Faire carrière dans l écologie
388 pages
Français

Faire carrière dans l'écologie , livre ebook

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388 pages
Français

Description

Quels peuvent être les effets de la politisation locale de l'environnement ? Cette étude de l'émergence de politiques de l'environnement à Lyon et Montpellier cherche à penser les dynamiques de changement dans la décision publique. À l'heure où le développement urbain durable représente un gage de modernité, l'analyse de la construction de répertoires antérieurs d'action (de la protection de la nature à l'écologie urbaine réinventée), apporte un éclairage nécessaire.

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Date de parution 01 septembre 2013
Nombre de lectures 10
EAN13 9782336324487
Langue Français
Poids de l'ouvrage 4 Mo

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Extrait

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chRIStEL Bosc
Faire carrière dans l’écologie
Dynamiques françaises de politisation de l’environnement urbain
Lopgioqliutieqsues
Faire carrière dans l’écologie Dynamiques françaises de politisation de l’environnement urbain
Logiques politiques
Collection dirigée par Yves Surel Créée en 1991 par Pierre Muller, la collection « Logiques politiques » a pour vocation principale de publier des ouvrages de science politique, ainsi que des livres traitant de thématiques politiques avec un autre angle disciplinaire (anthropologie, économie, philosophie, sociologie). Elle rassemble des recherches originales, tirées notamment de travaux de doctorat, ainsi que des ouvrages collectifs sur des problématiques contemporaines. Des séries thématiques sont également en cours de développement, l’une d’entre elles visant à publier des ouvrages de synthèse sur les systèmes politiques des États-membres de l’Union européenne. Dernières parutions Didier CHABANET et Laurent FANIEL (sous la dir.),Les mobilisations de chômeurs en France, 2013.Dominique Labbé et Denis Monière,La campagne présidentielle de 2012. Votez pour moi !, 2013. Huseyin SEVIM,La politique européenne de la Turquie. Acteurs, processus et enjeux (1980-2008), 2013. Patrick QUANTIN et Andy SMITH (sous la dir. de),Délibération et gouvernance. L’émergence d’une logique d’action ?, 2012. Laura MICHEL,Les industriels et le développement durable. Le cas de l’industrie cimentière, 2012. Cécile Pelaudeix, Alain Faure & Robert Griffiths (eds),What Holds the Arctic Together?,2012.Xabier ITÇAINA et Julien WEISBEIN (sous la dir.),Marées noires et politique. Gestion et contestations de la pollution duPrestigeen France et en Espagne. Christophe VOILLIOT,Éléments de science politique, 2010 Sous la direction de Sylvain BARONE et Aurélia TROUPEL,Battre la campagne. Élections et pouvoir municipal en milieu rural, 2010. Isabelle ENGELI,Les politiques de la reproduction, Les politiques d'avortement et de procréation médicalement assistée en France et en Suisse, 2010. André-Louis SANGUIN,André Siegfried. Un visionnaire humaniste entre géographie et politique, 2010. Bruno PALIER et Yves SUREL (dir.),Quand les politiques changent. Temporalités et niveaux de l’action publique, 2010. Amandine CRESPY et Mathieu PETITHOMME,L’Europe sous tensions, 2009.
Christel BoscFaire carrière dans l’écologie
Dynamiques françaises de politisation de l’environnement urbain
© L’Harmattan, 2013 5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris http://www.librairieharmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr ISBN : 978-2-343-01545-3 EAN : 9782343015453
INTRODUCTION Une politique publique, bien qu’elle témoigne de la prédilection politique à revendiquer un pouvoir de transformation et de régulation sociale, ne naît pasex nihilo. Elle demeure avant tout, comme le soulignent Pierre Muller et Yves Surel, un « construit social et un construit de recherche » dont les frontières fluctuent selon le contexte politique, mais aussi selon les 1 interrogations du chercheur en train de constituer son objet d’étude. Analyser l’émergence et l’élaboration de politiques décentralisées de protection de l’Environnement amène donc à s’interroger sur les origines et la nature des changements survenant dans l’action publique locale. Cette question a été abordée de deux manières : en resituant, de façon diachronique, l’apparition de ces politiques décentralisées célébrées comme inédites ou « innovantes » dans un contexte de construction préalable de politiques étatiques dites de protection de la « Nature » puis de « l’Environnement » ; en procédant ensuite à la comparaison des processus de mise sur agenda et de négociation des politiques environnementales observables à l’échelle de deux agglomérations : au sein de la Communauté urbaine de Lyon et au sein de la mairie et du District de Montpellier. Analyser de façon transversale les actions publiques mises en œuvre par des collectivités locales affectées de traditions sociales, économiques, historiques ou politiques si variables procède en fait d’un double constat. Ces deux contextes locaux révèlent tout d’abord l’investissement semblable de maires qui ont revendiqué la prise en charge inédite, au plan local, de préoccupations environnementales. Les équipes de Georges Frêche et de Michel Noir manifesteront, lorsqu’elles accèderont pour la première fois au pouvoir municipal (en 1977 dans le premier cas et en 1989 dans le second), un même souci affiché de se démarquer des prédécesseurs politiques en empruntant certaines recettes similaires d’action publique : l’importation de la « Nature en ville », la revalorisation de l’espace urbain, le soutien au développement économique local axé pour partie sur l’émergence des fameuses « Technopoles ». L’analyse plus poussée des ressources et positions politiques détenues par ces élus ambitionnant tous deux la conquête d’un leadership régional permettra d’analyser combien le maniement précurseur, au plan décentralisé, de la thématique environnementale témoigne d’une quête semblable de légitimation politique. 1  Muller (P.) et Surel (Y.),des politiques publiques, L’analyse Paris, Montchrestien, collection Clefs/Politique, 1998, p. 14.
