84 74 10 24
Mémoires d'un passé présent
 
 
 
 
Dédicace
 
 
 
Je dédie ce livre à ma femme Naima, et à mes filles Sara, Hanae et Mona, dont l’amour, le soutien et l’encouragement furent la clef de voûte de l’idée de ce travail et de sa réalisation. Je pense aussi à ma mère, et à tous mes frères et sœurs, dont le souvenir des doux et amers moments vécus ensemble, maintient mon affection pour eux tous. Je salue tous mes concitoyens, surtout celles et ceux qui continuent, malgré tout, d’endurer le fardeau de la marginalisation avec le même stoïcisme et la même fierté de femmes et d’hommes libres qu’ils sont.
K. Bahaji
 
 
 
Prologue
 
 
 
Ce travail est un récit autobiographique, qui raconte le témoignage d’un enfant de quatorze ans, d’événements qu’il vécut pendant les quatre premières années de 1970, une période cruciale dans l’histoire sociale et politique de son pays. Ces événements consistent en plusieurs histoires individuelles, qui évoluent dans des contextes différents et qui racontent le désespoir et la misère dans un environnement de répression, de peur et surtout de crise d’identité. Cette autobiographie est basée sur des mémoires réelles, exceptée pour une partie de l’histoire de Mohand Ouchen, qui elle, relève de la pure fiction. Mais, elle est reprise exactement comme elle avait été racontée par les vieux de Thimlal.
Pour préserver l’identité des personnes et des lieux, des noms fictifs sont utilisés. Toutefois, le lecteur notera facilement de quel pays il s’agit dans l’histoire et pourrait aussi identifier les lieux, où se déroulent les différentes parties du texte. Les noms imaginaires des personnes n’affectent en rien la narration de l’histoire, et ils seront facilement reconnaissables par les personnes concernées. Dans un souci de décrire quelques éléments de l’histoire avec le plus d’objectivité possible, le langage utilisé dans le texte est parfois cru et la description de quelques scènes pourrait même paraître un peu trop épicurienne.
L’idée d’écrire ce livre est née du même désir de vouloir raconter des histoires à mes amis et à des membres de ma famille. Des histoires d’enfance dans une société en pleine ébullition, pendant une période décisive de son histoire. Mais, traduire ces récits personnels en un travail littéraire, qui pourrait, peut-être intéresser une audience plus large, demeure un défi qui intimide et séduit à la fois. Il intimide à cause de toutes les contraintes de l’écriture d’un livre, et à cause du nombre colossal d’œuvres proposées tous les jours, et qui seraient beaucoup plus méritoires de l’attention des lecteurs. Mais, il séduit tout simplement par le plaisir qu’il procure en soi-même. Cependant ce plaisir ne serait que plus apprécié si ce travail pouvait être partagé par le plus grand nombre de lectrices et de lecteurs.
Enfin, un mot sur le titre du récit ; ces mémoires du début des années 1970 restent vivantes dans l’esprit aussi bien que dans la réalité ; elles sont présentes. Il existe, désormais, et toujours des Khalef, des Hammou, des Hamed, des Yttou, des Boufouss et des Zahra, qui mènent les mêmes vies dures, aux lendemains incertains avec le même courage et la même fierté d’âme qui ne peuvent mériter qu’admiration et respect.
 
 
 
Au départ, à Thimlal
 
 
 
Un silence assourdissant régnait sur la petite commune de Thimlal, un petit douar (petite commune de chaumières), niché dans les montagnes de Salta, dans la région de Yanaze, à quelque quatre-vingt-sept kilomètres au sud de Tamsa. La route qui traversait Thimlal, et qui la coupait en deux parties, portait le même nom que celui du douar . Elle mesurait à peine deux mètres de largeur et s’étendait sur une longueur d’environ quarante kilomètres. La route de Thimlal poursuivait une trajectoire sinueuse à travers les montagnes de Salta. Elle était la seule route, qui existait entre cette commune montagneuse et les villages de Tazart et Aska au nord. Tous ceux, qui voulaient se rendre dans n’importe quelle autre commune ou douar , dans les montagnes de Salta, ou voyager dans le reste de la province de Walla et son centre urbain de Tamsa, étaient obligés d’emprunter la voie de Thimlal. Cette route, qui était dans un état déplorable, devenait de plus en plus dangereuse, au fur et à mesure que ses deux côtés s’effritaient à cause de l’usage et du manque de maintenance. Elle avait été construite pendant le protectorat français, dans les années 1930 et ne semble pas avoir été maintenue depuis. Les autochtones appelaient la route de Thimlal, «  Ismthal  » ou cimetière en tamazight, et qui rimait bien avec le nom de Thimlal, à cause du taux d’accidents mortels qui s’y produisait chaque année.
 
