La troisième édition du Petit précis d‘agriculture reprend les éléments clés qui ont fait le succès des précédentes éditions. Il s’articule autour de 4 grands thèmes :
Les politiques agricoles et l’environnement juridique et institutionnel de l’exploitation agricole.
L’environnement physique des productions végétales et les principales espèces cultivées en France.
Les facteurs de production (habitat, alimentation, santé et hygiène, reproduction, sélection…) et les principales productions animales.
La transition agroécologique et l’agriculture biologique.
Petit précis d’agriculture est un ouvrage pratique de synthèse et de référence dans les domaines technique, économique et réglementaire en agriculture. Il s’adresse aux élèves, aux acteurs du monde agricole et para-agricole (industriels et institutionnels), et, bien sûr, aux agriculteurs eux-mêmes.
Il offre aux lecteurs un panorama très large de l’agriculture française et des références solides permettant de découvrir ou de redécouvrir les notions fondamentales de l’agriculture.
Cette troisième édition, outre son actualisation complète, apporte, en particulier, des précisions sur l’agroécologie, l’agriculture de conservation et les couverts d’interculture multiservices.
Petit précis d’agriculture est un outil indispensable à tout acteur du monde agricole car il couvre l’ensemble des connaissances nécessaires et communes aux professionnels du secteur.
AG R IUnivers agricole P R O D U C T I O N Petit précisd’agriculture De la politique à la technique Le contexte de l'exploitation agricole Les productions végétales et animales Les différents types d’agriculture Françoise Néron e 3 édition
Les bâtiments d’élevage et leurs équipements sont les premiers éléments qu’aperçoit un visiteur lorsqu’il arrive sur une exploitation. Puis il peut repérer les aliments présents, stockés ou en cours de distribution, qui lui donnent des indications sur l’aspect « rationnement » de la conduite du troupeau. Des éléments plus discrets vont le renseigner sur l’état sani taire et les pratiques d’hygiène de l’élevage, ainsi que, souvent, les techniques de reproduction utilisées. Enfin, les choix en matière de sélection ne seront vraiment connus qu’après discussion avec l’éleveur. C’est cette progression que nous avons choisi de suivre dans l’étude des facteurs de production.
Bâtiments et équipements
Loger des animaux, c’est les placer dans des conditions de vie artificielles mais dans un milieu plus favorable afin d’améliorer leurs performances. Des bâtiments bien conçus doivent faciliter le travail de l’éleveur. Le législateur intervient également de plus en plus souvent dans la conception des bâtiments, que ce soit pour des raisons environnementales (mise aux normes) ou pour améliorer le bienêtre animal (respect d’une surface minimale par animal). Dans ce dernier cas, les préoccupations sociétales rejoignent les objectifs de résultat de l’éleveur puisque meilleures sont les conditions de vie de l’animal, meilleures sont ses performances.
Du plein air à la vie en bâtiment Le plein air intégral
Pour des raisons économiques ou par conviction personnelle certains éleveurs choisissent le plein air intégral, leurs animaux ne rentrent jamais dans un bâtiment. Ce système peut concerner certains lots d’animaux ou, plus rarement, l’ensemble du troupeau. Il est néan moins souhaitable de prévoir des abris naturels tels que les haies ou les bois afin que les bêtes puissent trouver quelques protections lors de trop grosses intempéries.
Les principaux inconvénients de ce système sont les difficultés d’intervention sur les ani maux et leur manque de docilité. Il convient de prévoir des dispositifs de contention. Le travail est également plus inconfortable pour l’éleveur qui, lui non plus, n’est pas à l’abri. Dans ce système, les animaux ont des performances moindres.
En revanche, le plein air intégral est, par définition, très économique en investissement et génère peu de problèmes sanitaires du fait de l’absence de confinement des animaux.
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La stabulation permanente
Les facteurs de production
À l’opposé, certains éleveurs laissent en permanence les animaux dans les bâtiments. C’est la règle pour la majorité des engraisseurs porcins ou bovins mais la stabulation permanente peut également se rencontrer en élevage laitier.
Le principal avantage de ce système est la meilleure maîtrise des conditions environnemen tales. Cette constance dans les conditions de milieu est propice à une production régulière et soutenue. Il est en outre plus facile de s’occuper d’animaux en bâtiments, il y a moins de problèmes de contention. Même pour des herbivores, certains choix techniques favo risent la stabulation permanente : c’est le cas, par exemple, du robot de traite en production laitière qui doit rester accessible 24 heures sur 24 aux vaches en lactation. Le pâturage est alors plus difficile à pratiquer pour cette production.
Les systèmes intermédiaires
Dans les élevages d’herbivores, la pratique habituelle est un système mixte avec alternance de périodes en bâtiment en hiver et de périodes de pâturage à la belle saison. Une tran sition est généralement pratiquée entre ces deux régimes.
