Figures de la vulnérabilité : enjeux éthiques de la vieillesse en Afrique
484 pages
Français

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Description

Que signifie bien vieillir en Afrique pour les personnes âgées vulnérables ? Quelle est notre responsabilité pour ces personnes fragiles quand la globalisation de l'économie mondiale, les flux migratoires vers les métropoles occidentales, le contrôle des matières premières par des puissances industrielles et la fermeture des frontières des nantis aux plus démunis tendent à mettre de côté la question de la vieillesse ? Quel type d'utopie aidera les Africains à promouvoir une vraie éthique de la compassion ? En effet, la question de la vieillesse en Afrique est avant tout une question existentielle et éthique, raison pour laquelle la solution ne passera pas par la pitié, la vénération, les soins médicaux, mais par la prise en compte de la justice. Celle-ci remet à l'ordre du jour la responsabilité, la sollicitude, la compassion et le problème du pacte intergénérationnel. En somme, à travers la vieillesse, il s'agit d'interroger les traditions africaines sur le vivre-ensemble, surtout dans la fragilité. Passant outre les divers dénis autour du problème de la vieillesse en Afrique, cet ouvrage pose – au regard des traditions africaines, en fonction de l'aventure coloniale, de la structuration des États postcoloniaux et de la présence d'ONG – cette question brûlante : qu'en est-il du devoir de prendre soin des sujets et des communautés dans notre postmodernité ? Et que veut-dire prendre soin en Afrique ? Embrassant les considérations anthropologiques et éthiques, l'auteur démontre comment la vulnérabilité des personnes âgées indique celle plus profonde des États, économies, et sociétés africaines.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 09 décembre 2016
Nombre de lectures 1
EAN13 9782342058963
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0064€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Figures de la vulnérabilité : enjeux éthiques de la vieillesse en Afrique
Lucie-Blanche Miamouini-Nkouka
Connaissances & Savoirs

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.


Connaissances & Savoirs
175, boulevard Anatole France
Bâtiment A, 1er étage
93200 Saint-Denis
Tél. : +33 (0)1 84 74 10 24
Figures de la vulnérabilité : enjeux éthiques de la vieillesse en Afrique
 
 
 
A la mémoire
de mon père Daniel Nkouka
et de mon oncle Gaston Nziémbéka
 
A mère Yvonne Bonazébi
et à ma tante Thérèse Mialoundama
 
 
 
Remerciements
 
 
 
Une thèse de doctorat entraîne avec elle une suite de paradoxes, de déceptions et d’espoirs. Le paradoxe réside dans le fait que la thèse de Doctorat est une œuvre personnelle, signée et qui marque les incertitudes du Sujet face à un aspect du réel. Elle est aussi une élaboration collective qui a bénéficié des informations de plusieurs auteurs et personnes. Reste que dans ce paradoxe, la responsabilité individuelle prime et l’auteur est le seul à rendre compte de la démarche, des manquements et options de son travail. Ensuite, une thèse s’ouvre et se referme sur une déception. Celle-ci vient du fait que ce qu’une thèse dit n’est peut-être pas ce qu’il fallait dire, et ce que le concept et l’interprétation croient saisir, le réel historique, lui, le déjoue par son étendue et par le surgissement de l’inattendu. Enfin, cette finitude du dire rencontre un espoir : une thèse dans ses égarements et manquements ouvre sur l’avenir, dans la mesure où l’essentiel n’est pas dans ce qui a été accompli (rédigé), mais dans ce qui est à accomplir (ce qui donne à penser). À ce titre une thèse n’est pas une clôture mais une ouverture vers plus de pensée.
Cette thèse a bénéficié du généreux concours de tous ceux qui nous ont aidée et entourée au rang desquels Monsieur le professeur Emmanuel Hirsch, Directeur de l’Espace Ethique, l’Espace national de réflexion éthique sur la maladie d’Alzheimer, Professeur d’éthique médicale à la Faculté de médecine, Université Paris Sud. Nous ne saurions oublier l’aide et les encouragements si utiles de Mme Armelle Debru, Professeur émérite d’histoire de la médecine, Université Paris Descartes, et de Monsieur le professeur Jean-Godefroy Bidima, titulaire de la Chaire Yvonne Arnoult, Tulane University, New Orleans (USA). Nos remerciements vont également aux membres du jury : Mme Mylène Baum-Botbol, Professeur de Philosophie, Université libre de Louvain (Bruxelles) ; MM. Boubacar Diallo, médecin en anesthésie, en réanimation et en médecine de catastrophes (Fondation Adolphe de Rothschild) ; François Hirsch, directeur de recherche à l’INSERM ; Lazare Marcelin Poamé, Professeur, titulaire de la chaire Bioéthique Unesco ; Didier Ouédraogo, Docteur en Philosophie, Université Paris Sud.
Nous exprimons notre gratitude aux personnes qui ont permis de reformuler, d’une manière ou d’une autre, les enjeux éthiques de la prise en charge des aînés : Mmes Rachel Chif, Jane Imbert (Institutrice), Thérèse Alice Lafont et Michèle Arnould (Vétérinaire) ; MM. Jacques Imbert et Jean-Louis Laisné.
 
