Alfred Russel Wallace, plus darwiniste que Darwin mais politiquement moins correct
136 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Alfred Russel Wallace, plus darwiniste que Darwin mais politiquement moins correct , livre ebook

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
136 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Alfred Russel Wallace (1823-1913) est l’un des plus grands naturalistes du 19e siècle. Autodidacte génial, co-inventeur de la théorie de l’évolution, explorateur de régions inconnues d’Amazonie et de l’archipel malais, père de la biogéographie, écologiste avant l’heure mais aussi socialiste, anticapitaliste, antimilitariste, féministe et donc « politiquement incorrect » dans l’Angleterre victorienne.
Wallace est déiste et spiritualiste : il croit a l’existence d’un monde des esprits, à l’existence d’un pouvoir organisateur surnaturel, aux fantômes et en cela, aussi, il est « politiquement incorrect » pour ses collègues et amis comme Huxley, Hooker, Darwin qui cherchent à dégager la science de toute contrainte philosophique ou religieuse et à la fonder sur des bases rationnelles.
Wallace est un personnage fascinant sur le plan scientifique et personnel. Sa vie est un vrai roman !

Sujets

Informations

Publié par
Nombre de lectures 0
EAN13 9782803103812
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0030€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Alfred Russel Wallace,
plus darwiniste que Darwin mais politiquement moins correct
JACQUES REISSE
Alfred Russel Wallace,
plus darwiniste que Darwin mais politiquement moins correct
P M M RÉFACE DE ICHEL ORANGE
C S LASSE DES CIENCES
A B CADÉMIE ROYALE DE ELGIQUE
Académie royale de Belgique rue Ducale, 1 - 1000 Bruxelles, Belgique www.academieroyale.be
Informations concernant la version numérique ISBN : 978-2-8031-0381-2
© 2013, Académie royale de Belgique
Mémoires de la Classe des Sciences, Collection in-8°, série IV tome II N° 2093
Diffusion Académie royale de Belgique www.academie-editions.be
Crédits Conception et réalisation : Grégory Van Aelbrouck, Laurent Hansen, Académie royale de Belgique
Bebooks - Editions numériques Quai Bonaparte, 1 (boîte 11) - 4020 Liège (Belgique) info@bebooks.be www.bebooks.be
Informations concernant la version numérique ISBN 978-2-87569-112-5 Apropos Bebooks est une maison d’édition contemporaine, intégrant l’ensemble des supports et canaux dans ses projets éditoriaux. Exclusivement numérique, elle propose des ouvrages pour la plupart des liseuses, ainsi que des versions imprimées à la demande.
PRÉFACE
Alfred Russel Wallaceoccupe une place étrange dans l’histoire des sciences. Il y est mentionné pour avoir découvert, en même temps que Darwin, le mécanisme de l’évolution par sélection naturelle. Mais la description de ses contributions s’arrête là. Certains y flairent une injustice, le résultat de l’accaparement par Darwin et ses amis de la nouvelle théorie. D’autres, au contraire, suggèrent que, en dépit de cette étonnante découverte, Wallace n’était pas un scientifique sérieux, mais un amateur qui soutenait avec le même enthousiasme la théorie de l’évolution et la réalité des phénomènes de « tables tournantes ». L’ouvrage de Jacques Reisse permet d’aller au-delà de cette vision caricaturale en décrivant de manière précise et systématique la vie et l’œuvre de Wallace. La personnalité de Wallace y apparait bien plus riche que dans les représentations traditionnelles. Jacques Reisse y montre en particulier un Wallace sensible aux transformations économiques, sociales, et technologiques de son époque, révolté par la misère ouvrière et l’hypocrisie de la colonisation, et partisan d’une redistribution des terres; un Wallace sans doute peu convenable aux yeux de la bourgeoisie anglaise. Ce livre a le grand mérite d’écarter certaines légendes tenaces. Non, Darwin n’a pas volé à Wallace la primeur de son résultat. Darwin avait eu l’idée d’une évolution par sélection naturelle bien avant Wallace. Et rien ne permet de remettre en cause le fait que ce sont les amis de Darwin, Joseph Hooker et Charles Lyell, et non Darwin lui-même, qui ont jugé nécessaire d’associer à l’article envoyé par Wallace pour publication dans le journal de la société Linéenne deux textes de Darwin, dont le premier était un montage d’extraits d’un texte de 1844. L’objectif était de bien montrer la similitude des hypothèses, mais aussi l’antériorité de Darwin. Wallace n’a pas contesté ce procédé, et a toujours reconnu la primauté scientifique de Darwin au point de donner lui-même à la nouvelle théorie le nom de « darwinisme ». Les échanges entre Darwin et Wallace furent nombreux jusqu’à la mort de Darwin, toujours empreints de respect mutuel. L’apport le plus important de Jacques Reisse est