« Augmenter la longévité de la vigne est une approche décisive pour réaliser une viticulture de haute qualité. Continuer à parler de terroir, puis après vingt ans, devoir arracher la vigne est une absurdité toute italienne » écrit Carlo Petrini, fondateur de Slow Food, dans sa préface.
Comment remédier à des pratiques souvent peu soucieuses du bien-être de la plante ? Grâce à l’intuition de Marco Simonit et de Pierpaolo Sirch, la méthode de taille de la vigne portant leurs noms, ont fait renaître des usages ancestraux. Sensibles aux spécificités de chaque plante, ils ont actualisé ces pratiques avec l’aval de la recherche scientifique et les ont codifiées en règles opératoires simples, mais essentielles. Après le premier guide sur la taille Guyot, voici le deuxième volume sur la taille en cordon permanent. Avec la même clarté, accompagné de plus de 400 illustrations explicatives, ce guide aborde tous les aspects que le tailleur averti, professionnel ou non, doit respecter, afin d’obtenir l’équilibre et la longévité maximale du plant de vigne. C’est possible uniquement si la taille est considérée comme un travail d’excellence.
Dans la première partie du guide, les caractéristiques novatrices de la méthode Simonit&Sirch sont mises en évidence et comparées aux pratiques de taille traditionnelles. Les chapitres de la deuxième partie sont dédiés à l’application de la méthode au cours des diverses saisons et en fonction de l’âge de la vigne : de la formation du cep à partir de la barbue, au développement de la ramification sur des plantes de quinze ans en passant par la formation du cordon (double ou simple) et en proposant une gestion de la ramification verticale ou oblique. Les opérations de reconversion et de reformation du cep sont également dans cet ouvrage.
Chapître 8 FORMATION DU CORDON SIMPLE VERTICAL 132 Pan du chapître 134 Cordon sîmpe vertîca à quatre poînts de végétatîon re 1 année – Printemps∙Été∙Automne∙Hiver e 2 année – Printemps∙Été∙Automne∙Hiver e 3 année – Printemps∙Hiver e 4 année – Printemps∙Hiver
Chapître 9 FORMATION DU CORDON SIMPLE OBLIQUE 164 Pan du chapître 166 Cordon sîmpe obîque à quatre poînts de végétatîon re 1 année – Printemps∙Été∙Automne∙Hiver e 2 année – Printemps∙Été∙Automne∙Hiver e 3 année – Printemps∙Hiver e 4 année – Printemps∙Hiver
Chapître 10 DÉVELOPPEMENT DE LA RAMIFICATION 196 Pan du chapître 198 Cordon doube après quînze ans de ramîicatîon Printemps∙Été∙Automne∙Hiver 206 Cordon sîmpe vertîca après quînze ans de ramîicatîon Printemps∙Été∙Automne∙Hiver 214 Cordon sîmpe obîque après quînze ans de ramîicatîon Printemps∙Été∙Automne∙Hiver 222 Reformatîon des poînts de végétatîon re 1 année – Hiver e 2 année – Printemps∙Hiver e 3 année – Printemps∙Hiver
Chapître 11 APPLICATION DE LA MÉTHODE SUR LES PLANTES ADULTES 240 Pan du chapître 242 Reconversîon à a structure ramîiée re 1 année – Hiver e 2 année – Printemps∙Hiver e 3 année – Printemps∙Hiver
264 Reconstîtutîon de a pante re 1 année – Reconstruction du cep, Hiver e 2 année – Reconstruction du cep Printemps∙Été∙Automne∙Hiver e 3 année – Reconstruction du cep Printemps∙Été∙Automne∙Hiver
Chapître 12 VARIANTE DU CORDON SIMPLE OBLIQUE 286 Pan du chapître 288 Mîse en pace de quatre poînts de végétatîon re 1 année – Hiver e 2 année – Printemps∙Hiver e 3 année – Printemps∙Hiver e 4 année – Printemps∙Hiver 310 Déveoppement après quînze ans de ramîicatîon Printemps∙Été∙Automne∙Hiver
318Bîbîographîe choîsîe 321Remercîements
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Guîde pratîque de a taîe en cordon. Prévenîr es maadîes du boîs
Repartîr de a vîgne pour es grands vîns de demaîn
