Mettre l'éthique en pratique

Collectif

Description

Les préoccupations éthiques sont au coeur des pratiques dans les domaines de l'action sociale et médico-sociale. Les professionnels sont confrontés à des exigences différentes qui peuvent être contradictoires (éducatives, professionnelles, financières, juridiques, administratives, morales, religieuses...). Comment alors incarner des valeurs professionnelles et institutionnelles qui peuvent être en opposition avec des valeurs personnelles ? L'éthique apparaît comme le champ de réflexion qui permet de confronter les valeurs individuelles et collectives à la réalité de situations complexes. Aussi la Fondation Casip-Cojasor, en partenariat avec le Cnam - EPN Santé-Solidarité et le DIU « Formation à la fonction de médecin coordonnateur d'EHPAD » de l'Université Paris, a organisé, un colloque sur le thème « Action sociale et médico-sociale : mettre l'éthique en pratique » qui a réuni des universitaires, des médecins, des professionnels et des politiques spécialistes du social et du médico-social. Cette publication reprend les contributions du colloque organisé en janvier 2017.

Sujets

• Human Services
• Social Science
• Sociologie, société et politique

Informations

• Publié par: Le Manuscrit
• Date de parution: 12 février 2019
• Nombre de lectures: 0
• EAN13: 9782304047417
• Langue: Français

Extrait

Mettre l éthique en pratique
Actes du colloque Action sociale et médico-sociale

Fondation Casip Cojasor

2018
ISBN:9782304047417
Cet ebook a été réalisé avec IGGY FACTORY. Pour plus d'informations rendez-vous sur le site : www.iggybook.com
Présentation de la collection
 
La collection « Penser la solidarité, hier et aujourd’hui » a pour ambition de diffuser le savoir relatif à la recherche et à l’innovation dans les domaines de l’histoire sociale, de l’action sociale et de l’économie sociale et solidaire, ainsi que de réunir des travaux de recherche en histoire sociale menés à partir des fonds d’archives de la Fondation Casip-Cojasor et des actes de colloques et de journées de réflexion organisées par la Fondation Casip-Cojasor sur l’action sociale d’hier et d’aujourd’hui.
La collection est dirigée par un Conseil scientifique composé par Brigitte Bouquet, directrice de la collection, Sandra Bertezene, Nancy Green, Laura Hobson Faure et Colette Zytnicki, éminents universitaires spécialistes de l’histoire sociale et de l’action sociale et médico-sociale.
 
La Fondation Casip-Cojasor, institution spécialisée dans l’action sociale et médico-sociale dont les origines remontent à 1809, a créé un service d’archives et histoire dans les années 2000 et a ouvert son fonds d’archives au public. Depuis lors, la Fondation Casip-Cojasor encourage la recherche en histoire sociale sur des sujets liés à la philanthropie, à l’action sociale et à l’immigration. Grâce à ce soutien, plusieurs travaux de recherches et manifestations publiques ont déjà vu le jour reflétant la richesse des fonds d’archives de l’institution.
En parallèle, le Casip-Cojasor organise depuis quelques années des colloques portant sur l’innovation dans le domaine de l’action sociale et de l’économie sociale et solidaire. Ces manifestations réunissent les personnalités majeures (scientifiques, politiques et acteurs de terrain) du secteur. Elles sont ouvertes à la fois au monde scientifique et au monde professionnel du travail social et de l’économie sociale et solidaire.
Préambule
 

 
Eric de Rothschild
Président de la Fondation Casip-Cojasor
 
Le thème de ce colloque « Action sociale et médico-sociale : mettre l’éthique en pratique » qui a été organisé par la Fondation Casip-Cojasor en partenariat avec l’Université Paris V et le Conservatoire des Arts et Métiers est fondamental. Tant d’un point de vue théorique que sur un plan plus pratique puisque l’éthique prend une place de plus en plus importante dans notre société. Que ce soit la médecine, l’action sociale, la politique, la justice, l’environnement, le sport ou encore le journalisme, tous ces champs sont concernés par des problèmes éthiques. On pourrait penser qu’il s’agit d’un phénomène de mode, mais ne serait-ce pas les bouleversements technologiques, économiques et sociétaux du monde contemporain qui appellent à une résurgence de l’éthique ? Est-ce que ce n’est pas un retour d’un certain bon sens où l’humain et la responsabilité doivent reprendre leurs droits ? Chacun doit se sentir le droit de prendre des responsabilités. 
Le travail social et médico-social est lui-même confronté à des mutations profondes ces dernières années. Le public accompagné étant de plus en plus vulnérable, le droit prend dans ce secteur une place croissante. Cette situation pose aux professionnels de nombreuses questions d’ordre éthique. Elles alimentent leur besoin de disposer de repères pour leur pratique professionnelle.
La Fondation Casip-Cojasor a souhaité examiner cette question dans le cadre d’un colloque ouvert aux professionnels du secteur médico-social et de la santé. Elle a fait appel aux spécialistes de la question qui nous permettront de clarifier les concepts de : morale, valeur, déontologie, éthique et de responsabilité. Ce sont là différents moyens que les individus se sont donnés pour vivre ensemble. Dans le travail social et médico-social, ils traduisent la tension entre l’engagement personnel d’un individu et sa soumission aux normes collectives édictées. C’est cette tension qui renvoie le sujet à un questionnement éthique qui peut se transformer sur le plan institutionnel en une réflexion collective. Ce colloque permettra de donner des clés pour développer une démarche éthique qui renforce la qualité d’accompagnement des personnes et la cohérence des pratiques.
Introduction
 

