L artiste opportuniste
110 pages
Français

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L'artiste opportuniste , livre ebook

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110 pages
Français

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Description

L'auteur s'interroge sur les postures artistiques actuelles qui proposent conjointement une nouvelle vision de l'art et du monde. Une figure artistique inédite semble émerger, celle d'un individu qui s'accommode plutôt bien de l'ici et du maintenant pour se débarrasser de sa responsabilité vis-à-vis du grand récit. Ironiste, joueur, politique tout en refusant de s'inscrire dans les engagements artistiques traditionnels, réactif aux événements et en partie relativiste, tel est le portrait de l'artiste opportuniste dressé ici.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 mars 2011
Nombre de lectures 53
EAN13 9782296801127
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0474€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

L’artiste opportuniste
Collection L’Art en Bref
dirigée par Claire Lahuerta et Agnès Lontrade


À chaque époque, l’art produit non seulement des œuvres qui nous fascinent, mais des discussions qui les prolongent et nous passionnent. La collection L’Art en bref souhaite participer activement à ce débat sans cesse renouvelé.
Depuis sa création, L’Art en bref est orienté vers la diffusion de textes courts et incisifs (100-130 pages) et a pour ambition particulière de publier des écrits relatifs à l’art, de type critique, esthétique et plastique.
Engagés dans le champ de la philosophie, de l’histoire et de la théorie des arts plastiques, les ouvrages sont essentiellement – mais non exclusivement – ancrés dans la sphère de l’art contemporain. Le terme art contemporain s’entend ici dans sa dimension transdisciplinaire : arts plastiques, esthétique, littérature, poésie, architecture, danse, cinéma, théâtre, scénographie plasticienne, etc.
La collection invite auteurs et chercheurs à manifester leur engagement critique par une approche pertinente d’œuvres et de thématiques esthétiques. Mêlant art et philosophie, la collection offre la possibilité de penser l’ouvrage comme objet , en intégrant une reproduction d’œuvre en couleur libre de droit comme première de couverture, et en choisissant, en accord avec le comité de lecture, des illustrations noir et blanc, cohérentes avec le contenu de l’ouvrage.

Dernières parutions :

CARNET CRITIQUE. Avignon 2009
Diane Scott, 2010.

UNE ESTHÉTIQUE DE L’ELLIPSE
Un art sans espace ni temps
Bruno Trentini, 2008

TROIS PLAIDOYERS POUR UN ART HOLOGRAPHIQUE
Nicolas A. A. Brun, 2008

QUELLE CRITIQUE ARTISTE ?
Pour une fonction critique de l’art à l’âge contemporain
Aline Caillet – Préface de Sylvie Blocher, 2008

POÉTIQUE DU TÉMOIGNAGE
Autour du film Nuit et brouillard d’Alain Resnais
Hélène Raymond, 2008
Maxence Alcalde


L’artiste opportuniste

Entreposture et transgression
© L’Harmattan, 2011
5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris

http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr

ISBN : 978-2-296-54184-9
EAN : 9782296541849

Fabrication numérique : Actissia Services, 2012
À Nadia et Balthazar
Introduction
Le monde de l’art est sans cesse assailli par des questionnements sur la nullité de l’art actuel jugé toujours plus mauvais que celui d’hier. S’exprime bien souvent une sorte de nostalgie des avant-gardes dont les funérailles maintes fois annoncées semblent avoir été données dans l’indifférence générale au son des trompettes de la postmodernité. Persuadé que la messe n’avait pas vraiment été dite – ou plus exactement qu’elle avait été prononcée dans un langage obscur par quelques messies clownesques producteurs infatigables de prophéties autoréalisantes –, il était nécessaire de s’interroger sur les postures artistiques actuelles qui proposent conjointement une nouvelle vision de l’art et du monde. Le projet est alors de ne pas se contenter des opinons largement répandues sur la prétendue fin des transgressions en art, mais d’explorer les nouvelles propositions, voire d’en circonscrire un « genre ».