Nous exprimons en outre notre profonde gratitude à toutes les personnes qui ont l’expérience de la fragilité de nos aînés : Awa, Adjovi, Melingui, Natacha et son frère…
Nous adressons nos sincères remerciements à : Philippe Louhémba, Jean-Bernard Mousounda, Marie Bonazébi, Achille Mabiala, Brice-Eléonore Boukaka, Prosper Mbanza, Jean-Marie Souamounou, Joseph Ndéfi (dit Delamarre), Jules Ntézolo, Louise Malanda, Sylvie Salabanzi, Bruno Malonga
Que notre famille soit remerciée pour ses sacrifices, sa patience et ses soins : Justine Morais (née Nzièmbéka), Justine Nkouka, Laure-Christine Loufouma, Daniel Ntébélé, Clémentine Ndzièmbéka, Lucile-Julienne Nkounkou (née Nsona), Mirelle-Laurence Louzolo, Eléonore Badiata, Didiane Béboutouki, Aimé-Frédéric Nkouka, Judith Velger (née Matsanga), Ruth Ndzièmbéka, Alice-Ghislaine Nkouka, Prosper Bavoukassa et Isaac Nkayoulou
 
 
 
Préface
 
 
 
VIEILLIR EN TEMPS INDELICATS EN AFRIQUE : VIEILLESSES RACONTEES, VIEILLESSES REPRESENTEES, VIEILLESSES VECUES
 
 
« Le sens ou le non-sens de la vieillesse au sein d’une société met celle-ci tout entière en question puisque à travers elle se dévoile le sens ou le non-sens de la vie antérieure »
(Simone de Beauvoir  : La vieillesse , Paris, Gallimard, 1970, p. 16)
 
