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Description
Sujets
Informations
Publié par | L'Harmattan |
Date de parution | 01 juillet 2011 |
Nombre de lectures | 77 |
EAN13 | 9782296466647 |
Langue | Français |
Poids de l'ouvrage | 1 Mo |
Informations légales : prix de location à la page 0,0700€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.
Extrait
Duchamp & Malevitch
Collection Eidos
dirigée par Michel Costantini & François Soulages
Série RETINA
Manuela de Barros, Duchamp & Malevitch. Art & Théories du langage
Eric Bonnet (sldd), Le Voyage créateur
Michel Gironde (sldd), Les mémoires de la violence
François Soulages (sldd), La ville & les arts. À partir de Philippe Cardinali
Série Photographie
Michel Jamet, Photos manquées
Panayotis Papadimitropoulos, Le sujet photographique
François Soulages (sldd) Photographie & contemporain
François Soulages & Julien Verhaeghe (sldd),
Photographie, médias & capitalisme
Marc Tamisier, Sur la photographie contemporaine
Marc Tamisier, Texte, art et photographie.
La théorisation de la photographie
Série Groupe E.I.D.O.S.
Michel Costantini (sldd), Ecce Femina
Michel Costantini (sldd), L’Afrique, le sens.
Représentations, configurations, défigurations
Groupe EIDOS, L’image réfléchie. Sémiotique et marketing
Pascal Sanson & Michel Costantini (sldd), Le paysage urbain
Marc Tamisier & Michel Costantini (sldd),
Opinion, Information, Rumeur, Propagande. Par ou avec les images
Hors Série
Michel Costantini (sldd), Sémiotique du beau
Michel Costantini (sldd), La sémiotique visuelle : nouveaux paradigmes Bibliothèque VISIO 1, Biblioteca VISIO 1, Library VISIO 1
Manuela DE B ARROS
Duchamp & Malevitch
Art & théories du langage
© L’Harmattan, 2011
5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr
ISBN : 978-2-296-55411-5
EAN : 9782296554115
Fabrication numérique : Actissia Services, 2012
Introduction
L’opposition entre le représenté et l’écrit, entre l’image et le langage est une constante de notre histoire culturelle. L’une des principales raisons est ce qui les sépare, ce qui les caractériserait. Mais une autre est sans doute que les deux domaines ont des terrains communs : la production de sens, la dénotation, la mise en place d’un dicible. Chacun des médiums se prévaut d’être plus adéquat pour exprimer des notions fondamentales de notre culture telles que la « vérité » ou la « réalité ». De ce fait, le problème soulevé par la rivalité des deux champs à l’exclusion d’autres domaines comme la musique par exemple a constitué l’une des données fondamentales de l’histoire de l’art.
Au début du XX e siècle, ces questions vont devenir cruciales face à la double remise en cause de la réalité en tant qu’elle nous est perceptible et de la capacité de communication du langage dans une signification univoque. On voit apparaître ces questionnements dans de nombreux domaines, parmi lesquelles la physique, la philosophie ou la linguistique. Les artistes vont eux aussi se confronter à ces questions, se nourrir des recherches et propositions qui les entourent et créer leurs propres réponses. Celles-ci seront foisonnantes et fort diverses dans leurs formes et les ouvertures qu’elles donnent.
Nous allons en étudier deux, celles de Malevitch et Duchamp, ainsi que le contexte intellectuel qui leur permet d’éclore. Choix classique, presque galvaudé, et qui néanmoins a des raisons qui restent opérantes. Formellement les choix sont drastiquement opposés, et conceptuellement, la distance est au moins aussi grande. D’un côté la pure peinture avec la volonté d’atteindre le signe en soi, de l’autre sa disparition ou plutôt sa réinvention dans d’autres procédures. Pour l’un la réduction à l’extrême dans la volonté de trouver un standard transparent en peinture, pour l’autre l’exploration de tout ce qui peut redonner sens.
Pourtant pour chacun des deux artistes, un des éléments déclencheurs est le lien avec l’écriture, dans la tentative de théorisation ou en miroir des essais plastiques, et la proximité avec poètes (Khlebnikov), linguistes (Jakobson) ou philosophes interrogeant l’efficacité du langage (Wittgenstein).
