Féminité et expression de soi
89 pages
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Féminité et expression de soi , livre ebook

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Description

Au xxe siècle, la reconnaissance de soi comme exploration des contours identitaires met en œuvre la fragmentation du sujet et de la vie. Dans la profusion des genres qui caractérise ces textes de re-création du Moi, l’inscription autobiographique s’exprime à travers roman, journal intime, fable, conte fantastique ou BD. Du mariage polygame au port du foulard, la difficile condition de femme s’affiche par le déni d’obéissance dans une recherche jubilatoire de désir et de liberté. Être de l’errance et du voyage, la femme s’y affirme contre l’enfermement, entre tradition et modernité, par une écriture du détour qui réinvente les rapports entre l’intime et la société comme leur mise en œuvre, dans un véritable transbordement de soi, chez Linda Lê, Ken Bugul, Marjane Satrapi, Andrée Chédid, Ananda Dévi, Maïssa Bey, Koné Alimatou et Fatou Fanny Cissé.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 03 mai 2022
Nombre de lectures 5
EAN13 9782304053159
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0500€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Sous la direction de Brigitte Riéra
Féminité et Expression de soi
Artistes et écrivaines au xx e siècle
Collection Genre(s) et création
é ditions Le Manuscrit Paris


Dans la même collection
Le Corps à l’œuvre , Sylvie Brodziak, 2007
Pères en textes - Médias et Littérature , Christiane Chaulet Achour, 2006
Frontières des genres , Christiane Chaulet Achour, 2006
Conte et narration au féminin , Christiane Chaulet Achour, 2005
Comité scientifique (pour ce volume) :
Sylvie Brodziak, Christiane Chaulet Achour, Dominique Fattier et Anne-Marie Lilti , professeures et maîtresses de conférence à l’Université de Cergy-Pontoise.
ISBN numérique 9782304053159 ISBN papier 9782304013986 © juin 2008


La collection Genre(s) et création
À l’heure du combat pour la reconnaissance du droit à l’autodétermination de l’identité de genre, la création, sous toutes ses formes, demeure le lieu privilégié pour la révéler et l’affirmer. Qu’elle soit littéraire, artistique ou scientifique, il s’agit de questionner, de déconstruire, de subvertir les classifications sociales et culturelles du féminin et du masculin fabriquées par le système sexe/ genre binaire et normatif. Cette collection se propose d’une part de publier en langue française des ouvrages théoriques fondamentaux pour la réflexion, d’autre part de faire connaître des travaux de recherche susceptibles d’enrichir les savoirs et de dynamiser les pratiques.


Présentation
Brigite Riéra
Chez les écrivaines et artistes du xx e siècle, la fonction personnelle et intime de l’écriture déplace toujours plus la frontière du journal intime, du témoignage ou du roman, de l’œuvre en général, tout au long de l’histoire. L’utilisation du matériau de la vie privée constitue le socle de l’écriture ou l’éclaire de loin : elle montre quoi qu’il en soit les procédés de leur mise en œuvre par l’écriture, dans le geste de création. C’est un transbordement de soi dans les limites de l’œuvre qu’invitent à lire le carnet, le fragment, les réécritures de soi dans une autre, l’image répétée ou implicite, à travers le mythe, la tragédie, l’humour ou la dérision, le masque ou les métamorphoses du moi.
Le champ des francophonies bat le rappel des valeurs du féminin en rébellion. Les accidents de vie y sont légion ; à la parole proférée loin devant soi, les corps meurtris ou expérimentés préfèrent la ruse, la dissimulation derrière le masque du personnage ou l’allégorie fabuleuse qui s’achèvera tantôt en folie tantôt en rire jubilatoire. Le repos n’y a pas encore sa demeure ; il y faudrait un train autre au moi haï et pourchassé, une autre façon de marcher que la fuite et un autre parfum que celui de la mort. Cependant des femmes écrivent et témoignent, avec la tradition ou sans elle, dans une solitude éperdue ou parmi la foule, de ce que le moi dispersé cherche à conquérir d’autonomie. L’histoire du sujet sera pour plus tard, quand l’écriture de soi aura pris ses aises et ses formes, sous différentes latitudes.
Du Vietnam nous vient ce que Julie Assier nomme « l’autobiographie désaxée » de Linda Lê dans Les Trois Parques . Elle montre comment ce premier volet d’une trilogie consacrée à la mort du père présenté sous les traits du roi Lear a recours au mythe des trois figures du destin et à la tragédie shakespearienne, comment l’histoire personnelle prend ainsi la dimension d’une fable universelle. Audrey Roussey éclaire la relation au masculin sous l’angle du mariage polygamique dans le roman de Ken Bugul Riwan ou le chemin de sable qui met en lumière le caractère insaisissable de l’auteure et une identité en recherche d’elle-même.
La quête du Moi morcelé contraint de traverser de rudes épreuves peut se révéler plaisante et enjouée comme le montre Christiane Chaulet Achour dans l’analyse de la bande dessinée Persépolis de Marjane Satrapi, – et plus particulièrement du motif du foulard –, l’occasion de rappeler le chemin parcouru en vingt ans par des œuvres et des films dans la dénonciation de l’atteinte aux Droits des femmes en Iran. Nicole Grepat Michel observe la quête jubilatoire d’une identité multiple chez Andrée Chédid à travers la figure du clown bouffon et les nombreux avatars qui cristallisent l’humanisme de son œuvre.
Martine Mathieu Job choisit, dans la littérature mauricienne féconde en témoignages personnels de femmes, les romans d’Ananda Dévi et plus particulièrement Indian tango , pour leur modalité allégorique, voire fantastique, qui offre aux personnages victimes de la société de recouvrir une humanité et surtout une féminité assumant désir et liberté. C’est cet idéal de liberté par l’écriture que scrute Brigitte Riéra dans le Journal intime et politique de Maïssa Bey, un témoignage reconstruit qui transcende la violence en Algérie pour tresser le pli de l’intime au journal ouvert sur le monde.
Jean-Rémy Amakoé D’Almeida révèle à travers Cri de souffrance de Koné Alimatou et La Blessure de Fatou Fanny Cissé l’inscription textuelle du corps féminin dans l’expérience de filles et de mères confrontées à la maladie, l’excision ou la mort.
À l’impossibilité du témoignage répondent les silences, suspens, ellipses et syncopes dans ces textes souvent inclassables, à incarner le dépôt de soi, en constante métamorphose et inaliénable.


