Fascinant / fascisant
254 pages
Français

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Fascinant / fascisant , livre ebook

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Description

Qu'est-ce qui fait que des gens aussi différents en apparence que des "nationalistes révolutionnaires" adeptes de rock et de cérémonies païennes, des catholiques intégristes rêvant d'oriflammes et des vitraux de Chartres, des conservateurs férus de mélodies et de couchers de soleil peints, peuvent se trouver liés et alliés au sein des extrêmes droites dans leurs détestations en matière d'art ? Cet ouvrage aborde les principaux aspects des conceptions culturelles et artistiques des extrêmes droites françaises.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 janvier 2013
Nombre de lectures 52
EAN13 9782336287447
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
4e de couverture
Questions contemporaines
Collection dirigée par B. Péquignot, D. Rolland et Jean-Paul Chagnollaud

Chômage, exclusion, globalisation… Jamais les « questions contemporaines » n’ont été aussi nombreuses et aussi complexes à appréhender. Le pari de la collection « Questions contemporaines » est d’offrir un espace de réflexion et de débat à tous ceux, chercheurs, militants ou praticiens, qui osent penser autrement, exprimer des idées neuves et ouvrir de nouvelles pistes à la réflexion collective.

Dernières parutions

Marcelo BIDINOST, La ville comme paysage du sentiment, Le sentiment urbain à Bueno Aires aux XIX e et XX e siècles , 2012.
Gérard SAINSAULIEU, Les trottoirs de la liberté. Les rues, espace de la République , 2012.
Jean-Christophe TORRES, Les enseignants. Quelle reconnaissance pour un métier en crise ? , 2012.
Gérard LEFEBVRE, Les chemins du silence , 2012.
Hubert LEVY-LAMBERT et Laurent DANIEL (dir), Les douze travaux d’Hercule du nouveau Président , 2012.
Tony FERRI, Qu’est-ce que punir ? Du châtiment à l’hypersurveillance , 2012.
Abou-Bakr Abelard MASHIMANGO, La dimension sacrificielle de la guerre. Essai sur la martyrologie politique , 2012.
Jordane ARLETTAZ, Séverine NICOT (dir.), Le cadre juridique de la campagne présidentielle , 2012.
Alain BÉNÉTEAU, Louis MALLET, Michel CATLLA, Les régions françaises au milieu du gué, Plaidoyer pour accéder à l’autre rive, 2012 .
Jean BRILMAN, Réconcilier démocratie et gestion , 2012.
André PRONE et Maurice RICHAUD, Pour sortir du capitalisme. Éco-partage ou communisme ? , 2012.
Christophe du PAYRAT, Pourquoi avoir fait de Mayotte le 101 e département français ? , 2012.
Titre
Alain CHEVARIN







FASCINANT
/
FASCISANT


Une esthétique d’extrême droite
Copyright

© L’HARMATTAN, 2013
5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr
EAN Epub : 978-2-336-28744-7
Citation

« L’art [...] doit consister à attirer l’attention de la multitude [...] son action doit toujours faire appel au sentiment et très peu à la raison. »
Adolf Hitler, Mein Kampf , 181, « Propagande de guerre »
Introduction
Le 16 mai 1981, dans un article paru dans le journal Le Monde 1 sous le titre : « Un nouveau “Juif Süss” : Lili Marleen », la sociologue et spécialiste du cinéma Annie Goldmann, alors assistante à l’École des Hautes Études en Sciences Sociales, écrivait à propos du film de Wemer Fassbinder Lili Marleen : « Il ne ‘viendrait à l’idée de personne de soutenir que Fassbinder – l’homme et le cinéaste – est antisémite. Pourtant, qu’il l’ait ‘voulu ou non – cela est une autre histoire -, son film l’est bel et bien ».
Une telle formulation, précédée de l’assertion liminaire : « On ne répétera jamais assez que tout film est idéologique », mettait l’accent sur un aspect crucial de l’étude des productions artistiques. Il paraît en effet logique de se demander, comme pour toutes les productions humaines, et plus particulièrement celles qui appartiennent au domaine culturel, de quelle manière et dans quelle mesure les œuvres d’art participent des systèmes de pensée, des systèmes de représentation qui se sont développés dans la société où elles ont pris naissance. L’incrimination d’antisémitisme proférée à propos du film de Fassbinder, associée à l’affirmation que l’auteur ne saurait, lui, être l’objet d’un tel soupçon, permet d’emblée d’affiner le questionnement, et de mettre en jeu les rapports qu’entretient une œuvre avec son auteur : dans quelle mesure et par quels moyens une « idéologie » peut-elle pénétrer ou innerver une œuvre littéraire ou artistique indépendamment de la pensée ou de la volonté de son auteur ? Les relations qui unissent et parcourent le trinôme constitué de l’auteur, de l’œuvre et des systèmes de représentation environnants, même si elles ont donné lieu à une ample littérature, ne se laissent pas facilement appréhender.
Si en effet les domaines politique, économique, social offrent des terrains d’étude relativement faciles à analyser de ce point de vue, parce que l’idéologie y transparaît clairement, traduite en conceptions affirmées, en programmes définis, en revendications explicites, ou parce qu’elle s’y cache sous des « mythes », au sens donné à ce mot par Roland Barthes dans ses Mythologies , que l’analyse permet d’élucider, l’art, au sens large et incluant la littérature, est souvent considéré, depuis le « Tel arbre, tel fruit » de Sainte-Beuve, comme relevant davantage d’une personnalité, d’une expression ou d’une sensibilité individuelles. Telle est la conception courante, la vulgate scolaire stigmatisée par Pierre Bourdieu dans l’Avant-propos de son ouvrage Les règles de l’art 2 à travers les « mornes topiques » dont il trouve l’expression caractéristique dans Le Don des morts de Danièle Sallenave 3 , selon qui la littérature « traite toujours de l’homme singulier, dans sa singularité absolue ». Telle est la conception que développe aussi par exemple, dans la lignée de la pensée heideggérienne, le philosophe allemand Hans-Georg Gadamer, cité également par Bourdieu : « l’œuvre d’art représente un défi lancé à notre compréhension parce qu’elle échappe indéfiniment à toute explication et qu’elle oppose une résistance toujours insurmontable à qui ‘voudrait la traduire en l’identité du concept » 4 .
Si nous essayons d’affiner la problématique, plusieurs questions se posent. Si l’œuvre d’art est produite par un créateur singulier – et le terme même de créateur est, par ses connotations, loin d’être innocent-, si sa réception relève d’une expérience esthétique individuelle et largement indicible, comment y reconnaître une idéologie ? Comment, indépendamment même de la volonté consciente de son auteur, l’œuvre d’art véhicule-t-elle une idéologie, lorsque du moins elle n’est pas une œuvre explicitement engagée ? Encore l’œuvre engagée paraît-elle souvent porter plus un message qu’une idéologie : le Guernica de Picasso par exemple n’est-il pas davantage un cri de dénonciation du massacre commis contre les habitants de cette ville que le vecteur d’un système de pensée particulier et identifiable ?
A de telles questions Gyorgy Lukâcs ou Lucien Goldmann, d’un côté, Roland Barthes, d’un autre, pour ne citer que les précurseurs les plus connus 5 , ont apporté des éléments de réponse, mettant en évidence qui les déterminations sociales et l’influence du milieu, qui les réseaux idéologiques au sein desquels s’élabore l’œuvre. Mais il s’agissait dans la plupart des cas d’analyser la prégnance dans le domaine culturel d’une idéologie au sens de la vulgate marxiste, c’est-à-dire d’une superstructure venant étayer et justifier la domination socio-économique de la classe dominante (en l’occurrence la bourgeoisie ou, chez Barthes, sa fraction « petite-bourgeoise »).
La question se pose autrement s’agissant de l’antisémitisme évoqué à propos de Lili Marleen , ou, ce qui sera l’objet de la présente étude, de l’idéologie d’extrême droite – pour une partie de laquelle l’antisémitisme n’est qu’un des traits idéologiques L’extrême droite en effet, quelques pertinentes qu’aient pu être les analyses qui y ont vu un recours politique de la bourgeoisie en temps de crise, ne constitue pas sociologiquement une classe : même en restreignant l’analyse à un lieu géographique – la France – et à un moment historique – la période contemporaine – étroitement délimités, sa composition sociologique, largement analysée notamment à l’occasion des scrutins électoraux 6 , en témoigne. Ne constituant pas une classe, elle n’est pas non plus en position de produire une idéologie au sens marxien de construction idéelle servant à justifier un ordre existant : la pensée d’extrême droite ne représente pas la doctrine ou l’idéologie d’

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