 
 
 
Anne Sophie Rigaud [1]
 
De façon introductive, je voudrais dire quelques mots sur l’éthique à partir de mon expérience.
Quand on parle d’éthique dans le soin, on parle de valeurs et de bonnes pratiques. Prenons comme exemple la maladie d’Alzheimer et les troubles cognitifs de façon générale, que je connais bien en raison de mon travail. Dans le champ sanitaire ou médico-social, au cours du parcours des personnes qui souffrent de troubles cognitifs, on se trouve souvent dans des questionnements éthiques, en lien avec les tensions évoquées entre valeurs – ce qui nous semble être bien – et nos bonnes pratiques – les règles que nous avons conduites. À titre d’exemple, durant le parcours et le suivi du patient, le questionnement éthique est important dans les moments du diagnostic, du suivi, de l’entrée en institution, de la fin de vie des personnes. Au niveau sanitaire et médico-social, en tant que soignant, que nous soyons médecin, infirmière, aide-soignant, auxiliaire de vie, aide-ménagère, rééducateur, nous nous trouvons dans une situation, où nous souhaitons à la fois mettre en œuvre nos « bonnes pratiques » et respecter l’autonomie et les capacités décisionnelles des personnes. Mais parfois, nous nous trouvons dans des situations où nous sommes en questionnement, en particulier dans des situations de refus de soin, situations que nous voyons tous les jours. Par exemple, pour un patient qui sort de l’hôpital, qui aurait besoin d’accompagnement au domicile et qui le refuse, que devons-nous faire ? Est-ce que nous devons mettre en place cet accompagnement contre la volonté de la personne ou est-ce que nous devons respecter sa décision et prendre le risque de son retour au domicile avec peu ou pas d’aide ? On se trouve ainsi fréquemment devant un questionnement éthique. Nous savons qu’au cours de la maladie d’Alzheimer, la personne va perdre progressivement ses capacités décisionnelles, son autonomie, mais il nous semble important que la personne malade garde toujours sa place de sujet. Cela avait bien été illustré dans le livre Alzheimer, éthique et société qu’avaient coordonnés Emmanuel Hirsch et Fabrice Gzil en 2012 [2] .
Nos pratiques vont de plus en plus dans ce sens. Elles prennent en compte à la fois nos valeurs et le souhait des patients, par exemple leur souhait de vivre à domicile. Ces dernières années ont vu le développement d’une gériatrie et d’une gérontologie dynamiques, depuis la gériatrie aiguë, les soins de suites et de réadaptation et les soins de longue durée (SLD). On observe que les patients ont de moins en moins besoin de prise en charge en SLD et nécessitent de plus en plus l’hospitalisation en gériatrie aiguë. En même temps, sur le plan médico-social, ce sont développées des structures extrêmement performantes : les centres locaux d’information et de coordination (CLIC), les MAIA [3] , qui accompagnent les personnes qui sont dans des situations complexes. De plus en plus, on voit une bonne coordination entre le secteur sanitaire et le secteur médico-social, en particulier avec le développement des PAERPA (personnes âgées en risque de perte d’autonomie), qui permettent le suivi des parcours des patients. On peut également parler de tout le travail qui a été fait ces dernières années en EHPAD avec la structuration de la prise en charge, qui permet que le parcours des personnes âgées vulnérables soit de plus en plus associé à de bonnes pratiques afin que la personne reste un véritable sujet.
Dans notre démarche éthique, il est important qu’on ait des colloques comme celui-ci, où des penseurs, des philosophes aident à théoriser, à mieux comprendre ces questionnements éthiques ; sans oublier la loi qui donne des éléments pour progresser et améliorer nos pratiques.
Pour finir, j’aborderai trois points, quelque peu subversifs :
– Un questionnement sociéta