Les animaux sont habituellement sortis lorsqu’ils peuvent prélever le fourrage « en vert » sur la parcelle, économisant ainsi les frais de récolte et de distribution. Ce système améliore globalement l’état sanitaire de l’animal, à l’exception du parasitisme (douves, strongles, etc.). Certains éleveurs prolongent les périodes de pâturage audelà des possibilités de fournitures alimentaires par la parcelle pour des raisons de facilité de travail et de meilleur état sanitaire du troupeau. Dans ce cas, un complément peut être amené sur les prairies grâce à des nourrisseurs (concentré pour les veaux) ou des râteliers (foin).
Pendant la période de pâture il n’est pas nécessaire de prévoir un stockage des effluents, ce qui constitue un avantage supplémentaire.
L’ambiance L’ambiance est un ensemble de paramètres physiques qui caractérisent l’environnement naturel dans lequel baignent les animaux dans un bâtiment.
La température
La zone deneutralité thermiqueest une plage de température confortable pour l’animal. Il n’a pas vraiment besoin de lutter contre le froid ou la chaleur. De ce fait, il puisera moins de nutriments dans son alimentation pour s’adapter à des températures qui ne conviennent pas à son métabolisme. Ce confort a aussi des répercussions positives sur l’état sanitaire du troupeau. Fournir aux animaux un environnement thermique adapté débouche donc sur de meilleures performances.
Cette température idéale dite «température de confort» varie selon l’espèce et l’âge de l’animal. Les jeunes sont habituellement plus sensibles au froid que les adultes.
D’une façon générale, les animaux en bonne santé résistent relativement bien aux basses températures mais redoutent les courants d’air qui peuvent occasionner certaines maladies, en particulier au niveau de l’appareil respiratoire.
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TABLEAU 11.1 : TEMPÉRATURES DE CONFORT DES PRINCIPALES ESPÈCES DE RENTE Espèce Type d’animal Zone de confort thermique
Bovine
Ovins
Caprin
Porcin
Sources : Idele, IFIP
Vache adulte Veaux Brebis Agneau
Porcelet < 15 kg
Porc à l’engraissement
Truie en lactation
5 à 25 °C 10 à 25 °C 6 à 26 °C 14 à 21 °C 10 à 20 °C 20 à 35 °C 18 à 24 °C 16 à 22 °C
L’humidité Que ce soit dans l’air (hygrométrie) ou au niveau de la litière, les ambiances humides génèrent de l’inconfort pour les animaux et les rendent plus sensibles aux maladies. Cette humidité provient de la respiration des bêtes et de leurs déjections. Un paillage important peut limiter les effets néfastes d’un excès d’humidité.
La teneur en gaz
Le métabolisme de l’animal ainsi que les effluents d’élevage dégagent de nombreux gaz, en particulier de l’ammoniac, du CO , du méthane, du monoxyde de carbone… Ces gaz 2 sont nocifs et ce, d’autant plus que leur concentration est élevée. Pour éviter ce problème, il convient de respecter certaines règles en matière de densité animale, de prévoir une hauteur de plafond suffisante et surtout de mettre en place un système d’aération qui favorise le renouvellement de l’air dans le bâtiment. Attention, « courant d’air » et « aéra tion » sont deux concepts très différents !
La poussière
Les poussières en suspension dans l’air peuvent provoquer des problèmes respiratoires. Elles sont dues principalement à une alimentation sèche (par exemple, un concentré dis tribué sous forme de farine) ou à un paillage mécanisé.
L’éclairement
Les animaux apprécient le rayonnement solaire ou, à défaut, une ambiance lumineuse. La clarté d’un bâtiment, son bon éclairage naturel ou artificiel, facilite également le travail de l’agriculteur. Mais pouvoir obscurcir ou éclairer à volonté un bâtiment est aussi un élé ment de conduite d’un troupeau : l’obscurité rend plus calme les animaux à l’engraissement, l’éclairage artificiel permet de modifier les périodes de reproduction chez les espèces sai sonnières (ovin ou caprin) ou d’accroître la production (poules pondeuses)…
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Les facteurs de production
Les aspects pratiques et économiques Le bon sens doit présider aux choix en matière de bâtiment : les investissements doivent être proportionnés aux résultats économiques espérés ; il est préférable de choisir des bâtiments polyvalents et évolutifs en vue d’un éventuel changement de production ou d’une reconversion ; le bâtiment doit être conçu de façon rationnelle afin de faciliter le travail, en particulier le nettoyage et la circulation des animaux.
Les principaux types de logement Pour les bovins
Il existe trois grands types d’installations (bâtiments, équipements et mode d’accueil des animaux) ou stabulations, destinées à loger les bovins. Le terme « d’étable » n’est plus guère utilisé hormis dans le cas de la stabulation entravée.
