De l expérience à l identité photographique.
184 pages
Français

De l'expérience à l'identité photographique. , livre ebook

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184 pages
Français

Description

La photographie nous met dans une distance forcée. Elle s'organise dans sa réalité temporelle et met en scène le monde ou son monde. C'est un moyen de connaissance et de re-connaissance. Elle devient oeuvre car l'expérience est un jour dépassée, mais elle reste bien expérience de soi au travers d'une subjectivité qui se confronte et se ré-invente face à une réalité.

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Date de parution 01 mars 2014
Nombre de lectures 3
EAN13 9782336338262
Langue Français
Poids de l'ouvrage 46 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0750€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Catherine Rebois
De l’expérience à l’identité photographique
Série Photographie Collection Eidos
Préface de Françoise Paviot
De l’expérience à l’identité photographique
CollectionE i d o sdirigée par Michel Costantini & François Soulages Comité scientifique international de lecture Aniko Adam (Université Pázmány Péter, Piliscsaba, Hongrie), Michel Costantini (Université Paris 8, France), Pilar Garcia (Université Bellas Artes de Séville, Espagne), Alberto Olivieri (Université fédérale de Bahia, Brésil), Panayotis Papadimitropoulos (Université d’Ioaninna, Grèce), Gilles Rouet (Université Matej Bel, Banská Bystrica, Slovaquie), Silvia Solas (Université de La Plata, Argentine), François Soulages (Université Paris 8, France), Rodrigo Zuniga (Université du Chili, Santiago, Chili) Série Photographie Benoît Blanchard,Art contemporain. Le paradoxe de la photographie Philippe Bazin,Face à facesPhilippe Bazin,Photographies & PhotographesCatherine Couanet,Sexualités & Photographie Benjamin Deroche,Paysages transitoires. Photographie & urbanitéMichel Jamet,Photos manquées Michel Jamet,Photos réussies Anne-Lise Large,La Brûlure du visible. Photographie & écriture Franck Leblanc,L’Image numérisée du visagePanayotis Papadimitropoulos,Le Sujet photographique Catherine Rebois,De l’expérience en art à la re-connaissance Hortense Soichet,Photographie & mobilitéFrançois Soulages (dir.),Photographie & contemporainFrançois Soulages & Julien Verhaeghe (dir.),Photographie, médias & capitalismeMarc Tamisier,Sur la photographie contemporaine Marc Tamisier,Texte, art et photographie. La théorisation de la photographie Christiane Vollaire (dir.), Écrits sur images. Sur Philippe Bazin Série RETINA Manuela de Barros,Duchamp & Malevitch. Art & Théories du langageÉric Bonnet (dir.),Le Voyage créateur Éric Bonnet (dir.),Esthétiques de l’écran. Lieux de l’image Michel Gironde (dir.),Les Mémoires de la violence Bernard Lamizet, L’Œil qui lit. Introduction à la sémiotique de l’image Pascal Martin & François Soulages (dir),Les Frontières du flou François Soulages (dir.),La Ville & les arts. À partir de Philippe Cardinali François Soulages & Pascal Bonafous (dir),Portrait anonyme Julien Verhaeghe,Art et flux. Une esthétique du contemporain Suite de la collection et des sériesEidosp. 175
Catherine Rebois
De l’expérience à l’identité photographique
Préface de Françoise Paviot
De la même auteure Encorps, Photogalerie 12, Neuchâtel, Ides et Calendes, 2002. Corps Lato Sensu, Paris, Trans Photographic Press, 2012. De l’expérience en art à la re-connaissance, Paris, L’Harmattan, collection « Eidos » série Photographie, 2014.© L’Harmattan, 2014 5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris http://www.librairieharmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr ISBN : 978-2-343-02729-6 EAN : 9782343027296
