La lecture à portée de main
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Publié par | L'Harmattan |
Date de parution | 01 mars 2009 |
Nombre de lectures | 336 |
EAN13 | 9782296221635 |
Langue | Français |
Poids de l'ouvrage | 8 Mo |
Informations légales : prix de location à la page 0,1650€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.
Extrait
Sommaire
Introduction
Georges BLOESS: Dissonances, concordances,
résonances
I. Corps, Espace, Souffle, Rythme
ZeynoARCAN :Le souffle vital de la création. De la
danse expressionniste à la peinture scénographique :
cheminement d’une création
Ophelia PISHKAR: L’architecture
comme représentation théâtrale
expressionniste
Silke SCHAUDER :Egon Schiele : écrire la vérité en
peinture ou peindre avec les mots ?
François JEUNE: L’image fertile : partition et
réemploi chezPaulKlee
Silvia LIPPI:Beauté-trauma-photo: NanGoldin
Jean-Paul OLIVE: La musique face à la fragmentation
expressionniste :
ClaudineEIZYKMAN: LeCinéma expressionniste: le
compromis et l’absolu
IngeBAXMANN: Le sentiment rythmique en
architecture : nouveaux ordonnancements dans les arts
spatiaux de l’expressionnisme
René SCHERER: L’expressionnisme, résolution de la
dialectique
p. 9
p. 35
p. 75
p. 97
p. 123
p. 141
p. 155
p. 175
p. 199
p. 217
II. Une Subjectivité sansSujet?
EnriqueSEKNADJE-ASKENAZI: Expressionnisme et
cinéma :une camérasubjective?
Evanthia VERRIOPOULOU: Echodesfiguresde
l’irréeletangoisse dela défiguration
IsabelleLAUNAY: Poétiquesdel’extase, mémoire et
oublidans la danse del’Allemagne desannées vingt
PhilippeDUBOY: Paul Scheerbart,Der
Weltbaumeister. Utopie ou hétérotopie : Schauspiel ou
Operette
GeorgesBLOESS: Leportraitexpressionniste, espace
duconflitdes identités
PhilippeIVERNEL: Entrethéâtre et philosophie Le
hérosexpressionniste,hérautdel’Existence
majusculée
SuzanneKOGLER: ExpressionetSujetdans la
nouvellemusique
DaphnéLe SERGENT:Dérives et dérivations : un
expressionnisme à l’heure des dispositifs artistiques?
JoëlleCAULLIER :L’expressionnisme à la question
6
p. 231
p. 243
p. 259
p. 277
p. 305
p. 321
p. 339
p. 363
p. 383
Introduction
Georges BLOESS
Dissonances, concordances, résonances
Regard actuel sur la rupture expressionniste: une simple
anecdote ?
En dépitdel’immenselittérature déjà disponible àson
propos,quoideplusfacile aujourd’hui,voire deplus plaisant,
que detraiterdel’expressionnisme? nejouit-il pasdetoutes les
faveurs,les peintres qui l’ontimmortalisénesont-ils pas
exposésen tous lieux ?AlbanBerg, Webernet même
Alexandre Zemlinsky ne figurent-ils pasau programme detous
lesconcerts ?Lesfilms portant samarquen’ont-ils pasacquis
une célébritéuniverselle?jamais l’expressionnismen’a été
aussi présent,sous toutes sesformes,que depuis le dernier quart
desiècle;jamais il n’a fait l’objetd’une attentionaussiaffairée
detous lesmédias.Attirant, donc;
séduisant,l’expressionnisme,valeur sûre del’industrie culturelle.
Pourtant le fait nemanquerapasdesurprendre,si l’on veut
bien sesouvenirdu rejetdontce mouvementfut longtemps
victime, del’aversion qu’il suscitait.Il yaprèsdequarante ans,
unerétrospective MaxBeckmannauMusée del’ArtModerne
de Paris pouvait passer presqueinaperçue;celle de2003au
Centre Pompidoufut un incontestablesuccès pendant prèsde
quatremois.Ques’est-ildoncpassé?Sansdoute faut-il se
Georges BLOESS
rendre à cette évidence :l’expressionnismene fait plus peur,il
ne choqueplus ; ilestdevenu inoffensif.
