Urbanisation et espaces périurbains en Afrique subsaharienne
272 pages
Français

Urbanisation et espaces périurbains en Afrique subsaharienne , livre ebook

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272 pages
Français

Description

Cet ouvrage est une invitation au débat sur les espaces périurbains en Afrique, à partir du cas du Cameroun. Le périurbain est désormais un tiers espace intercalé entre le rural et l'urbain ; il est indispensable de lui accorder plus d'attention si l'on ne veut pas rater le tournant de l'urbanisation du XXIe siècle. Il y a une réelle nécessité pour les États de l'institutionnaliser et d'y instruire des projets de territoires.

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Informations

Publié par
Date de parution 01 mars 2013
Nombre de lectures 79
EAN13 9782296532137
Langue Français
Poids de l'ouvrage 10 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,1200€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

28 € ISBN: 978-2-336-00925-4
Aristide Yemmafouo
URBANISATION ET ESPACES PÉRIURBAINS EN AFRIQUE SUBSAHARIENNE
Pratiques à l’Ouest-Cameroun
Urbanisation et espaces périurbains en Afrique subsaharienne
Aristide YEMMAFOUOUrbanisation et espaces périurbains en Afrique subsaharienne
Pratiques à l’Ouest-Cameroun
Préface de Martin Kuete Postface de Laurien Uwizeyimana
Images de couverture d’A. Yemmafouo, août 2009 et novembre 2003. Il s’agit d’une illustration de l’urbanisation et de la périurbanisation à Bagangté, Dschang et Mbouda.Le plan de lotissement a été obtenu au cadastre de Mbouda en 2004 lors de nos enquêtes et redessiné par A. Yemmafouo en 2006. © L’Harmattan, 2013 5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris http://www.librairieharmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr ISBN : 978-2-336-009325-4 EAN : 9782336009254
Préface
Les hautes terres de l’ouest du Cameroun ont été de tout temps l’objet de grandsenjeux. Mais c’est surtout la campagne qui se trouvaitau-devant de la scène. Il a fallu attendre l’accession à l’indépendance du pays pour voir les villes émerger réellement et dépendre moins des lois de la vie au village. Dès les années 1930, la sortie de certaines denrées alimentaires comme le maïs, le haricot de la région est très contrôlée, voire interdite. En effet, les administrateurs coloniaux redoutent la famine dans une région considérée comme surpeuplée. Les densités de population qui varient alors entre 30 et 50 habitants/km² inquiètent. Aujourd’hui, avec des densités dix fois plus, la menace est encore plus forte. Il est vrai que l’espace disponible s’est émietté par les jeux de succession ;l’habitat s’est densifié et les estimations les plus optimistes pensent que, dans nombre de villages, la superficie qui revient à chaque habitant ne dépasse pas celle d’un terrain de football (Yemmafouo, 2000). Depuis l’indépendance, des situations diverses ont catalysé la naissance et le développement de petites et moyennes villes dont le destin ne dépendait plus uniquement de l’économie de l’arabica. Elles ont sécrété leurs propres enjeux. La question de l’espace constructible se pose avec une grande acuité. Avoir un lopin de terrain dans le centre urbain relève alors d’unexploit.
Les mutations s’opèrent, insensibles, mais de manière irréversible, alors que les idées, parfois bâties sur des a priori se maintiennent et se transmettent dans le sens du surpeuplement et des conséquences qui en découlent. Les changements vont aujourd’hui dans le sens de la décompression et non plus de la pression croissante sur l’espace. En effet, pour qui suit les évolutions dans les espaces ruraux, il est aisé de constater le renoncement à la terre-patrimoine, outil de production auquel chaque natif a droit. Les générations animées par cette convictions’étiolentet s’éteignent progressivement. Et, le villagen’est plus uniquement le territoire des agriculteurs. Le nombre des gens pour qui la terre ne représente pas grand-chose augmentent. Ceux qui observent une certaine neutralité vis-à-vis d’elledeviennent aussi nombreux.