Préface Tisser les fils du sens Avec patience et inquiétude, Catherine Rebois identifie, assemble la chaîne et la trame de ce que ses yeux ont vu, sa sensibilité capté, sa pensée élaboré dans sa rencontre avec les images qu’elle nous propose. Son choix des trois photographes – Francesca Woodman, David Nebreda et Dieter Appelt – n’est évidemment pas innocent. S’ils l’ont attirée, c’est qu’elle y est en terrain de connaissance car elle est aussi photographe… et photographe concernée au plus près par le corps. Mais une fois posées les bases de son corpus, jamais au grand jamais – du moins pour le lecteur innocent –, elle ne fera appel ou allusion à ses propres recherches, les laissant juste délicatement transparaître comme on garde en veilleuse une lampe allumée. Sa capacité à rendre compte des images d’autrui est étonnamment efficace et sensible : ce qui frappe tout au long de cet ouvrage, c’est la pertinence et la précision des analyses qu’elle nous livre. Car nous avons bien ici une leçon d’analyse ou, de prime abord, une leçon de lecture. Elle nous incite à écarquiller les yeux, à nous faire toucher du regard ces photographies si minces et en deux dimensions dont la fixité pourrait les faire reléguer au rang d’objets déchus. Elle nous demande aussi de prendre le temps, de faire une pause face au silence de ces images qu’elle nous dévoile en révélant une à une leur histoire. Lancinant, presque musical, le rythme de ses phrases déroule un propos volontaire qui nous ouvre la voie du sens. Tout au long de ses commentaires et de ses remarques, son esprit reste en alerte, se perd dans la spéculation, revient bien vite aux œuvres qu’elle ne quitte pas des yeux, nous
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communiquant ainsi le plaisir infini de leur découverte. L’inquietus,dans sa racine latine, est celui qui ne reste pas tranquille et qui, sans s’agiter inutilement, passe et repasse pour avancer plus loin avec une profonde exigence. Inquiète, c’est ainsi qu’on pourrait définir la démarche rigoureuse que notre auteure a ici entreprise. Avec la photographie, ce mode de communication non verbal qui n’attend que notre regard, Catherine Rebois nous parle de l’expérience. Pour certains philosophes, l’expérience – contact originaire avec la réalité – est seule source de connaissance. Or ici, les expériences qu’elle nous présente passent par le corps, on peut les appeler aussi des actions ou peut-être des performances. Ces expériences de la connaissance de soi à travers son propre corps, ce sont celles de trois photographes contemporains qui se mettent en danger jusqu’à en perdre la vie, l’user jusqu’à l’épuisement ou bien l’éprouver comme une corde tendue. Elle s’interroge sur la nature et l’efficacité de ce qui nous apparaît comme un autoportrait, une épreuve de la connaissance de soi qui s’effectue par les sens, menant à un dialogue solitaire et silencieux. La représentation traditionnelle du corps, telle que nous la connaissons dans la peinture, est abandonnée car l’anatomie ne fait plus recette et les règles de la figuration ont changé. Ici la photographie trouve un espace qui lui est propre ; Catherine Rebois ne cesse d’en déployer les états, de montrer comment le médium en opère cette prise en charge si particulière chez ceux qui l’ont mise en œuvre. C’est dans cette modalité nouvelle de la représentation de soi que l’auteure nous propose de passer un espace à première vue de négativité, mais dont le régime de vérité nous bouleverse et nous éprouve. On sent parfois que son interrogation sur la nature des phénomènes qu’elle déroule devant nous est pleine d’une angoisse… la sienne peut-être en tant qu’artiste qui affleure, parfois haletante, au rythme de ses phrases. Si les photographies sont intimement liées à l’expérience qui les a mises en place, est-ce une condition nécessaire pour faire œuvre ? Voilà l’essentiel d’un propos où il est bien souvent question aussi de mort et de résurrection. Et nous voilà entraînés à sa suite, à nous interroger sur la nature de ces images qui pourraient être de simples documents, ou bien une épreuve particulière de soi à soi-même et dont le sujet pourrait être l’unique bénéficiaire. Que se passe-t-il quand le corps prend la parole à travers des procédures de mises en scène et donne vie à ces autoportraits sans regard ? Que deviennent
