Prénoms : de l influence des modes à la recherche d originalité (Octant n°99)
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Prénoms : de l'influence des modes à la recherche d'originalité (Octant n°99)

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En 2002, 4 400 prénoms distincts ont été donnés en Bretagne, pour 36 700 naissances. Si plus de 700 bébés ont été prénommés Théo ou Manon, 2 600 prénoms ont été attribués une seule fois. Au-delà du classement, l'analyse des prénoms montre quelques différences entre la Bretagne et le reste du territoire. Les prénoms d'origine bretonne sont souvent utilisés, et leur usage s'accroît fortement. La tendance la plus frappante est la diversification croissante des prénoms, l'abandon des prénoms trop usuels ou composés, au profit d'une insatiable quête d'originalité.

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Langue Français

Extrait

Société
Prénoms
De l’influence des modes
à la recherche d’originalité
En 2002, 4 400 prénoms distincts ont été donnés en
Bretagne, pour 36 700 naissances. Si plus de 700 bébés ont
été prénommés Théo ou Manon, 2 600 prénoms ont été
attribués une seule fois. Au-delà du classement, l’analyse des
prénoms montre quelques différences entre la Bretagne et
le reste du territoire. Les prénoms d’origine bretonne sont
souvent utilisés, et leur usage s’accroît fortement.
La tendance la plus frappante est la diversification
croissante des prénoms, l’abandon des prénoms trop usuels
ou composés, au profit d’une insatiable quête d’originalité.
e choix du prénom donne aux pa-
Classement des prénoms masculins et féminins les plus fréquents en 2002Lrents un rôle déterminant pour
l’identification de leur enfant. La répar- Garçons Filles
tition de ces choix procède du hasard
des préférences individuelles soumises Classement France % Bretagne % France % Bretagne %
aux influences collectives du milieu ;
1 Lucas 1,2 Théo 1,0 Léa 1,2 Manon 1,1c’est donc un terrain d’observation sta-
2 Théo 1,1 Hugo 1,0 Manon 0,9 Léa 1,0tistique des comportements.
3 Thomas 1,0 Lucas 0,9 Emma 0,8 Chloé 0,9
4 Hugo 0,9 Thomas 0,9 Chloé 0,8 Emma 0,9
5 Maxime 0,8 Mathis 0,8 Camille 0,7 Camille 0,8Théo et Manon,
6 Enzo 0,7 Antoine 0,8 Océane 0,7 Marie 0,7seulement 2 % des naissances
7 Antoine 0,6 Maxime 0,7 Clara 0,6 Océane 0,6
8 Clément 0,6 Baptiste 0,7 Marie 0,6 Énora 0,6
Théo et Manon sont les prénoms les
9 Alexandre 0,6 Enzo 0,7 Sarah 0,6 Lucie 0,6plus fréquemment attribués en Bretagne
10 Quentin 0,6 Clément 0,6 Inès 0,6 Jeanne 0,5en 2002 mais ces premiers de la classe
ne concernent que 2 % des 36 700 nais-
Lecture : 1% des enfants nés en Bretagne en 2002 se prénomment Théo
sances bretonnes. Pour examiner la dis-
Source : Insee
tribution des prénoms sous l’angle
20 Octant n° 99 - octobre 2004Société
statistique, il faut en premier lieu retenir attribués qu’une seule fois : 2 600 pour se concentrent les prénoms. À peine 37
le grand nombre des modalités possi- l’année 2002, soit 60 % des prénoms prénoms suffisent à nommer un quart
bles : 4 400 prénoms distincts en Bre- pour seulement 7 % des enfants. des enfants nés en 2002. Ces enfants
tagne pour la seule année 2002. En portent des prénoms en vogue : un pré-
moyenne, chaque prénom a été donné La répartition des enfants selon la fré- nom pour 248 enfants en moyenne. A la
à huit enfants de la région. Toutefois la quence des prénoms choisis permet de moitié des naissances correspondent
majeure partie des prénoms ne sont comprendre comment se distribuent et 109 prénoms ; pour les trois quarts, soit
27 600 enfants, il faut 377 prénoms.
Quant aux 9 200 bébés du dernier
Prénoms les plus fréquents en 2002 par région quart, ils se partagent 4 000 prénoms
plutôt rares.
Léa
Théo
Le classement des favoris
Léa
Léa
Théo
Théo Les prénoms les plus courants ne sontLéa
Léa LéaLéa pas spécifiques à la Bretagne, mais seLéaThéo
Thomas Lucas LucasLucas retrouvent dans toutes les régions fran-
Manon
çaises. Ainsi Théo et Manon ont égale-
Théo
ment concerné 2 % des naissances dans
Léa Léa Léa toute la France, même s’ils ont été dé-
LéaThéo
LucasLucas passés au niveau national par Lucas et
Lucas
Léa. D’une manière générale, le classe-
ment des principaux prénoms de
Léa l’année diffère assez peu d’une région à
LéaLucas
l’autre. Ainsi celui de la Bretagne estLéa LéaThéo
Lucas très proche du classement national : onLucas
trouve 8 prénoms identiques parmi les
10 premiers prénoms masculins et 7
parmi les 10 premiers prénomsLéa
Lucas Léa féminins.LéaLéa
EnzoThéoLucas
La carte de France des prénoms ga-
gnants de chaque région confirme la
grande similitude des préférences régio-
Léa nales. La Bretagne est la seule région où
Manon a dépassé Léa en 2002, mais lesThomas
différences de score sont minimes. L’ap-
parition de Léa est plus récente, et la
Bretagne conserve une légère préfé-
Source : Insee rence pour Manon.
Évolution du nombre de prénoms nécessaires
La diversité des prénomspour nommer la moitié d’une classe d’âge
augmente
160
140 La répartition des prénoms n’est pas
stable, elle subit d’incessantes transfor-
120 mations. Au cours des vingt dernières
années, le nombre de prénoms s’est for-
100 tement étoffé, passant de 2 300 à 4 400
en Bretagne (+ 90 %) soit un taux80
France moyen d’augmentation de 3 % par an.
Bretagne Ainsi le nombre moyen d’enfants por-
60
tant un même prénom a chuté de 15 à 8.
En particulier, la proportion d’enfants40
portant un prénom unique (attribué une
seule fois dans la région au cours de
20
l’année) a doublé : de 3,5 % à 7 %.
0
1946 1950 1954 1958 1962 1966 1970 1974 1978 1982 1986 1990 1994 1998 2004 Il est évident que ce mouvement de dis-
persion n’est pas spécifique à la Bre-
Lecture : de 1946 à 1970, moins de 40 prénoms suffisaient à nommer la moitié des enfants nés en Bretagne ;
tagne. Il s’observe dans toute la France.en 2002, il en faut 109.
Source : Insee Son origine, ou son essor, remonte au
Octant n° 99 - octobre 2004 21Société
Quelques prénoms favoris et leur historique depuis 1946
%
10
Filles Garçons
8
Marie
Jean
6
4
Philippe
Nathalie
JulienManonAurélie Kevin
2
Élodie ThomasLéa
Lucas
0
1946 1950 1954 1958 1962 1966 1970 1974 1978 1982 1986 1990 1994 1998 2002 1946 1950 1954 1958 1962 1966 1970 1974 1978 1982 1986 1990 1994 1998 2002
Source : Insee
début des années 1970. En 1946, les 28 Évolution de la part des prénoms d’origine bretonne
prénoms donnés le plus fréquemment parmi les enfants nés en Bretagne
permettaient de couvrir la moitié des
enfants nés en France ; en 2002, il en 14
faut 146. La diversification est un peu
moins rapide en Bretagne, mais le mou-
12
vement est tout aussi net (on est passé
de 22 à 109 prénoms)
10
8
%
La succession des favoris
6
4Les goûts et les usages changent. En tête
des faire-part de naissance, les prénoms
2se succèdent d’une année à l’autre. Cer-
tains se maintiennent plusieurs années,
ils surfent sur une vague porteuse, d’au- 0
tres passent plus vite leur tour. Au sortir 1946 1950 1954 1958 1962 1966 1970 1974 1978 1982 1986 1990 1994 1998 2002
de la guerre, la Bretagne continue de
Source : Insee (estimation)plébisciter Jean et Marie, mais leurs co-
tes sont déjà descendantes. Chez les fil-
Nombre moyen de lettres dans le prénomles, apparaissent dans les années 1960
Sylvie, Isabelle, Nathalie, Stéphanie,
9
puis Céline, Aurélie, Élodie, enfin Léaet
Bretagne FranceManon. Mais, contrairement aux autres
prénoms qui déclinent assez vite, Marie Filles
Garçonscontinue de rallier prèsde1%des 8
naissances.
Chez les garçons, Philippe a beaucoup
de succès dans les années 1950-1960. 7
Puis divers prénoms se suivent à la pre-
mière place : Stéphane, Sébastien, Ni-
colas, Julien, Kévin, Alexandre et Tho-
6mas. On observe une certaine
similitude avec la liste des favoris natio-
naux, avec toutefois quelques petites
différences.
5
1952 1956 1960 1964 1968 1972 1976 1980 1984 1988 1992 1996 2000 2004Ainsi, au fil des ans, l’inspiration pour
certains prénoms se propage comme Source : Insee
22 Octant n° 99 - octobre 2004
NombreSociété
une vague, progresse durant plusieurs déclin. La vie des prénoms suit le Les effets de mode
années, puis décline peu à peu, pour schéma d’apparition des courants de s’amenuisent
être remplacée par une nouvelle ten- pensées et des modes : ils surgissent par
dance. On retrouve les trois phases ca- réminiscence de traces anciennes, se
ractéristiques de tout phénomène ins- propagent et croissent par contagio

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