La Nouvelle Musique des sphères

Claude-Samuel Lévine, Sylvie Vauclair

Description

Saviez-vous que le Soleil résonne en sol dièse ? Saviez-vous que chacune des étoiles qui lui ressemblent possède sa propre signature musicale ? Nous ne sommes pas dans la fiction, mais dans la pure réalité scientifique. Les astrophysiciens observent et mesurent la résonance interne sonore des étoiles, même si le son ne nous en parvient pas directement. Pour les anciens Grecs, le monde céleste était considéré comme parfait. Les planètes tournaient autour de la Terre et la sphère des étoiles, le firmament, enrobait un monde clos. Tout n’était qu’ordre, harmonie et perfection. Le ciel s’apparentait à un concert perpétuel, la « musique des sphères ». Oui, mais voilà, la nature se rebelle. Rien n’est parfait dans le monde. Les observations et la science moderne ont mis à bas cette belle image d’harmonie. La musique elle-même s’est libérée. Et si le Soleil et les étoiles tintaient réellement comme des caisses de résonance d’instruments de musique ? Et si la belle idée antique de « musique des sphères » pouvait se transformer pour revenir d’une autre manière dans le langage scientifique aussi bien que musical d’aujourd’hui ? Partez à la découverte de la musique du Soleil et des étoiles grâce à ce livre, qui mêle astronomie de pointe et recherches musicales. Sylvie Vauclair est astrophysicienne à l’Institut de recherche en astrophysique et planétologie, professeur émérite à l’université Paul-Sabatier de Toulouse et membre honoraire de l’Institut universitaire de France. Elle est membre de l’Académie de l’air et de l’espace. Elle a notamment publié La Naissance des éléments et La Chanson du Soleil. Claude-Samuel Lévine est musicien, spécialiste en musique électronique, ondes Martenot et thérémine.

Sujets

• Astronomie
• Astrophysique
• Space Science
• Sciences et techniques
• Astronomy
• Science

Informations

• Publié par: Odile Jacob
• Date de parution: 18 novembre 2013
• Nombre de lectures: 3
• EAN13: 9782738174741
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 3 Mo

Extrait

© O DILE J ACOB, NOVEMBRE 2013
15, RUE S OUFFLOT, 75005 P ARIS
www.odilejacob.fr
ISBN : 978-2-7381-7474-1
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Sommaire
Couverture
Titre
Copyright
Prologue
Chapitre 1 - Au-delà des idées reçues
Une musique silencieuse
Infrasons célestes
Quand la musique devient visible
Le Soleil résonne en sol dièse
L’art et la science
Chapitre 2 - La « musique des sphères » dans l’Antiquité
Les sept planètes de l’Antiquité
L’origine des jours
La légende de Pythagore
Les intervalles musicaux fondamentaux
Le tétracorde
La tétraktys pythagoricienne
1 + 2 + 3 + 4 = 10
La musique des sphères
Diabolus in musica
Platon
Musique et astronomie
Chapitre 3 - Du cosmos antique à l’Univers contemporain
Les balbutiements du cosmos antique
Retour à la perfection céleste
Sphéricité de la Terre
Aristarque de Samos
L’évolution des connaissances
Le monde réel existe-t-il ?
Moyen Âge
Astronomie chinoise
Astronomie arabe
Nicolas de Cues
Derniers sursauts de la musique des sphères antique
Révolution copernicienne
Chapitre 4 - Musiques et ondes
La musique n’est pas mathématique…
La musique est physique
Ondes et vibrations
Lumière visible et invisible
Harmoniques linéaires
Différences de timbres
Retour aux intervalles musicaux classiques
La ronde des quintes
Caisses de résonance
Harmoniques d’une membrane circulaire
Harmoniques sphériques
Chapitre 5 - L’Univers des étoiles variables
Quelques explications
Le Soleil est une caisse de résonance
La saga des étoiles variables
Étoiles « pulsantes »
Le harem de M. Pickering
Étalons de mesure
Le « grand débat »
Autres étoiles variables
Amplification et amortissement
Retour du Soleil
Les étoiles musicales
Chapitre 6 - Les vibrations acoustiques du Soleil et des étoiles
Casse-tête observationnel
Un soleil qui ne se couche jamais
Millions d’harmoniques
De l’héliosismologie à l’astérosismologie
Exoplanètes et vibrations stellaires
L’évolution des connaissances
Chapitre 7 - Place à l’orchestre symphonique des étoiles !
Langage poétique et langage scientifique
Spirale ouverte
Instruments célestes
Qu’est-ce que la musique ?
Présentation de l’œuvre musicale
Les douze étoiles de la gamme stellaire
Le spectre audio des étoiles musicales
Les étoiles mises en musique
DE SYLVIE VAUCLAIR
Prologue

