Le Western
106 pages
Français

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Le Western , livre ebook

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Description

Depuis La Chevauchée fantastique (John Ford, 1939), le western a muté à plusieurs reprises. Si le mythe demeure, sa saveur identitaire, culturelle et fondatrice se perd. Hier enjeu sociohistorique d'une nation, il est aujourd'hui le jouet de nombreux réalisateurs. Alors Dead or Alive ? À la fois miroirs de leur époque et révélateurs du regard des Américains sur leurs ancêtres, les films « de cowboys et d'Indiens » s'adaptent à l'air du temps en adoptant de nouveaux archétypes.

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Publié par
Date de parution 01 juin 2012
Nombre de lectures 22
EAN13 9782296494114
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0500€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Le WesternGrandeur ou décadence d'un mythe ?
© L’Harmattan, 2012 5-7, rue de l’École-polytechnique ; 75005 Paris http://www.librairieharmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr ISBN : 978-2-296-96965-0 EAN : 9782296969650
Louis LEBRISLe Western Grandeur ou décadence d'un mythe ?
Collection « Inter-National » dirigée par Denis Rolland avec Joëlle Chassin, Françoise Dekowski et Marc Le Dorh Cette collection a pour vocation de présenter les études les plus récentes sur les institutions, les politiques publiques et les forces politiques et culturelles à l’œuvre aujourd’hui. Au croisement des disciplines juridiques, des sciences politiques, des relations internationales, de l’histoire et de l’anthropologie, elle se propose, dans une perspective pluridisciplinaire, d’éclairer les enjeux de la scène mondiale et européenne. Série premières synthèses – jeunes chercheurs (dernières parutions) : Marie NEIHOUSER,La défense des intérêts régionaux en Europe,2011. Aurélien LLORCA,La France face à la cocaïne. Dispositif et action extérieurs, 2010. Guillaume BREUGNON,Géopolitique de l’Arctique nord-américain : enjeux et pouvoirs,2011. Alicia BRUN-LEONARD, Constance d'EPANNES de BECHILLON, Albert Brun, un reporter insaisissable. Du Cuba Libre d'Hemingway à la capture de Klaus Barbie. 40 ans d'AFP, 2010. Estelle POIDEVIN,L'Union européenne et la politique étrangère. Le haut représentant pour la politique étrangère et de sécurité commune : moteur réel ou leadership par procuration (1999-2009) ?, 2010. Namie DI RAZZA,L'ONU en Haïti depuis 2004, 2010. M. HOBIN, S. LUNET,Le Dragon taiwanais : une chance pour les PME françaises. A. MARTÍN PÉREZ,Les étrangers en Espagne. A. CEYRAT,Jamaïque. La construction de l’identité noire depuis l’indépendance. D. CIZERON,Les représentations du Brésil lors des Expositions universelles. J. FAURE et D. ROLLAND (dir.),1968 hors de France. A. PURIÈRE,Assistance et contrepartie. Actualité d’un débat ancien. G. BRÉGAIN,Syriens et Libanais d’Amérique du Sud (1918-1945). A. BERGERET-CASSAGNE,: impactsLes bases américaines en France matériels et culturels, 1950-1967.
Tous mes remerciements à Justine Faure pour la direction de ce mémoire, ainsi qu’à Alexandre Georgi et Thibault Schauffler pour leur soutien moral et matériel pendant nos visionnages de westerns.