peut-être de montrer la solidité scientifique de Wallace. Bien qu’autodidacte, il avait une excellente connaissance de la plupart des sciences dont il fut un remarquable vulgarisateur. Il avait comme naturaliste une connaissance du terrain bien plus forte que Darwin, acquise au prix fort! Il a parcouru l’Amazonie aussi bien que l’archipel malais, et toujours noté avec beaucoup de précision les lieux de collecte de ses échantillons. Son oeuvre de biogéographe est reconnue, et supérieure à celle de Darwin. Sa connaissance des phénomènes de mimétisme était bien meilleure que celle de Darwin, et il put ainsi donner à ces phénomènes abondants dans la nature une plus juste place dans « la lutte pour la survie ». Cet ouvrage montre aussi combien les deux théories d’évolution par sélection naturelle proposées par Darwin et Wallace sont proches, mais cependant non identiques. Si Darwin se limite à la compétition entre individus, Wallace est prêt à admettre une compétition entre groupes et espèces. La sélection sexuelle est pour Darwin un mécanisme important d’évolution à côté de la sélection naturelle, alors que Wallace ne reconnait celle-ci que lorsqu’elle peut être identifiée à la sélection naturelle. Wallace est plus darwinien que Darwin car il rejette toute possibilité de transmission des caractères acquis. Mais la différence la plus importante est certainement leur vision des rapports entre la sélection naturelle et la sélection artificielle. Alors que, pour Darwin, la sélection artificielle est un guide pour comprendre l’action de la sélection naturelle, la sélection artificielle n’a pour Wallace rien de commun avec la sélection naturelle. Au point d’ailleurs qu’il essaiera plusieurs fois sans succès de convaincre Darwin d’abandonner totalement l’usage de l’expression « sélection naturelle » qui a, en outre, l’inconvénient de suggérer l’existence d’un
grand « sélectionneur » dans la nature. Le plus étonnant dans la personnalité de Wallace est sa croyance dans les phénomènes paranormaux. Cette croyance s’accompagne chez lui d’un rejet total du christianisme, et de l’enseignement des églises. Wallace n’est pas le seul scientifique de cette époque à croire à l’existence de tels phénomènes. Le contexte culturel très bien décrit par Jacques Reisse, avec la rapidité des progrès scientifiques et techniques et le rejet des croyances traditionnelles, constituait sans doute un terrain favorable. Mais non seulement Wallace défend, avec parfois beaucoup de naïveté, la réalité des phénomènes de spiritisme, mais il est fermement convaincu de l’existence d’un monde spirituel à côté du monde matériel. Ce qui le conduit à un dernier point d’opposition avec Darwin car, pour lui, l’évolution humaine échappe pour cette raison aux mécanismes ordinaires d’une évolution par sélection naturelle. C’est sans doute une raison supplémentaire pour Wallace de négliger la sélection sexuelle, à laquelle Darwin donnait au contraire un rôle majeur dans l’évolution humaine. Comment expliquer cette attitude de Wallace qui, sans le couper du monde scientifique, contribua néanmoins à discréditer son image de scientifique sérieux auprès de beaucoup. Certains y ont vu le symptôme d’une origine sociale modeste, et de son intégration quelque peu marginale au milieu académique. Jacques Reisse ouvre une piste que je crois bien plus intéressante. La différence majeure d’attitude entre Darwin et Wallace sur ces questions résulte de ce que Darwin est un expérimentateur, et non Wallace. Ce dernier est un naturaliste qui, par l’accumulation des observations faites, cherche à produire directement des explications des phénomènes naturels. Son modèle de science, qu’il cite d’ailleurs souvent, est l’astronomie, où seule l’observation est possible. Au contraire, quand on lit Darwin, on est frappé par le fait que la plupart des phénomènes qu’il décrit pour soutenir l’hypothèse de la sélection naturelle sont des phénomènes résultant de l’action humaine : les produits de la sélection artificielle, mais aussi les conséquences de l’introduction de nouvelles espèces animales ou végétales dans des communautés d’organismes vivants où elles étaient jusque-là absentes, et même les expériences qu’il conduit dans son propre jardin. Ce sont donc deux formes de sciences qui s’affrontent : du côté de Darwin, une science expérimentale, baconienne, où le progrès des connaissances est indissolublement lié à l’action humaine; de l’autre, une science où l’observation précise permet directement d’élaborer des hypothèses « vraies ». La première forme de science exclut de son champ tout phénomène qui ne peut être contrôlé et reproduit. La marginalité de Wallace est sans doute liée à cette évolution de la science à laquelle il n’a pas su ou pas voulu participer.