Quatre moments dans notre texte : le premier, plutôt méthodologique et historique, replace notre propos dans un contexte plus large, puis suivent une partie pour chacun des artistes et une ouverture finale sur les retombées de leurs œuvres dans le contexte de l’art.
Après un moment servant à l’explicitation des théories et réflexions générales qui sous-tendent cette analyse, la seconde partie de ce travail sera consacrée au rôle qu’a joué un modèle poétique, la langue Zaoum transmentale, dans la réflexion de Malevitch qui le mènera jusqu’au Suprématisme. Le premier pas est constitué par la découverte commune à Saussure et à Peirce que tout langage est constitué de signes. Puis la prise en compte de cet aspect nouveau dans la pensée du passage du sens par tous les domaines concernés, et plus particulièrement pour ce qui nous concerne par les artistes. Nous verrons donc la théorie à l’œuvre dans le Cubisme la façon dont elle fait rebond chez Malevitch et sa théorisation par Jakobson et Chklovski. Il faut rajouter à cela le cas particulier et déterminant de Vélimir Khlebnikov qui apporte les éléments indispensables aux travaux du peintre et du linguiste.
Marcel Duchamp occupera la troisième partie. Présentant une œuvre qui se compose à la fois de créations plastiques et de textes, les « notes » se rapportant au travail artistique – et qui deviennent elles-mêmes parties de l’œuvre – Duchamp avait sa place assurée dans cette étude. Il est également le précurseur et modèle avoué de toute une partie de l’art contemporain, dont certains artistes se réclament directement d’un travail sur le signe, la signification ou le langage. Cependant, il y a encore d’autres raisons ; par exemple, son intérêt pour la philosophie du langage, et en particulier pour quelques notions du domaine comme la tautologie plusieurs fois souligné lors d’entretiens ; également son propre travail sur la langue, de type poétique ; et aussi, une façon de poser les problèmes ayant trait à l’œuvre d’art et à l’image qui peut être analysée dans la perspective des rapports langage et art : le statut, et par là, la signification, de l’objet d’art, allié à la question du contexte dans une vision pragmatique du monde de l’art ; le mode de fonctionnement interne de l’œuvre, semblant se conformer à la tentative de créer un univers de type logique totalement autonome ; l’essai de construire un nouveau genre artistique par la manipulation croisée de l’image et du texte, celui-ci servant de modèle à celle-là, ou de la plasticité et d’une logique formelle ; ou encore, l’esquisse d’une combinatoire ou d’une grammaire générative qui apparaît régulièrement.
Duchamp sera étudié à partir de ses notes, en tentant une analyse de l’œuvre à travers elles. Nous ferons donc une étude en diagonale en parcourant les deux champs, la forme et les mots, pour essayer de les expliciter l’un par l’autre. Nous interrogerons ainsi les grands thèmes de Duchamp, dégageant les lignes majeures de son esthétique, déterminant ses liens exacts avec les théories du langage, et tentant finalement une vue générale de l’interpénétration art et langage dans son œuvre.
Enfin, nous tenterons d’étudier brièvement les prolongements de ces trois approches. En effet, de l’abstraction américaine au Minimalisme, on peut voir se continuer un certain nombre des propositions esthétiques des deux pionniers de l’abstraction que nous allons analyser. Duchamp, quant à lui, semble avoir inauguré un type de recherche, par exemple l’Art conceptuel, que l’on ne retrouvera que tardivement dans le siècle, à partir de la fin des années 50, et qui, mais est-ce vraiment un hasard ?, s’opposera aux propositions précédentes.
Logos et Eidos
Dès l’Antiquité, le problème principal posé par la représentation et donc par la peinture semble être celui de l’imitation, la mimesis. De Platon (dans La République ) à Aristote (dans sa Poétique ), c’est bien la mimesis associée à son degré de vérité qui conditionne le jugement de la représentation, qu’elle aille dans le sens de la condamnation, Platon et la stigmatisation de l’imitation comme hors de la raison, illusionniste car créatrice de simulacres et donc pernicieuse, ou dans celle de la défense de la représentation par Aristote, qui considère que