La sociologie de la ville se recompose au moins de deux manières. Soit, par un centre ville où se concentrent les classes aisées ou moyennes par le jeu de la modernisation grâce à de plans de structuration ; soit on assiste à la mise en place progressive d’une ville hybride, oùla misère des anciens occupants (aujourd’huiincapables, dans leur immense majorité, d’innover et de suivre le rythme d’évolution qu’exige la ville moderne) accueille et jouxte des constructions d’un luxe parfois agressif. Quoiqu’il en soit, la tendance générale est au déplacement des moins aisés du centre de la ville vers la périphérie.
La périphérie des villes est devenue la zone de convergence de tous les maux dont souffraient les hautes terres et auxquels il faut ajouter ceux spécifiques à une zone d’interface. Dans un tel contexte, on apprécie à sa juste valeur, la pertinence et l’importance de ce document. Il est le fruit quenous offre un jeune enseignant-chercheur qui se spécialise résolument dans les questions foncières. Le champ d’investigation est: domaine resté peu exploré, dule périurbain moins dans le contexte camerounais. On avait jusque-là, dit-il, le sentiment que ces spécialités étaient la chasse gardée del’Occident. En plaçant le périurbain aucentre de sa problématique, du moins dans son orientation actuelle, l’auteur fait œuvre de pionnier. Il est convaincu que nous ne devons plus concevoir les villes sans prendreen compte le fait périurbain. Aujourd’hui, il est évident que le périurbain est un tiersespace que personne n’avait prévu entre la ville et la campagne, le rural et l’urbain. Les citadins du monde déconstruisent le modèle de ville que nous connaissions,de l’époque gréco-romaine à la colonisation de l’Afrique subsaharienne en passant par la révolution industrielle. On peut alors s’interroger sur ce qui arrive aux citadins. Ne veulent-ils plus vivre en ville mais autour de celle-ci et se soumettre au mouvement pendulaire que leur impose quotidiennement le rythme de travail ?En réalité, s’agit-il d’un choix raisonné ou forcé ? Faut-il reconceptualiser la ville ?
Où se trouve l’Afrique subsaharienne dans cette dynamique? Le mérite d’Aristide Yemmafouo est d’avoir mis en relief ce qui fait la spécificité de notre périurbain, c’est-à-dire le foncier. La terre, plus que le développement des transports ou l’accessibilité, rythme les processus périurbains. Accéder à la terre pour se construire un logement fait partie de la socialisation, du niveau de réussite du Bamiléké d’abord, de l’acte d’intégration à la ville ensuite. L’autoproduction du logement qui caractérise nos villes ouvre justement la voie à toutes les formes de négociations foncières. Puisqu’elles nepeuvent grandir en hauteur parce que nous n’avons pas les moyens, elles sont condamnées à s’étendre latéralement et de manière discontinue dans l’espace rural selon l’offre foncière.
Le choix de faire sa démonstration à partir des villes de l’Ouest-Cameroun qui, à dire vrai, ne sont pas de grandes villes, peut étonner à première vue. Mais à la réflexion, on s’aperçoit que les réalités péri-foncières y sont aussi poignantes qu’à Douala ou à Yaoundé. La réalité est que ce sont pratiquement les mêmes acteursqui sont en œuvre aussi bien sur le littoral, l’hinterland que dans la montagne.À l’Ouest, les enjeux fonciers sont renforcés par des fortes densités de population, mais surtout par le fait que ces acteurs partagent les mêmes valeurs, les mêmes représentations de la terre : patrimoine inaliénable, lieu où reposent les crânes des ancêtres et le nombril des natifs. Elle est alors difficilement cessible. On comprend pourquoi le phagocytagede l’espace rural par la ville se fait dans la douleur et dans les conflits.
