Danse(s) performative(s)
272 pages
Français

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Danse(s) performative(s) , livre ebook

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Description

Prenant d'une manière critique, le contrepied d'un système qui ne répond plus au désirs des créateurs, l'attitude performative a fait irruption dans le champ chorégraphique français de la décennie 1993-2003, en proposant une alternative capable d'engendrer des évolutions sans révolution. Dégénérescence pour certains, libération créatrice pour d'autres, elle se diffuse ponctuellement mais aussi en réseau, séduisant une génération devenue inconditionnelle...

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Informations

Publié par
Date de parution 15 avril 2007
Nombre de lectures 520
EAN13 9782296165687
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0950€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

© L’HARMATTAN, 2007
5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan 1 @wanadoo.fr
9782296025806
EAN : 9782296025806
Sommaire
Page de Copyright Page de titre INTRODUCTION FONDEMENT 1 - DANSE ET PERFORMANCE UNE HISTOIRE ENTRE LANGAGE ET CORPS. FONDEMENT 2 - 1993-2003 DANSE PERFORMATIVE ET CADRE INSTITUTIONNEL ENJEU 1 - ENTRE PRÉSENTATION ET REPRÉSENTATION UN NOUVEAU TEMPS ET UNE NOUVELLE DONNE. ENJEU 2 - LE BESOIN DE CONCEPTUALISATION ET LA NÉCESSAIRE EXPÉRIMENTATION ACTION 1 - MORCEAU SUR UNE PROPOSITION DE LOÏC TOUZÉ ENJEU 3 - MISE EN DANGER ET PERMISSIBILITÉ ACTION 2 - 10 ACTIONS POUR MON CORPS DE SIDONIE ROCHON ENJEU 4 - LE SPECTATEUR OU LA RÉCEPTION EN QUESTION ACTION 3 - DE CHANTIER(S) PUBLIC(S) À PRÉSENCE(S) JOHN FROGER POUR CONCLURE REMERCIEMENTS BIBLIOGRAPHIE INDEX DES NOMS PROPRES
Danse(s) performative(s)

Céline Roux
INTRODUCTION
Le 6 mai 2003, la journaliste Dominique Frétard lance un pavé dans la mare en publiant, dans Le Monde , un article au titre équivoque : « La fin annoncée de la non-danse » 1 . Elle réitère cette affirmation, en 2004, dans sa publication, sous forme d’un album illustré, Danse contemporaine - Danse et non-Danse, vingt-cinq ans d’histoire 2 .
Les réactions à cette provocation consciente ne se font pas attendre : Jean-Marc Adolphe et Gérard Mayen prennent la plume et proposent une réponse via la revue Mouvement , sous le titre : « La « non-danse » danse encore » 3 . À la même période, Gérard Mayen redouble sa contre-attaque au sein de la revue Rue Descartes qui publie un numéro consacré à « penser la danse contemporaine ». Il y propose : « Déroutes : la non non-danse de présences en marche » 4 .

Danse et non-danse, danse ou non-danse, dans les deux cas, le dualisme énoncé ne peut se contenir lui-même : au mieux pourrions-nous peut-être y voir une distinction entre « état de danse » et « état quotidien » mais, en aucun cas, se résoudre à penser la « non-danse » comme une catégorie voire un style chorégraphique. C’est pourtant ce que tend à démontrer Dominique Frétard au sujet d’« une sorte de communauté autoproclamée, où ils écrivent des analyses, en fait des louanges, sur le travail de chacun » 5 .
Néanmoins, la volonté grinçante de Dominique Frétard soulève de nouveau d’autres questions bien plus complexes et véritablement porteuses de sens au début du XXIe siècle : Qu’est-ce que la danse ? À quoi s’attacher pour définir un corps dansant ? Qu’est-ce que faire de la recherche chorégraphique au XXIe siècle dans une société postindustrielle ?
Si Dominique Frétard voit d’un mauvais œil le rapprochement de cette « communauté autoproclamée » avec le champ des arts plastiques 6 , ne faudrait-il pas plutôt y évaluer et y constater une transfusion de savoirs et d’expérimentations, une évolution du chorégraphique, de la danse et du corps vers de nouvelles pratiques qui ne réduiraient pas le premier à composer les pas codés du second générés par le troisième…
Dominique Frétard croit avec ferveur à un « retour » de la danse et du « beau mouvement » – pour l’instant, elle déclare que « ce n’est qu’une impression, encore imprécise, plutôt une intuition : mais ça va ‘re-danser’ ! » – face à ces pratiques exposant un corps dénudé de technique et de virtuosité.