Introduction «Je considère que le western est très important pour les Etats-Unis d’Amérique. Les Anglais ont Shakespeare ; les Français, Molière ; les Russes, Tchekhov ; nous, les grandes prairies et le western : c’est notre culture» Robert Duvall, acteur, réalisateur, scénariste 1 et producteur américain Si l’on en croit William Bourton, « on ne peut comprendre l’Amé-rique si l’on méconnait le western ». Le western est directement ancré dans l’histoire des Etats-Unis et de leurs habitants. Dès sa création, le cinéma devient le porteur d’une légende qui fit pour beaucoup office d’Histoire : la légende de l’Ouest. En cent ans, les Etats-Unis ont connu une révolution (1776), la guerre de Sécession (1861-1865), et la destruction des cultures autochtones dites indiennes (1865-1890). Dans le même temps, la frontière ouest était sans cesse étendue, jusqu’à atteindre l’océan Pacifique. Le western, conscience nationale d’une nation jeune qui s’est construite dans la douleur, est parvenu à rendre sublime la naissance des Etats-Unis aux yeux des spectateurs américains et étrangers. 2 Plus que tout autre genre , le western suscite un fort intérêt, et ce pour trois raisons principales. D’abord parce qu’il porte en lui une dimension historique importante et sujette à controverse. Il est donc intéressant d’étudier les différents partis pris par les cinéastes sur les guerres indiennes ou sur la guerre de Sécession par exemple. Ensuite, parce qu’il est révélateur d’un contexte histo-rique et de l’état d’esprit de ses contemporains. Des films tels que Little Big Man (Arthur Penn, 1970) ouLe Soldat BleuSolier, (Blue Ralph Nelson, 1890), qui prennent cause pour les indiens, sont le fruit d’une Amérique contestataire et pacifiste qui malmène les traditions. Enfin parce que «l’industrie cinématographique américaine 1 Cité par Gabriele Lucci,Le western, éd. Française, Paris, Editions Hazan, 2006, p. 13. 2 Au même titre que le péplum, le film de cape et d’épée, ou encore le film d’horreur, le western est incontestablement un genre cinématographique puisqu’il se définit par ses thématiques récurrentes, et ses propres décors et scénarios. 7
représente à la fois un reflet de la puissance de Washington et l’un des meilleurs 3 promoteurs de ses valeurs» . Le cinéma et le western constituent la vitrine de l’Amérique, vitrine qu’il convient d’étudier. De nombreuses définitions du western ont été avancées, plus ou moins axées sur l’importance de caractéristiques telles que le lieu ou l’époque de l’intrigue. Aucune ne parvient à faire l’unanimité. Ainsi, Howard Hawks avait-il une vision très large du genre. Il considérait son filmHataricomme un western, alors que celui-ci se déroulait en Afrique (au Tanganyika plus précisément), à la fin des 4 années 1950 . A l’inverse Jean A. Gili défend, dans l’encyclopédie Universalis, une définition bien plus stricte du western. Il refuse notamment de considérer les westerns italiens comme des westerns au motif que « sans enracinement dans la civilisation américaine, il n’y a pas de western ». Le western italien n’est donc pour lui «qu’un sous-produit frelaté dont le développement correspond aux 5 seules ambitions mercantiles » . Pour Jean Mitry la dénomination western revient au œuvres «dont les mobiles, les actes, les personnages, furent conditionnés par un milieu historiquement et géographiquement déterminé, aux événements qui n’auraient pu se produire en d’autre lieux ni d’autre temps, y être ce qu’ils furent. C'est-à-dire tous ceux de l’Ouest américain, lors de la conquête progressive des territoires, entre 1840 et 18956 » . Il lie – à raison – le genre à son cadre spatiotemporel. Mais on peut aller plus loin : le western se définit également par certains thèmes, motifs et sujets qui lui sont bien particuliers, comme par exemple la thèse de la Frontière que Frederick Jackson e Turner défend à la fin du XIX siècle. Dès lors, il est possible que le western sorte de son cadre spatiotemporel classique et apparaisse sous de nouvelles formes. e Le genre naquit à l’aube du XX siècle, presqu’en même temps que le cinéma.LeVol du grand rapide(The Great Train Robbery), tourné en 1903, est considéré comme le premier western. Il n’est réalisé que
3 Erwan Benezet et Barthélémy Courmont, Washington et Hollywood : l’arme fatale ? Revue internationale et stratégique2004/3, n°55, p. 19-26. 4 Joseph McBride,Hawks par Hawks, éd. Francaise, Paris, Ramsay, 1987, p. 158. 5 ème L’Encyclopædia Universalis, 6 éd., 2009 6 Jean Mitry,Histoire du cinéma, t.1, Paris, éd. Universitaires, 1967, p. 429. 8