Michel Morange, Professeur à l᾿École Normale Supérieure de Paris
REMERCIEMENTS
Je souhaite remercier tout particulièrement Madame Françoise Thomas, collaboratrice scientifique de l’Ācadémie pour son patient et minutieux travail de relecture du manuscrit ainsi que Monsieur Grégory Van Āelbrouck, collaborateur scientifique de l’Ācadémie pour la conception et la réalisation de la maquette de la couverture et pour l’édition du livre. L’un et l’autre ont été aussi des interlocuteurs très précieux tout au long de la rédaction de l’ouvrage et je leur en suis profondément reconnaissant.
INTRODUCTION
Alfred Russel Wallace décède en 1913 à l’âge de 90 ans. Ainsi disparaissait un naturaliste dont l’œuvre est d’importance majeure et qui, très justement, jouissait à la fin de sa vie d’une grande renommée en Grande-Bretagne et aux États-Unis. Son nom était connu aussi en Europe continentale mais associé surtout au nom de Darwin et sans que soit vraiment reconnue l’originalité du co-inventeur de la théorie de l’évolution. En effet, l’expression « Darwin et Wallace » était et reste aujourd’hui encore liée à la première formulation d’une explication e convaincante de l’origine des espèces. Dès la deuxième moitié du 19 siècle, les naturalistes savaient que Wallace avait, comme Darwin et de manière indépendante, suggéré que « la lutte pour la vie » des organismes vivants avait pour conséquence la « sélection du plus apte » et constituait l’un des mécanismes par lesquels, après plusieurs générations, des variétés nouvelles et même des espèces nouvelles pouvaient apparaître. Les naturalistes et, plus généralement, le public cultivé savaient aussi que Wallace avaient fait deux longues expéditions dans des terres lointaines, la première en Amazonie et la seconde en Asie du sud-est, qu’il en avait rapporté des milliers de spécimens d’insectes, d’oiseaux, de reptiles, de mammifères et que ces spécimens avaient enrichi de manière très significative les collections de musées anglais. Ils savaient que Wallace était l’auteur de nombreux ouvrages dont, notamment, des narrations de ses voyages et ils savaient aussi que ses études sur les relations entre la géographie et la distribution des espèces végétales et animales étaient très novatrices. De manière plus générale encore, de nombreux intellectuels connaissaient Wallace pour ses positions politiques courageuses à propos des problèmes socio-économiques de son temps, pour son adhésion au socialisme, pour ses positions féministes ; il avait écrit des ouvrages et de nombreux articles à ce propos. Malheureusement pour Wallace, ceux qui le connaissaient pour son œuvre scientifique très importante et pour ses positions souvent « politiquement incorrectes » savaient aussi que ce grand naturaliste, que cet humaniste était un adepte voire un propagandiste de ce que, aujourd’hui, on nomme les para-sciences. Pour certains d’entre eux, l’adhésion de Wallace au spiritisme constituait une faiblesse insigne. Un homme croyant aux fantômes ne pouvait être comparé à Darwin ! Il serait faux d’affirmer que là se trouve l’origine exclusive de l’oubli dans lequel le nom de e Wallace est tombé dès la première partie du 20 siècle, mais il fait peu de doutes que la réputation de Wallace s’est trouvée sévèrement écornée par l’intrusion de l’irrationnel dans certains de ses écrits et de ses discours. Wallace était un spiritualiste qui considérait qu’en ce qui concerne les facultés intellectuelles de l’homme, la sélection naturelle ne pouvait tout expliquer et que la place de l’homme dans le monde animal et plus généralement au sein de l’Univers résultait de la volonté d’une entité supranaturelle. En défendant une telle position, Wallace se plaçait en marge du courant scientifique incarné par Darwin, Thomas Huxley et bien d’autres pour qui la science devait se libérer définitivement des carcans imposés par la religion ou par des croyances en l’existence d’un monde des esprits. Pour ces scientifiques, l’attitude de Wallace était « politiquement incorrecte » par rapport à des normes de neutralité de la science qu’ils tentaient d’imposer. Enfin, Wallace était un homme d’une très grande modestie qui, en ce qui concerne la formulation de la théorie de l’évolution notamment, a toujours minimisé son rôle et insisté sur le rôle prééminent de Darwin allant jusqu’à utiliser le termeDarwinism, qu’il a lui-même forgé, comme titre d’un ouvrage qu’il consacre à une théorie dont il était pourtant l’un des pères. La conjonction de ces divers facteurs explique l’oubli dans lequel est tombé Wallace peu de temps après sa mort. e Depuis le dernier quart du 20 siècle, la situation s’est modifiée pour différentes raisons. L’étude de l’histoire des sciences et des scientifiques a fait apparaître que plusieurs « grands savants » et parmi eux Newton avaient été des adeptes zélés de pratiques considérées
  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents