La Vie des fourmis
140 pages
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La Vie des fourmis , livre ebook

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Description

Les fourmis sont fascinantes. Elles savent tout faire : se défendre, combattre, cultiver des champignons, élever des insectes, fabriquer des médicaments, protéger leur environnement, communiquer entre elles. Elles sont de toutes les formes. Certaines ont des épines, d’autres un long cou ou un corps tout plat. Leur taille varie, les plus grosses, de 3 cm, contiendraient dans leur tête une colonie entière des plus petites. Elles sont partout, de l’équateur au cercle Arctique, du Sahara à la Sibérie, des tropiques aux régions tempérées. Elles se comptent par millions de milliards. Et si ces insectes étaient les grands vainqueurs de l’évolution ?Laurent Keller, spécialiste de renommée mondiale, et Élisabeth Gordon nous expliquent dans ce livre tout ce que nous savons des fourmis. Laurent Keller est professeur d’écologie évolutionniste à l’Université de Lausanne.Élisabeth Gordon est journaliste scientifique à L’Hebdo.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 07 septembre 2006
Nombre de lectures 0
EAN13 9782738189356
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0600€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

© O DILE J ACOB , SEPTEMBRE  2006
15, RUE S OUFFLOT , 75005 P ARIS
www.odilejacob.fr
EAN 978-2-7381-8935-6
Le code de la propriété intellectuelle n'autorisant, aux termes de l'article L. 122-5 et 3 a, d'une part, que les « copies ou reproductions strictement réservées à l'usage du copiste et non destinées à une utilisation collective » et, d'autre part, que les analyses et les courtes citations dans un but d'exemple et d'illustration, « toute représentation ou réproduction intégrale ou partielle faite sans le consentement de l'auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause est illicite » (art. L. 122-4). Cette représentation ou reproduction donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L. 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
Ce document numérique a été réalisé par Nord Compo
Introduction

Fascinantes. Depuis la nuit des temps, les fourmis étonnent, elles intriguent, elles captivent aussi. Pourtant, à première vue, ces bêtes minuscules n’ont rien de particulièrement attirant. De couleurs ternes, elles n’ont ni ailes aux motifs colorés comme en possèdent les papillons, ni élytres aux reflets métalliques dont sont dotés nombre de coléoptères. Elles ne fabriquent aucune de ces substances dont l’homme s’est nourri ou paré : elles ne savent produire ni miel ni soie. Et si encore, comme les grillons ou les cigales, elles chantaient, ou comme les abeilles, elles dansaient ! Mais non, même pas !
Qu’importe. Elles possèdent d’autres caractéristiques, autrement remarquables. À commencer par une organisation sociale hors du commun, dont on ne trouve que de rares exemples dans le règne animal, et qui leur a permis d’être omniprésentes à la surface de la planète. Efficaces, mais aussi laborieuses et prévoyantes : il n’en fallait pas plus pour que les fourmis aient été considérées depuis des lustres par les humains comme des modèles de vertu.
Mille ans avant Jésus-Christ, le roi Salomon, qui citait les fourmis dans ses fameux Proverbes repris dans l’Ancien Testament, les présentait comme des exemples de sagesse : « Va vers la fourmi, paresseux. Considère ses voies, et deviens sage. Elle n’a ni chef, ni inspecteur, ni maître. Elle prépare en été sa nourriture. Elle amasse pendant la moisson de quoi manger. » Un thème qui, bien des siècles plus tard, inspirera à Jean de La Fontaine sa fameuse fable La cigale et la fourmi . Mentionnées dans le Coran, où elles apparaissent comme un peuple évolué, elles figurent aussi dans le Talmud, toujours en tant que symboles d’honnêteté et de vertu.
Les philosophes grecs – d’Aristote à Platon en passant par Plutarque – ont, eux aussi, vanté la sagesse et l’intelligence de ces insectes sociaux. Quant à Pline l’Ancien, il leur a consacré tout un chapitre de son Histoire naturelle . Le chroniqueur romain, qui s’étonnait de leur courage et de leur force, allait même jusqu’à décrire l’existence, en Inde ou en Éthiopie, de fourmis aussi grandes que des chiens : elles faisaient office de gardiennes des mines d’or et tuaient les hommes qui tentaient de s’emparer du précieux métal ! Des affabulations qui donnent la mesure de l’attrait qu’exerçaient les fourmis, mais aussi des craintes qu’elles inspiraient. Des inventions qui dénotent aussi que les chroniqueurs de l’Antiquité connaissaient le tempérament belliqueux de ces insectes. Ils restaient malgré tout subjugués par leur aptitude à communiquer, à se partager les tâches ou à construire des fourmilières à l’architecture complexe, que le sophiste Ælien comparait à des demeures fastueuses.
Imprégnant l’imaginaire humain, ces minuscules créatures ont inspiré nombre de mythes et de croyances. Pour les Dogons d’Afrique centrale, elles étaient les épouses du dieu Amma, et les mères des premiers hommes. Elles jouaient aussi un rôle crucial dans certains rituels traditionnels. Chez les Wayana-Apalai du Brésil, du Surinam et de la Guyane française, un garçon atteignant la puberté devait faire preuve de sa capacité à assumer le statut d’adulte en attachant autour de sa poitrine ou de son dos un pectoral rempli de fourmis de feu. Il pouvait ainsi prouver son courage et son endurance, en supportant les piqûres et les morsures de ces insectes très agressifs.