treize ans après l’annonce de la fin de la conquête de l’Ouest par le bureau de recensement des Etats-Unis. Certains des futurs héros de westerns comme Buffalo Bill ou Wyatt Earp sont contemporains de ces premiers westerns. Il semble que ce dernier ait même rencontré John Wayne, alors jeune acteur. Dès les premiers films tournés, les figures du cow-boy justicier et du hors-la-loi enthousiasmèrent le public. Progressivement, le cinéma prit conscience de sa capacité d’engouement, notamment avecNaissance d’une nation (The Birth of a Nation, 1915) de David Wark Griffith. Le parti pris de ce film pour le Sud spolié par le Nord aurait été un facteur de renaissance du Ku Klux Klan : «sans les romans à la gloire du Klan et sans le film tiré de l’un d’entre eux, on peut se demander si le Klan moderne aurait existéquestionnait ainsi le » professeur américain W. P. Randel. Le western gagne peu à peu ses lettres de noblesse et n’est plus assimilé à de la série B. Mais alors qu’on imagine que le cinéma parlant provoquera la fin du western, il lui fait prendre son envol. C’est avecLa chevauchée fantastique (Stagecoach, 1939) de John Ford que le genre entre dans une période de prospérité – marquée par de grands réalisateurs (Howard Hawks, John Ford, Anthony Mann, Raoul Walsh,...) et de grands acteurs (John Wayne, Gary Cooper, James Stewart, Henry Fonda,...) – qui dure jusque dans les années 1960. Dans les années 1940 et 1950 le western classique est le genre de prédilection d’Hollywood. Son âge d’or prend fin en 1962. Cette année là, John Ford réaliseL’Homme Qui Tua Liberty Valance (The Man Who Shot Liberty Valance). Ce film met en scène l’arrivée de la Loi, incarnée par un sénateur, dans l’Ouest sauvage et provoque la première mort du western. En 1992, Clint Eastwood produit et réaliseImpitoyable (Unforgiven, 1992) et porte un coup fatal au western. Il y détruit la mythologie du Far West, le code d’honneur que l’on prête au cow-boy et le romantisme et la nostalgie associé à cette époque.Impitoyable est pour beaucoup, à la sortie du film comme aujourd’hui, le point final de l’Histoire du genre, dont Clint Eastwood serait le fossoyeur.
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Le western dépasse les frontières du cinéma, il est le reflet de deux Amériques : l’Amérique de la conquête de l’Ouest, telle qu’elle existe dans les yeux de ses descendants, et l’Amérique contem-poraine. La mort du western n’est donc pas seulement une question cinématographique, mais aussi sociétale et historique. Or le film de Clint Eastwood, bien que décrit comme le dernier western par de nombreux critiques, a paradoxalement relancé les projets de westerns. A raison, les grandes majors y voyaient là une opportunité de profits, d’autant plus qu’avantImpitoyable (quatre Oscars dont celui du meilleur film et du meilleur réalisateur), c’est Danse avec les loups (Danse with wolves, 1990) qui avait remporté un grand succès aux Etats-Unis (sept Oscars dont celui du meilleur film et du meilleur réalisateur). Le genre semblait promis à une renaissance, et suscite l’intérêt d’acteurs confirmés. Au premier rang desquels se trouvent Kevin Coster et Robert Duvall qui produisent, réalisent et interprètent de nombreux westerns. Mais ils ne sont pas les seuls : Gene Hackman, Mel Gibson, Sharon Stone, Christian Bale, Viggo Mortensen, Ed Harris ou encore Brad Pitt s’essaient au genre. Le western reste attractif auprès des acteurs confirmant ainsi les dires de Charlton Heston : «Je n’ai jamais connu un acteur qui n’aime pas tourner un western». A l’isolement relatif des années 1970 et 1980, succède un regain d’intérêt de la part des producteurs hollywoodiens. Et pour les critiques, chaque sortie d’un nouveau western est l’occasion de célébrer la résurrection du genre ou de confirmer sa mort, selon qu’ils aient aimé le film ou non. Dès lors, l’objet de cette étude sera double : à travers la recherche d’une réponse à la question de la mort du western, nous revisiterons l’histoire du genre avec une approche sociohistorique, de 1939 etLa Chevauchée Fantastique, premier succès du western dans l’ère du cinéma parlant, jusqu’en 2010. Deux questions sont fondamentalement liées : peut-on enterrer le western, et a-t-il perdu sa charge symbolique et sociétale qui est son essence ? Le simple fait que des westerns soient produits, réalisés et interprétés ne suffit pas à contrer l’idée de la mort du genre. Il faut une analyse plus approfondie pour démontrer que, sous couvert de quelques tentatives commerciales de résurrection du western,
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