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Les paysages périurbains devraient naturellement être spontanés et anarchiques puisque la périurbanisation se fait sans une canalisation des pouvoirs publics, puisque la ville vient trouver le village et ne peut l’éliminer, mais il semble que les citadins africains retiennent de plus en plus les leçons du passé de leurs villes et essayent de structurer urbanistiquement par eux-mêmes les espaces périurbains qu’ils conquièrent. Lotissements privés, pavillons semi-planifiés montrentbien qu’à côté de laville mal-aimée ou « monstruifiée », il y a une ville qui fait rêver en construction au périurbain et ce, indépendamment des insolences de la modernité. Aristide Yemmafouo a bien voulu nous faire vivre cela pour déconstruire notre vision dichotomique et colonialiste de la ville africaine en dépit de toutes ses tares. Le seul rôle que devrait jouer les pouvoirs publics dans ce contexte est de reconnaître le périurbain en tant qu’entité territoriale, restructurer les conditions d’accès au foncier et veillerà la durabilité des investissements. Je suis convaincu que cet ouvrage ouvre un débat qui va d’ailleurs passionner les scientifiques de la ville africaine et interrompre la dormance des décideurs et des magistrats municipaux ; surtout en ce moment où ils reçoivent pleinement les moyens pour appliquer la décentralisation tant attendue. Dschang, le 06 juillet 2012 Martin KUETE Professeur, Université de Dschang, Cameroun
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Avant-propos
Cet ouvrageest une invitation à s’interroger sur la manière dont l’urbanisation se déroule et s’étudie en Afrique. Beaucoup de pays sont désormais majoritairement urbains, et ce sont les citadins qui produisent ces villes aux marges des villes dites« officielles »ou« légiférées »car elles paraissentstagnantes ou n’arrivent qu’après coup et sous fond de« casses au bulldozer »,comme onl’observe actuellement dans les villes camerounaises. Les clichés colonialistes ou le rêve de« la ville des autres », par exemple celles des Occidentaux, obnubilent décideurs et chercheurs. A-t-on vraiment le choix de ne pas regarder autrement les processus d’urbanisation par le bas –non pas pour les justifierquand on sait que les pouvoirs publics n’offrent que 20-30% de solutions de logements aux citadins ? Ces dynamiques de bas sont certes spontanées et/ou anarchiques, mais avons-nous interrogé le sens de ces mots ou désigne-t-on autre chose ? Nous refusons de participer à la construction des idées reçues pour étudier ces dynamiques de l’intérieur.Ce regard est peut-être osé pour certains. Mais nous sommes heureux de constater que nous ne sommes pas seul à penser ainsi et que les nouvelles orientations des organismes internationaux (ONU-Habitat, Banque Mondiale) tendent vers une reconsidération de la situation des villes des pays en développement.
Pour apprécier ces dynamiques, nous devons déterminerau préalable jusqu’à quel niveau les individus par rapport aux pouvoirs publics peuvent participer à la production de l’urbain. Nous sommes donc obligés d’ôter nos carcans normatifs pour faire face à cetteurbanisation et l’apprécier par rapportaux réalités locales.
Le présent ouvrage est le résultat de plus d’une dizaine d’années de recherchesur les questions foncières dans et autour des villes de l’Ouest-Cameroun, recherches menées au sein du Centre de Recherche sur les Hautes Terres (CEREHT)/Labo. Géomatique du département de Géographie de l’Université de Dschang au Cameroun.projets nous ont facilité les Deux recherches de terrain : le projet»« Montagnes et Café (MOCA)  et le projet « L’Ouest-Cameroun entre le rural et l’urbain: processus de restructuration économique et sociale post-crise », tous financés par le gouvernement français. Notre démarche n’étant pas comparative, mais explicative, nous avons mis l’accent sur les détails élémentaires de terrain les plus marquants et les plus représentatifs des situations foncières vécues. Aussi, pour permettre à nos lecteurs, en cas de besoin, de mieux apprécier les réalités socio-spatiales et de construire leur propre interprétation, avons-nous mené des enquêtes et observations dans toutes les villes de l’Ouest. Mais les exemples pris à Mbouda et Dschang reviennent le plus souvent. Bafoussam, en tant que capitale régionale,n’a pas été spécialement étudié.
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