Médiacultures : la transidentité en télévision
231 pages
Français

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Médiacultures : la transidentité en télévision , livre ebook

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Description

L'étude de la construction médiatique des transidentités (transgenres, transsexes, etc.) sur 40 années de télévision grâce aux archives de l'INA, s'intéresse aux modélisations sociales et médiatiques dont les personnes sont l'objet. L'auteure décrit un travail sur corpus et dessine les contours des archétypes, en articulant les notions d'imaginaires social et médiatique. Les modélisations semblent produire des effets identitaires sur l'ensemble de la société. Ce travail est complémentaire du titre Transidentités : ordre & panique de Genre, édité simultanément.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 février 2015
Nombre de lectures 5
EAN13 9782336368757
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,1000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

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Karine Espineira
MédiaculturesLa transidentité en télévision
Une recherche menée sur un corpus à l’INA (19462010)
Préface de MaudYeuse Thomas
L O G I Q U E S S O C I A L E S
Série Sociologie du genre
MEDIACULTURES: LA TRANSIDENTITE EN TELEVISION
&ROOHFWLRQ /RJLTXHV VRFLDOHV6pULH © 6RFLRORJLH GX JHQUH ª &HWWH VpULH SURSRVH GHV UHFKHUFKHV TXL V¶DSSXLHQW VXU OH SDUDGLJPH VRFLRORJLTXH GX JHQUH FRPPH PRGH GH FRPSUpKHQVLRQ HW G¶LQWHUSUp WDWLRQ GHV /RJLTXHV 6RFLDOHV 'RPDLQH HQ SOHLQ GpYHORSSHPHQW OHV UHFKHUFKHV © JHQUpHV ª VRQW DXMRXUG¶KXL FHQWUDOHV HQ VFLHQFHV VRFLDOHV /D VpULH FKHUFKHUD j SURSRVHU GHV UHFKHUFKHV WKpRULTXHV HW HPSLULTXHV GDQV O¶HVSULW JpQpUDO GH OD FROOHFWLRQ /RJLTXHV VRFLDOHV 'HUQLqUHV SDUXWLRQV
1LFROH 52(/(16Manifeste pour la décolonisation de l’humanité femelle, Tome 3, Le système de recolonisation perpétuelle  1LFROH 52(/(16pour la décolonisation de Manifeste l’humanité femelle, Tome 2, L’enfantement des humains ou L’accouchement existentiel d’une nouvelle existence, 1LFROH 52(/(16Manifeste pour la décolonisation de l’humanité femelle, Tome 1, La Femellité et le réel prosaïque de la vie des humains, $XUpOLH '$0$00(Genre, action collective et développement. Discours et pratiques au Maroc 6DEULQD '$+$&+(La féminisation de l’enseignement agricole  6RSKLH '(9,1($8Le genre à l’école des enseignantes. Embûches de la mixité et leviers de la parité 
Karine ESPINEIRA
Médiacultures : la transidentité en télévision
*
Une recherche menée sur un corpus à l’INA (1946-2010)
Préface de Maud-Yeuse Thomas
L’HARMATTAN
'X PrPH DXWHXU .DULQH (63,1(,5$La transidentité, de l’espace médiatique à l’espace public 3DULV  /¶+DUPDWWDQ   S &RRUGLQDWLRQV $YHF 0DXG<HXVH 7+20$6 $UQDXG $/(66$1'5,1La Transyclopédie 3DULV  pGLWLRQV © 'HV $LOHV VXU XQ WUDFWHXU ª   S $YHF 0DXG<HXVH 7+20$6 $UQDXG $/(66$1'5,1Transidentités : histoire d’une dépathologisation &DKLHUV GH OD 7UDQVLGHQWLWp YRO  3DULV  /¶+DUPDWWDQ  FROOHFWLRQ 4XHVWLRQV GH JHQUH  S $YHF 0DXG<HXVH 7+20$6 $UQDXG $/(66$1'5,1Identités Intersexes : Identités en débatCahiers de la Transidentité YRO  3DULV  /¶+DUPDWWDQ  FROOHFWLRQ 4XHVWLRQV GH JHQUH  S $UQDXG $/(66$1'5,1 0DXG<HXVH 7+20$6Corps queer, corps trans &DKLHUV GH OD 7UDQVLGHQWLWp YRO  3DULV  /¶+DUPDWWDQ   S $YHF 0DXG<HXVH 7+20$6 $UQDXG $/(66$1'5,1Tableau noir : les transidentités et l’école &DKLHUV GH OD WUDQVLGHQWLWp YRO  3DULV /¶+DUPDWWDQ  FROOHFWLRQ 4XHVWLRQV GH JHQUH  S $YHF /DHWLWLD %,6&$55$7 0DXG<HXVH 7+20$6 $UQDXG $/(66$1'5,1Quand la médiatisation fait genre. Médias, transgressions et négociations de genre &DKLHUV GH OD WUDQVLGHQWLWp KRUV VpULH 3DULV  /¶+DUPDWWDQ   S
‹ /¶+$50$77$1   UXH GH O¶eFROH3RO\WHFKQLTXH   3DULVZZZKDUPDWWDQIU GLIIXVLRQKDUPDWWDQ#ZDQDGRRIU KDUPDWWDQ#ZDQDGRRIU ,6%1   ($1  
Aux femmes, aux hommes… et aux autres ! [Je ne doute pas que vous vous reconnaissiez…]
We are the media - Nous sommes les médias
Amanda Palmer & The Grand Theft Orchestra
Le mimétisme est un très mauvais concept, dépendant d‘une logique binaire, pour des phénomènes d’une tout autre nature. Le crocodile ne reproduit pas un tronc d’arbre, le caméléon ne reproduit pas les couleurs de l’entourage. La panthère rose n’imite rien, elle ne reproduit rien, elle peint le monde à sa couleur, rose sur rose, c’est son devenir-monde (…)
Mille Plateaux, Gilles Deleuze, Félix Guattari
Préface
Par Maud-Yeuse Thomas
Comment constituer destrans studiesen France, me demandait Karine Espineira. Non sans un regard vers les États-Unis, depuis les premiers articles et ouvrages de Sandy Stone, Kate Bornstein, Susan Stryker, Leslie Feinberg à la jeune revue Transgender Studies Quaterly (TSQ) dans laquelle, elle a cosigné l’article intituléDepathologizationavec Amets Suess et Pau Grego Walters. Les conditions d’écriture, entre position d’insideret d’outsiderau terrain ne facilitent guère l’établissement destrans studiesen France, d’autant que, jusqu’à présent, ce terrain est très largement colonisé et occupé par moultes voix dont une grande partie s’est constituée depuis l’annonce de la prise en charge en France, en 1979. Certaines d’entre elles tentent de se renouveler aujourd’hui dans les études de genre. D’autres émergent mais la crainte d’une nouvelle colonisation des épistémologies trans encombre les esprits.
Sur le terrain des médias, le sujet/objet trans semble se résumer essentiellement à des descriptions dans lesquelles des « transsexuels » viennent raconter « leur misère » et faire preuve de « narcissisme » à la télévision, notamment, en revendiquant des droits indus. Parmi ces droits, le « droit de changer de sexe » qui a été particulièrement commenté dans la littératuretranssexualiste. Patricia Mercader va opposer à « ce droit de changer de sexe » un « droit au suicide » que les trans devraient s’accorder. Le sujet se partage entre violences d’une époque et une tératologie dénonciatrice d’un individualisme spécifiquement « trans » tandis qu’ils et elles sont invité-e-s à témoigner d’un parcours hors-norme centré sur le seul changement médico-chirurgical de sexe. Institué « question de société », le changement de sexe devient un sujet d’études de nombreux champs (médecine légale, psychiatrie, psychologie clinique, anthropologie, droit, etc.) à telle enseigne que dans la décennie 1980-1990, le nombre d’auteurs, d’ouvrages, d’articles, de colloques et de formations sur l’objet « transsexualisme » dépassait très certainement le nombre de personnes trans connues des équipes hospitalières.
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Dans ce contexte « être la première trans universitaire identifiée » en France n’est pas une sinécure. Le sujet est d’abord une focale et ses descriptions, l’objet d’un grossissement indiquant au moins deux facettes du fait trans : la peur des personnes trans et l’instrumentalisation d’une fraction ultra-minoritaire de la population élevée en héraut d’une transgression controversée sur le statut de l’identité sexuelle, de l’assignation sociojuridique et du rapport occidental au corps. Comment revenir sur une question trans à ce point malmenée, située en même temps comme précurseur d’un devenir social ultra-minoritaire et d’être soi dans une transgression à la fois politique et pathologique et donc nécessairement métaphysique ? Actrice de l’associatif trans dans les années 1990, je recevais étudiants et étudiantes enpsycho, non sans faire le constat que nous étions totalement transparents, sujets d’une thèse déjà écrite, inséré-e-s dans les incises d’auteurs morts depuis longtemps. Freud savait-il déjà tout de mon histoire ? Pour Lacan, la chose est entendue : nous ne sommes que ces « pauvres types »allant se la faire couper. Niant la fragilité de l’individu comme résultante d’une vulnérabilisation culturelle, sociale et économique tout autant que la somme des discriminations inhérentes, l’idée d’une transgression éthique et politique occupe le sujet. On fabrique une pathologie sans malades mentaux avérés mais non sans « patients » ou « usagers » 1 captifs. L’enquête « Être Trans en Europe » , réalisée par un groupe de travail du Parlement européen (LGBTI Intergoup), et le récent « Rapport Transphobie » rédigé par Karine Espineira et Arnaud Alessandrin, exposent tous deux des situations de vulnérabilité généralisée à l’ensemble de la vie sociale (famille, emploi, logement, agressions physiques et verbales, etc.) y compris dans l’accès aux soins et les rapports avec le corps médical.
Pour mieux appréhender la question trans, rappelons quelques points clés : le fait trans est un fait minoritaire de la condition humaine, présent dans toutes les sociétés et probablement toutes les époques sous la forme d’un spectre des transidentités.
Le sort de cette population intéresse l’Europe dont la récente enquête montre que 26 pays de l’Union imposent une stérilisation comme sésame d’accès à la demande de changement d’état civil. En France, par la voix de l’Académie de médecine et par la politique du Centre d’Études de Conservation des Œufs et du Sperme (CECOS), on confirme cette imposition. Elle consiste ici à empêcher les projets parentaux similaires à celui de Thomas Beatie, comme l’a expliqué récemment l’anthropologue Laurence Hérault dans des communications dans des colloques fin 2014 (le
1 [En ligne], http://fra.europa.eu/en/publication/2014/being-trans-eu-comparative-analysis, page consultée le 14 décembre 2014.
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25 octobre à Toulouse, le 29 novembre à Paris). Pour mémoire, Thomas Beatie est un FtM connu pour avoir enfanté trois fois remédiant à l’impossibilité de sa femme de porter des enfants. Régulé par une gestion traditionaliste, le sujet trans ne pouvait qu’incarner le « Hors-sexe » nécessaire à l’établissement d’une clinique médico-légale. Il est simultanément un « trouble dans le genre » (Butler, 2006) exprimant une transgression sociale et un trouble dans l’ordre social des genres (Murat, 2006). La focalisation sur la notion de « changement de sexe » a créé des catégories dans la population transidentitaire, la réduisant le plus souvent au geste chirurgical. Dans ce contexte, faire de la recherche 2 sur le sujet trans revient alors à faire de la résistance, explique Jacob Hale à travers ses recommandations pour les chercheur-e-s non-trans travaillant sur les personnes trans (Suggested Rules for Non-Transsexuals Writing about 3 Transsexuals, Transsexuality, Transsexualism, or Trans ____tout en, 1997) montrant comment les chercheur-e-s trans doivent lutter pour que leurs propres productions scientifiques soient considérées à l’égal de celles de leurs collègues travaillant sur le même champ d’étude. Comment faire de la recherche lorsque l’on est sans cesse exposée, tenue de faire uncoming outpermanent, de se voir sans cesse disqualifiée dans sa recherche par le seul fait d’être trans où « être trans » équivaut à exprimer cette position tierce ni du « dedans » ni du « dehors ». Faire de la recherche consisterait à occuper préalablement la place déterminante, voire déterministe d’une objectivité scientifique. Être à la fois chercheur-e et sujet de la recherche implique aux yeux des détracteurs une position subjective incompatible avec la position d’objectivité. Une formule entendue à plusieurs reprises confirme cette situation : « Tu es trans et cela délégitime ta recherche ».
La difficulté la plus importante et certainement la plus décisive est la prétention d’une « expertise transsexualiste » à la portée de tous et qui autorise l’inscription du sujet trans dans l’espace confiné et ouvert à la fois d’une psychiatrie sociale. Car, dans les couloirs des institutions, des administrations, des hôpitaux ou des universités on entend aussi ce langage : travelo, coupé, castré, homo… Qui s’exprime ici avec de tels mots ? La neutralité ? L’objectivité ?
2 Jacob Hale est professeur de philosophie à l’Université de Californie, il est impliqué dans les Gender studieset lesQueer studiesnotamment. Pour une analyse contextuelle de ses recommandations, « Les subcultures trans : une somme de savoirs », blog de Karine Espineira : http://karineespineira.wordpress.com, en ligne. 3 Ces recommandations sont énumérées sur la page web de Sandy Stone, [En ligne], http://sandystone.com/hale.rules.html.
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