Les emplois exposés aux délocalisations (Octant n° 100)
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Avec un tiers d'emplois concernés, la Bretagne apparaît moins exposée aux risques de délocalisation que l'ensemble des régions françaises et notamment que ses voisines de l'Ouest. Elle le doit à ses activités réputées non délocalisables : agriculture, services personnels et fonction publique. Le fort développement de l'industrie bretonne au cours de la dernière décennie augmente néanmoins la part de l'emploi exposé, avec des secteurs à risque comme l'agroalimentaire, mais aussi des activités à plus forte valeur ajoutée dans le domaine des services.

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Langue Français

Extrait

Économie
Les emplois exposés aux délocalisations
Un risque moindre en Bretagne
Avec un tiers d’emplois concernés, la Bretagne apparaît
moins exposée aux risques de délocalisation que l’ensemble
des régions françaises et notamment que ses voisines
de l’Ouest. Elle le doit à ses activités réputées
non délocalisables : agriculture, services personnels
et fonction publique. Le fort développement de l’industrie
bretonne au cours de la dernière décennie augmente
néanmoins la part de l’emploi exposé, avec des secteurs
à risque comme l’agroalimentaire, mais aussi des activités
à plus forte valeur ajoutée dans le domaine des services.
epuis une vingtaine d’années, un La Bretagne, une région l’emploi régional. La Bretagne est aussiDnouveau phénomène écono- la moins exposée des régions derelativement peu exposée
mique fait l’actualité : la délocalisation l’Ouest. Non pas qu’elle compte parti-aux délocalisations
qui, au sens strict, désigne le déplace- culièrement moins de travailleurs routi-
ment vers l’étranger d’une activité éco- niers de l’industrie et des services, mais
nomique existant en France et dont la deux facteurs réduisent mécanique-L’économiste américain Robert Reich a
production est ensuite importée. Certai- ment le total des emplois délocalisa-distingué plusieurs catégories d’emploi
nes professions sont davantage suscep- bles. D’une part, le taux d’encadrementselon le type de travail effectué : travail-
1tibles d’être touchées par les délocalisa- y est plus faible, or le personnel enca-leurs routiniers , manipulateurs de sym-
tions, alors que d’autres en sont drant la production est considéréboles, fonctionnaires, agriculteurs… et
protégées. Suivant leur structure écono- comme exposé ; d’autre part, l’agricul-plusieurs degrés d’exposition à la délo-
mique, les territoires seront ainsi plus ou ture, estimée non délocalisable, y acalisation (encadré 1). En utilisant la no-
moins soumis à ce risque. Dans cette menclature de cet économiste, la Bre-
étude, c’est l’analyse par métiers, et non tagne apparaît moins exposée aux 1- Des mots comme “routinier” ou “manipulateur”
peuvent avoir une connotation péjorative dans le lan-par activités, qui a été privilégiée pour délocalisations que le reste du pays. En
guage courant, ce qui n’est pas le cas dans cette étude ;déterminer les emplois susceptibles 1999, environ 360 000 emplois peu-
ils sont empruntés à la traduction française du livre de
d’être délocalisés. vent être délocalisés, soit 32 % de Robert Reich.
Octant n° 100 - janvier 2005 27Économie
Les catégories d’emplois
Selon l’économiste Robert Reich, certaines professions sont da- les emplois exposés, autrement dit les plus exposés a priori
vantage susceptibles d’être touchées par les délocalisations, aux délocalisations ;
alors que d’autres en sont protégées par la nature de leur emploi.
Il distingue ainsi plusieurs catégories d’emplois, dont les appel- les emplois relativement exposés, c’est-à-dire les emplois dé-
lations viennent de la traduction par Daniel Temam de son ou- localisables mais uniquement vers des pays développés car ils
vrage de 1993, L’économie mondialisée. nécessitent des infrastructures comme les aéroports, les uni-
versités… qui n’existent pas partout ;
1. Travailleurs routiniers : ils fournissent les services de produc-
les emplois a priori protégés des délocalisations :tion courante. Ouvriers ou employés, ils effectuent des tâches
simples et répétitives. Ils sont a priori soumis à la concurrence
– soit parce que ce sont des emplois de fonctionnaires : caté-internationale, leur emploi peut être délocalisé.