Dans les anciens temps, la musique avait un sens beaucoup plus large qu’aujourd’hui. Elle concernait globalement tous les arts et les sciences liés aux Muses, dans tous les domaines. Filles de Zeus et de Mnémosyne, déesse de la mémoire, les Muses étaient au nombre de neuf : Calliope (éloquence, poésie épique), Clio (histoire), Érato (poésie lyrique), Euterpe (art des sons, ce que nous appellerions aujourd’hui « musique »), Melpomène (tragédie), Polymnie (rhétorique), Terpsichore (danse), Thalie (comédie) et enfin Uranie (astronomie). Ainsi les notions d’art et de science, aujourd’hui séparées, étaient unifiées… et l’astronomie faisait partie de la musique !
C’est ainsi que les Grecs anciens, à commencer par les pythagoriciens, ont développé en symbiose l’art des sons et la science des sphères célestes. L’ensemble était conçu dans un esprit d’harmonie, d’ordre et de plénitude, comme il se devait dans la continuité de l’esprit des Muses.
Les philosophes de l’Antiquité ne connaissaient du ciel et de l’espace que ce qu’on peut en voir à l’œil nu. Le Soleil, astre du jour, la Lune, astre nocturne, les étoiles, points lumineux dessinés sur une sphère imaginaire, et les planètes, astres errants au milieu des étoiles, se déplaçant au cours du temps par rapport aux constellations célestes. Ils ont donc construit une représentation imagée de ce monde visible, dont le centre était matérialisé par la Terre.
Selon cette conception privilégiant ordre, harmonie et perfection, le monde céleste ne pouvait comporter que des sphères. Les astres avaient par définition la forme de globes parfaits et aucun défaut d’aucune sorte ne pouvait les effleurer. La Terre elle-même était sphérique, car le centre du monde n’aurait pu avoir une autre forme. Les astres errants, Soleil, Lune, planètes, tournaient eux-mêmes sur des sphères concentriques autour du globe terrestre. Enfin, la sphère des étoiles, ou firmament, enrobait ce monde clos.
Il s’agissait déjà, selon l’esprit des Muses, de « mise en musique » de l’univers visible. Cependant, les philosophes antiques sont allés beaucoup plus loin. En même temps qu’ils étudiaient le ciel, ils s’intéressaient aux sons émis par des objets divers, en fonction de leur forme, de leurs dimensions, de leur poids, ce que nous appellerions à présent leurs « paramètres physiques ». Les pythagoriciens se sont focalisés sur les instruments les plus simples, les cordes vibrantes, qui vibrent et émettent des sons lorsqu’elles sont déplacées de leur position d’équilibre. Ils ont découvert que les sons obtenus en divisant les cordes dans des proportions mathématiques simples produisaient des intervalles agréables à l’oreille.
Tout était unifié. L’art des sons et l’harmonie céleste pouvaient se comprendre et s’interpréter ensemble, en symbiose, d’une manière mathématique. Une étude approfondie des intervalles musicaux permettait de les classer d’une manière particulière, selon un schéma parallèle à l’ordre des astres qui tournaient autour de la Terre. C’était magnifique ! Il suffisait d’attribuer à chacune des sphères célestes une note de musique et le ciel devenait le siège d’un concert perpétuel, dans l’harmonie générale du monde. La « musique des sphères » était née et s’est enracinée, à tel point que toute cette perfection est devenue un dogme chez de nombreux philosophes.
Or la nature se rebelle. Rien n’est parfait dans le monde. Les imperfections du mouvement des astres étaient connues des philosophes grecs et certains les avaient étudiées, en contradiction avec le mouvement général de la pensée qui consistait à les gommer, à ne pas en tenir compte, à considérer l’harmonie liée aux nombres comme la seule vérité. Vouloir plier la nature à ses désirs de bonheur et d’harmonie n’a qu’un temps. Les observations prennent le dessus et dévoilent les rouages du fonctionnement de l’Univers. C’est le début de la science proprement dite, différente de l’art, même si le développement de ces deux attributs des Muses a continué en parallèle.
La musique telle que nous l’entendons à présent, au sens propre comme au sens figuré, ne se plie pas non plus à la perfection mathématique, contrairement au souhait des philosophes antiques. La suite des intervalles musicaux ne s’accorde pas aux exigences de la théorie des nombres. Cette imperfection est un bienfait, car elle ouvre à la musique une grande richesse d’interprétations et de sensibilités possibles.
Il pourrait sembler étrange, a posteriori , que les philosophes grecs aient assimilé la musique des sphères aux sons d’une corde, plutôt qu’à ceux d’une sphère. Cependant, la question ne s’est jamais posée de cette manière jusqu’à aujourd’hui. Les sons harmonieux, agréables à l’oreille, étaient ceux d’une corde, et c’est sur la base des cordes que s’est construite la gamme musicale qui est encore la nôtre, avec quelques variantes.
Nous savons à présent que cette musique des sphères antique n’existe pas. Les représentations de l’Univers ont beaucoup évolué au cours des siècles. La Terre n’est plus le centre du monde, pas plus que le Soleil. De nombreux systèmes stellaires semblables à notre Système solaire sont observés dans l’espace. Dans le même temps, en parallèle, les notions d’harmonie musicale et de beauté des accords se sont transformées. Les musiciens ont commencé petit à petit à accepter les dissonances, les agrégats, des intervalles différents de ceux de la gamme classique, et les auditeurs ont commencé à les apprécier. La musique est sortie des normes antiques, elle s’est libérée, elle est passée dans une autre dimension.
Alors est arrivée une surprise, une découverte inattendue, très récente. Le Soleil et les étoiles qui lui ressemblent tintent réellement comme des caisses de résonance d’instruments de musique. Il s’agit de sons que nous ne pouvons pas entendre directement, mais dont nous pouvons observer les effets parce qu’ils entraînent de minuscules variations périodiques de la lumière émise. Des techniques précises et des instruments d’observation particuliers ont été développés pour étudier ces vibrations stellaires dues aux ondes sonores. Il s’agit donc à présent de la vraie résonance des sphères vibrantes. C’est la nouvelle musique des sphères, la vraie musique des étoiles !
Au cours de ce livre, nous allons pénétrer les secrets de la musique des sphères, depuis l’Antiquité jusqu’à nos jours, en parallèle avec l’évolution des connaissances scientifiques et des représentations de l’Univers que les hommes se sont construites au cours du temps. Nous allons ensuite découvrir plus précisément la musique des étoiles, c’est-à-dire leur résonance acoustique. Nous verrons que son étude détaillée apporte aux astronomes des informations précieuses sur leur structure et leur histoire. Et nous verrons aussi que cette musique céleste, inaudible pour nous directement, peut être transposée de façon à devenir accessible à nos oreille