La stabulation entravée
Les animaux sont attachés individuellement au niveau du cou. Différents types de matériels sont disponibles, depuis l’ancien système des chaînes jusqu’aux attaches américaines, cana diennes ou hollandaises qui permettent un blocage groupé des animaux. La stabulation entravée nécessite moins de surface couverte par animal, le bâtiment revient ainsi moins cher mais les équipements sont plus coûteux. Toutefois, le coût global reste inférieur à celui de la stabulation libre.
Elle se rencontre surtout en zone de montagne pour différentes raisons : À surface égale, les bâtiments y sont plus coûteux car ils doivent pouvoir résister au poids de la neige sur les toitures en hiver, être mieux isolés… La stabulation entravée permet alors de diminuer la surface couverte nécessaire par animal. Les besoins en paille sont faibles à inexistants, ce qui limite son achat dans ces zones où la culture de céréales est peu pratiquée. Les animaux sont plus dociles et les interventions individuelles plus faciles, ce qui peut se révéler un avantage pour les éleveurs de ces zones qui travaillent beaucoup avec des races rustiques ayant un caractère vif. Cependant, certains inconvénients expliquent la désaffection que connaît ce type de loge ment, surtout dans les grands troupeaux : Les vaches attachées ne peuvent pas mani fester clairement leurs chaleurs. L’absence de tout exercice physique pen dant 4 à 6 mois fragilise les aplombs, même si ce problème est moins présent chez les races rustiques. Pour les vaches laitières, la traite en stabu lation est moins confortable pour l’éleveur.
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▲Photo 11.1 :Étable entravée avec stalles doubles
La stabulation entravée permet cependant de continuer à utiliser des bâtiments anciens. En effet, ce système d’attache était la règle il y a 50 ans. Une installation type comprend un couloir d’alimentation central de 2,6 à 2,8 m ; des stalles de 1,6 à 1,8 m de long sur 1,05 à 1,2 m de large, elles peuvent être plus larges lorsqu’elles sont « doubles » et accueillent deux animaux ; un couloir de service de 1,2 à 1,5 m de large derrière le caniveau ; une largeur d’auge de 60 à 70 cm/animal. La largeur intérieure totale d’une étable à deux rangs est de 11 à 12 m.
La stabulation libre sur aire paillée Il en existe trois catégories : Lastabulation libre semipailléeavec une aire de couchage paillée et une aire d’exercice raclée longeant habituellement la table d’alimentation. Elle génère donc deux types d’effluents : le fumier (résultat de la fermentation de déjections solides et liquides sur 2 litière) et le lisier (déjections solides et liquides). La surface conseillée est de 4,5 à 6 m / 2 VL (vache laitière) d’aire paillée avec, en plus, 2,5 à 3 m /VL d’aire bétonnée. Lastabulation libre pailléeà l’exception d’un «trottoir» non paillé devant les cornadis. Si l’éleveur a choisi un système d’aire paillée par accumulation (enlèvement du fumier tous les 2 à 4 mois), ce trottoir permet aux animaux d’être toujours à la même hauteur pour l’accès à la table d’alimentation. Ce type de logement se rencontre plus souvent en élevage allaitant, pour l’engraissement ou pour l’élevage des jeunes. Lastabulation libre entièrement paillée, très gourmande en paille.
WPhoto 11.2 :Stabulation libre à aire paillée avec un trottoir
Les facteurs de production
La stabulation doit aussi être équipée d’uncornadis. Le cornadis est un dispositif à travers lequel les animaux passent la tête pour accéder à un aliment. Il peut être simple ou autoblo quant et doit proposer un nombre de places au moins égal à l’effectif des animaux pour éviter tout problème d’accès à l’alimentation ; ceci est surtout important pour les animaux dominés quand l’alimentation est rationnée. Le cornadis autobloquant est utile pour pou voir intervenir sur l’animal : vaccination, insémination…
▲Photo 11.4 :Cornadis autobloquant
▲Photo 11.5 :Cornadis simple avec barre
La stabulation libre offre des avantages et des inconvénients inverses de ceux de la stabu lation entravée : meilleurs aplombs, meilleure détection des chaleurs… mais les besoins en surface de bâtiment et en paille sont plus importants. L’écornage est recommandé pour limiter les accidents.
La stabulation libre à logettes
Elle est moins exigeante en paille et en surface que la stabulation libre déjà évoquée. Cette installation comprend un couloir de circulation et une logette individuelle par vache. La logette se trouve sur un trottoir, surélevée par rapport au couloir. Les animaux circulent librement dans ce couloir mais montent sur une logette pour se coucher. Pour le confort des animaux, la logette peut être paillée, couverte de sciure, être en terre battue ou équipée de « matelas ». Le couloir de circulation est raclé ou même, quelquefois, équipé de caillebotis.