Je me rappee avoîr rencontré pour a premîère foîs Marco Sîmonît et Pîerpaoo Sîrch à Montpeîer à ’occasîon de a premîère édîtîon des Vîgnerons d’Europe. C’étaît en 2007, î y a déjà dîx ans et ces deux garçons m’ont stupéfaît. Le concept qu’îs exposèrent à un parterre de vîgnerons européens, majorîtaîrement françaîs et îtaîens, étaît très sîmpe, maîs exprîmaît une sagesse toute agrîcoe. Pour un béotîen, eur recette pouvaît sember sîmpîste avec un retour à une vîtîcuture antîque pus orîentée sur a santé de chaque pant de vîgne. Leur système de taîe étaît en réaîté une approche révoutîonnaîre quî par a suîte s’est afirmée comme ’une des pus înnovantes. Le faît de s'înspîrer de pratîques ancestraes, surtout adaptées à a cuture de pantes arbustîves, a un mérîte hîstorîque quî eur sera assurément reconnu. Augmenter a ongévîté de a vîgne est une approche décîsîve pour réaîser une vîtîcuture de haute quaîté. Or, parer de Terroîr en devant arracher a vîgne après vîngt ans est une absurdîté. On saît bîen que a quaîté des fruîts dépend de ’équîîbre de a pante quî es produît et cecî n’est possîbe qu’après un certaîn nombre d’années. Maîs ce quî m’a e pus séduît dans eur îdée est a tentatîve, très bîen réussîe, de redonner de a dîgnîté à un métîer ancestra îndîspensabe, ceuî du taîeur. En voyageant, Marco et Pîerpaoo ont eu a perspîcacîté d’apprendre de vîgnerons françaîs et ont comprîs qu’au nord des Apes ce métîer étaît bîen mîeux consîdéré qu'en Itaîe. I est vraî qu’î exîste en France un ordre professîonne de a taîe et des concours pubîcs de taîe y sont organîsés. Sî on veut obtenîr de grands vîns, î faut partîr de a vîgne en consîdérant chaque pante comme un îndîvîdu à part entîère. I est înutîe de se gargarîser de termes abstraîts îés à ’œnoogîe sî a matîère premîère encavée est de mauvaîse quaîté. Ces deux garçons du Frîou, grâce notamment à eur întuîtîon, sont parmî es agronomes actueement es pus réputés. Is contînuent en effet eur œuvre de vugarîsatîon, et surtout de recherche, comme en témoîgne cet ouvrage. Nous avons besoîn de personnes quî s’învestîssent corps et âmes pour a pratîque, car ’agrîcuture ne pourra progresser qu’en améîorant es condîtîons de travaî de ses ouvrîers et eur formatîon contînue. Les grands vîns naîssent sur de grands terroîrs, produîts par des vîgnes équîîbrées quî sont conduîtes par des vîtîcuteurs conscîencîeux et respectueux de eur patrîmoîne.
Caro Petrînî Fondateur de Sow Food
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Guîde pratîque de a taîe en cordon. Prévenîr es maadîes du boîs
Tout change, tout évoue. Égaement a taîe
La taîe est 'un des gestes e pus ancestra du vîgneron. Son but est de forcer a vîgne à îmîter son déveoppement végétatîf, à bîen posîtîonner sa charpente, à îmîter a quantîté de raîsîns produîts, à bîen posîtîonner e raîsîn dans e paîssage tout en préservant a capacîté de productîon de chaque cep e pus ongtemps possîbe. C'est aussî e symboe d'un dur abeur, pérîode ongue, dîficîe, réaîsée au cœur de 'hîver, dans des condîtîons cîmatîques partîcuîèrement froîdes en Champagne. C'est enin un acte très sophîstîqué d'adaptatîon cuturee et d'ambîtîon quaîtatîve de 'Homme face à un îeu, un terroîr, un cîmat, un produît. Dans nos bees appeatîons, a taîe est souvent dressée au rang des savoîr-faîre es pus spécîiques d'une régîon, codîiée et régementaîre, argement enseîgnée dans es écoes de vîtîcuture, et a tentatîon pourraît être forte de a consîdérer comme un hérîtage îmmuabe, ixe, gravé dans e marbre… Or ce seraît probabement passer à côté de 'essentîe ! En effet, e cîmat change, e monde se gobaîse, e matérîe végéta vîeîît, es produîts évouent, de nouvees maadîes apparaîssent et mettent en évîdence des împasses technîques qu'î nous faudra surmonter. Face à un monde dynamîque et évoutîf, î est nécessaîre de nous adapter en permanence et nos pratîques doîvent donc être vîvantes, quîtte, parfoîs, à es remettre en cause pour mîeux es réînventer. Cette îdée, de ne pas sîmpement se satîsfaîre du « comment » de a taîe maîs d'en rechercher e « pourquoî », nous a amené à nous rapprocher, en 2011 et à a faveur de dîscussîons avec e Professeur Denîs Dubourdîeu, des équîpes de Sîmonît&Sîrch. Rîches de nos expérîences respectîves, nous avons essayé d'apporter un regard nouveau sur nos pratîques, ce quî nous a souvent amené à redécouvrîr des gestes oubîés, et parfoîs à mettre en œuvre de nouvees pratîques comme a taîe dîte « en lux de sève ». Parmî es modes de taîe champenoîse, nous avons notamment travaîé sur a taîe en Cordon de Royat, déveoppée pus partîcuîèrement sur e Pînot noîr, et quî est e passîonnant sujet de ce îvre. Je vous souhaîte une fascînante ecture !
