L  heritage psychique des guerres
194 pages
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L' heritage psychique des guerres , livre ebook

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Description

Les guerres et les destructions qu’elles occasionnent sont une confrontation au trou noir de l’irreprésentable. Elles ébranlent le corps social et détruisent les œuvres de la culture, bouleversant les croyances et le savoir d’une personne et d’une collectivité. La guerre menace les hommes partout, elle les arrache à leur histoire. La subjectivité est atteinte lorsque les corps qui étaient habités par un langage et une histoire se trouvent inertes et silencieux, réduits au statut de restes qu’on ramasse après la bataille. Les générations de guerre qui ont traversé ces épreuves se trouvent confrontés à la mort qui les mine, ils ne croient plus à l’histoire, c’est leur historicité qui est touchée. On parle alors de « traumatisme » qui est un surgissement de l’effroi au cœur de la réalité, créant un trou dans l’expérience du sujet et brisant la temporalité de son histoire personnelle. Au terme de traumatisme correspond un autre, relativement nouveau mais qui prend de plus en plus d’ampleur depuis quelques décennies, celui de « résilience».

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 janvier 2023
Nombre de lectures 5
EAN13 9789953959962
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0250€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

L’ héritage psychique des guerres
Transmission transgenerationnelle des traumatismes
 
 
 
 
Aline Husseini Assaf
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 


 
 

Nafsaniyyoun
Badaro - Beirut-Lebanon
+961 3 638911
www.nafsaniyoun.org

 
Published by Dar Annahda Alarabiyya
Beirut Arab University street - Iskandarani bldg. 1st floor
Beirut - Lebanon
Author: Aline Husseini Assaf
Title: L’ héritage psychique des guerres
Cover design: Ayman Jouni
Introduction by: Mwaffak Harb
 
© All rights reserved to the author 2023
No part of this book may be reproduced or used in any other manner without written permission of the copyright owner except for the use of quotations in a book review.
 
Tel & Whatsapp: +961 1 833270
Isbn: 978-9953-95-996-2

@darnahda
 
www.darnahda.com
 
 
 
Dédicace
 
 
Je dédie ce livre à ma mère qui m’a appris la résilience et qui, même devant les crises et les traumatismes les plus dévastateurs, trouva toujours un horizon ouvert devant la vie et ses possibilités.
 
 
 
Préface
 
Malgré l’horreur incontestable des guerres, aucune décennie n’est exempte de guerres, de massacres, de déplacements, de meurtres et de destructions, comme si la mémoire humaine oubliait les tragédies du passé par désir de satisfaire le fanatisme et la tyrannie du présent, alors on s’engage dans de nouvelles péripéties et conflits dans lesquels le seul perdant est l’être humain. Il est communément admis qu’une génération n’entre jamais en guerre deux fois, ayant connu l’ampleur de la tragédie qui en résulte, pourtant nous voyons que les haines historiques et les leviers sectaires et tribaux possèdent une force intrinsèque qui les renouvelle en attendant que le prochain leader populiste les fasse exploser.
Lorsque nous parlons des effets de la guerre, nous citons généralement la destruction qu’elle occasionne, les morts et les blessés, nous parlons rarement des dommages psychiques causés par les conflits sanglants comme si le fait de les ignorer conduirait au dépassement et à l’effacement de leurs effets.
Au cours de ma carrière et de mes missions journalistiques, en particulier dans les villes que je n’avais pas visitées auparavant, j’avais l’habitude d’enquêter dans les pharmacies sur les proportions de médicaments vendus et leurs types pour en déduire l’humeur et la souffrance des gens.
Ce n’est un secret pour personne que le Liban est l’un des pays qui consomment le plus d’antidépresseurs et d’anxiolytiques. Naturellement, on peut supposer qu’il y ait une relation de cause à effet entre cette consommation et les guerres et crises répétitives qui assaillent le pays.
La logique “ni vainqueurs ni vaincus” qui a caractérisé la fin des conflits libanais a été invoquée pour surmonter les crises sans en aborder les détails et les causes. Le proverbe libanais populaire qui signifie “mets-le sur mon compte” est devenu un moyen de surmonter les différends et les crises. La même logique est invoquée dans le traitement des crises psychiques, ce qui empêche le retour aux racines afin de remédier à leurs effets négatifs. Il existe des phénomènes sociaux que nous, en tant qu’observateurs, ne pouvons qu’enregistrer, en attendant que les spécialistes nous en donnent une explication scientifique, comme les phénomènes de violence dans notre vie quotidienne, y compris la violence verbale, ou encore l’extravagance dans l’expression des émotions, que ce soit la joie, la tristesse ou l’agressivité.
La guerre civile et les guerres régionales qui ont frappé le Liban sont installées dans l’imagination de plusieurs génération sous forme de représentations difficiles à oublier et à dépasser. Les massacres, les destructions, les déplacements et l’inquiétude pour sa famille et pour son pain quotidien sont imprimés dans la mémoire des libanais jusqu’aujourd’hui.
Nous devons travailler pour intégrer la culture de la consultation et du traitement psychologiques. Les guerres et les fléaux peuvent obscurcir les manifestations créatives dans les sociétés et opprimer les talents et les capacités artistiques. Le penseur juif germano-américain qui a survécu à l’Holocauste nazi dans le camp d’Auschwitz n’a commencé à écrire que dix ans après la fin de la guerre et à trente ans, il a reçu le prix Nobel de littérature. La psychothérapie pour le traitement des effets des guerres contribuera grandement à l’explosion de talents artistiques.
Dr. Aline Al Husseini Assaf fournit une lecture approfondie et une recherche sur les effets néfastes des guerres sur les générations. Le livre « L’Heritage Psychique des Guerres , La Transmission Transgenerationnelle des Traumatismes »est pionnier dans ce domaine parce qu’il tient compte des spécificités locales et présente des réflexions issues de la culture libanaise au lieu de projeter des prescriptions qui ne s’appliquent pas à une société arabe orientale .
Journaliste et analyste politique,
M. Mowaffaq Harb
 
