Étincelles

Casey Joly, Yves Berthelot

Description

Des rencontres pour grandir et s'inspirer ensemble ! Course effrénée contre la montre pour bon nombre d'entre nous afin de répondre aux exigences de nos métiers, de nos engagements familiaux, associatifs, etc. Une actualité économique, environnementale, sanitaire aux conséquences vertigineuses. Des mutations rapides de nos modes d'organisation, de travail, de soin, de vie. Nous avons un besoin accru de nous ressourcer, de respirer, de prendre du recul. Les « Étincelles », rencontres imaginées et animées par l'association UP for Humanness autour de thèmes variés, tentent de répondre à ces nécessités par l'art, la littérature, la philosophie, et la convivialité ! Elles invitent chacun, d'où qu'il vienne, à partager ses émotions quant à ces oeuvres comme ses expériences et ses souhaits pour construire un avenir plus humain.

Sujets

• Social Science
• Essays
• Sociologie, société et politique

Informations

• Publié par: Le Manuscrit
• Date de parution: 15 octobre 2020
• Nombre de lectures: 1
• EAN13: 9782304048728
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 1 Mo

Extrait

Casey Joly & Yves Berthelot
Étincelles
Des rencontres pour s’inspirer et grandir ensemble
Une publication de l’association UP for Humanness
é ditions Le Manuscrit Paris


ISBN 9782304048728
© Octobre 2020
Illustrations : © Philippine Brenac


La collection de l’Octant
La collection de l’Octant regroupe les publications de l’association UP for Humanness . Celles-ci veulent promouvoir les pratiques et politiques nouvelles issues de nos séminaires de recherche, de l’accompagnement que nous faisons d’entreprises, d’universités et d’associations et des fruits de nos actions sociales.
Pourquoi l’Octant ?
Multitude d’étoiles disséminées dans le ciel, visibles ou invisibles, les constellations réunissent et donnent du sens à des entités séparées, uniques, indépendantes. La science et l’expérience ont ainsi donné une forme, un nom, aux répartitions aléatoires d’amas de plasma lumineux qui trônent au-dessus de nos têtes lorsque nous veillons. Parmi ces constellations, il y a l’Octant, du nom de l’appareil perfectionné de mesure des longitudes et des latitudes qu’utilisaient les explorateurs du xviii e siècle pour leurs voyages à travers l’inconnu ou le méconnu. L’Octant, octans en latin, c’est aussi le chiffre 8, symbole de la chance dans la société chinoise parce que son appellation, ba , signifie aussi « prospérité ».
UP for Humanness est une association loi 1901 reconnue d’intérêt général qui crée un pont entre les associations, les universités et les entreprises à travers deux missions principales : l’insertion sociale et professionnelle de personnes fragilisées et la recherche-action sur des grands enjeux de société.
Notre recherche-action consiste à associer des acteurs de terrain, des chercheurs et les bénéficiaires d’un enjeu pour élaborer des solutions pratiques dont ils peuvent profiter, et qui sont au service d’une société plus juste et plus solidaire. Ces travaux de recherche sont réalisés, en partie, en immersion dans des lieux d’accueil de personnes vulnérables pour ancrer la réflexion dans le réel et sont rythmés par des temps d’Étincelles pour s’inspirer et prendre du recul.
« C’est un moment profondément vrai, un instant de partage authentique. D’une séance à l’autre l’Étincelle prend, toujours différemment, au gré des personnes présentes, des thèmes et des humeurs.
On ne peut pas savoir, au fond, vers où les échanges nous mèneront. Ce que l’on sait, c’est qu’il faut se laisser guider, écouter l’autre, écouter sa parole, exprimer son opinion et surtout laisser parler son cœur. Même si nous ne partageons pas les mêmes idées, et c’est ce qui fait la force des Étincelles, la rencontre est là, toujours cachée au cœur de nos échanges. Après chacune d’elles, je repars nourrie et grandie. »
Marie-Sophie Schwalm, participante à des Étincelles du CaféRencontre7, un projet social de l’association UP for Humanness