La modernité artistique avait cela de particulier qu’elle accordait souvent une « aura » subversive ou transgressive aux œuvres qu’elle voyait émerger. Que cette évaluation s’établisse sur le vif (pratique du critique d’art) ou qu’elle prenne forme a posteriori (pratique de l’historien de l’art), elle semblait dans la plupart des cas un critère incontournable auquel toute œuvre devait répondre positivement, parfois même au risque de l’anachronisme. Dans ce contexte, on indexait régulièrement une œuvre d’art par sa portée transgressive que l’on finissait toujours par déceler, que cette dernière soit réelle ou qu’il s’agisse d’une spéculation interprétative. Tant et si bien que, dans la période récente, l’emploi du terme « transgressif » pour parler d’art semble avoir perdu une grande partie de sa pertinence. On se rend alors rapidement compte que lorsque l’on affirme qu’une œuvre d’art est transgressive, on ne dit réellement rien de l’œuvre elle-même, de son fonctionnement en tant qu’œuvre, ou encore de son mode d’apparition dans un monde de l’art particulier. En d’autres termes, chercher à définir ce qu’est une œuvre d’art transgressive conduit généralement à des conclusions proches de certaines apories esthétiques rencontrées lorsque l’on tente de définir ce qu’est une œuvre d’art.
L’interprétation de l’art comme transgression fait partie intégrante de la mythologie moderniste de cette discipline. Qu’on la lie à une transgression morale, politique, artistique, économique, etc., cette idée a produit nombre d’analyses et de textes. En ce sens, il paraît nécessaire de conserver une certaine méfiance face à un jeu rhétorique qui voudrait faire entrer tout objet d’étude (les œuvres d’art dans le champ qui nous concerne) dans l’évaluation laudative « d’œuvre d’art transgressive ». Le philosophe américain Richard Rorty ne dit pas autre chose lorsqu’il affirme que : « Les tentatives récentes pour subvertir les institutions sociales en problématisant les concepts ont produit un petit nombre de très bons livres. Elles ont aussi produit des milliers et des milliers de livres qui représentent ce qu’il y a de pire dans le genre de philosophisme scolastique. Les auteurs de ces livres qui se veulent "subversifs" croient en toute honnêteté qu’ils défendent la cause de la liberté humaine. Mais il est à peu près impossible de redescendre du niveau d’abstraction où se situent ces livres à un plan sur lequel on pourrait discuter des mérites d’une loi, d’un traité international, d’un candidat ou d’une stratégie politique. {1} ». Fort de cette sagesse pragmatique, il paraît vain d’avoir l’ambition de définir une nouvelle transgression en art, d’en circonscrire une vérité ou d’en promulguer une orthodoxie. Toutefois, si pour la période récente, la quête typologique semble hors sujet, certaines classifications autour de la notion de transgression artistique permettent de comprendre et d’anticiper les attentes à la fois des connaisseurs et du « grand public » face aux œuvres d’art.
Comme le remarque justement Paul Ardenne {2} , une des difficultés, quand on entreprend de parler des rapports entre l’art et la transgression, est qu’immédiatement on associe ce thème à celui du rapport entre « art » et « pouvoir », puis – par un rapide raccourci sémantique – entre « pouvoir » et « politique », pour faire parler à l’unisson l’art qui s’attaque au pouvoir et celui qui s’attaque au politique. Si généralement dans l’art qui pratique la transgression, il est souvent question d’un pouvoir – qu’il soit réel ou fantasmé –, en revanche, l’art qui choisit comme terreau principal la question politique n’est qu’une partie de cet art de transgression. De la même manière, on pourrait avancer que tout art qui s’attaque au pouvoir n’est pas forcément un art politique comme semble le souligner le sociologue Howard Becker : « La possibilité même d’une intervention de l’État […] confère une dimension politique à toutes les œuvres d’art. Si l’État s’abstient de censurer une œuvre, les gens peuvent en déduire qu’elle ne véhicule aucun message politique dangereux, indépendamment des intentions réelles de l’artiste. Et inversement, si l’État interdit une œuvre d’art, les gens vont essayer d’y déceler un message politique dérangeant ou révolutionnaire, qu’ils trouveront la plupart du temps, même si l’artiste ne l’y a pas mis {3} ». Dès lors, et malgré nos quelques réserves, il paraît nécessaire de définir clairement les conditions de possibilité d’une transgression en art, du moins dans son entendement historique.
De manière générale, on considère qu’il existe deux formes d’attitudes artistiques face à l’art transgressif. La première attitude – celle qui semble prévalo

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