L’obsession du père ou l’inscription autobiographique dans Les Trois Parques de Linda Lê
par Julie Assier
Depuis plusieurs années, Linda Lê s’est imposée comme une des figures les plus fascinantes de la littérature contemporaine. Son œuvre littéraire manifeste un renouvellement constant des formes ainsi qu’une grande régularité et une indéniable continuité. Ses livres, nombreux (déjà dix-neuf) et variés, tant par le genre (roman, nouvelles, essai, théâtre) que par le type d’écriture (réaliste, fantastique, tragique) offrent au lecteur un univers personnel singulier et un style au vitriol véritablement déroutant qui consiste à « susciter un choc visuel, ensuite des doutes » pour « sortir le lecteur de ses clichés de pensée 1 . »
Dans son œuvre romanesque, figurent Les Trois Parques (1997), Voix (1998) et Lettre morte (1999), une trilogie empreinte d’une rage créatrice où la folie et la mort planent au-dessus des pages comme des oiseaux de mauvais augure. Sur des registres différents (le mythe, le rêve, la fantasmagorie), Linda Lê compose ces trois romans autour de la figure symbolique d’un père, mort solitaire au Vietnam.
Premier volet de cette trilogie, Les Trois Parques se présente avant tout comme un huis clos qui met en scène trois exilées vietnamiennes : les deux sœurs, Ventre Rond et sa cadette Belles Gambettes, et leur cousine, la Manchote, dans la maison flambant neuve de l’aînée, plus particulièrement dans la cuisine rutilante. Elles préparent l’arrivée du père, le roi Lear, qui vit seul au Vietnam. Le lecteur croise des personnages aussi divers que Théo, l’amant looser de Belles Gambettes, Clousvispitons, le mari de Ventre Rond, le fantôme de Lady Chacal, la grand-mère âpre au gain et enfin le couineur, l’ami prêtre du roi Lear.
Entre portraits grinçants, scènes tragi-comiques et références mythiques, le roman illustre une nouvelle forme d’autofiction que nous appellerons « autobiographie désaxée » dans le sens où l’écrivaine s’ingénie, tout au long de son roman, à convertir sa tragédie personnelle en fable universelle.
Cette étude se propose d’étudier dans un premier temps, la figure paternelle à travers le roi Lear, personnage central, mais décentré des Trois Parques puis, dans un second temps d’analyser les procédés mis en œuvre pour conférer au texte une dimension universelle et enfin de s’interroger sur les liens tissés entre fiction et autobiographie.
Au nom du père
Le rideau s’ouvre sur la cuisine rutilante où se retrouvent tous les dimanches après-midi Ventre Rond, Belles Gambettes et la Manchote, trois exilées vietnamiennes. « Elles sont trois comme les filles du roi Lear. Comme les trois régions du Vietnam. Comme les trois Parques qui dévident, nouent et tranchent le fil de la destinée. » Dès la quatrième de couverture, le lecteur est prévenu : telles Cordélia, Régan et Gonerill ou encore telles les Moires, les personnages des Trois Parques auront un destin funeste. Père, complot, destin, mort sont les seuls mots qui nous viennent à l’esprit. Il ne s’agira pas d’une histoire heureuse, mais bel et bien d’une tragédie à la Shakespeare.

« Il était fatigué, cassé. Il attendait la fin, assis dans sa petite maison bleue, comme le roi Lear dans sa hutte, dépouillé et abandonné par ses filles. » C’est ainsi que le portrait du père se dessine dès les premières lignes. Le lecteur de Linda Lê ne peut s’empêcher de penser aux premiers portraits du père esquissés dans Solo , recueil de nouvelles publié en 1989. La figure du père présentée sous plusieurs angles est le personnage principal de cinq nouvelles au cœur même du recueil dans la partie intitulée « Le Soliste ». Cinq nouvelles, cinq variations sur les mêmes thèmes : solitude, tristesse et isolement du père dans un pays lointain, qui ne sera jamais nommé. Qu’il s’agisse d’un vieil homme seul face à son bol de thé à espérer le retour de sa fille dans « Thé lacrymal » ou d’un homme abandonné par sa femme et ses cinq filles dans « Soliloques » ou encore d’un père oublié dans la nouvelle éponyme qui ne reçoit de ses filles que « leurs pattes de mouche enfermées dans une enveloppe grise et terne comme leur amour », tous ces portraits ressemblent à des ébauches du roi Lear des Trois Parques , figure symbolique du père trahi et délaissé par ses filles. De même, on ne peut s’empêcher de penser à la figure du père que recherche désespérément la narratrice de Calomnies, publié en 1993. Ainsi, dès l’incipit, le lecteur redécouvre un personnage familier et une histoire familière autour d’un père et ses filles.

Et parmi ses filles, on retrou

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