Préface
Par Xavier Emmanuelli, ancien secrétaire d’État, cofondateur de Médecins sans frontières et fondateur du Samusocial
L’étonnant épisode de l’épidémie Covid a été une source d’angoisse, certes, mais aussi de réflexion qui a permis d’acquérir une expérience sans précédent dans notre histoire.
Qu’on en juge : la télévision, source d’informations familière, avec sa grammaire spécifique d’événements portés par l’émotion et le tragique, avec sa violence, et plus ou moins explicitement sa part d’érotisme et de sexualité, cette télévision donc, a montré dès le début de l’épidémie un effondrement du sens traditionnel de la vie.
Sur toute la planète, un danger nouveau, universel, mortel et millénariste s’était abattu brusquement. Les villes bourdonnant de foules et de circulation se trouvaient d’un seul coup totalement désertes - pas un être humain, pas un véhicule - tout était figé - abandonné - minéralisé ou rien ne bougeant - et parfois, timidement des bêtes sauvages trottinaient sur les trottoirs. Sangliers, cerfs, canards en famille et même des chiens sauvages… Un rêve absurde.
La parole politique était folle, incertaine, contradictoire, dénuée de toute crédibilité et la parole des experts, des grands médecins, elle, était pleine d’assurance, mais immédiatement détruite et contredite par d’autres éminents experts et les gens, tous les gens, les gens du commun et de tous les jours étaient condamnés à être confinés, autrement dit incarcérés, emprisonnés, assignés à résidence, livrés à leurs propres forces, leurs propres ressources, à leurs propres angoisses, à leur terrible solitude – les couples, deux êtres humains adultes face à face sur leur même territoire, sans périmètre de fuite, sans ritualisation de leur violence, cohabitant sans possibilité de médiation.
Quant aux enfants qui ne demandaient qu’à grandir, qu’à imiter, qu’à acquérir par une joyeuse et exubérante conquête de la socialisation, ils découvraient l’espace commun, le petit espace réservé des parents, empiétant sans le vouloir sur le territoire vital des adultes qu’ils envahissaient du même coup pour y trouver une juste place. Pas d’information, pas de sens, une chape d’angoisse impossible à expliciter, que le bafouillage des informations en continu ne pouvait tempérer sur fond d’images constantes de toujours plus de morts, de réanimation, de désastres…
C’est à ce moment-là qu’on a pu analyser et comprendre ce que le Président appelait de ses vœux, le retour des « jours heureux », ces jours tristes, répétitifs dans les paysages urbains d’embouteillages, de consommation effrénée, de « libération » vers plus d’apostasie, vers plus de violence, vers une confusion de genres, de sexes, de compétition ou chaque homme concurrence chaque homme.
Dans le désarroi et le repli sur soi, ces jours où l’on saisit obscurément qu’on glisse inéluctablement vers une désolante fin du monde, vers un dérèglement fatal du climat, vers un environnement peu à peu détruit et empoisonné où chacun est coupable et victime de la production infinie d’ordures, de déchets indestructibles et toxiques… dans la destruction absolue de tous les êtres vivants, végétaux et animaux, qui partagent avec nous la planète.
C’est à ce moment, comme poussent les fleurs dans les fissures des murs, comme poussent les herbes entre les pavés, comme s’exprime la vie qui s’impose avec sa vigueur et son entêtement, que le désir de transcendance s’impose de plus en plus fort, de plus en plus prégnant.
C’est la quête de notre dimension, de notre réalité, la vraie, pas celle de la virtualité clapotante des écrans, pas celle des ombres, celle de la caverne de Platon, celle qui nous fait tenir debout comme être humain, celle qui fait que depuis que le monde existe chaque être a été créé à un seul exemplaire, chaque être a été créé différent, rien qu’une fois. Parmi les milliards et milliards d’autres hommes aucun n’a été créé semblable à un autre, même chez les jumeaux, même s’ils se ressemblent totalement, chacun a été créé un et un seul.
Pourquoi parfois furtivement est-on bouleversé par la beauté d’un air, d’un paysage, d’un moment, d’une rencontre fugitive pas même explicite, juste au bord du regard, juste à l’orée de notre conscience ? Pourquoi est-on en quête constamment de notre dignité même, et surtout chez les plus pauvres et les plus petits, allant jusqu’à exiger de mourir dans la dignité à défaut d’avoir vécu dans cette dignité jour après jour ?
C’est ce que propose, à chacun avec la légitimité de son parcours, de son expérience de vie, de ses épreuves, de sa foi ou de son métier, UP for Humanness dans ses différentes actions. Ainsi, l’association nous réunit pour ses « Étincelles », pour être des étincelles les uns pour les autres, pour continuer le chemin enrichis et illuminés de l’autre et des autres, dans toutes leurs dimensions et en particulier leur dimension spirituelle.
« UP », redressons-nous, pour dire notre juste humanité. Elle est inhérente à notre pass