 
Ce livre de Miamouini-Nkouka est une vaste cartographie des problèmes liés à la question ontologico-politique de la vieillesse dans cette Afrique dont paradoxalement un peu plus de 60 % de la population active est jeune. L’on a coutume de privilégier – pour les besoins des politiques de l’emploi – des théories et projets pour « l’Afrique de demain », entendons celle des jeunes. Souvent, on ne traite la question de la vieillesse que pour faire d’elle un chapitre secondaire des rapports entre l’emploi, l’épargne et le paiement des retraites, autrement dit, la vieillesse n’est évoquée que comme un appendice du problème général de l’épargne intergénérationnelle . Nous avons ici un livre qui va à contre-courant, car, pour son auteure il s’agit de relire les politiques et les questions des liens en Afrique non pas sous le prisme des politiques de productivité ou de consommation, mais en fonction de la dignité de cet état qui n’inspire souvent que compassion ou pitié. Ce livre nous rappelle qu’avant de discuter de la vieillesse qui n’est qu’une étape de la vie des êtres en général, il faudrait d’abord parler, s’agissant des humains, des «  vieux » à travers lesquels cet état – transitoire – comme tous les états – est parfois appréhendé. Partons donc des « Vieux » et explorons leur Umwelt ! Notre post-postmodernité fait souvent un usage abstrait des mots qui, parfois disent une chose et son contraire. Vieux, terme à la fois insultant 1 , affectueux 2 , dénié 3 et discriminant renverrait à la manière dont les cultures se regardent elles-mêmes en définissant les codes de reconnaissance et les critères de discrimination. Le terme «  Vieux » serait, pour ainsi dire, un indicateur qui permet de voir et d’évaluer comment une société conjugue à la fois le problème de ses récits , les modalités de ses multiples transmissions et des étapes de ses actions . Transmission. Les vieux seraient 4 les vecteurs et témoins qui sont supposés transmettre « l’ayant été »; la vieillesse serait ainsi un état de veille et de vigilance pour assurer la bonne transition et la meilleure transmission, un état de suractivité donc! Quant à l’action, les vieux seraient à première vue, et sur le plan productif, inactifs, mais à vrai dire, les vieux restent actifs en tant qu’assureurs et bénéficiaires d’une économie symbolique. L’activité des vieux nous renvoie au modèle de société dans lequel la vieillesse est perçue. Il est clair que, dans une société dominée par la logique de la rentabilité et dans laquelle le concept d’agir se confond avec le simple faire , la vieillesse est synonyme d’inactivité. En revanche, dans une société où l’action peut aussi comprendre la production – et le dépannage par – des « biens symboliques », la vieillesse est aussi comme la jeunesse dans une période d’activité. Transmettre et agir, agir en transmettant, agir en refusant de transmettre, réagir en refusant de solliciter la transmission, se contenter des fausses transmissions et être obsédés de faire partie de la chaîne de transmission, l’évaluation de ces questions ne peut éluder le problème de la détermination de ce qu’est un vieux. Mais avant cela, l’auteure nous convie à saisir le contexte qui éclaire en partie les multiples liens et perceptions des/sur les vieux.
I. Une identité variable : « Qui est vieux ? »
A vrai dire, on ne le sait pas! Reportons-nous au Vatican. Pourquoi ? Parce que l’élection d’un pape a souvent un rapport avec l’âge des papabili . Nous sommes en 1958, un évènement vient de se produire au Vatican pour les Catholiques Romains. Eugenio Pacelli, très connu sous son nom de métier comme le Pape Pie XII, meurt –probablement enveloppé par la grâce de son Seigneur qu’il a tant servi – et on s’apprête à réunir le Conclave. Trois graves problèmes se posent : a) d’abord, celui pratique de la conservation du cadavre de Pie XII qui éclata publiquement dégageant une odeur nauséabonde qui fit probablement réfléchir quelques cardinaux présents au fameux «  Sic transit gloria mundi! » (Ainsi passe la gloire du monde!); b) ensuite, la question juridique de l’organisation des novendiades ( deuil de neuf jours) car, partisan du pouvoir pontifical absolu, Pie XII n’a pas nommé de « premier ministre » (Secrétaire d’Etat) qui aurait pu avec le Camerlingue organiser cette période de deuil, et, c) enfin la succession. Qui doit succéder à ce pape qui a connu la deuxième Guerre mondiale et dont le pontificat assez long (1939 – 1958) a fini par lasser? Peter Hebblethwaite 5 , le biographe du Pape Jean XXIII a enquêté sur les enjeux de l’élection du nouveau pape. Plusieurs cardinaux sont discrètement candidats parmi lesquels un certain Angelo Roncalli : un personnage rond, les épaules un peu courbées par le poids de son humilité toute chrétienne, l’œil suintant de malice, un rictus permanent aux lèvres comme il se doit à un ancien Nonce à Paris qui a goûté au charme bavard de la France éternelle, le verbe très soyeux et faussement naïf. Ancien Nonce en Turquie, en Bulgarie et en France, Roncalli fut celui qui, sous l’impulsion de Pie XII, organisa l’épuration des évêques collaborationnistes de Vichy en France. Nommé cardinal en 1953 alors qu’il est en poste à Paris, il reçut le 15 janvier de la même année s

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