Michel Foucault et les religions
145 pages
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Michel Foucault et les religions , livre ebook

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Description

Foucault nous a donné de multiples potentialités pour repenser certaines des questions classiques posées par l’histoire et les sciences des religions. Cet ouvrage fait état des nombreux excursus du philosophe vers les domaines de la spiritualité antique, de l’histoire du christianisme primitif, de l’ascétisme chrétien, ou encore de la question des marginalités religieuses.
Il est l’occasion, surtout, de réfléchir sur quelques uns des « outils » mis en place par le philosophe et de montrer comment ceux-ci peuvent se révéler pertinents pour saisir les phénomènes religieux de notre modernité. Des phénomènes qui se comprennent à l’intérieur de problèmes historiques, politiques et sociaux, culturels. Seule manière, répète Foucault, de nous protéger contre les synthèses toutes faites et les découpages familiers, mais aussi d’ouvrir la réflexion à l’épreuve de la réalité et de l’actualité.
Jean-François Bert est Maître d’enseignement et de recherche à l’Université de Lausanne. Spécialiste de l’histoire des sciences humaines, il développe une nouvelle approche qui se veut attentive aux pratiques et aux techniques savantes. Il a codirigé le Cahier de l’Herne sur Foucault (2011), et a participé à l’édition, en Pléiade, des oeuvres du philosophe.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 16 octobre 2015
Nombre de lectures 3
EAN13 9782304045215
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0037€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Michel Foucault et les religions


Sous la direction de Jean-François Bert

Éditions Le Manuscrit 2017
ISBN:9782304045215
Cet ebook a été réalisé avec IGGY FACTORY. Pour plus d'informations rendez-vous sur le site : www.iggybook.com
Sous la direction  de Jean-François Bert,
Avec la collaboration de Christian Grosse et Julien Cavagnis
Michel Foucault et les religions
 
« Religions, Histoire, Cultures »
 
Éditions Le Manuscrit Paris
Présentation de la collection « Religions, Histoire, Cultures »
 

 
Unissant diverses disciplines, spécialités, et méthodes de travail, l’histoire comme les sciences des religions s’inscrivent depuis peu dans des approches profondément renouvelées. L’histoire culturelle, l’anthropologie sociale et historique, les sciences politiques ou encore l’histoire et la sociologie des sciences en sont quelques-unes.
Cette collection, reliée aux travaux menés au sein la Faculté de théologie et de sciences des religions de l’Université de Lausanne, propose une série de réflexions approfondies, historiques et critiques, sur la pertinence et les limites des concepts, des théories et des démarches mises en œuvre pour parler du religieux mais aussi de ses objets et de leurs fonctions.
 
Comité scientifique
Jean-François Bert, Maître d’enseignement et de recherche, Histoire des théories et des méthodes en sciences des religions, Université de Lausanne (IRCM-FTSR)
Christian Grosse, Professeur d’Histoire et anthropologie des christianismes modernes, Université de Lausanne (IRCM-FTSR)
Jorg Stolz, Professeur de Sociologie des religions, Université de Lausanne (ISSRC-FTSR)
David Hamidovic, Professeur de Littérature apocryphe juive et Histoire du judaïsme dans l’Antiquité, Université de Lausanne (IRSB-FTSR)
 
Introduction
 

 
Jean-François Bert FTSR-IRCM Université de Lausanne
 
Comme l’avait fait Paul Veyne en 1978 pour le domaine de l’histoire, Robert Castel pour la sociologie, ou encore Claude Raffestin pour la géographie [1] , il est temps désormais de se demander si Foucault est venu « révolutionner » la pratique de l’histoire des religions, agissant là aussi comme un aiguillon, en nous obligeant à nous déprendre de toute forme de routinisation d’une pratique de recherche et à évaluer en permanence ce que nous faisons et pensons.
Il convient cependant, et dans un premier temps, de donner une vue d’ensemble des abondantes remarques de Foucault relatives à la religion, et ce même si celles-ci sont éparses et difficiles à réunir au vu de la multiplicité des supports utilisés (entretiens, cours, articles, comptes rendus…) [2] .
1. Présence et manifestations du religieux
Dès son premier livre intitulé Maladie mentale et Personnalité (1954), Foucault s’est interrogé sur les croyances religieuses et sur l’évolution du délire religieux dans la civilisation occidentale [3] . Cette première attention, encore courte, tient à sa connaissance des thèses sociologiques de Max Weber sur la sécularisation – comme l’indiquent plusieurs fiches préparatoires –, mais aussi à sa découverte, en 1953, des œuvres de Fr. Nietzsche [4] .
C’est durant ce début des années 1950, dont la place dans la trajectoire de Foucault est encore mal connue, qu’il se passionne pour l’anthropologie, expliquant le texte fondateur de Marcel Mauss et de Henri Hubert sur la magie [5] , développant les hypothèses contenues dans Les Formes élémentaires de la vie religieuse d’Émile Durkheim, ou encore en lisant Claude Lévi-Strauss, Maurice Leenhardt et plus particulièrement un article de Pierre Métais sur le totémisme paru dans la Revue de l’histoire des religions [6] . C’est à ce moment qu’il découvre les culturalistes américains (R. Benedict et A. Kardiner) et qu’il s’intéresse aux analyses révolutionnaires de l’indo-européaniste Georges Dumézil dont il chercha par la suite à adapter les études comparatives et fonctionnalistes dans son propre système d’analyse des formations discursives.
Cet intérêt pour le religieux est loin de s’éteindre durant la décennie suivante, celle de ses premières « archéologies » sur la folie, la médecine encore ou les sciences humaines.
Avec l’ Histoire de la folie (1961), Foucault insiste sur la manière dont la psychiatrie positiviste – celle de W. Tuke et de P. Pinel – a fini par transformer l’asile en un domaine religieux sans religion, un domaine de la morale pure et de l’uniformisation éthique [7] . Dans un entretien qui suit de peu la publication des Mots et des Choses (1966), il rappelle que son intérêt pour Blanchot et Bataille, ainsi que pour les « études positives » de Dumézil et de Lévi-Strauss avait comme unique dénominateur commun « le problème religieux » [8] .
Il actualisera la plupart de ces hypothèses en 1975, dans Surveiller et Punir , interrogeant le rôle du service religieux en prison, celui du prêtre ou encore les effets de la mise en place du système de l’emprisonnement cellulaire en 1857 sur les croyances des détenus [9] . Un livre dans lequel il aborde aussi un autre questionnement : celui de la confession et de l’aveu qui prendra de plus en plus de consistance dans la réflexion du philosophe et ce dès l’année suivante avec la publication de La Volonté de savoir . C’est dans ce nouvel opus qu’il dessine une première généalogie de ce speech act tout à fait particulier qui trouve une part importante de son origine dans la confession chrétienne des premiers siècles. Foucault reviendra abondamment dans ses cours et ses conférences sur le dispositif du confessionnal, croisant les textes des pères de l’Église (Cassien mais surtout le D e paenitentia de Tertullien) avec les manuels des inquisiteurs du xvii e siècle dans le but de comprendre, de manière bien plus large, comment les sujets occidentaux se sont constitués au travers d’une pratique discursive qui repose sur l’exhaustivité du tout dire et l’obéissance en tout. Deux principes qui ont fini par pénétrer tout le comportement des individus.
C’est en cette fin des années 1970 qu’il devient particulièrement attentif aux nombreux termes forgés pour nommer, définir, ou encore organiser le monde de la croyance et de la spiritualité. Un lexique qui l’intéresse d’autant plus qu’il lui permet de prendre la mesure de réelles transformations dans les pratiques, ou plutôt dans la manière dont certaines pratiques ont été réfléchies, pensées et mises en place depuis l’Antiquité. C’est le cœur de ses derniers enseignements au Collège de France, comme lorsqu’il se demande, en 1981, comment, très concrètement, la morale de la sexualité de l’Antiquité est passée dans le christianisme en transposant les mêmes codes et les mêmes interdits, mais à l’intérieur d’un discours totalement différent :
 
Problème donc : peut-on considérer que, dans une histoire de l’éthique sexuelle, la codification constitue un élément en lui seul assez important pour qu’on puisse simplement en suivre le transfert, la transposition, les modifications, sans tenir compte du discours qui l’accompagne, ou en considérant simplement que le discours qui l’accompagne n’en est en quelque sorte que la logistique théologique, philosophique, conceptuelle, l’entour, le vêtement, la transcription, à l’intérieur d’un système théorique qui en fait n’importe pas réellement pour savoir ce en quoi consiste l’expérience sexuelle proprement dite ? [10]
 
2. 1978 : année de transition
Ce trop rapide retour sur la présence du religieux dans les travaux du philosophe ne doit pas effacer l’importance de moments de bascule significatifs. Pour de nombreux commentateurs, c’est notamment l’année 1978 qui fait rupture [11] .
En quelques mois, il forge la notion de « gouvernementalité » dans son cours du Collège de France, démontre la valeur du comparatisme au Japon, et tente de mettre en place, suite aux événements iraniens qui précèdent la destitution du Chah, un véritable programme de recherche dont le but est de cerner les multiples articulations du politique et du religieux en prenant au sérieux les formes de sacralisation du politique mais aussi l’instrumentalisation des processus et des organisations politiques de la part d’institutions ouvertement religieuses.
Un cours qu

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