Les Animaux et la Ville
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Les Animaux et la Ville , livre ebook

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Description

Vous qui vivez en ville, vous pensez peut-être que la vraie place de l’animal est à la campagne ? Que les chiens sont des caprices de citadins esseulés ? Que les chats n’ont pas à traîner dans les rues ? Pas plus que les pigeons à souiller les trottoirs ou les blattes à envahir les logements ? Pour autant, voulez-vous d’une ville sans nature ? Sans espaces verts mais aussi sans animaux ? D’une ville aseptisée, en d’autres termes ? Nathalie Blanc analyse le rôle de l’animal, et donc du vivant, dans nos sociétés urbaines. C’est la question de la nature en ville qui est ici posée. Et du même coup, celle de la nature de la ville. Chercheur au CNRS, spécialiste de géographie urbaine, Nathalie Blanc travaille depuis plusieurs années sur la place et la fonction de la nature dans l’espace urbain.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 octobre 2000
Nombre de lectures 2
EAN13 9782738176011
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0900€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

© ODILE JACOB, OCTOBRE 2000
15, RUE SOUFFLOT, 75005 PARIS
www.odilejacob.fr
ISBN : 978-2-7381-7601-1
Le code de la propriété intellectuelle n'autorisant, aux termes de l'article L. 122-5 et 3 a, d'une part, que les « copies ou reproductions strictement réservées à l'usage du copiste et non destinées à une utilisation collective » et, d'autre part, que les analyses et les courtes citations dans un but d'exemple et d'illustration, « toute représentation ou réproduction intégrale ou partielle faite sans le consentement de l'auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause est illicite » (art. L. 122-4). Cette représentation ou reproduction donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L. 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
Ce document numérique a été réalisé par Nord Compo
Sommaire
Couverture
Titre
Copyright
Introduction - Panorama
Chapitre premier - Dedans
Chapitre 2 - Dehors
Chapitre 3 - Le propre et le sale
Chapitre 4 - La ville envahie
Chapitre 5 - Un enjeu de société
Chapitre 6 - Il faut des responsables !
Chapitre 7 - La ville domestiquée
Chapitre 8 - Le vivant animé
Chapitre 9 - Victime de la ville
Chapitre 10 - Ni domestique ni sauvage
Chapitre 11 - Citadins et ruraux
Chapitre 12 - Le bestiaire des cités
Chapitre 13 - Pour ou contre, une question d’espèce
Chapitre 14 - L’implication citoyenne
Chapitre 15 - Les pouvoirs de la ville
Chapitre 16 - Chez soi, dans la nature
Chapitre 17 - La domination du végétal
Épilogue
Références bibliographiques
Introduction