Littérature et cinéma
Aujourd’hui, les fourmis ont délaissé les légendes et les rites, et c’est dans la littérature ou au cinéma qu’elles tiennent la vedette. En témoigne la célébrité acquise par Bernard Weber dont la trilogie – Les Fourmis , Le Jour des fourmis et La Révolution des fourmis – est un succès de librairie. Héroïnes d’ouvrages de science-fiction, de romans, d’albums pour enfants, de bandes dessinées ou de jeux vidéo, elles ont conquis tous les champs de la littérature et des jeux.
Elles fourmillent aussi sur le petit et sur le grand écran, jouant les têtes d’affiche de multiples documentaires ou tenant le rôle de stars de longs-métrages. Présentées sous une forme menaçante, elles alimentent les pires fantasmes comme dans Les Monstres attaquent la ville de Gordon Douglas, un film américain des années 1950, dans lequel des fourmis mutantes de plus de deux mètres de haut sèment la panique aux États-Unis. Mais on les voit le plus souvent dotées de traits physiques et de comportements humains ; sous cet angle anthropomorphique, elles suscitent au contraire la sympathie. C’est ainsi qu’elles apparaissent dans Fourmiz d’Eric Darnell et Tim Johnson et dans 1001 pattes de John Lasseter. Ces films d’animation, sortis la même année (1999), ont tous deux pour héros des fourmis humanisées ne parvenant pas à trouver leur place dans une communauté conformiste qui fait trop peu de cas de l’individualité. Ou comment faire de la colonie un miroir de notre société.
Ces insectes de fantaisie ont stimulé l’imagination des petits et des grands, mais ils ont aussi éveillé chez nombre d’entre eux un véritable attrait pour les « vraies » fourmis. Surfant sur la vague de la fourmimania, plusieurs fabricants de jeux commercialisent des sortes d’aquariums – l’eau étant remplacée par un gel nutritif – qui permettent aux enfants d’élever des fourmis. Après les poissons rouges et les hamsters, voici venue l’heure des fourmis d’appartement.

Des naturalistes ou myrmécologues
Les fourmis sont dans le vent, et les milieux scientifiques n’échappent pas, eux non plus, à cet engouement. Les naturalistes du XVIII e  siècle – aux premiers rangs desquels figurent le Français René Antoine Ferchault de Réaumur et le Britannique William Gould – avaient ouvert la voie. Aujourd’hui, suivant les traces de leurs illustres prédécesseurs, les entomologistes – et tout particulièrement les myrmécologues, comme se nomment désormais les spécialistes des fourmis – poursuivent leur exploration assidue de la vie et des mœurs de ces insectes sociaux. Un monde riche et surprenant qui, malgré des décennies d’observation, est loin d’avoir livré tous ses mystères. D’où vient l’énorme succès écologique des fourmis ? Comment s’est développée leur sociabilité ? Comment la vie s’organise-t-elle dans les différentes communautés ? Scruté par les méthodes d’investigation scientifiques les plus récentes et observé à la loupe de la biologie moléculaire et de la génétique, l’univers des fourmis apparaît sous un nouveau jour et révèle une variété de mœurs longtemps insoupçonnée.
On savait ces fourmis enclines à vivre dans des communautés fort bien organisées, au sein desquelles les individus coopèrent, communiquent et se partagent les tâches. On les voit aujourd’hui douées de surprenantes facultés d’orientation et d’une incroyable ingéniosité lorsqu’il s’agit de construire leurs nids, de se ravitailler ou d’exploiter d’autres représentants du monde animal. On les observe aussi agressives et violentes, troublant la paix apparente des colonies par des querelles fratricides ou matricides. Et en scrutant les secrets de leurs alcôves, on découvre qu’elles ont aussi parfois de drôles de manières de se reproduire et qu’elles utilisent d’étonnants stratagèmes pour transmettre leur patrimoine héréditaire à la postérité. Dans ce domaine comme dans bien d’autres, elles jouent les originales. Avec elles, nul n’est jamais au bout des surprises. Bienvenue dans la passionnante société des fourmis.
Partie I
Un éclatant succès écologique
Dessin 1 : Une grande diversité
Les fourmis ont non seulement des modes de vie très variés, mais elles présentent une grande diversité de tailles et de morphologies.
De haut en bas : Pachycondyla (fourmi ponérine), Atta (fourmi défoliatrice), Zacryptocerus , Amblyopone .
Chapitre 1
Omniprésence

Partout. Elles sont partout, les fourmis. On ne peut pas faire trois pas dans le moindre des sous-bois sans tomber sur l’agitation d’une fourmilière. On ne peut pas laisser, durant le printemps et l’été surtout, quelques grains de sucre ou de nourriture traîner sur l’évier de la cuisine sans voir aussitôt un défilé de petites bestioles noires arriver à la queue leu leu et s’approprier cette source inespérée de nourriture. Minuscules, nombreuses, grouillantes, elles sont là, simples éléments du décor naturel. Banales, en somme.
Et pourtant, à y regarder de près, les fourmis sont, en bien des points, exceptionnelles. Grâce à leur organisation sociale qui est un modèle du genre, grâce aussi à leur faculté d’adaptation à l’environnement, elles ont réussi à coloniser la Terre entière il y a des dizaines de millions d’années. Au point que, par leur nombre, ces petits insectes prédominent – et de loin – tous les autres animaux de la planète. Y compris les êtres humains.
Les fourmis ont envahi la surface du globe, de l’équateur au cercle Arctique, du Sahara à la Sibérie, des tropiques aux régions tempérées. Seules quelques régions échappent à leur emprise. Question de climat. Car si ces insectes s’accommodent de tous les milieux, ils ne supportent pas les grands froids. Inutile donc d’espérer en trouver au Groenland, en Islande ou dans l’Antarctique : ces lieux sont dépourvus d’espèces indigènes. Elles se fo

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