Jean-Baptîste Lecaîon Dîrecteur Généra – Chef de Caves Champagne Louîs Roederer
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Guîde pratîque de a taîe en cordon. Prévenîr es maadîes du boîs
Le vîn a besoîn d'œnoogues, maîs aussî de grands vîtîcuteurs
I faut consacrer sa vîe à un métîer pour avoîr des chances de e comprendre et mîeux encore de e transmettre. Le savoîr faîre ne s'învente pas, seon 'expressîon consacrée : a crîtîque est aîsée 'art est dîficîe. En commençant î y a 42 ans dans e vîn, je ne savaîs pas ce que seraît ma vîe professîonnee, aucune programmatîon, aucune îdée arrêtée, aucune envîe partîcuîère. Maîs un enthousîasme et une curîosîté naturee pour es gens et es choses quî m'entourent. Bîen sûr a premîère de mes constatatîon, que je m'empressaît de garder pour moî, c'étaît a mauvaîse quaîté des vîns produîts dans es années 60 et 70 à Bordeaux maîs aussî à travers e monde, même sî ma connaîssance des vîns du monde étaît très îmîtée en ce temps à. J'aî commencé à voyager, Amérîque du Nord, Amérîques du Sud, puîs au tota 21 pays dans esques j'aî donné des conseîs maîs où j'aî aussî beaucoup apprîs. I a fau apprendre 2 angues, beaucoup de travaî et d'abnégatîon, souvent avec e cœur, beaucoup avec es trîpes, jamaîs ce n'est facîe. I faaît comprendre, convaîncre et faîre, ce quî pourraît peut être au bout du compte améîorer un peu notre « ordînaîre », je veux parer du vîn. Comprendre, c'est se débattre entre es hommes, es cépages, es condîtîons cîmatîques, ça ne peut donc être sur une seue campagne maîs sur 2 ou 3 au mînîmum. Convaîncre est e pus compîqué tant a frîosîté de 'homme en matîère de progrès est consîdérabe. La premîère questîon quî revenaît en bouce c'étaît : « es grands crus e font-îs ? » Bîen sûr que non es grands crus n'ont jamaîs été grands par a maîn de 'homme maîs unîquement par a générosîté de a nature. Un travaî ong et fastîdîeux, maîs heureusement queques vîtîcuteurs pus caîrvoyants que es autres essayèrent certaînes technîques et queques unes furent payantes. Le process est en marche î faut uî donner e temps, e refus du progrès est te, qu'î faut presque une génératîon pour qu'enin es pus récacîtrants tentent de se 'approprîer. I en est aînsî et peut être que cette enteur, permet des évoutîons pus que des révoutîons. Après e vîn, à travers a vînîicatîon, es înstaatîons, 'éevage, 'autre étape consîste à améîorer a matîère premîère, e raîsîn quî donnera e vîn. C'est e chaenge que s'est ixé Marco Sîmonît. Ce ne sera pas chose facîe car, comme d'habîtude tout e monde pense bîen faîre et des technîques nouvees ou ancîennes, maîs appîquées à a ettre, n'întéressent pas a prîorî. I eur faudra mettre tout eur savoîr maîs aussî eur force de convîctîons pour inaement aîder es gens à faîre mîeux. C'est a vîe du consutant, îs essuîeront es crîtîques, îs recevront des coups, îs entendront des ânerîes. Maîs e travaî paye et avec beaucoup d'obstînatîon, en ne tenant pas trop compte des détracteurs, îs montreront que e vîn avaît besoîn d'œnoogues, maîs aussî de grands vîtîcuteurs.
Mîche Roand Œnoogue consutant et producteur de vîn