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L’attention, d’autre part, portée aux traditions militantes rhône-alpine et languedocienne révèle une intéressante spécificité dans la structuration et le mode de mobilisation des associations écologistes. L’accès médiatique privilégié de la F.R.A.P.N.A. (Fédération Rhône-Alpine de Protection de la Nature), sa réputation dans l’organisation de manifestations et d’oppositions historiques à de grands projets publics d’aménagement (le Parc National de la Vanoise ou plus récemment le canal Rhin-Rhône), ses liens et relais historiques auprès du ministère de l’Environnement contrastent singulièrement avec la moindre visibilité et la fédération partielle des structures régionales présentes à Montpellier. L’occasion nous était ainsi donnée de mesurer de quelle manière et dans quelles conditions, les mouvements écologistes pris au sens le plus large, qu’ils soient à finalité associative ou politique, pouvaient influer ou non sur les orientations adoptées au sein de politiques environnementales locales. L’étude des modalités et de la temporalité des échanges entre certains élus de la majorité et certains militants écologistes nous permettra ensuite d’articuler, dans une certaine mesure, choix décisionnels, itinéraires politiques ou sociaux et enjeux de reconnaissance mutuelle entre élus et militants. I. L’analyse, dans une première partie, des pratiques et représentations de gestion de la Nature mises en œuvre antérieurement par l’État ou défendues avec plus ou moins de succès par les mouvements écologistes nous a semblé constituer un préalable heuristique. Les mesures environnementales initiées dès 1977 par Georges Frêche, maire de Montpellier, et en 1989 par Michel Noir, maire de Lyon, s’insèrent, malgré leur affichage volontariste, dans un ensemble plus ou moins sédimenté de modes et normes de gestion de la nature déjà modelés et diffusés par un certain nombre d’acteurs étatiques et sociaux. Aussi, afin d’éviter une vision trop « héroïque » des initiatives environnementales locales, avons-nous cherché à appréhender la spécificité des politiques observées en nous penchant à la fois sur les orientations préexistantes d’action publique et sur les traditions locales du militantisme écologiste.
1) Les politiques environnementales locales se sont en effet développées postérieurement à la mobilisation d’associations de protection de la Nature apparues en France dès la fin des années 1960. La plupart des collectivités n’ont inscrit l’environnement au rang de leurs préoccupations politiques qu’après les succès électoraux desVerts aux élections municipales de 1989 ou parfois plus précocement, lors des élections de 1977 qui ont permis la victoire à Montpellier de la liste d’Union de la gauche soutenue au second tour par les candidats écologistes. Selon Pierre Lascoumes, les « actions
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cognitives et les actions de mobilisation associative ont joué, et jouent encore, un rôle essentiel dans la construction des représentations sociales 1 comme dans le développement des interventions publiques et privées. ». Les missions quasi-publiques dont les associations de protection de la nature ont été chargées depuis les années 1970 leur ont conféré une forte présence institutionnelle et elles représentent aujourd’hui des interlocuteurs plus ou moins incontournables pour les collectivités locales. Il nous a donc semblé pertinent d’analyser, dans les contextes étudiés, de quelle manière ces acteurs sociaux avaient plus ou moins durablement contribué, en relation avec un ministère longtemps dépossédé ou partiellement dépourvu de services extérieurs, à imposer, en matière environnementale, des référents et choix d’action publique, des types d’expertise ou de savoir-faire, des traditions et routines de politiques publiques que réinterpréteront plus tard à leur manière les élus locaux. L’insaisissable diversité de ce que l’on nomme la « mouvance » ou la « nébuleuse » écologiste a suscité la mise au point successive de divers travaux de classification des militants écologistes. Ces traditions et formes de mobilisation collective ont été systématisées de façon plus ou moins 2 typologique : à partir des motivations affirmées des acteurs ou des pratiques 3 de « justification » de leur action ; à partir aussi des oppositions objectivées 4 entre « environnementalistes » et « écologistes » ou entre écologistes associatifs et politiques comme le suggère la spécialisation des travaux de 5 recherche consacrés soit aux associations soit aux partis écologistes ; à partir, plus récemment, des discours identitaires ou des trajectoires 6 individuelles. Nous avons, pour notre part, identifié les traditions de mobilisation écologiste repérables à Lyon et à Montpellier en tenant compte de la défense identitaire de normes et de valeurs, de l’itinéraire politique et social de ces militants mais aussi de la nature de leurs ressources et notamment de leur 1  Lascoumes (P.),L’éco-pouvoir ; Environnements et politiques,La Découverte, Série Écologie et société, Paris, 1994, p. 193. 2  Barthélemy (T.), Weber (F.), « Le territoire en question : associations et militants écologistes bretons », Mémoire ENS, 1986. 3 Lascoumes (P.),op. cit.4 Dalton (R.),The Green Rainbow, New Haven/Londres, Yale University Press, 1994. 5 Sainteny (G.),constitution de l’écologisme comme enjeu politique en France. La Mobilisation des ressources et stratégie des acteurs, Thèse de science politique, Université de Paris I, 1992. Chibret (R.-P.),Les associations écologiques en France et en Allemagne, une analyse culturelle de la mobilisation collective,thèse de science politique, Université de Paris I, 1991. 6  Ollitrault (S.), « Les écologistes français, des experts en action »,Revue Française de Science Politique,vol. 51, n° 1-2, février-avril 2001, pp. 105-130.
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