Panorama

Comment se définit le rapport citadin/animal, aujourd’hui ? Pour le comprendre, il faut s’intéresser aux animaux désirés et aux autres, à leurs relations à l’idée de nature et de ville. D’autant plus que l’animal non désiré ne fait pas partie de l’ordre urbain, d’où sa richesse pour l’observation de la vie urbaine. Et que peu de travaux ont abordé les modes d’habiter 1 urbains à partir du lien au vivant, à la nature, ce qui valorise des aspects inexplorés de la ville.
Pour cette étude, nous avons retenu certains animaux : du côté des familiers, le chien et le chat en particulier ; du côté des animaux non désirés, aussi bien le mammifère parfois désiré, avec le chat errant ou le rat, que l’oiseau avec le pigeon, ou l’insecte avec la blatte. Pour chaque aspect de la relation citadin/animal, la coupure entre animal désiré et non désiré est primordiale.
Il y a peu d’informations concernant les animaux non désirés dans la ville. L’évaluation de leur nombre montre l’importance de la présence animale et des coûts de sa gestion. Les pigeons sont évalués au nombre de plusieurs dizaines de milliers de couples à Paris. Les effectifs de moineaux y dépasseraient les 10 000 ou 20 000 couples. Toujours plus nombreux, d’autres oiseaux, tels l’étourneau, le goéland, la mouette rieuse, la corneille, la pie se rapprochent de l’homme. On ne connaît pas le nombre de blattes, ni des autres insectes vu les difficultés de leur appréciation. Les chiffres les plus fantaisistes sont avancés pour les rats et autres rongeurs, ainsi que pour les chats qui ne font partie d’aucun foyer.
Nous n’avons pas pris en compte, ou pour mémoire seulement, la relation à d’autres petits mammifères ou batraciens étant donné que les citadins ne les évoquent même pas. Pourtant, leur présence, comme celle des autres animaux mentionnés, montre que le milieu urbain est capable d’accueillir de nombreuses espèces à partir du moment où les sites d’alimentation, de repos ou de reproduction sont disponibles.
On les trouve sur les bordures de périphériques, sur les rails de métro et de chemin de fer, et même pour la blatte, dans les moteurs des appareils ménagers, ou comme les poux dans les têtes des enfants. Les oiseaux, par exemple, se distribuent en fonction des potentialités offertes : les parcs et les jardins seront investis par les espèces à tendance forestière ou bocagère, les grandes surfaces des gazons accueilleront les espèces d’espace ouvert habituées à exploiter le milieu prairial. Les études d’écologie réalisées sur certaines de ces espèces confirment que la ville comprend une multitude de milieux, c’est-à-dire de lieux dont on prend en compte la dimension biophysique. Ces milieux sont autant d’opportunités écologiques pour différentes espèces animales.
On dispose, au contraire, de très nombreuses informations concernant l’animal familier. Si nombre d’animaux ont fait partie de cette catégorie des animaux familiers, aujourd’hui, ce sont le chien et le chat qui sont cités comme le couple fondateur du petishism (Szasz, 1968). Il y aurait plus de 45 millions d’animaux de compagnie dans 51,9 % des familles françaises rurales et citadines, dont 7,9 millions de chiens (et près de 500 000 rien qu’à Paris) et 8,4 millions de chats (et près de 800 000 à Paris). Chats et chiens sont répartis dans 44,8 % des foyers (Facco/Sofres, 1998). L’animal se trouve essentiellement dans les foyers de trois personnes et plus (pour 56 % des chiens et 49 % des chats). Ces chiffres placent la France au rang de deuxième possesseur mondial d’animaux de compagnie derrière les États-Unis et montrent l’ampleur du phénomène.
La possession des chiens et chats est suivie en France par celle des poissons (23 millions), des oiseaux (6 millions), des rongeurs (cochons d’Inde, hamsters, souris) et des lapins nains (au total de 1,7 million). De nouvelles espèces encore rares en France – tortues, lézards, serpents, crocodiles, insectes, mygales, scorpions, rats, furets, cochons nains – prennent progressivement place comme nouveaux animaux de compagnie.
La possession d’un animal familier n’est pas particulièrement un fait urbain. Le taux de possession décroît quand on passe de la campagne à la ville et des petites agglomérations aux grandes agglomérations : 63 % des chiens et 55 % des chats vivent dans des agglomérations de moins de 20 000 habitants et 40 % d’entre eux, en milieu rural. Mais l’animal familier prend une grande place dans la vie des villes et sa présence est devenue importante pour les citadins, la seule possible et même désirée.
En dépit de la richesse de la relation du citadin à l’animal, de son importance dans la vie urbaine contemporaine et du renouvellement des sensibilités envers les animaux 2 , peu de travaux en sciences sociales portent sur la dimension concrète et symbolique de cette relation.
Certes, des sociologues, des anthropologues se sont intéressés à la relation à l’animal y compris dans les villes. Mais ces chercheurs, pour l’essentiel, critiquent la place que prend l’animal de compagnie auprès des citadins. L’animal serait un objet de substitution (Yonnet, 1990), un bien d’équipement (Herpin, Verger, 1992). Il traduirait une incapacité à aimer son semblable et donc à vivre en bonne société urbaine, symptomatique de la solitude comme mode de vie urbain. Car aimer l’animal, l’avoir comme compagnie, c’est se prêter à un comportement qui vous identifie à lui, vous invite à rejeter l’homme comme étant contre la bête (J.-P. Digard, 1990). Au mieux, il aiderait l’adulte handicapé ou la personne âgée à pallier leurs difficultés ou faciliterait à l’enfant l’apprentissage de la vie.
Ces travaux éludent le fait que l’étude des rapports citadin/animal puisse éclairer les bouleversements actuels que connaissent les rapports au corps, au vivant, à la nature. La transformation des modes d’habiter, ce siècle dernier, et les progrès techniques au sujet du vivant jouent dans cette évolution. Ils sont liés à l’extension de l’urbanisation, et son corollaire, le développement des problèmes d’environnement.
La ville moderne n’a plus rien à voir avec celle de la Renaissance ou de l’époque classique. Le changement d’échelle exprime l’émergence de la civilisation urbaine 3 . Déjà, vingt agglomérations dépassent les dix millions d’habitants. À l’échelle mondiale, les villes constituent les lieux de vie d’un habitant sur deux et sont associées à l’idée de modernité, d’avenir. De plus, on constate une diffusion du mode de vie urbain qui le généralise. Pourtant, on ne vit pas de la même façon en ville qu’à la campagne, même s’il y a des similitudes entre modes de vie urbains et ruraux et si l’évolution des techniques, de communication principalement, tend à accroître les relations entre milieux.
Le monde de la ville est donc devenu difficile à cerner. La métropole ou « métapole » (Ascher) ne rappelle en rien l’idée qu’on garde de la cité. Même les chercheurs et les acteurs professionnels de la ville reconnaissent qu’ils échouent à accompagner l’évolution des modes d’habiter 4 . Alors, il importe de saisir le sens des milieux urbains, d’identifier leurs qualités en fonction de la recomposition des territoires vécus, et de connaître les territoires où se composent de nouvelles solidarités, et les espaces, enjeux des conflits.
L’étude de la place de l’animal en ville peut ouvrir un nouveau chapitre des études urbaines ; permettre de comprendre les modes d’appropriation des territoires de la ville, les modes d’habiter. Pour cette raison, nous avons privilégié l’étude des représentations communes. Par ce terme, nous ne désignons pas un niveau de discours qui serait en deçà des faits. Plutôt, ce sont les faits représentés ; représentations de l’animal différentes des constructions scientifiques 5 .
Aujourd’hui, on s’intéresse aux pratiques citadines afin d’optimiser le fonctionnement de la ville : mobilité, transport… On étudie le rapport des consommateurs au marché urbain. Par contre, on sait peu de chose des rapports des citadins à leur milieu de vie : ils font appel à l’imagination, au symbolique, au concret, au social et à l’économique 6 … Pourtant, c’est une dimension essentielle des problèmes d’environnement, contribuant à la crise urbaine. Pour comprendre ces rapports multiples, il faut en finir avec le système de pensée séparant sujet/objet et éludant leur imbrication. Alors que les constructions scientifiques ont une visé

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