Introduction
 
Les guerres et les destructions qu’elles occasionnent sont une confrontation au trou noir de l’irreprésentable. Elles ébranlent le corps social et détruisent les œuvres de la culture, bouleversant les croyances et le savoir d’une personne et d’une collectivité. La guerre menace les hommes partout, elle les arrache à leur histoire. La subjectivité est atteinte lorsque les corps qui étaient habités par un langage et une histoire se trouvent inertes et silencieux, réduits au statut de restes qu’on ramasse après la bataille. Les générations de guerre qui ont traversé ces épreuves se trouvent confrontés à la mort qui les mine, ils ne croient plus à l’histoire, c’est leur historicité qui est touchée. On parle alors de « traumatisme » qui est un surgissement de l’effroi au cœur de la réalité, créant un trou dans l’expérience du sujet et brisant la temporalité de son histoire personnelle. Au terme de traumatisme correspond un autre, relativement nouveau mais qui prend de plus en plus d’ampleur depuis quelques décennies, celui de « résilience ». Le concept de résilience indique la capacité d’un individu à sortir plus ou moins indemne des situations traumatisantes, donc dans ce cas, de la guerre. De l’autre côté de la résilience, se trouve sa sœur : la vulnérabilité. Un proverbe libanais dit : « O montagne, aucun vent ne t’ébranle », il s’agit d’une métaphore à représentation chargée d’éros, tellement significative, qui insiste sur le contact entre le vent et la montagne et ce phénomène d’érosion qui ne peut pas facilement bousculer ou fragiliser le moi. J’ai connu la guerre très tôt dans ma vie, elle a été déclenchée avant même que je fasse mes premiers pas… mais j’ai aussi connu la résilience : je l’ai puisée dans la persévérance inébranlable de ma mère et dans le lien fraternel avec mes grandes sœurs. En effet, ma mère, orpheline de père (décédé lorsqu’elle n’avait que 6 mois), a appris, avec l’aide de plusieurs agents de résilience dans sa vie, à toujours frayer le chemin à la pulsion de vie, à rester debout quoiqu’il arrive, et c’est cette attitude qu’elle m’a transmise dès mon plus jeune âge. Ma mère a même eu un impact sur mon choix de métier, puisque mon désir d’être psychologue, puis psychothérapeute, puis psychanalyste…a commencé avec un désir de ma mère, que j’ai décidé de m’approprier plus tard, en travaillant sur moi-même. Bref, cet entourage bienveillant m’a aidé à avoir la force de survivre au quotidien bouillonnant d’un pays plongé continuellement dans l’insécurité, et aux nuits tourmentées d’une ville qui dort au rythme des explosions engendrant d’indéterminables frayeurs.
Lacan parle de trois dimensions pour élaborer le fonctionnement psychique : l’imaginaire, le symbolique et le réel. La guerre tient sa puissance dans l’inconscient d’un type de nouage qu’elle effectue entre ces 3 registres qui le constituent. Ce nœud a pour nom « traumatisme ». Donc, mettant l’agressivité au service du symbolique, le transformant au moyen du réel de la science et réduisant les idéaux du moi aux impératifs du surmoi, produisant un retour du réel sur le corps morcelé et l’insaisissable de la vie, la guerre est traumatique et se présente comme l’interprétation réelle de toute civilisation. Ajoutons à ceci qu’une guerre implique toujours un discours : le discours du signifiant maitre qu’il soit religieux, ethnique, moral…etc. La guerre est aussi et surtout faite de discours, et utilise les motions agressives qu’elle met au service du symbolique dans lequel elle se fonde. Autrement dit, il ne s’agit pas uniquement d’une simple manifestation d’agressivité, mais aussi de l’impact des leaders qui, selon Freud, tiennent leur pouvoir de l’idéal et construisent un récit, un discours, qui incite leur auditoire zélé à prendre les armes et à se plier devant l’impératif de la guerre. Le sujet de la guerre, écrasé par des deuils impossibles et des cauchemars récurrents, doit alors affronter son désir, sa jouissance voire son symptôme. La guerre met le sujet, à œil ouvert, devant son horreur intime, le trauma - « trouma » dira Lacan- et que Freud désigna par la notion de pulsion de mort.
Le Liban est un territoire à l’histoire longue et tourmentée, un berceau d’identités nombreuses. En effet, depuis la création du Liban contemporain en 1920, il existe deux grandes représentations opposées de l’identité chez les libanais : d’une part, nous avons un pôle identitaire majoritairement musulman à l’appartenance arabe, d’autre part, un pôle majoritairement chrétien en lien étroit avec l’Occident. La réalité du Liban s’est trouvé dès lors en proie au Réel de la destructivité et aux conflits en lien avec la confusion identitaire régnante. Ce pays a donc connu l’horreur de la guerre dans tous ses aspects tout au long de son histoire contemporaine. Certes, sa manifestation la plus frappante fut la guerre civile. Certains historiens indiquent l’année 1969, date des accords du Caire, comme le début de la guerre civile. En

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