Mais, là, n’était pas la seule cause de l’origine de cette dénomination. Les vieux du douar maintenaient une autre version des événements, qui aboutirent à ce sobriquet. Ils racontaient que c’était cette route, qui avait permis aux colons français de battre les combattants amazighs dans les années 1930. Les colons, qui avaient commencé une campagne militaire de « pacification » des tribus amazighes, au début du vingtième siècle, eurent beaucoup de difficultés à réussir cette entreprise. Ces tribus n’étaient soumises à aucune autorité centrale, mais elles n’étaient pas assez organisées pour présenter un seul et uni front contre l’ennemi, d’où leur ultime défaite et soumission aux forces coloniales, qui s’obstinèrent à les subjuguer.
 
Avant l’existence de la route de Thimlal, les Français avaient beaucoup de mal à poursuivre les combattants amazighs, qui les frappaient et se retiraient vite dans les montagnes, où ils se réfugiaient. Comme ils ne connaissaient pas le terrain, et qu’ils avaient beaucoup de difficultés à escalader les hautes montagnes de Salta, les colons abandonnaient le combat et se retiraient dans les plaines pour attendre la descente des amazighs. Ils étaient convaincus, que tôt ou tard, ces derniers auraient eu besoin de se ravitailler en produits de première nécessité comme l’huile, le sucre et la farine, ce qui les aurait obligés à descendre des montagnes. Mais cette tactique n’avait pas marché, grâce aux calculs des amazighs et leur autosuffisance en ces matières. Quand cette ruse ne porta pas les fruits escomptés, les colons construisirent la route de Thimlal, qui leur donna accès jusqu’au cœur même de toute la région. Des dizaines de camions et blindés militaires l’empruntèrent pour traverser les montagnes de Salta et en chasser et massacrer des centaines d’habitants, qui, pourtant, n’étaient pas tous des combattants.
 
Les vieux du village, dont certains avaient participé à cette guerre contre les colons français, racontaient que des cadavres gisaient un peu partout, tout au long de la route de Thimlal ; et les habitants s’empressaient à les enterrer là, où ils se trouvaient, car ils avaient peur d’être repérés par les soldats français. Parfois, ils attendaient la tombée de la nuit pour éviter ce problème, mais cela les confrontait à un autre défi, non moins grave : les loups. Ces animaux féroces, étaient toujours affamés et sortaient surtout le soir pour chercher des cadavres, qu’ils devaient savoir étaient là. C’était pour cette raison que les habitants les enteraient aussitôt qu’ils le pouvaient. Il y avait, parfois, parmi ces corps tombés par terre, à la suite d’une confrontation avec les colons, des combattants, qui n’étaient pas morts, mais qui étaient gravement blessés et ne pouvaient pas bouger à cause de la perte de beaucoup de sang ou la fracture d’un ou plusieurs de leurs membres. Les vieux du village avaient un grand répertoire d’histoires sur les confrontations, qu’ils eurent avec les colons et ils aimaient tous les raconter autant que les gens de la commune et d’ailleurs aimaient les entendre. L’histoire d’un de ces combattants, qui fit face aux colons, et qui s’appelait Mohand, était un bon exemple de conte, que les gens appréciaient parce qu’il tenait entre le réal et l’imaginaire. Tous les contes étaient organisés de cette manière et avaient une partie fictionnelle que les conteurs ajoutaient aux récits pour en faire accepter les atrocités de la guerre. Raconter était devenu une forme d’art, que seuls certains vieux du village pouvaient exécuter avec brio.
 
Ainsi, Mohand, surnommé Ouchen (loup en tamazight), racontait un des vieux du village, était un de ces braves et courageux combattants, qui donna autant de problèmes aux colons que les montagnes, avant la construction de La route de Thimlal. Malgré leurs armes modernes et leurs véhicules de guerre, Ouchen trouvait toujours le moyen de décevoir les soldats français et de prendre la fuite ensuite. Mais, un jour qu’il se trouvait en compagnie d’un groupe de combattants, il fut abattu par plusieurs balles et tomba dans un fossé. Il faisait noir et les colons ne savaient pas qu’ils venaient juste d’abattre l’homme le plus recherché, l’homme qui leur créa tant de problèmes et qui, de surcroît, avait réussi à tuer des dizaines de leurs soldats. Ouchen resta quelques heures dans le fossé sans pouvoir bouger ; ses compagnons avaient tous été abattus sauf pour deux, qui avaient réussi à prendre la fuite, ne sachant pas qu’Ouchen était toujours vivant.
 
Soudain, Ouchen entendit des hurlements de loups et eut peur car s’ils devaient s’attaquer à lui, il n’aurait pas eu la force de bouger et encore moins celle de les confronter. Il attendit et pria en sile

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents