LE JAPON
238 pages
Français

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Description

Le présent ouvrage analyse la politique nucléaire du Japon, deuxième puissance économique mondiale, dans le cadre de sa politique étrangère et de sécurité en Asie Pacifique, depuis la fin de la guerre froide, notamment les rapports avec les Etats-Unis et la Chine populaire. Seul pays à avoir subi des bombardements nucléaires, le Japon est à la fois un Etat non nucléaire, favorable à la dénucléarisation, un Etat allié à la puissance nucléaire dont il était jusqu'en 1945 l'ennemi, un Etat virtuellement nucléaire menant une dissuasion nucléaire virtuelle.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 décembre 2003
Nombre de lectures 255
EAN13 9782296804487
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0850€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Le Japon
Puissance nucléaire ?
Pouvoirs comparés
Collection dirigée par Michel Bergès
Professeur de Science politique
à l’Université Montesquieu de Bordeaux
Nathalie B LANC- N OËL (sous la direction de)
La Baltique. Une nouvelle région en Europe
Dmitri Georges L AVROFF (sous la direction de)
La République décentralisée
David C UMIN, Jean-Paul J OUBERT
Le Japon. Puissance nucléaire ?
David Cumin, Jean-Paul Joubert


Le Japon
Puissance nucléaire ?


Pouvoirs comparés


L’Harmattan
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75005 Paris
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HONGRIE

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Via Bava, 37
10214 Torino
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« La crise survient quand des événements qui en général demandent des siècles surviennent en quelques années ou mois ; quand les changements dépassent tout pronostic et résistent à toute tentative de les maîtriser ; quand tous ceux qui dirigent, tôt ou tard, finissent eux-mêmes par être dirigés ».

J. Burckhardt, Réflexions sur l’histoire du monde


Cet ouvrage est issu d’un rapport commandité en 1996 par la Délégation aux Affaires stratégiques du Ministère de la Défense à la Fondation pour les Études de Défense.
Destiné à l’État-Major des Années, il a été réalisé dans le cadre du Centre d’Études de Sécurité internationale et de Défense de l’Université Jean Moulin de Lyon, fondé par le regretté recteur Hugues Taÿ et dirigé par le Professeur Jean-Paul Joubert.

© L’Harmattan, 2003
ISBN : 2-7475-5450-3

Fabrication numérique : Socprest, 2012
Ouvrage numérisé avec le soutien du Centre National du Livre
I NTRODUCTION
L’arme nucléaire japonaise est entrée dans l’imaginaire du grand public avec la parution de deux romans à succès. Dans Dette d’Honneur, T. Clancy joue avec la peur du Japon qui s’est emparée d’une Amérique privée d’ennemi par la disparition de l’URSS. Recommençant Pearl Harbor, les Nippons envahissent par surprise des îles Mariannes ; la CIA découvre que Tokyo a construit secrètement des missiles mobiles nucléaires ; un Boeing 747 s’écrase sur le Capitole où sont réunies les deux chambres du Congrès ; heureusement, les missiles sont détruits et le Président américain est sauf. Le second roman à grand tirage est The Roses of Sharon has Blossomed, paru en 1994 en Corée du Sud. Le titre est celui d’un programme de coopération nucléaire entre les deux Corées au cours d’une guerre contre le Japon ; le nom de code de ce programme est aussi celui d’une comptine exaltant le sentiment national contre la domination coloniale japonaise. Le ressort est ici la crainte d’une renaissance du militarisme japonais et l’inévitable réunification de la Corée. À leur manière, ces deux fictions illustrent certaines questions cruciales que se posent les spécialistes des relations internationales : celle de la redistribution de la puissance après l’effondrement de l’URSS et du destin de l’hégémonie américaine, ou encore celle de savoir si, du fait de la dissuasion nucléaire, le monde est sorti du système westphalien des États, qui acceptait la guerre comme régulation des conflits.
Le nucléaire virtuel japonais
L’hypothèse d’un retour du Japon à la puissance globale {1} et, partant, de son accès à l’arme nucléaire ne relève pas que de la science fiction. D’éminents auteurs de « l’école réaliste » des relations internationales ont prédit que l’archipel abandonnerait son statut d’« État marchand » et de « puissance civile » et développerait inévitablement un armement atomique. C’est ce que déclarait H. Kahn dès 1970. En 1975, dans Japan’s Nuclear Option. Political, Technical and Strategic Factors, le politologue d’Atlanta, John Endicott, parvenait à la conclusion que le Japon disposerait dans la décennie suivante d’une industrie nucléaire, balistique, aérospatiale et sous-marine autonome et performante, aisément convertible à des fins et applications militaires {2} . L’auteur estimait que s’il ne passait pas à l’acte, le Japon aurait en tout cas la possibilité d’accéder rapidement à l’armement atomique, cette perspective étant sérieusement envisagée à Tokyo.
Par la suite et à plusieurs reprises, au gré des rapports difficiles entre la Corée du Nord et l’occident, des officiels nippons ont envoyé des messages « dissuasifs » selon lesquels leur pays ne souhaitait pas fabriquer des armes nucléaires, mais qu’il en avait la capacité et qu’il y procéderait si la situation venait à l’exiger. En 1993, la revue Proliferation Issues expliquait que la STA avait produit un rapport secret établissant que l’archipel avait acquis l’aptitude pour édifier un armement balistico-nucléaire dès le début des années quatre-vingts et que la politique conduite avait pour but de renforcer la position du Japon en tant qu’État potentiellement nucléaire. En janvier 1994, le directeur du JAIF , K. Mori, déclara que son pays disposait du potentiel technique et scientifique nécessaire pour acquérir la bombe ; c’est ce que proclama en juin le Premier ministre Hada. En février, deux experts japonais indépendants, T. Maeda et Kh. Foudzi, confirmèrent les conclusions du ministère de la Défense britannique sur la capacité du Japon à se doter dans les plus brefs délais de l’arme atomique. D’après eux, la stratégie japonaise consistait à disséminer la recherche et la production des composants de l’arme nucléaire dans diverses branches civiles ; cela permettait de garder secrets les préparatifs militaires et de dissimuler les dépenses budgétaires afférentes, qu’il serait impossible de faire approuver par la Diète si elles étaient ouvertement réclamées. Comme exemple de l’efficacité d’une telle approche, les auteurs citent la mise au point par les compagnies pétrolières d’un explosif à double usage pouvant être utilisé comme détonateur de charges nucléaires. Deux rapports américains ont vérifié ce potentiel : une étude du MIT de 1995 sur le programme plutonium japonais montre que l’archipel a la capacité industrielle de produire et d’utiliser le plutonium comme explosif. Une étude de S. Harrison de 1996 {3} sur l’évaluation des capacités atomiques japonaises conclut également que le Japon est un État potentiellement nucléaire. Enfin, les succès de l’aérospatiale, notamment celui de la fusée H2 (lanceur de satellite reconvertible en missile à longue portée dès lors que les ingénieurs japonais maîtrisent les problèmes de retour dans l’atmosphère), et le projet de laser (qui permettrait de déclencher une fusion nucléaire contrôlée, donc une simulation d’explosions sans essais) étayent incontestablement le potentiel nippon.
L’archipel continue pourtant d’être considéré par de nombreux observateurs comme un État non nucléaire, ce qui n’est pas totalement faux au sens juridique du terme. C’est ainsi qu’en 1997, J. Klein a présenté devant le cercle Périclès un bilan des arsenaux nucléaires existants établi à partir des données du SIPRI et de l’ACDA. Dans cette synthèse ouverte, pas une ligne n’est consacrée au Japon, qui ne semble pas ainsi en mesure de jouer un rôle dans les équilibres stratégiques. De même, l’amiral Duval livre, dans la Revue de Défense nationale de janvier 1998, un « état des lieux » de l’arme nucléaire dans le monde, qui ne souffle mot du Japon {4} .
Certes, ces études ne traitent que des arsenaux « existants ». En fait là se situe tout le problème. Ne faudrait-il pas estimer que, sans « être-là », l’arme nucléaire japonaise existe « en puissance » et « en influence », même si ses composantes sont délibérément disséminées ? Répondre par l’affirmative à cette question n’est pas sans conséquences. Cela signifie d’abord que le dispositif militaire du Japon, société « ouverte », serait aussi opaque que celui des sociétés fermées dites « du seuil », pour des raisons inverses qui relèveraient, non du secret dont s’entourent des pays en développement pour accéder aux technologies

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