C’est làprécisément qu’ildevient moinsfacile d’en parler,
qu’il révèlesesaspérités,quesonapparence avenante dévoile
uneréalitéproblématique.Latâche estdonc celle-ci:il importe
de débarrasser l’expressionnisme delapatine dont l’ont
recouvert lesdécennies, du pathos superficieletdu
spectaculaire à bon marché auquel ila été assimilé.Ilfaut
rappelerencoreune fois que c’esten lui queprendses racines
notre artcontemporain,queles libertésdont jouitce dernier
maisdont nous jouissonsaussien tant que citoyens - seraient
inimaginables sans le combatdesexpressionnistes.Comment
cela?C’est simple :ilaosé défier l’Académie,qui incarnait
l’institutionduBeau,se faisait la gardienne deses valeurs (cette
rupture entrel’Artet le Beauconstituelepostulat implicite et
pourtantfondateurdemainte contributionà cesActes,
particulièrementde cellesde ZeynoArcanet Silvia Lippi).Défi
lourd de conséquences, qui a permis de faire tomber les
murailles séparant les divers modes d’expression (ce qu’avait
tenté de faire, avant lui, l’Art Nouveau, sans pourtant oser
ébranler le culte de laBeauté, mais en pratiquant au contraire
une surenchère dans ce domaine). Presque aussitôt s’écroulent
d’autres murailles : celles qui séparent l’art de la vie, l’art de la
société, enfin l’art de la politique. Les piliers de la société sont
ébranlés ; mais ce sont en même temps les fondements de notre
psychologie et de notre pensée qui subissent cet événement
tellurique, c’est-à-dire le moi, l’identité, le sens.
L’expressionnisme, on le voit, n’est pas réductible à un
mouvement artistique, comme peuvent l’être le fauvisme ou
même le cubisme; il prend en charge les aspirations de toute
une génération, confond l’écriture poétique et le combat civil,
entend inscrire les nouvelles formes dans la mutation du
paysage urbain, au risque de voir disparaître l’«art »en tant
qu’activité autonome.En faisant ce constat, je ne fais que
reprendre une remarque déjà ancienne de Jean-Michel Palmier :
« Lapeinture et la gravure expressionnistes furent plus qu’un
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Dissonances, concordances, résonances
mouvement parmi tousceuxqui marquèrent le débutdu siècle.
Elles ont non seulementbouleversélesformes plastiques,mais
aussi quelque chose de fondamentaldans lerapportdel’artet
delavie. »Doit-on parlerd’une« révolution
»expressionniste?Pour lemoinsd’une« révolte» - j’emprunte ce
1
terme à Jean-MichelPalmier -,qui laisseuneruptureprofonde,
sans précédent, dans la culture européenne.
C’estdoncuneréalitéparticulièrementcomplexequi se
présente ànous.Il nousfaudra, àlasuite dequelques travaux
pionniers, adopter laperspectivetransversalequi renduniquele
phénomène expressionniste,sans jamais perdre devuele fait
qu’ilbrise en mêmetemps les hiérarchies internes,qu’ilexplore
des territoires nouveaux. Il donne aux arts dits «tribaux» leur
placelégitime au seindela créationartistiqueuniverselle,
réhabilitel’art populaire, faitaccéderau statutd’expression
artistiquelesdessinsd’enfants, ceux des malades mentaux. Ce
n’est pas seulement l’espacequi se dilatesur lanouvelle carte
créatrice dessinéeparKandinskyetFranz Marc dans
l’Almanach duBlauer Reiter- auquelilfautajouterLa création
plastique des malades mentauxde HansPrinzhorn(livre connu
enFrancesous letitre bien réducteurdel’Art des fous), ainsi
quelamonographie consacrée àAdolf Wölfli par lemédecin
WalterMorgenthaler:Un malade-artiste- .C’estdonc,sur
l’horizondu paysage artistique,uneremise en questiondenotre
conceptiondel’hommequi seprofile. S’annonce également une
révision complète de nos catégories spatio-temporelles.
Suffitil, comme vient de le faireBergson, de définir le temps humain
comme une «évolution créatrice» ?Les inventions,
explorationsetexpérimentationsexpressionnistesconvoquent
eneffet, dansletemps présent, desfragmentsd’un temps
possible,rendantvisibles, audibleset palpables ses
anticipations, etconférantainsià l’œuvrelestatutd’utopie
concrètethéorisée, audéclin de ce mouvement, parErnstBloch.
Pour emprunter à ce dernier l’une de ses formules: «Je suis
auprès de moi» :l’art a-t-il pour mission de faire coïncider
1
CfL’expressionnisme comme révolte, édit. Payot, Paris 1980.
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Georges BLOESS
enfinl’humainaveclui-même, del’aideràsurmonter sonétat
d’aliénaS’applique-t-il au contraire à l’écarter de cettion ?
objectif humaniste, à le faire renoncer à ses espoirs d’identité
retrouvée, d’épanouissement par l’expression individuelle?Tel
semblel’enjeududébalt ;escontributions propos