gorie « service public »,
2. Manipulateurs de symboles : ils sont chargés d’identifier et de – soit parce que ce sont des emplois comportant une part de
résoudre des problèmes et sont souvent très qualifiés. Les résul- services aux personnes, qui par définition ne peuvent pas
tats de leurs travaux sont facilement échangeables partout dans
être produits ailleurs que là où ils sont vendus : catégoriele monde via les nouvelles technologies de l’information et de la
« services aux personnes » ;communication notamment ; ils sont donc soumis à la concur-
rence internationale, mais les infrastructures nécessaires à leur une catégorie agriculture regroupe tous les emplois liés à l’ac-
formation et à leurs travaux n’existent pour l’instant que dans les tivité agricole.
pays les plus développés. Ils sont ingénieurs, avocats, consul-
tants, publicitaires, éditeurs, journalistes, professeurs
d’université…
Des adaptations différentes de la méthodologie
3. Services aux personnes : la spécificité de leur travail vient du
de Reich en Bretagne et en Pays de la Loire.fait que leurs services ne peuvent être fournis que de personne à
personne. Ce sont les employés de commerce, d’hôtel, d’agen-
ces immobilières, les infirmières, gardes d’enfant, femmes de Dans l’article publié par l’Insee des Pays de la Loire en février
ménage, coiffeurs, les chauffeurs de taxi, garagistes, gardiens, les 2004, la définition retenue pour les emplois exposés était plus
hôtesses de l’air, les kinésithérapeutes… Ils ne peuvent pas être large que celle retenue ici, puisque la méthode utilisée ne s’ap-
délocalisés, mais éventuellement concurrencés sur le marché du puyait que sur la catégorie primaire de Reich. Autrement dit,
travail par d’anciens travailleurs routiniers licenciés. toute la première ligne du tableau ci-contre constituait la caté-
gorie des emplois exposés, toute la deuxième ligne celle des ma-
4. Services publics : par définition, ils sont protégés de la nipulateurs de symboles, toute la troisième ligne celle des servi-
concurrence internationale. ces personnels, etc.
5. Agriculteurs : leur situation est particulière en France ; pour Nous avons ici fait le choix de nuancer cette nomenclature pour
les Etats-Unis, Robert Reich a classé les agriculteurs dans les em- tenir compte à la fois de la catégorie primaire et de la catégorie
plois protégés, avec les services publics, au motif que la terre secondaire de Reich. Les catégories d’emploi ainsi construites
n’est pas délocalisable. Ici, nous classons tout simplement les sont sensiblement différentes. La catégorie des emplois exposés
agriculteurs à part, leur situation dépendant davantage des poli- se trouve ainsi réduite, tandis que d’autres catégories d’emploi
tiques publiques que de la concurrence internationale. comme celles des services publics ou des services personnels re-
groupent des effectifs plus importants.
Pour mieux décrire les emplois, on affecte à chacun une caté-
gorie primaire et une catégorie secondaire. On obtient ainsi les Cependant, malgré ces différences méthodologiques, le « clas-
catégories décrites dans le tableau ci-contre. On peut de cette fa- sement » des régions reste inchangé : conformément aux résul-
çon construire de nouvelles catégories d’emplois plus ou moins tats de l’article publié par l’Insee - Pays de la Loire, la Bretagne
exposés aux délocalisations : est toujours une région relativement peu exposée, et les Pays de
la Loire une région plus exposée que la moyenne nationale
toujours un poids important : on re- exposée. De même, la catégorie desDe 1990 à 1999, la Bretagne
cense 7,5 % d’emplois agricoles dans la emplois relativement exposés, qui in-a maintenu sa différence
région, contre 3,8 % à l’échelle natio- clut les professions intellectuelles, est
nale. En outre, la Bretagne comprend en hausse de 36 %, soit 16 points de
sensiblement plus de militaires et d’em- plus que France entière. La région se dé-Si nationalement, le nombre d’emplois
plois de services personnels (hôtellerie, marque aussi par sa vive progressionexposés a diminué entre 1990 et 1999,
restauration, petit commerce, santé…) des services personnels. En revanche lesc’est loin d’être le cas pour l’ensemble
que dans le reste du pays. Ce profil est effectifs agricoles chutent, encore plusde

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