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ces reliques, ces suaires contemporains quand, multipliés, exposés, publiés, on les offre à leur tour à la lecture d’autrui ? Qu’apporte cette transmission à celui qui les a faits ? Et qu’apporte-t-elle à celui qui les regarde ? L’image de soi est-elle ici mortifère ou féconde, et serait-ce la photographie qui aurait en fait tué Méduse ? Une image vaut mille motsdit un vieux dicton, mais ne peut-on pas aussi se demander si une image ne pourrait jamais remplacer une phrase ? S’il est ici essentiellement question de l’expérience de la photographie, de l’expérience du corps, il y a aussi – sans qu’elle soit explicitement exprimée – celle du langage. Nos trois photographes (et ajoutons maintenant Patrick Tosani puisqu’il fait l’objet d’une longue interview) l’expérimentent sous différentes formes, annotations, commentaires, journaux. Catherine Rebois en donne des exemples et les commente à plusieurs reprises. La photographie est un médium qui s’ouvre volontiers à la parole et qu’il faut faire parler. Si elle prend en charge la disparition et la renaissance de son auteur, son engagement, ses prises de risque, le langage quant à lui comble la distance qui s’instaure entre elle et le sujet, entre elle et le spectateur. Et c’est bien le propre d’une bonne image que d’être ce gisement de sens qui attend, sans bruit, par peur de mourir au bord de nos paupières. C’est dans cet espace de solitude et de vacuité que peuvent surgir le texte, les mots, se construire le discours face à la manifestation de ce qui n’est plus. Si c’est la distance qui fait œuvre car l’œuvre ne décide rien, c’est aussi dans la distance que s’installent la parole et l’expérience de l’image, comme une seconde et bienheureuse renaissance. Richesse de l’image, richesse du langage, c’est un peu la troisième leçon de cet ouvrage. Ainsi Catherine Rebois, dans un état de conscience et de sensibilité extrêmes, dans un mouvement qu’elle qualifie elle-même d’« oscillation permanente », relève sans faillir les interrogations, les incertitudes et les contradictions qui maintiennent la chaîne et la trame de l’œuvre. Elle semble nous dire aussi que Pénélope, fidèle à son mythe, doit continuer éternellement à lutter contre le temps, à faire et à défaire son ouvrage… car si l’œuvre ne décide rien, elle peut aussi tout nous donner. Françoise Paviot
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Le mutisme de l’œuvre L’expérimentation – la mise en acte de l’expérience – joue un rôle central dans la création et l’innovation artistique, nous 1 l’avons vu dans un premier volumeDe l’expérience à la re-connaissanceen lien avec cette recherche. D’où nos interrogations désormais : qu’expérimente-t-on en faisant œuvre ? Quel type d’expérience chercherait-on à vivre en tant que spectateur ? Si l’expérience est déjà en jeu au sein de l’œuvre, il s’agirait alors pour le spectateur d’une réminiscence, d’une révélation, d’une chose en suspension, inconsciente, qui surgirait, remonterait au contact de l’objet de l’expérience, travaillant à la fois l’œuvre, l’artiste et le spectateur. Nous distinguerons pourtant, tout au long de cette réflexion, l’expérience de l’artiste et celle du spectateur. Nous envisagerons leurs spécificités et leur raison d’être, mais aussi leur interactivité de telle sorte que l’œuvre semble en constituer un genre de catalyseur. Dans chaque cas, y compris pour l’œuvre, les enjeux sont majeurs. Pour ce faire, nous développerons ce travail principalement à partir de l’œuvre de trois artistes photographes : Francesca Woodman (aux origines italiennes, ayant vécu et étudié aux États-Unis), l’Espagnol David Nebreda et l’Allemand Dieter Appelt. Travaillant tous trois avec la photographie tout comme avec leur corps et l’autoportrait, ils nous aideront à aborder la question de l’expérience car, pour chacun d’eux, les enjeux ne semblent pas forcément les mêmes. C’est pour ces différences que nous les avons choisis. En effet, ils nous révèlent des points de vue distincts quand, 1  Catherine Rebois,De l’expérience à la re-connaissance,Paris, L’Harmattan, collection Eidos, Série Photographie, 2014.
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