Nous les avons reconnus. Même si les noms ne sont que brièvement évoqués – Boris Charmatz, Xavier Le Roy et Myriam Gourfink n’étant que ceux ouvertement dénoncés comme praticiens de la sacrilège « non-danse » – Dominique Frétard parle essentiellement des chorégraphes de notre champ d’étude, même si – nous le verrons – celui-ci ne s’arrête pas à eux. Si Gérard Mayen joue le jeu de sa réflexion jusqu’à proposer une « non non-danse » mise en acte par des « non non-danseurs » 7 , cette querelle de termes ne solutionne pas un état de fait aujourd’hui en France : la mise en relation intime entre champ chorégraphique et pratique de l’action artistique communément appelée « performance », « happening », « event »…
Cette mise en relation n’est pas nouvelle, renvoyant cette querelle de vocables d’aporie en aporie. Elle a généré des transfuges, des nouvelles formes de préhension du chorégraphique, dans une continuelle mise en critique contextuelle de la notion de représentation, qui « malgré son succès » reste un terme « hypocrite , rappelle Gérard Genette, compromis bâtard entre information et imitation » 8 . Cette mise en relation générant des expérimentations « hors normes » n’est pas le seul fait des années 1990 et les exemples au sein de l’histoire et des pratiques des arts sont multiples.
La contestation d’une pratique virtuose, des fondements du spectaculaire et des conditions de perception du spectateur entraîne-t-elle une négation de la danse ? Tendre au « degré zéro » cher à Roland Barthes, est-ce une volonté de l’ordre du reniement ? Pour Isabelle Ginot, ces questionnements sont à repenser dans une contextualisation plus globale qui déborde le seul champ esthétique et ils développent une résistance face à l’ordre dominant – c’est-à-dire politique et économique – qui prône sans cesse le flux, la rapidité et la flexibilité dans une mondialisation en marche. À cette notion de flux s’ajoute celle, nous semble-t-il, de la production et de la nécessaire résistance à enrayer ce cycle de productivité toujours amplifiée.

De la non-danse ? Au sujet de notre actualité, Jean-Marc Adolphe et Gérard Mayen constatent très justement : « Bref, plutôt que de « non-danse », force est de constater le renouvellement considérable de l’approche de la danse par un certain nombre d’artistes chorégraphiques. L’essence même de leur projet, qui transgresse les cloisonnements disciplinaires, a ouvert une telle variété de pratiques et de formes, qu’il est vain de chercher à les regrouper sous un intitulé fédérateur » 9 . Cependant, dans ces projets polymorphes parfois à l’opposé les uns des autres, de nombreux éléments, modes de fabrication, modes d’activation, approches de la réception se font écho, dans une accointance certaine, à penser différemment l’objet chorégraphique. Forment-ils pour autant un genre ou un style ? Auraient-ils pris congé du seul genre chorégraphique, et du médium « danse » pour rejoindre l’arène de la « performance » ? La danse y apparaît fortement depuis les années 1960 mais au milieu d’autres pratiques artistiques, philosophiques voire politiques et les recherches anglo-saxonnes et américaines sont favorables à cette exposition multimédia de la notion de performance. Les deux ouvrages de Roselee Goldberg, Performances, l’art de l’action et La Performance, du Futurisme à nos jours proposent deux entrées d’étude possibles de cet art de l’action, l’une thématique et l’autre historique. La performance serait-elle un genre suprême gouverné par une essence supérieure ? Et finalement, qu’est-ce qu’une performance ?

Dès 1927, Oskar Schlemmer écrivait : « Aujourd’hui, le renversement des conceptions artistiques, déterminé par le rythme de l’époque, oblige désormais à munir de guillemets des conceptions jusqu’alors au-dessus de tout soupçon, afin de mettre en évidence leur caractère relatif » 10 . Cette constatation semble encore plus vraie aujourd’hui. Quelles sont les interactions entre danse contemporaine et performance ? Comment le corps compose-t-il avec son statut de signe ?
Danse ou non-danse ? Cette question est définitivement non pertinente, elle renvoie à des sous-classifications qui n’ont pas valeur de rassemblement et qui supposeraient qu’aujourd’hui historiens, critiques, journalistes et artistes puissent s’entendre sur une définition universelle de la danse ! De plus, aucun des artistes, nommés à demi-mot, ne revendique cette appellation contrôlée « Frétard » et aucun d’entre eux n’a accepté l’invitation à entrer dans le pavillon de la non-danse, hébergement d’artistes « néo-existentiels tendance nihilistes, parfois même farce

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